1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf

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une garantie de la véracité du récit. La plupart des noms de
personnages cités dans la Chronique ont pu être retrouvés
par l'éditeur dans les documents originaux ainsi que des allu
sions plus ou moins précises à la plupart des faits racontés
dans ce même ouvrage. Aussi bien les détails pittoresques
ou réalistes qui se rencontrent à chaque page permettent-ils
au lecteur de reconstituer l'existence mouvementée de la
garnison et des habitants de Santa-Cruz pendant les quinze
dernières années de la domination portugaise. Celle-ci s'était
établie tout d'abord et maintenue sans trop de difficultés
grâce à la supériorité d'armement des chrétiens, grâce à
l'anarchie où vivaient les tribus du Soùs, grâce aussi à
l'alliance de chefs puissants, tels le caïd Ben Melek, qui fut poul
ie gouverneur don Francisco de Castro un auxiliaire précieux
et loyal. Les chrétiens purent exécuter des razzias fructueuses
et contenir tout d'abord les chérifs saadiens qui avaient pris
la direction de la guerre sainte et s'efforçaient d'imposer leur-
autorité aux populations du Sud. Mais les choses changèrent
sous les successeurs de Castro et rendirent la situation des
chrétiens de Santa-Cruz de plus en plus précaire.
Cette période critique est précisément celle dont le récit
occupe la plus grande partie de la Chronique. A partir de
1530, Santa-Cruz est étroitement bloquée par les forces de
Mohammed ech Cheikh, qui entretient des relations dans la
place et essaye même de s'en emparer parsurprise
en 1533.
L'échec de cette tentative ne fait que retarder le dénouement
inévitable. Le chérif profite d'une nouvelle trêve pour se pro
curer, auprès de négociants européens, l'artillerie, les armes
à feu, les munitions dont il a besoin, puis en 1540 commence
un siège en règle, dont notre auteur raconte avec de minu
tieux détails les péripéties émouvantes. Le gouvernement de
Lisbonne négligea d'envoyer à temps les secours demandés
par le gouverneur d. Guttere de Monroy, si bien que les
défenseurs de la place ne purent, malgré leur valeur, triom
pher du nombre et de l'obstination de leurs adversaires. Le
12 mars 1541,
ceux-ci s'emparèrent de la ville et du château.
Bon nombre de chrétiens périrent les armes à la main ou se
noyèrent en essayant de gagner à la nage deux caravelles
mouillées au large ; les survivants, et parmi eux le gouver
neur et l'auteur de la Chronique, durent se rendre et furent
emmenés en captivité. Le partage du butin provoqua entre
Mohammed ech Cheikh et son frère aîné, El Aredj, une guerre
dont le premier sortit victorieux. Les dernières pages de la