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Ce n'est pas par hasard que les trois faits que nous
avons racontés se passent un samedi. Ce jour est celui
qui convient aux divans des Saints. On trouve sans doute
des légendes qui font exception : pendant la Grande
Guerre l'assemblée siégea en permanence, dit-on ; des
événements pressants motivent des séances extraordi
naires. Mais, en règle générale, les réunions du Divan
ont lieu à la lin d'une période déterminée de temps, en
vue de fixer le cours des événements de la période sui
vante. On croit que tous les ans les saints de l'univers
entier s'assemblent à Bagdad dans le mausolée de leur
chef, Sidi Abdelcader Eldjilali, dans la nuit du milieu
de Cha'ban : la raison en est que, dans la tradition mu
sulmane, cette nuit,
appelée la nuit du destin et de ses
décisions, est celle où se dresse la liste des décès pour
l'année qui vient el où s'établit le bilan des actions de
l'année qui finit ; c'est la nuit de la répartition annuelle
des biens et des maux entre les hommes. Survivance du
premier jour de l'an Persan, le Nirouz, le distributeur
des « fortunes », la Mi-Cha'aban assigne de nos jours à
chacun des habitants de l'Atlas son lot fatal de joies et
de souffrances. Au cours de la séance de cette nuit, les
Saints y sont instruits de ce qui doit arriver dans
l'année. De même, dans les séances hebdomadaires, ils
prennent leurs dispositions pour la semaine suivante.
Quand les conteurs adoptent la semaine musulmane.
dont le jour férié est le vendredi, ils placent ces réu
nions dans la nuit du jeudi au vendredi,
c'est ce que
l'on peut voir dans la légende « L'œuvre de la France
en Algérie » (cf. Bulletin de la Société de Géographie
d'Alger,
2L
trimestre 1910) où les Saints délibèrent sur
l'opportunité de l'entrée des Français en Algérie. Mais,
le plus ordinairement, ils les rattachent à celle du ven
dredi au samedi, parce qu'ils suivent la tradition juive
antéislamique qui veut que le dernier jour de la semai ie
soit le samedi, la même au fond qui, chez nous, au