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se promit de n'en point mettre en vente la récolte de
peur qu'elle tombât entre les mains de juifs ou de chré
tiens, de faire son oratoire de cet endroit sanctifié et d'y
offrir annuellement un repas aux pauvres (ou'ada) ; ce
qui fut fait jusqu'au jour où cette terre fut achetée par
un chrétien.
Le samedi, iG mai igi/|, les cafés de Rlida toujours
pleins de beaux parleurs, ne s'entretenaient que de
l'aventure d'un jeune jardinier de la banlieue que l'on
venait de retirer d'un puits. Il avait raconté au commis
saire que, rentrant chez lui à la nuil noire, il était tombé
sur un groupe de sept hommes masqués,
comme le sont
toujours les Saints quand ils entrent en contact avec les
hommes. Ces personnages semblaient délibérer el il
avait eu conscience qu'il était accueilli comme un indis
cret. L'un d'eux lui montrant un bœuf, lui avait de
mandé : (( N'est-ce pas celui que lu as égorgé l'an der
nier à la fête patronale de Sidi Ahmed el kebir ? —
je le reconnais.
— Hé
Oui,
bien ! cramponne-loi à ses cor
nes ! » Il s'était alors senti soulevé et précipité dans le
puits et il avait été sauvé par deux pierres en saillie sur
lesquelles il s'était appuyé jusqu'au moment où on
l'avait délivré. Ce récit, comme on pense bien, n'était
pas lout à fait conforme aux dépositions de la victime
En quelques heures, un vol de bestiaux et une tentative
de meurtre avaient ajouté une légende de plus au cycle
de miracles attribués à l'assemblée des Saints. Cela ne
prouve-t-il pas combien ce thème est populaire et vivant
dans l'esprit des Indigènes ? Et ne doil-on pas conclure
que les Blidéens de nos jours sont tout aussi influencés
par lui, dans certains milieux, que l'était vers 1890
noire bon paysan de Douera prenant pour des Saints les
maraudeurs qui visitaient son champ de pommes de
terre ou en iN.33 le pauvre aveugle qui se dépouillai! de
ses économies pour payer le voyage miraculeux qu'il
devait aux bons offices du Divan de la mosquée Sa'doun ?