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s'étendait la surface d'un lac limpide ; des jeunes filles
encore \ folâtraient et nageaient ;
quelques-unes éle
vaient des cassolellcs d'or au-dessus des eaux ; toutes
étaient escortées de feu\ follets se jouant autour d'elles.
A ce spectacle, la mère comprit qu Aïcha était devenue
la compagne des génies de la source. Mille petits faits de
la vie ordinaire la confirmèrent dans cette idée par cer-
laius détails mystérieux où loute mauresque devine
l'influence des esprits.
Un jour le père étant tombé malade,
se trouva couvert
de boutons. Sa fille ^ int le chercher un mercredi. «
porte des aromates et un cierge », dit-elle. Elle les lui
lit jeter dans la sourcelette. « Ces Personnes, dit-elle.
les aiment .mieux froids
Ap
que brûlés. » C'est un principe
du rituel des eaux. Ensuite elle frotta le dos du malade
et sa poitrine avec de l'eau de la source. « Fais tes ablu
tions, tu prière canonique, formule enfin le souhait de
guérir el fais vœu d'immoler un bouc si lu guéris. »
Celle nuit-là même se.s boutons séchèrent.
Le jour venu du sacrifice d'action de grâce, il vit avec
étonnement sa fille surgir du fond de la sourcelette.
« Je viens, lui dit-elle, de souhaiter la bienvenue à des
hôtes nouveaux. » Et elle expliqua enfin à son père tout
le mystère. Nanna Aïcha, la fille du roi, du génie Mimoun,
était venue la première s'établir, il y avait de longs
mois, dans la sourcelette avec toute une tribu de génies
L'enfant abandonnée en apparence, qui avait vagi sur
les bords de la source, était la petite fille de Mimoun.
Aïcha, la petite chevrière, avait eu le bonheur de plaire
à sa puissante homonyme qui lui avait révélé les vertus
de la source et les rites qu'on devait y observer. C'est ce
qui lui avait permis de guérir son père. Mais le miraculé
en immolant un bouc avait appelé une nouvelle mehaJla
de génies, car ceux-ci accourent aux sacrifices comme
les mouches auv flaques de sang. Après celle seconde
horde, descendra dans ce lieu Mimnun, le chef de celle