1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf

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femmes qui le désignent d'ordinaire sous le nom de
Mimoun Eghiam (Mimoun la Brume), ou les lettrés qui
lui accolent l'épithète d'Essahâbi, Mimoun le Nébuleux,
qui laisse traîner son manteau de vapeur sur le sol, au
tant de qualificatifs empruntés au phénomène météoro
logique sous lequel il se cache,
— le
brouillard qui
s'élève de ee fond du marécage boufarikois —■
et qui
d'ailleurs se confondent avec ceux qu'il doit à ses
accointances avec le sombre Saturne : Mimoun Lasoued,
Le Noir ou Mimoun Lazreg, Mimoun couleur gris de
plomb.
On peut affirmer que les qualificatifs divers des Mi-
mouns que nous venons de nommer ont chacun leur
légende, parce que, lorsqu'ils n'en rappellent pas, ils
en inspirent. Je donnerai celle de Mimoun Eghiam.
Becueillie sur les lieux, elle précise, même abrégée,
l'idée que se font les Indigènes de la naissance d'un
culte animiste.
A l'époque où la Mettidja était un maquis maréca
geux,
un paysan qui gardait ses troupeaux à l'endroit
où s'élève aujourd'hui Boufarik, entendit des vagisse
ments dans un fourré. Il le fouilla et se trouva face à
face avec une femme d'une grande beauté. « Où ha
bites-tu ? —
Près
de toi. » Or il ne se connaissait pas
de voisin. « Qui donc es-tu P —
Bientôt
je me ferai
connaître ! » Et elle disparut subitement. De ses six en
fants, seule Aïcha entendit désormais ces vagissements
qui la conduisirent auprès d'une petite source sur le
bord de laquelle se trouvait une fillette dans des langes
somptueux et couverte de bijoux. Aïcha ne quitta plus
cet endroit. Son père voulut l'y surprendre,
mais il s'en
vit empêché par des lions. Un songe révéla à sa mère où
elle passait ses journées. Celle-ci vit un château tout en
or où sa fille, superbemenl parée,
conversait avec des
demoiselles en toilettes rouges. Elle passa dans un autre
château suspendu entre ciel el terre,
au-dessous duquel