1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf

181
fums et le voisinage des hommes. Les enfants de Mimoun
el Khettaf (le Bavisseur) font avorter,
causent les mé-
trorrhagies et ruinent la santé de leurs victimes. Ce
sonl eux également qui « frappent à la tête » les enfants
de moins de deux ans et arrêtent leur développement.
Ils se plaisent aussi à porter le trouble dans les matrices
des femmes el des bestiaux. L'adjuration à Mimoun el
la journée du samedi sont indiquées pour soigner ces
diverses maladies,
et d'autres encore qui sont dues à
des génies soumis à l'ascendant de Mimoun, comme le
démon des épizoolies et Boulellis, celui du cauchemar
cl de la nxctolyphlose,
chapitre VI.
que nous avons étudié dans le
Le recours à Mimoun n'est pas une superstition qui
se cache au fond de l'officine d'un iqqach ou de la
chambre d'un malade : il est resté un culte avoué et
public dans la Mettidja ; il y a son temple en plein air,
à la mode gétule,
mais bien connu et fréquenté. Quand
le consultant entend le taleb lui diagnostiquer : « Tu
souffres du » vent des génies de Mimoun
moun », il se rend en pèlerinage (ziara)
emporte un gallinacé, une poule,
rih'
djann Mi
h Boufarik. Il
s'il s'agit de soigner
un homme, un coq, s'il s'agit d'une femme,
rouge ou
jaune ou « fleur de pois », comme l'a précisé l'ordon-
nonce orale du sorcier et que l'on a fait tourner sept
fois autour de la tête de l'égrotant dès l'achat. Les vieux
colons se souviennent d'une époque où le jour de visite
était le samedi ; Mimoun alors passait pour juif ; mais
ses fidèles,
en devenant eux-mêmes plus orthodoxes, se
sont choqués de sa mécréance, ils l'ont islamisé : les
plus scrupuleux viennent le prier le vendredi et veulent
le tenir pour un saint musulman ; la plupart, mena
géant la transition, lui sacrifient le mercredi, qui est,
comme nous l'avons vu, le jour des Génies. \ l'Est de