1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf

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raies, la peindre d'un mot : « C'est un vrai samedi I »
A les en croire,
ce jour ramènerait périodiquement une
sorte de mélancolie, d'oppression ou d'inquiétude mys
tique qu'ils nomment « serrement de l'âme diq élkhâ-
ler », comparable, dans l'ordre physique, à l'angoisse
que les animaux éprouvent avant la tempête de sirocco
ou les tremblements de terre.
Pour les femmes, sabbatiser veut dire surtout se
taire ; le silence est le grand chômage et la discrétion
est une qualité juive : quand nous disons d'une per
sonne qu'elle est le tombeau des secrets, elles disent :
» C'est l'arche du tabernacle d'Israël qui ne laisse rien
s'éparpiller de ce qu'on lui confie ! » Le samedi sera le
jour du mutisme. La sorcellerie masculine a d'ailleurs
accueilli cette superstition. Voulez- vous
langues,
« nouer » les
autrement dit empêcher une mésaventure de
s'ébruiter ou une médisance de courir,
portez sur vous
un carré magique, dont vous trouverez le modèle dans
Ibn Elhadjdj, Chomous élanouar, p. 88, et qui aura
été tracé « un samedi, à l'heure de Saturne ». Comme
le dit l'inscription qui l'accompagne, tirée du Coran :
« Les langues se trouveront enchaînées comme l'a été
le ciel pour ne pas qu'il tombe sur la terre. » Dans le
gynécée, la première vertu est de savoir garder un
secret On l'enseigne facilement à la fille ; mais les
légendes ne suffisent pas pour l'inculquer au garçon ;
il y faut des rites magiques. A l'âge donc où il com
mence à parler,
quittant les bras de sa nourrice pour les
genoux de son père, et vivant des deux côtés du rideau
qui sépare les sexes, il devient un chitan,
un démon :
nous dirions un enfant terrible, dont la parole naïve
peut amener des querelles,
sinon des drames domes
tiques. C'esl pourquoi, un samedi matin, alors qu'il
dort encore par terre dans son moïse, sa mère l'en
jambe trois fois ;
samedis de suite ; et, chaque fois,
elle recommencera l'opération Irois
elle formule nette-