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des environs de Boufarik, les Béni Khalil, raillent les
femmes qui font la lessive un samedi, prétendant que
leurs enfants seront des chenapans ou ahramiïn, des
coquins comme les Juifs ». Dans un récit en vers de la
conquête d'Alger (Cf. Entrée des Français à Alger, Re
vue Africaine, iq3i)
un poète de l'époque notait que la
bataille qui a ouvert les portes de celte ville à l'étranger
avait eu lieu le samedi,
« jour néfaste pour les Musul
mans ». Enfin, malgré l'orthodoxie qui veut voir dans
le vendredi le premier et le dernier jour du monde, un
très grand nombre de Mettidjiens,
adoptant le système
juif, croient que la fin du monde arrivera un samedi :
à Alger, notamment,
on défend aux enfants de courir
dans les rues le samedi dans l'après-midi « parce qu'ils
pourraient rencontrer le Dedjdjal », c'est à-dire l'Anté
christ.
Le caractère néfaste du samedi influe sur l'humeur
des gens et non pas seulement sur leurs actions ou le
cours des événements. Particulièrement, il rend lugu
bres ceux qui le célèbrent comme leur jour de fête. Les
Juifs ruminent-ils ce jour-là le souvenir macabre de
leur résurrection ou bien l'amertume de la réprobation
universelle ou bien les remords de leur mécréance ?
Toujours est-il qu'on les prétend plongés dans la tris
tesse. Quand un joyeux compagnon perd soudain son
entrain et montre de la mélancolie,
ment : " le samedi est descendu,
on dit couram
s'est abattu sur lui ! »
D'un tempérament morose, d'un esprit pessimiste, d'un
maniaque misanthrope on juge qu'il sabbatise tous les
jours : on veut dire que chaque jour de la semaine est
pour lui aussi sombre que le samedi pour les Juifs. Et
toute l'humanité, à quelque confession qu'elle appar
tienne, et, pour être plus exact, la nature entière ressent
l'impression accablante qu'exerce le samedi. On entend
les indigènes parlant d'une journée pénible soit à cause
de la température, soit à cause de préoccupations mo-