1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf

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Le commerce de Barbarie n'avait jamais été très flo
rissant jusqu'alors : quelques barques visitaient ces
échelles peu sûres, troublées par les guerres civiles, où
les avanies étaient toujours possibles, les confiscations
presque continuelles. L'abaissement des tarifs de douane
rendit confiance à nos marchands,
fois revenue dans le pays,
et la tranquillité une
on voit les Marseillais fréquen
ter ces ports, el reprendre un négoce que les Juifs
avaient jusqu'alors accaparé. Mais ce furent surtout les
compagnies du Bastion et du Cap Nègre qui bénéfi
cièrent du rétablissement de la paix : bientôt elles for
meront cette compagnie d'Afrique, dont on a pu dire
sans exagération, qu'elle était la seule des compagnies
de l'ancien Régime qui ait eu du succès et qui n'ait
jamais suscité de plaintes » (i). Les blés durs de Bar
barie sauveront maintes fois de la famine le Languedoc
et la Provence, le corail péché au Bastion de France
donnera ces colliers et ces bracelets dont tout l'Orient
sera bientôt rempli ; les éponges, le chagrin ou les plu
mes, travaillés à Marseille ou réexportés bruts, font de
cette ville le grand entrepôt méditerranéen, le vrai mar
ché de la Barbarie. Enfin, le rêve de Dusault est réalisé :
les Français en paix avec les Barbaresques, qu'ils soient
de Salé, d'Alger, de Tunis ou de Tripoli, sont les seuls
dont les navires offrent aux étrangers quelques garan-
lies. Les Anglais et les Hollandais sont dans l'alternative,
ou bien d'entretenir de ruineuses escortes, ou bien
d'emprunter les bâtiments français pour le transport
de leurs marchandises ; et, de toutes façons,
« les sujets
du Boi y trouvent des avantages considérables ». D'au-
Ire part,
comme le roi est allié de la République de
\enise, les Français sont les seuls à pouvoir faire « le
commerce des Turcs » sans être inquiétés des corsaires
vénitiens el nos navires sont, encore le refuge de tous les
(!•) H. Hauser, Reo. Hist., tome 85,
p. 352.