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penser d'intervenir en Hongrie ou à Candie, la France
engagea la lutte avec d'autres musulmans sur un ter
rain qu'elle connaissait mieux et dans des conditions
plus avantageuses pour elle. Devant le blâme de l'opi
nion chrétienne, elle cédait, à sa manière.
La guerre barbaresque donnait ainsi au besoin d'apos
tolat une pelite satisfaction. Quand la paix eul été signée,
et que les intentions du roi devinrent claires, le zèle
des hommes pieux s'accommoda des conditions nouvelles
qui leur étaient faites. Restant à côté des esclaves,
s'
épuisant pour adoucir leurs souffrances,
et ramener en
eux la sérénité et la résignation chrétienne, ils donnaient
un tel exemple d'amour et de foi que les Barbaresques
ne mettaient plus d'obstacle au libre exercice du culte
catholique, et que les étrangers, d'eux-mêmes, sollici-
laient la protection du roi de France. L'initiative de Saint
Vincent avait substitué à la croisade guerrière la croisade
de la charité.
La défense du monde chrétien était sacrifiée à nos
intérêts commerciaux. Vu l'incohérence de la politique
turque et l'humeur inconstante des pirates, cette suprême
concession risquait d'être inutile. Cependant, Louis XIV
finit pas s'accorder avec les Turcs comme avec les Bar
baresques,
et dans les guerres difficiles qu'il va bientôt
soutenir, il trouvera en eux des alliés sûrs, redoutables
à l'Empereur et à tous les Etats maritimes. Le commerce
du Levant est rétabli dans son antique splendeur,
« plus
considérable même qu'il n'avait jamais été » (i). Les
voyageurs des Echelles n'ont plus rien à craindre des
Barbaresques ; Alger, Tunis, Tripoli sont des escales
hospitalières où nos marins trouvent de quoi réparer
leurs avaries, en cas de tempête ; des victuailles et des
rafraîchissements ».
(1) Tournefort,
Relation d'un »ogage au Levant (1700), p.