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son ingratitude, il représente à Louis XIV « le souvenir
de la fameuse journée du Raab » et l'incite à reprendre
son rôle de vengeur de la Chrétienté. Ce n est pas une
leçon ; c'esl moins qu'une prière ; c'est un regard mé
lancolique jeté vers le passé, avec l'espoir que peut-être,
se rappelant son ancienne gloire, Louis sera ému ; mais
déjà Bossuet a le pressentiment de ce qui va s'accomplir.
Innocent XI eut le triomphe fastueux,
presque insolent.
C'était une façon de marquer à Louis XIV que la Chré
tienté pourrait bien se passer de lui. Tout au plus a-t-il
sans doute regretté que la France ait pris une revanche
facile en bombardant Alger. C'est un sentiment que
l'ambassadeur vénitien exprime non sans justesse :
ci Pendant que les discussions étaient en suspens, on
[la France] négligea de prendre sa part de gloire, se
contentant d'avoir réduit les Algériens avec l'ardent
lléau de la bombarde » (i). Quand la France eut traité
avec les Barbaresques, l'irritation des Italiens ne connut
plus de bornes : un secrétaire du futur pape Alexan
dre VIII, en 1689, livre à l'exécration du monde chrétien
cette alliance des Français et des Algériens « contraire à
la nature, à la morale, et à la religion » (2).
Nous avions fait, de 1666 à 1681, une assez longue
expérience de la paix avec les Barbaresques pour con
naître les charges imposées par l'alliance. Toutefois,
nous n'avions jamais eu jusqu'alors une conscience
nette des charges qu'elle entraînait, et, soit par orgueil,
(1) Relazioni,
p. 487.
(2) Francesco Pianino (1689) : Die verdammte Frantzosisch-
Algierische Liederlich-Gott-vergessene Compagnie und die von
den Velt-bekannten ruchlosen Seeraiibevischen Algierern Shrem
Compagnon zum Andencken aufgerichtete Ehrenpyramide mit
Angehengten vielen der neusten Curieusen Begebenheiten he-
rausgegeben von F. P. gewesenem Secretario des jetzigen Pabst
Ottoboni (cité par Playfair, Bibliography of Algeria, suppl. p. 22).
Ce pamphlet se trouvait dans la bibliothèque d'un particulier
arabe, M. Boukris, mort il y a quelques années. Il a été impos
sible de retrouver ce libelle (Commun, de M. René Basset).