1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf

- 138
-
c'étaient eux les principaux intéressés de la Compagnie
du Levant, peut bien avoir été vrai ;
nous avons en effet
des lettres où la Chambre témoigne d'une grande lar
geur d'esprit et de l'indulgence, toujours nécessaire
avec ces pirates incorrigibles. Mais dans ce cas, loin de
voir là négligence ou timidité, nous admirerons ce tact,
cette intelligence de la politique barbaresque que notre
gouvernement fui loin d'avoir toujours à la même
époque.
Avec plus de raison, Colbert s'indignait de leur trafic
malhonnête des pièces de 5 sous. Encore y aurait-il des
réserves à faire sur cette condamnalion si générale. Les
pièces où la quantité de métal fin était la plus réduite
avaient été apportées par les Hollandais qui eurent
l'adresse de nous faire passer pour coupables aux yeux
de leurs dupes. Puis,
proportions en Barbarie,
plaignirent pas,
ce trafic ne prit jamais de grandes
ou du moins les Turcs ne s'en
et il était injuste de faire porter aux
Compagnies du Bastion et du Cap Nègre, le poids d'une
tromperie à laquelle elles étaient restées étrangères.
Mais les plus graves reproches que Colbert ou ses
agents adressent aux Marseillais visent précisément la
Barbarie. Les Marseillais, d'après eux,
s'entêtent à venir
dans les ports avec des barques longues, tandis que leg
Anglais ou les Hollandais, dans leurs gros vaisseaux
londs, emportent le double de marchandises, el avec
moitié moins de frais. Et puis, quel désordre, quelle
négligence dans ce commerce I Les navires partent, dès
qu'ils sonl prêts, sans s'atlendre. Le dernier arrivé vend
ses marchandises à bas prix pour enlever au premier
sa clientèle. Enfin, les corsaires en viennent à bout aisé
ment. Le minisire chercha bien à organiser le trafic, à
imposer à la navigation des règles strictes qui prévien
draient, dans sa pensée, les risques de capture. Il a voulu
les obliger à former des convois pour traverser la Médi
terranée. Il a poussé à la construction des grands vais-