1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf

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constances allaient redonner l'apparence d'une Guerre
Sainte.
C)
L'organisation du commerce.
— Si
troublée qu'ait
été cette période par des réclamations incessantes, elle
n'en reste pas moins favorable à l'exécution du pro
gramme de Colbert. La plupart de ses mesures visent le
commerce du Levant autant que le commerce de Bar
barie qui d'ailleurs était compris en général sous le
premier titre,
et il n'est pas sûr que Colbert songeât
toujours au second quand il prenait des décisions con
cernant à la fois l'un et l'autre. On le vit bien quand en
1670 il accorda à la jeune Compagnie du Levant le pri
vilège du commerce au Bastion de France comme une
annexe de son monopole (1). Or, il s'exposait ainsi à de
sérieux mécomptes. Des mesures bonnes pour nos
échelles de Smyrne ou d'Alexandrie pouvaient être funes
tes à notre commerce de Barbarie. Nous avions au Bastion,
non pas seulement un comptoir, un « fondouk » où des
marins viennent exposer leur pacotille et acheter les
marchandises du pays, mais un établissement où l'on
avait dû laisser plus de liberté aux colons pour régler au
mieux leurs rapports avec les indigènes. On ne pouvait
pas non plus traiter les deys comme les pachas d'Asie,
qu'un « commandement » du Sultan faisait rentrer dans
l'ordre : ils réclamaient des égards particuliers,
ces peu
ples turbulents et fiers, autrement redoutables qu'un
fonctionnaire de la Porte, même avide et sans foi. Si le
ministre avait été un empiriste, le mal n'eût pas été
grand ; à la longue il aurait appris à faire ces distinc
tions ; mais Colbert entendait transformer la réalité sui
vant ses principes, et quand une réforme n'avait point
tout le succès désiré, il s'irritait contre les Marseillais
parce que tout ce qui était bon pour le Levant devait être
bon pour la Barbarie.
(1) A.M. —
B' 489, f 367.