1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf

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elle fut d'ailleurs discutée et mûrie longuement. Le
Sultan ayant fait les premiers pas en envoyant un am
bassadeur, l'honneur était sauf.
La guerre avec les Barbaresques ne servit pas cette
fois à masquer cette retraite désinvolte ; elle n'eut mê
me pas les apparences de but religieux. La rupture de
1669 est due, en partie, aux Barbaresques qui, pour obéir
aux ordres du Sultan, arrêtèrent quelques-unes de nos
barques envoyées à Candie, trop
ainsi leurs habituelles pirateries,
heureux de justifier
mais surtout au roi de
France qui n accepta pas leurs explications,
pour une
fois satisfaisantes, et ordonna la guerre à outrance. Il
est assez difficile de dire à quelles influences il faut attri
buer ce revirement passager de nos influences politi
ques. Précisément parce qu'il témoigne d'une tendance
profonde, d'une hostilité invétérée contre les pirates,
à qui on prêtait tous les vices et tous les crimes,
on ne
peut distinguer un personnage plutôt qu'un autre, à
l'initiative duquel ce changement politique aurait élé
dû. Les marchands l'avaient préparé sans nul doute par
leurs plaintes répétées contre les Corsaires, plaintes
inconsidérées s'il faut en croire Colbert qui met en marge
d'une déclaration de ce genre : « le roi y a pourvu,
y ayant plus de deux ans que l'on n entend point parler
d'aucune prise de vaisseaux » (1). Les Marseillais
n'étaient probablement pas bien renseignés sur la natio
nalité du corsaire,
et ils accusaient tous les pirates des
méfaits dont seuls ceux de Salé ou de Tripoli étaient
responsables. Les plaintes furent alors appuyées à la cour
par quelques officiers de marine,
parmi lesquels Du-
quesne se signale comme un des plus belliqueux. Est-ce
dans l'espoir d'une croisière plus fructueuse que les
précédentes, ou par dépit d'homme du méfier, irrité de
voir notre marine impuissante à réprimer ces brigan-
(1) B' 205 (A. M.).