1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf

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même abandonné de tous, lui avait gagné tous les cœurs
chrétiens. Comme en 1660, des gentilshommes français
partent spontanément au secours des assiégés sous le
commandement du duc de la Feuillade, et l'armée
vénitienne compte maintenant 5o.ooo Français dans ses
rangs. Mais ce qui décida Louis XIV, ce furent les dif
ficultés que mettait La Porte au renouvellement des
Capitulations. D'ailleurs, il intervenait moins pour
secourir des chrétiens que pour intimider les Turcs, et
il prenait grand soin de ne pas consommer la rupture. Le
corps de 6.000 hommes qu'il envoie, est enrôlé sous la
bannière du Pape,
Constantinople un représentant,
et notre ambassadeur doit laisser à
prêt à écouter les pro
positions éventuelles du Sultan. Bref, c'est beaucoup
moins la guerre que souhaiteraient le Pape et le Clergé
français que l'expectative prête à se changer, suivant les
circonstances,
étroite.
en guerre officielle ou en alliance plus
Or, rien n'impliquait dans ces conditions la rupture
avec les Barbaresques. Leurs dispositions bienveillantes
ne se démentaient point. Vivonne (1), fin politique,
révèle dans ses lettres leur dévouement aux intérêts de
la France ; assurément,
ce spirituel épicurien était d'hu
meur à vivre en bons termes avec « de fort honnêtes
gens qui recherchent l'amitié du roi ». Les choses étaient
bien changées depuis 1660. La politique française sem
blait avoir trouvé sa voie, et par un détour des circons
tances, la situation devenait identique à ce qu'elle était
en 1660 : guerre avec la Turquie, sinon officiellement,
du moins en fait, dispositions favorables des Barbares
ques. Et, pour la seconde fois, la crise allait se dénouer
par la paix avec la Turquie, la guerre avec les Barba
resques. La première de ces décisions était si conforme
à la tradition française qu'on ne saurait s'en étonner :
(1) Lettres à Colbert : mars 1669, 23 novembre 1669 (B1
3) A. M..