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11 est bien difficile après cela d'accepter sans réserve
les éloges que certains écrivains du temps donnent à la
politique de Louis XIV en Orient. Dans les Capitulations
accordées à Nointel (1673), ils relèvent les articles qui
garantissent le libre exercice du culte aux religieux du
rite latin, el Lacroix, secrétaire interprète du roi, prend
soin de nous dire dans sa relation que « la religion
trouve par ce traité une protection aussi forte que spé
ciale au nom de Sa Majesté ». Il y eut même, d'après
le récit de d'Arvieux,
une publicité organisée par le
gouvernement pour faire connaître ce succès de notre
politique. On mit ce grand événement dans les gazettes.
On fit crier par les colporteurs des relations imprimées
qui avaient pour titre : « Le renouvellement de la Nou
velle Alliance du Grand Seigneur avec le Roi et le réta
blissement de la foi catholique dans l'Empire otto
man » (1). La dernière partie corrigeait heureusement
ce que la première pouvait avoir de choquant pour les
Chrétiens.
Avec les Barbaresques,
on n'avait pas la même res
source ; il était trop manifeste que le Gouvernement se
désintéressait de nos privilèges religieux dans ces pro
vinces pour qu'on pût sans scandale faire crier notre
alliance avec le Dey
d'Alger. Jusque dans ses Mémoi
res (2), Louis XIV se défend d'avoir accepté les propo
sitions des Algériens qui lui offraient de servir contre
l'Angleterre. Mais les documents officiels subsistent, et
la preuve est faite que Louis XIV a non seulement
accepté, mais sollicité l'alliance. Voyons le grand roi
demander l'aide des pirates : « Comme la prudence veut
que le roi ayant la guerre avec les Anglais prenne ses
avantages contre eux de toutes manières, S. M. désire
que ledit sieur Trubert presse le Pacha et Divan d'Alger
(1) D'Arvieux, V, 54.
(2) P. 159.