1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf

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chose de généreux et de théâtral qui dut plaire au jeune
roi. Seulement,
sa décision était pour le moins préma
turée. II ne connaissait bien ni les affaires de l'Europe,
ni celles de Barbarie. De tous côtés il se renseigne. A
l'intendant de Toulon il demande son avis sur la réponse
à faire au Dey
de Tunis qui refusait de rendre les escla
ves ; il lit peut-être les mémoires demandés par Maza
rin et remis après sa mort ; il écoute sûrement Lionne
et Colbert. Or,
ceux-ci ne pouvaient qu'être frappés de
notre dangereuse situation ; la France se relevait à peine
des misères d'une très longue guerre ; son industrie
était ruinée, son commerce du Levant, source essentielle
de sa richesse, tombé si bas qu'il n'atteignait plus le
dixième de ce qu'il avait été 5o ans auparavant. Et voilà
qu'on lui demandait de rompre avec la Porte, c'est-à-
dire de perdre la dernière chance qu'elle avait de se
relever ; et de défendre son ennemi au risque de sentir
la première les effets de sa puissance I
En Barbarie, la situation était très différente. La
guerre avec les Puissances ne présentait pas les mêmes
dangers que la guerre contre les Turcs : là, point d'Em
pereur à secourir, point de commerce à sacrifier. En
réprimant la course,
on répondait aux vœux de tous les
négociants (i). Enfin, le danger est pressant. On s'at
tend à voir paraître les Barbaresques jusque sur les côtes
de Normandie, le gouverneur de Provence est débordé,
et les habitants de Marseille s'adressent au roi pour lui
exposer leurs alarmes (2). Louis XIV ne pouvait vrai
ment pas se lancer dans une lutte incertaine et au moins
inutile alors qu'il se sentait à peine défendu sur son
(1) Mémoire manuscrit adressé en 1659 au Cardinal Mazarin
sur les raisons de décadence du commerce de Lyon. —
Cité par
Forbonnais.
France.
Recherches et considérations sur les finances de
(2) Œuvres Louis XIV, août 1661. Réponse du roi : 5 septembre
B.N. ms fr 1,5612, f» 199.