1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf
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souci de ménager à notre commerce une situation pré<br />
pondérante dans la Méditerranée, des requêtes respec<br />
tueuses en faveur de la marine, voilà ce que nous trou<br />
vons en somme dans ces quatre mémoires. Aucun d'eux<br />
ne recommande la guerre contre les Musulmans. Celui-<br />
là même qui consent à satisfaire l'opinion publique par<br />
une croisade prône l'alliance avec l'infidèle, tant il est<br />
vrai que les politiques les plus favorables au Pape ne<br />
pouvaient accepter tous les sacrifices que celui-ci deman<br />
dait dans l'intérêt de la Chrétienté.<br />
Cependant, Louis XIV parut, dans les premières<br />
semaines de son gouvernement personnel, disposé à<br />
faire ces sacrifices. Aussitôt après la mort de Mazarin,<br />
un « pouvoir » est adressé au Cardinal Antoine Barbe-<br />
rini, représentant les intérêts français à Rome (i),<br />
et le<br />
26 mars on décide d'envoyer auprès du Saint-Siège un<br />
gentilhomme pour traiter de la coalition contre les<br />
Turcs ; en Allemagne, Gravel est chargé de recueillir<br />
les adhésions des Princes et de bâter les levées d'hom<br />
mes chez nos alliés (2). La France semble prête à partir<br />
en campagne ; on cherche un général pour l'armée de<br />
la Ligue. Quinze jouis plus tard, tout est changé ; à en<br />
croire le nonce et l'ambassadeur vénitien, Louis XIV<br />
n'est plus disposé à se déclarer contre les Turcs (2). Il<br />
réduit le subside des Vénitiens, et s'oppose à ce que l'on<br />
remette au Pape les 600.000 livres de Mazarin. Pour<br />
tant rien ne nous autorise à douter de la bonne foi<br />
de Louis XIV dans ses premières dépêches. Cela sied<br />
même à son caractère de se poser aussitôt en défenseur<br />
de la chrétienté. Il y avait dans cette attitude quelque<br />
(1) Boislisle, Mémoriaux de 1661, 16 mars 1661,<br />
en note :<br />
« Dans le ipéril présent dont la chrétienté est menacée du côté<br />
de la. Hongrie par l'irruption des Infidèles, nous n'avons rien<br />
vu plus digne de notre piélé et du titre glorieux que nous por<br />
tons de fils aîné de l'Eglise, que d'entendre volontiers aux<br />
ouvertures qui nous ont été faites... »<br />
(2) Mazarin,<br />
Lettres ri Gravel, 7 octobre 1660.