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pas moins remarquable. Il y a mieux : il veut reprendre
la croisade avec l'alliance d'un prince musulman (le
roi d'Alger) ;
en deux lignes il réfute les partisans de la
guerre : « ce sera une guerre faible et qui ne sera pas
capable de conquérir cet Etat n ; mieux vaut se ménager
un appui contre l'Angleterre,
et nous assurer les blés,
les chevaux, toutes les ressources de la Barbarie, ct
même les produits de leurs prises,
« ee qui souffre quel
que difficulté ; mais il y a un tempérament à prendre là
dessus », ajoute-t-il d'un ton dégagé ; notre croisé s'en-
lend avec l'Infidèle pour piller le Chrétien. Le tour de
force, c'est de faire de cette alliance une œuvre pieuse ;
il s'agit de ne « point compromettre la dignité du roi
T. C. et de ne pas donner prise à quelque mauvaise
interprétation. » Le mémoire résout cette difficulté avec
aisance. Le pape et tous les princes chrétiens ne man
queront pas d'être satisfaits en voyant la Turquie affai
blie par cette révolte de la Mauritanie. Puis, il sied bien
à la piété du roi de retirer les esclaves des bagnes mu
sulmans. Enfin,
on obtiendrait aisément du roi d'Alger
quelques forts sur la côte, des escales sur la route de
l'Orient : l'alliance avec Alger sera un premier pas dans
la conquête de la Terre Sainte. Bien ne montre mieux
que ce mémoire l'irréductible opposition des deux points
de vue religieux et commercial. Si leur conciliation en
Barbarie même avait été possible, notre auteur sans
nul doute l'eût proposée, au lieu de la chercher en
dehors de la Barbarie ; en Barbarie, il renonce à l'évan-
gélisation ; en Turquie, à l'alliance. Cependant il joi
gnait à l'intelligence des vrais intérêts de la France un
sens très fin des nécessités de l'heure et comme une
divination de la puissance de cette opinion chrétienne
qui allait forcer Louis XIV à prendre part à la Croisade.
A ce titre,
et bien qu'il n'ait eu aucune espèce d'in
fluence sur notre politique,
étudié un peu plus longuement.
ce mémoire méritait d'être