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ayant mangé par avance les maigres revenus des coches.
Une fois qu'il avait engagé ainsi les dépôts des esclaves,
les Marseillais se lâchèrent : « Vous me mandez, écrit
Saint Vincent de Paul à Get,
voire porte,
qu'on a commencé à crier à
et de vous reprocher que nous mangeons
les rachats des esclaves. 11 nous faut résoudre à souffrir
de pareilles confusions, il nous en viendra bientôt
d'autres, non seulement à Marseille,
ailleurs,
mais ici et partout
par la faute de ce pauvre homme qui a été si
étourdi que de prendre l'argent de ses pauvres captifs et
de l'employer indiscrètement à d'autres usages que pour
leur liberté » (i). Pour dégager son confrère,
Jean Le
Vacher donnait le singulier conseil de lever une taxe
sur tous les navires qui iraient à Alger. Qu'on s'imagine
la colère des patrons, déjà ruinés par des droits énor
mes,
et obligés de payer les frais de la maladresse d'un
consul. Saint Vincent comprit que « si on venait à l'effet,
il sérail à craindre que les marchands s'en remueraient ».
Barreau n'en devint pas plus prudent. Cet homme doux,
timide, impressionnable,
qui retombait invinciblement
dans la prodigalité, demeura trois ans encore à Alger,
bafoué des Turcs, raillé des Français, acceptant avec
sérénité les conséquences de ses folies. Un des premiers
actes du successeur de Saint Vincent de Paul fut de le
rappeler.
Sans doute le cas de Barreau est isolé. Tout le monde
dans la Compagnie blâmait ses imprudences,
et Saint
Vincent le premier lui adressait de véhéments reproches;
mais il le laissa i(\ ans à son poste, ce qui est peut-être
excessif pour un homme que rien ne destinait à ces fonc
tions délicates. Les Marseillais qui avaient souffert de son
incurie et de ses taxes arbitraires,
Lazaristes de leur avoir coûté si cher.
gardèrent rancune aux
Il y a plus. Les meilleurs consuls eux-mêmes n'ont
(1) A Get, 7 septembre 1657.