1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf

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et sa voix tranquille couvre le tumulte des janissaires.
Par la seule force de son crédit, il retarde deux ans notre
rupture avec Alger.
Maintenant,
on veut en faire un saint. Laissons à
d'autres le soin de juger sa cause. Pour nous, la sainteté
de sa vie était une arme de plus au service de sa
diplomatie.
Mais comme il n'avait pas d'aptitudes pour le com
merce, Colbert lui refusa tout crédit. De nos jours il
est vrai, on a essayé de le défendre. Les consuls laza
ristes furent, dit-on, les défenseurs les plus désintéressés
des marchands, toujours prêts à réclamer contre une
prise injuste, et, bien mieux, obtenant souvent gain de
cause. A cet égard, les termes qu'emploie dans sa corres
pondance la Chambre de Commerce de Marseille sonl
frappants (i) : « Nous déférons beaucoup
à tout ce qui
vient de votre part » ; « nous avons mille remerciements
à vous faire au nom du commerce pour l'application
infatigable que vous donnez à ce qui dépend de votre
emploi » ; « nous avons tâché de répondre à vos soins
pour le bien du commerce », et l'on peut négliger toutes
les lettres où Saint Vincent de Paul félicite un consul de
son zèle,
où celui-ci annonce une démarche pour obte
nir justice d'une nouvelle prise.
Ecartons également une autre accusation, celle d'avoir
gêné le commerce en surveillant trop strictement les
importations de marchandises prohibées. Là aussi les
Lazaristes durent se plier aux circonstances. Tant qu'ils
ont été soutenus par le roi, ils ont fait observer exacte
ment la Bulle « in cœnam domini » et les ordonnances
royales. Quand ils comprirent qu'il n'était plus l'heure
de se poser en champions de la chrétienté, ils se turent.
Le prêtre jugeait ce commerce « infâme », le consul ne
pouvait s'y opposer ouvertement. Il est possible qu'ils
(1) A. Ch. Com. M. —
BB, 26, en 1680.