1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf
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La France, pas plus que Hayet, n'a rendu hommage<br />
à Jean Le Vacher. Pourtant sa grande figure domine<br />
cette histoire, et dans le cadre de la Barbarie, à côté<br />
de Saint Vincent de Paul et de Colbert, il ne paraît pas<br />
déplacé. 11 était parti pour Tunis à vingt-huit ans, avec<br />
F inexpérience d'un jeune prêtre resté quatre ans novice,<br />
maladif d'ailleurs, mais victorieux de sa faible nature,<br />
brûlant de répandre sa foi el de sauver des âmes. Et<br />
voici qu'à soixante-trois ans, nous le retrouvons à Alger,<br />
toujours prêt à confesser son Dieu, attentif à paître le<br />
troupeau dont le salut pouvait dépendre de son zèle et<br />
de ses soins. Les grandes ambitions déçues l'auraient pu<br />
dégoûter de son œuvre : l'Islam restait fermé au Christ;<br />
personne dans le conseil, n'avait suivi son apostolat, el<br />
Colbert lui avait fait maintes fois sentir qui si la piété<br />
suffit à un missionnaire, le roi demandait autre chose<br />
d'un consul ; disgrâce suprême,<br />
chassé de Tunis par un<br />
consul avide et menteur, il avait vu les âmes abandon<br />
nées, l'Eglise dans le désordre. A la fin, dans les épreu<br />
ves mêmes, il avait trouvé une douceur ; il dédaignait<br />
la « voie royale »,<br />
pour s'attacher à une difficile charité:<br />
« Si d'un côté je voyais le chemin du ciel ouvert, avec<br />
la permission d'y aller, et celui d'Alger, je prendrais<br />
plutôt ce dernier » (i).<br />
Mais dans sa villa d'Alger, qui domine la nier, voyez-<br />
le : ce n'est plus seulement l'Eglise d'Afrique qu'il di<br />
rige, c'est la nation française. La villa est luxueuse, et<br />
sa magnificence (ta) fait éclater le prestige du roi ; dans<br />
le banquet du consulat qu'il offre chaque année, il veut<br />
étaler notre fastueuse puissance. Il parle dans le Divan,<br />
déplore l'état du culte divin en Barbarie. La Chambre de Com<br />
merce, qui surveillait de près les faits et gestes du consul, an<br />
moment même de l'ouverture des hostilités, lui fait confiance<br />
(Lettre à Buquesne, 3 juillet 1682 [BB 26 1479]).<br />
(1) Gleizes, op. cit., 140.<br />
(2) Saint Vincent de Paul, Lettres. IV, p. 311.