1935 T.77 3e - 4e Trimestres.pdf

— - 101
sant, il fallait défendre la Provence contre les descentes
de pirates et les rafles d'esclaves, si fructueuses, qu'en
1660 il y avait près de 1:2.000 Français dans les bagnes
de Tunis. Le plus sûr eût été de tenir à la mer la flotte
des galères,
mais celles-ci appartenaient à des capitaines
qui négligeaient d'exercer leur chiourme. « Pour aug
menter le commerce et nettoyer la mer des corsaires »,
un mémoire de 16/18 propose de « remettre à des parti
culiers l'économie générale des galères » ; ceux-ci, des
Marseillais sans doute, auraient remboursé les capitaines,
armé jusqu'à 3o galères et entretenu un « régiment
d'hommes choisis, connus et aguerris,
prêt à servir en
tous temps et capables de faire des descentes à terre ».
Programme ambitieux,
qui ne visait à rien moins qu'à
créer à côté des services de l'Etat une organisation auto
nome, associée au commerce de Marseille, et par là,
intéressée à sa prospérité. En effet, ils demandaient le
gouvernement du Bastion de France et le monopole des
mines de l'île d'Elbe. Mazarin jugca-t-il ces propositions
exagérées ? En tous cas, l'affaire n'eut pas de suite.
Alors les Marseillais essayèrent de s'entendre entre
eux. Le i3 février 1657, un sieur de Nachaise proposait
aux Consuls et aux Députés de la Chambre de Commerce
de « faire un armement considérable pour extirper et
détruire tous les Corsaires de la Barbarie de façon que
les vaisseaux marseillais puissent aller et revenir en tous
endroits sur mer » (1). Il ne demandait point, comme
les auteurs du mémoire précédenl, des privilèges com
merciaux,
mais seulement le produit d'un droit de 5 %
levé sur toutes les marchandises. La proposition fut mise
en délibération ; on discuta pendant deux ans sans arri
ver à s'entendre. La ville en fut réduite à payer des
capitaines anglais et hollandais pour assurer la libre
entrée du port. De même, sur toute la côte de Provence,
(1) A. Ch. C. M. —
BB. 1/270, 316, 527, 528.