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INFRASTRUCTURES ET STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT URBAIN<br />

LE CANAL DE LA PEYRADE A SETE [France]<br />

| <strong>EPFL</strong> / Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne | ENAC / Faculté de l’Environnement Naturel Architectural et Construit | Département d’Architecture |<br />

| travail pratique de diplôme | rapport de diplôme | diplômant / | session 2002/03 | décembre 2002 |<br />

Olivier CORNEFERT<br />

Directeur pédagogique |<br />

Inès LAMUNIERE<br />

Professeur d’institut |<br />

Bruno MARCHAND<br />

Maître <strong>EPFL</strong> |<br />

Sylvie PFAEHLER<br />

Expert extérieur |<br />

Jacques FERRIER


FICHE D’IDENTIFICATION<br />

Diplômant |<br />

Olivier CORNEFERT<br />

Sujet de diplôme |<br />

Infrastructures et stratégie de développement urbain<br />

Site du projet |<br />

Le canal de la Peyrade à Sète [France]<br />

Groupe de suivi |<br />

| Inès LAMUNIERE | Directeur pédagogique |<br />

| Responsable du Laboratoire d’Architecture et de Mobilité Urbaine [LAMU] du Département d’Architecture à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne |<br />

| Pratique indépendante dans l’Atelier d’architecture Patrick DEVANTHERY & Inès LAMUNIERE, Genève |<br />

| Bruno MARCHAND | Professeur d’institut |<br />

| Responsable du Laboratoire de Théorie et Histoire 3 [LTH3] du Département d’Architecture à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne |<br />

| Associé du bureau J.-M. LAMUNIERE, G. VAN BOGAERT, B. MARCHAND et collaborateurs, Genève |<br />

| Sylvie PFAEHLER | Maître <strong>EPFL</strong> |<br />

| Assistante au Laboratoire d’Architecture et de Mobilité Urbaine [LAMU] du Département d’Architecture à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne |<br />

| Pratique indépendante en tant qu’architecte dans son propre atelier, Lausanne |<br />

| Jacques FERRIER | Expert extérieur |<br />

| Pratique indépendante dans l’Atelier d’architecture Jacques FERRIER architecte, Paris |<br />

| Professeur à l’Ecole d’Architecture de Bretagne, Rennes |


TEXTE DE PRESENTATION<br />

Objectifs<br />

Ce travail pratique de diplôme a pour objectif de résoudre plusieurs problématiques urbaines concrètes de la ville de Sète : restructurer l'entrée<br />

principale de la ville, réaménager des zones délaissées, proposer un nouveau système de régulation des différents réseaux, réconcilier ville et port.<br />

Stratégies<br />

A| attribuer aux secteurs du site des vocations précises :<br />

- la zone portuaire n'est pas aménageable, son activité sera cependant mise en scène,<br />

- la rive gauche du canal, industrialo-portuaire, est redessinée pour être plus efficace (nouvelle voirie, restructuration pleins/vides, nouveaux<br />

bâtiments de production matérielle et intellectuelle…). Sa vocation productive est valorisée en se transformant en « technoparc », elle recrée<br />

des continuités spatiales, visuelles, fonctionnelles entre le port et la ville.<br />

- la rive droite du canal, renforce le caractère urbain du site : réaménagement du canal qui devient le boulevard urbain reliant la périphérie et le<br />

centre de la ville. Cet « axe vert » est ponctué par les points d'accroche que sont les anciens chais abandonnés, réhabilités en équipements<br />

publics. Ils généreront une nouvelle urbanité. Les bâtiments toujours en activité et les parcelles vides seront conservés et serviront plus tard<br />

de supports à d'autres constructions à vocations mixtes, sur la base des anciennes traces du site.<br />

- la friche ferroviaire joue le rôle de réserve foncière, le processus de « végétalisation naturelle» sera encouragé.<br />

B| refondation totale et mise en scène des flux, afin de mieux réguler les divers trafics. La rive droite concentre les flux dits fonctionnels, la rive gauche<br />

les flux dits urbains.<br />

C| création d'éléments structurants disposés à des emplacements stratégiques, le site « s'auto-rationalise », à l'instar d'un pacemaker qui permet au<br />

corps de fonctionner.<br />

Pacemaker 1 : parking d'échange<br />

Situé à l'articulation entre les routes nationales et la ville, il permet une intermodalité, vitale pour la ville, entre la voiture, le tramway et le train. Il propose<br />

des services connexes et présente l'image d'un outil régulateur à l'entrée de la cité.<br />

Pacemaker 2 : terminal ferries<br />

Il résout l'intermodalité entre la voiture, les ferries et les transports en commun à l'entrée maritime de Sète. Il partage avec le P+R la même image<br />

architecturale et emblématique, et applique les mêmes principes bioclimatiques prépondérants dans cette région.


Remerciements |<br />

Je tiens à remercier Mme Inès LAMUNIERE, M. Bruno MARCHAND<br />

et Sylvie PFARHLER pour leurs conseils et la motivation qu’ils ont su<br />

me transmettre. Je remercie également M. FERRIER d’avoir<br />

accepter le rôle d’expert extérieur et pour m’avoir transmis les plans<br />

de son projet de terminal passagers/vehicules de Nice.<br />

Je voudrais aussi citer les personnes sans qui ce travail n’aurait pas<br />

été possible :<br />

- Messieurs Patrick MIANE, Albert ROIG, et Mme Danielle ANTERIEUX<br />

des Services Maritimes et de la Navigation de Sète ;<br />

- M. Henri COURNON de la Chambre de Commerce et d’Industrie de<br />

Sète ;<br />

- M. Hervé ROBERT du Service de l’Urbanisme de la ville de Sète ;<br />

- les Services Techniques et du Cadastre de la ville de Sète ;<br />

- Mme Ca<strong>th</strong>erine LOPEZ des Archives Municipales de la ville de Sète ;<br />

- M. Robert ALOI de la Direction Régionale de la SNCF (Société<br />

Nationale des Chemins de Fer) à Montpellier ;<br />

- Mme CLAVEL de la DDE (Direction Départementale de l’Equipement)<br />

à Montpellier ;<br />

- Franziska GYGAX, pour avoir été un très bon guide dans les rues de<br />

Venise ;<br />

- et évidemment ma mère pour ses encouragements et son “soutien<br />

logistique”.


“Elle a des navires admirables, des chantiers de construction<br />

toujours occupés, des bassins, d’immenses ports intérieurs.”<br />

Paul VALERY, Une conquête mé<strong>th</strong>odique, 1897<br />

000


001<br />

Sommaire |<br />

Motivations<br />

Démarche<br />

INTRODUCTION<br />

I | LE SITE DANS SES DIFFÉRENTES ECHELLES<br />

I|I|L’échelle du territoire<br />

I|I|I|Unecréation et une position induites par une volonté<br />

politique<br />

I|I|2|Uneposition stratégique dans le territoire du XXI° siècle<br />

I|I|3|Uneposition particulière entre mer et étangs<br />

I|2|L’échelle urbaine<br />

I|2|I|Analyse de l’évolution morphologique de Sète<br />

I|2|2|Unelogique de progression<br />

I|2|3|Analyse des projets de développement non-aboutis<br />

I|2|4|Lesparties constitutives de Sète<br />

I|3|L’échelle sectorielle : le canal de la Peyrade<br />

I|3|I|Situation du secteur<br />

I|3|2|évolution morphologique et fonctionnelle<br />

I|3|3|Prospection dans le site<br />

2 | LES NOUVEAUX ENJEUX DE LA VILLE PORTUAIRE<br />

2|I|Villes portuaires : entre archétypes de la ville marchande<br />

et prototypes de la ville globale<br />

2|2|L’évolution des relations entre la ville et le port : vers une<br />

mutation régénératrice<br />

2|3|Lesfriches portuaires : lieux potentiels de métissage<br />

programmatique<br />

2|4|Laquestion de la réappropriation<br />

2|4|I|Hafencity, Hamburgplan AG et ASTOC, Hambourg<br />

2|4|2|Opération des Docklands, Londres, London Docklands<br />

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054<br />

055<br />

2|4|3|Unestratégie globale de développement ville-port, Saint-Nazaire,<br />

Manuel SOLA-MORALES architecte<br />

2|4|4|LesRondas : référence pour les voies rapides entre port et ville,<br />

Barcelone<br />

2|5|Lesnouvelles formes de travail et de production<br />

3 | PROBLÉMATIQUES ET ENJEUX POUR LA VILLE DE SÈTE<br />

3|I|Lapression foncière : une ville prisonnière de son<br />

territoire<br />

3|2|Uneséparation du port et de la ville<br />

3|3|Uneorganisation dépassée des ports<br />

3|4|Unnoman’sland dans la ville<br />

3|5|Leproblème de l’entrée de ville<br />

4 | OBJECTIFS | STRATÉGIES URBAINES ET ECONOMIQUES<br />

4|I|Lazone du canal de le Peyrade comme espace de<br />

résolutions : une logique de la “contamination”<br />

4|2|Stratégies de redéploiement des ports<br />

4|3|Aménagement de la RN 112 en véritable boulevard<br />

urbain<br />

4|4|Uneréconciliation visuelle, fonctionnelle et spatiale<br />

Port/ville | premières hypo<strong>th</strong>èses<br />

5 | CADRE RÉFÉRENTIEL<br />

5|I|Leterritoire comme métapole ? | François ASCHER<br />

5|2|Unecritique politique et philosophique de la métapole |<br />

Guy DEBORD<br />

5|3|Leconcept d’hétérotopie appliqué au port | Michel<br />

FOUCAULT<br />

5|4|Ville et technologie | Antoine PICON<br />

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6 | POÉTIQUE ET PARTICULARITÉS DE LA VILLE MARITIME<br />

6|I|Lenavire dans la ville<br />

6|I|I|L’influence du paquebot sur l’architecture<br />

moderne<br />

6|I|2|Lebateau comme élément urbain<br />

6|I|3|Analyses typologiques des bateaux dans la ville<br />

6|2|Laleçon de Venise<br />

6|2|I|Compte rendu d’un voyage évocateur<br />

6|2|2|Venise / Philadelphie : la science et la morphogénèse des<br />

réseaux | Louis KAHN<br />

7 | RÉFÉRENCES ARCHITECTURALES ET PROGRAMMATIQUES<br />

7|I|Plate-forme multimodale, Grans-Miramas [France]<br />

7|2|Lekilomètre rouge, Bergame (Italie) | Jean NOUVEL<br />

7|3|Ferry terminal, Hambourg (Allemagne) | William<br />

ALSOP<br />

7|4|Ferry terminal, Yokohama (Japon) | Foreign Office<br />

7|5|Ferry terminal, Nice (France) | Jacques FERRIER<br />

7|6|Ferry terminal, Bruges (Belgique) | Rem KOOLHAAS<br />

7|7|Palais des congrès, Nantes (France) | Yves LION<br />

7|8|Parking, Heilbronn (Allemagne) | MAHLER GUNSTER<br />

FUCHS<br />

8 | PRINCIPES DE FONCTIONNEMENTS ET IMAGINAIRE DE LA<br />

ZONE INDUSTRIALO-PORTUAIRE<br />

8|I|Principes d’occupation du sol<br />

8|2|Schéma global de fonctionnement de la zone<br />

industrialo-portuaire<br />

8|3|Lesquatre scénarii de transferts modaux<br />

8|4|Es<strong>th</strong>étique et imaginaire portuaire<br />

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9 | HYPOTHÈSES ET STRATÉGIES D’INTERVENTIONS<br />

9|I|Phase 1 | une redéfinition de la ville par la<br />

restructuration des réseaux<br />

9|2|Phase 2 | Création d’interfaces aux points<br />

stratégiques de la ville<br />

9|3|Phase 3 | Nouvelles stratégies d’occupation du sol<br />

9|4|Phase 4 | Réseau transversal et une logique de la<br />

Greffe urbaine<br />

10 | PROGRAMME ET PREMIERS PRINCIPES DE CONCEPTION<br />

10|I|Programme du projet architectural<br />

10|2|Premiers principes de conception<br />

Autocritique<br />

CONCLUSION<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

Annexes<br />

11 | DONNÉES COMPLÉMENTAIRES<br />

11|I|Statistiques sur le trafic routier autour et dans Sète 175002<br />

11|2|Enquête auprès des usagers des ferries du port de Sète 181<br />

12 | RAPPORT DE SYNTHÈSE<br />

12|I|Critique 1 / 08-01-2003<br />

12|2|Critique 2 / 12-02-2003<br />

12|3|Critique 3 / 26-03-2003<br />

13 | PRÉSENTATION DU PROJET FINAL<br />

13|I|Projet urbain [stratégie de développement]<br />

13|2|Parking d’échange + gare auto-train [interface1]<br />

13|3|Terminal ferries [interface 2]<br />

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Motivations |<br />

Choisir un sujet et un site de diplôme n’est pas une chose anodine. En<br />

préambule il me semble donc important d’exposer brièvement les<br />

raisons de mon choix. Les motivations se veulent les plus objectives<br />

possibles, mais contiennent néanmoins une part de subjectivité.<br />

Tout d’abord au terme de mon cursus universitaire et avant de<br />

rentrer dans la vie professionnelle, il me semble prépondérant<br />

d’aborder un cas pratique qui pose un réel problème,<br />

afin de<br />

me préparer à une pratique opérationnelle de<br />

l’architecture.<br />

La partie Est de Sète est effectivement un lieu qui<br />

interroge les habitants de la ville et les pouvoirs publics depuis de<br />

nombreuses décennies. Elle a fait l’objet de plusieurs études<br />

notamment de la part de plusieurs cabinets d’architecture et<br />

d’urbanisme locaux et lors du concours Europan 2. Mais jusqu’à<br />

présent aucune solution n’a été expérimentée et aucun projet de<br />

grande envergure ne semble voir le jour. Pourtant les problèmes<br />

demeurent et sont plus que jamais d’actualité (nous aurons<br />

l’occasion d’argumenter pourquoi dans les prochains paragraphes).<br />

Aussi une solution pour ce cas concret doit être impérativement<br />

trouvée.<br />

Par ailleurs le choix de ce type de cité, c’est-à-dire une<br />

portuaire,<br />

a été mûrement réfléchi. En effet les villes-ports sont<br />

peut être les zones urbaines qui subissent actuellement le plus de<br />

mutations.<br />

Elles sont donc par excellence des lieux propices à la<br />

réflexion, à l’ expérimentation.<br />

Elles sont aussi une sorte de<br />

laboratoire in vitro où sont “condensées” plusieurs problématiques<br />

contemporaines touchant à l’urbain : la globalisation, la<br />

métropolisation et la périphérie, la reconversion... Avec un élément<br />

supplémentaire par rapport aux autres villes : l’eau : l’élément naturel<br />

qui s’insinuent dans tous les recoins de leurs territoires. Ainsi grâce à<br />

ce site de nombreuses <strong>th</strong>ématiques constitutives des<br />

pourront être approfondies.<br />

ville<br />

préoccupations urbanistiques de notre époque<br />

Toujours dans une logique opérationnelle future, j’ai le souhait deme<br />

confronter aux <strong>th</strong>éories et aux mécanismes qui<br />

font, et feront, le monde de demain<br />

.<br />

Dans un monde gouverné et structuré par les réseaux et les flux<br />

(matériels ou virtuels), les projets intégrant ces éléments vont<br />

prendre une importance de plus en plus grande. C’est pourquoi, dans<br />

une logique de développement économique de la ville de Sète, je veux<br />

travailler sur des programmes touchant ces nouvelles<br />

problématiques, qui façonnent notre monde contemporain. La ville<br />

portuaire, pôle logistique primordial dans l’économie de ce début de<br />

XXI° siècle, est l’espace idéal pour recevoir des projets qui seront les<br />

interfaces des divers flux qui parcours le territoire. Le but<br />

est donc de réfléchir et de proposer des systèmes intégrant la notion<br />

de flux et de mobilité (d’hommes, de marchandises, de savoirs...).<br />

Certaines de ces <strong>th</strong>ématiques ont d’ailleurs déjà pour partie été<br />

abordées lors de l’atelier de Mme LAMUNIERE 2001/02 et de ses<br />

séminaires. Je tenterai de prolonger la réflexion.<br />

Enfin, la dernière motivation est plus subjective, voire même<br />

sentimentale. Etant originaire du Sud de la France (de Montpellier),<br />

j’avais à coeur pour la fin de mes études d’effectuer une sorte de<br />

retour aux sources, avec la profonde envie de réaliser<br />

quelque chose d’utile pour ma région,<br />

et donc<br />

d’essayer d’améliorer (dans la limite de mes compétences) la ville de<br />

Sète.<br />

004


005<br />

Démarche |<br />

Tout processus de réflexion doit suivre une démarche pré-définie à<br />

l’avance, je vais tenter maintenant de l’expliquer. L’ é<strong>nonc</strong>é<br />

<strong>th</strong>é<strong>orique</strong> ne vaut pas que pour lui-même, il doit être considéré<br />

comme un outil de travail pour le projet final. Il sert à approfondir la<br />

réflexion préalable au projet, mais c’est aussi un moyen de<br />

conception à part entière.<br />

Ainsi en plus des premières<br />

hypo<strong>th</strong>èses, je tenterai pour chaque élément ou chaque <strong>th</strong>ématique<br />

abordés de faire le lien avec les implications directes qu’ils auront<br />

dans la définition du programme, des stratégies et dans l’élaboration<br />

du projet. Dans un mémoire la pensée est exposée de façon linéaire,<br />

elle doit avoir un fil conducteur clair. Dans la réalité la logique de la<br />

pensée est plus complexe, et chaque élément analysé se nourrit en<br />

même temps d’un autre (les principes par exemple du CD-Rom ou du<br />

site internet, pour expliciter sa pensée, avec plusieurs entrées<br />

possibles et plusieurs liens, seraient à mon avis des outils utiles dans<br />

la communication du processus de réflexion). C’est pourquoi je<br />

m’efforcerai d’appliquer le plus possible un démarche<br />

itérative où la conclusion de chaque partie doit renvoyer au projet,<br />

et vis-et-versa.<br />

Selon le professeur Lucas ORTELLI nous devons prôner une<br />

“démarche rationnelle” , en effet nous sommes dans une<br />

école scientifique, il faut en tenir compte.<br />

Voici donc le processus que je propose de développer dans ce travail.<br />

En premier lieu, l’objectif sera d’avoir une connaissance hist<strong>orique</strong> et<br />

physique du site par un système de “flash-backs” et de “focalisations”<br />

progressives. Mais ceci toujours d’un point de vue<br />

, différent d’une exposition neutre d’informations.<br />

analytique<br />

Après cette analyse, il sera utile de prendre du recul à un niveau global<br />

pour comprendre les enjeux spécifiques de la ville<br />

au XXI° siècle, et d’avoir des<br />

portuaire une vision critique<br />

formes de solutions apportées à ces enjeux.<br />

Il s’agira aussi d’étudier les éléments de prospectives qui<br />

vont changer notre manière de penser et de vivre la ville (<br />

les<br />

nouvelles notions de flux, les transformations de<br />

la production et du travail...).<br />

Une fois ces éléments fondamentaux intégrés, nous nous<br />

intéresserons aux problématiques relatives à la ville de<br />

Sète,<br />

tout en les enrichissant des <strong>th</strong>ématiques abordées<br />

auparavant (démarche itérative).<br />

Une fois les problèmes et les enjeux soulevés, on peut commencer à<br />

établir des objectifs,<br />

qui pour être atteints doivent engendrer<br />

des stratégies. Il y aura donc dans ce travail une première phase de<br />

propositions de stratégies globales,<br />

qui devront être<br />

confirmées ou infirmées par les réflexions précédentes et celles à<br />

venir.<br />

cadre référentiel<br />

Le dans lequel ce travail s’inscrit devra être<br />

exposé, afin de savoir “d’où l’on parle”, il aura pour but de faciliter le<br />

dialogue avec les différents interlocuteurs, et me permettra de<br />

clarifier ma propre pensée. Mais il sera toujours appréhender dans<br />

un esprit critique,<br />

ce qui est plus enrichissant qu’une simple<br />

exposition de <strong>th</strong>éories et de pensées.<br />

Dans ce cadre particulier que représente une ville maritime, je<br />

m’efforcerai de faire ressortir la poétique que génère la<br />

rencontre de l’eau et de la ville.<br />

Ce sera un élément<br />

référentiel et analytique, qui s’ajoutera à la réflexion.<br />

Après une approche <strong>th</strong>é<strong>orique</strong> des enjeux et des solutions, la logique<br />

de pensée débouchera sur des éléments plus concrets.


étude de programmes et de<br />

Cela passera par une<br />

projets exemplaires dans certains points, et qui pourront enrichir<br />

le projet (dans ce qu’il est judicieux ou non de faire). Ils devront<br />

corroborer ou infirmer, en partie les analyses et les pistes<br />

développées antérieurement, mais surtout servir de références<br />

programmatiques et fonctionnelles. Il est important de se confronter<br />

à la réalité de projets fonctionnant véritablement.<br />

Nous reviendrons ensuite sur l’espace de la zone portuaire pour bien<br />

comprendre quelles sont ses logiques de fonctionnement,<br />

ainsi que la poétique qu’il peut provoquer, et mettre en exergues<br />

les potentialités qui peuvent s’offrir à la stratégie de<br />

développement urbain de la zone.<br />

Sur la base de ces données on pourra formuler un premier résultat<br />

des objectifs. Ce seront les premières hypo<strong>th</strong>èses<br />

d’intervention, qui ne doivent pas être considérées comme des<br />

réponses définitives, mais comme des interrogations<br />

susceptibles de nourrir le débat (toujours une démarche<br />

itérative entre réflexion et conception). Elles tiendront lieu de “contreprojets”<br />

aux premières idées exposées un peu plus en amont de la<br />

réflexion.<br />

oscultation projets<br />

L’ et la comparaison de urbains et<br />

architecturaux mentionnés auparavant et l’ analyse des<br />

, nous permettra d’<br />

besoins du site élaborer un<br />

programme pour le projet architectural, qui se<br />

voudra un élément manifeste de toute la<br />

stratégie de réorganisation urbaine de la ville<br />

. Les<br />

informations physiques, <strong>th</strong>é<strong>orique</strong>s, intuitives doivent aboutir à des<br />

; qualifiés dans le<br />

objectifs chiffrés, quantifiés, qualifiés<br />

sens de quelles qualités (architecturales, es<strong>th</strong>étiques, sociales...) on<br />

veut obtenir.<br />

Les premiers croquis d’étude (qui n’illustreront que des concepts<br />

généraux) seront présentés et commentés, afin d’ouvrir le débat.<br />

une auto-critique<br />

L’é<strong>nonc</strong>é <strong>th</strong>é<strong>orique</strong> se terminera par , qui<br />

aura pour but de faire évoluer le travail vers de meilleures<br />

orientations dans les phases ultérieures. La connaissance des<br />

faiblesses ou de la non-adéquation de certaines idées et la conscience<br />

du manque de certains éléments permettra sûrement d’améliorer le<br />

projet.<br />

Ainsi rien n’est figé, réflexion <strong>th</strong>é<strong>orique</strong> et conception plus<br />

opérationnelle, pourront encore se nourrir mutuellement.<br />

Kevin Lynch : la forme visuelle de Los Angeles selon une enquête sur le terrain.<br />

Un exemple de mé<strong>th</strong>ode et démarche rationnelle pour analyser et concevoir la ville.<br />

006


INTRODUCTION |<br />

Qu’est-ce qu’une ville portuaire au début du XXI°<br />

siècle et vers quelle forme de développement<br />

doit-elle se diriger ? Voici les questions fondamentales qui<br />

sous-tendent ce travail.<br />

Nous sommes d’ailleurs en droit de nous demander si cette<br />

terminologie de “ville portuaire” a encore un sens<br />

à notre époque.<br />

Le phénomène de métropolisation associé à<br />

une importante progression des technologies de production, de<br />

communication et de transport, transforment radicalement l’image<br />

de nos cités. Mais les villes-ports, parce qu’elles possèdent les<br />

qualités à la fois de zones urbaines et d’outil industriel, subissent<br />

encore plus fortement ces modifications. Ainsi on a assisté à une<br />

séparation entre les deux éléments autrefois imbriqués l’un dans<br />

l’autre, le port ne participant plus à la vie de la ville, et n’étant plus<br />

qu’un instrument à l’échelle de la nation, déconnecté de son territoire<br />

immédiat.<br />

Cette problématique du port et de la ville est passionnante puisqu’elle<br />

permet à la fois de se projeter dans une vision urbaine<br />

locale et également dans une vision territoriale<br />

globale.<br />

ville de Sète, située<br />

La en méditerranée française, malgré sa<br />

taille moyenne doit elle aussi faire face à ces mutations. De plus elle<br />

est confrontée à des questionnements spécifiques (pression<br />

foncière, problème de l’entrée de ville, désaffection de l’outil portuaire<br />

au sein même de la ville, réorganisation des diverses fonctions<br />

portuaires...), qui sont des contraintes supplémentaires, mais qui je<br />

l’espère seront de nature à enrichir non seulement la réflexion<br />

<strong>th</strong>é<strong>orique</strong>, mais aussi l’élaboration du projet. Ce cas concret sera par<br />

conséquent le support pour la réflexion globale, et le terrain<br />

d’expérimentations pour larecherche<br />

de solutions<br />

particulières à Sète ; mais qui se voudront aussi le plus<br />

“exportables” possible,<br />

afin de répondre à la problématique<br />

générale.<br />

J’envisage donc pour le projet de diplôme, dans un premier temps de<br />

proposer une stratégie de développement de la zone<br />

Est de la ville,<br />

le long de l’ancien canal de la Peyrade qui a perdu<br />

sa vocation industrielle et commerciale. Ce secteur a la particularité<br />

de se trouver à l’interface du port, de la ville, et même d’une certaine<br />

forme de paysage naturel. Sa position stratégique permettra de<br />

résoudre de nombreux problèmes. Ce schéma directeur sera<br />

accompagné d’une proposition de restructuration partielle<br />

des activités des différents ports de Sète.<br />

Dans un deuxième temps je développerai un projet architectural qui<br />

aura pour fonction d’ opérer la greffe entre la vieille ville,<br />

le port et la nouvelle zone de développement.Il<br />

s’agira d’ un élément structurant dont la programmation<br />

répondra aux préoccupations de flux, de transport, de tourisme<br />

d’affaire, de commerces, de citoyenneté... Ce bâtiment multifonctionnel<br />

sera un terminal passagers et véhicules (TPV) pour<br />

les ferries reliant Sète au Maroc et au Baléares, ainsi que pour les<br />

diverses croisières en Méditerranée, et dans lequel seront intégrés :<br />

un petit centre de conférences, des boutiques et un hôtel, voire<br />

d’autres programmes à définir.<br />

Réflexions <strong>th</strong>é<strong>orique</strong>s, et conception menée en parallèle, peuvent à<br />

présent débuter.<br />

008


I | LE SITE DANS SES DIFFERENTES ECHELLES<br />

Il est primordial d’avoir une approche du site dans toutes ses échelles, car en changeant de “focale” : des problèmes, des informations, des interrogations, et surtout<br />

des solutions nouvelles apparaissent à chaque stade. L’objectif est d’aborder le lieu dans ses trois échelles majeures : le territoire, l’urbain, le sectoriel, en analysant les<br />

divers éléments à chaque fois dans une vision du passé et du présent.<br />

010


Toulouse<br />

La Garonne vers l’atlantique<br />

011<br />

tracé du canal du midi<br />

Cracassonne<br />

Béziers<br />

Agde<br />

Carte du canal du Midi en 1681<br />

étang de <strong>th</strong>au<br />

Sète


Le canal du Midi de nos jours<br />

I|I|L’échelle du territoire<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|I|L’échelle du territoire<br />

relations de Sète avec son territoire<br />

Comprendre les<br />

c’est intégrer les enjeux primordiaux de la<br />

globalisation,<br />

qui irrémédiablement transforment la forme et<br />

la fonction des villes.<br />

I|I|I|Unecréation et une position induites par une volonté<br />

politique<br />

La première notion à assimiler, est que Sète est une cité qui a été<br />

pensé et bâti pour le territoire. Cette inscription dans l’espace global<br />

de la nation est l’essence même de la ville, cette caractéristique ne se<br />

démentira jamais.<br />

Ainsi avant d’être une ville, Sète est un port. Sa vocation première n’a<br />

jamais été d’être une ville fonctionnant pour elle-même, mais d’être<br />

un pôle méditerranéen à l’échelle du pays tout entier.<br />

Au milieu du XVII° siècle Louis XIV et COLBERT son ministre des<br />

finances, dans un dessein de rééquilibrage des façades<br />

maritimes de la France, décident la création de plusieurs ports :<br />

Brest, Lorient, et Sète. Ces nouveaux ports participent d’une logique<br />

de structuration de l’espace national à partir de sa périphérie, ils sont<br />

accompagnés à la même époque par la réalisation de canaux<br />

intérieurs.<br />

Sète est à l’origine ledébouché<br />

méditerranéen du canal<br />

du Midi,<br />

oeuvre de l’ingénieur Pierre-Paul RICGQUET (qui réalisa<br />

également les premières installations du port de Sète). Cette énorme<br />

infrastructure, qui est en quelques sortes un des grands projets<br />

précurseurs de la notion d’aménagement du territoire en France,<br />

met en relation des provinces complémentaires : l’Aquitaine et le<br />

Languedoc. Et surtout permet de faire communiquer la façade<br />

atlantique avec la côte méditerranéenne (d’où son autre appellation<br />

de canal des deux mers), évitant ainsi aux marchandises le long et<br />

périlleux détour par le détroit de Gibraltar.<br />

012


013<br />

Canal royal = liaison<br />

étangs-mer<br />

Sète<br />

Môle Saint-Louis<br />

Route des étangs : mer intérieure<br />

où les embarcations sont à l’abri<br />

Mer Méditéranée<br />

Gravure du territoire de Sète en 1668, on comprende sa localisation très particulière entre la mer Méditerranée et l’étang de Thau. Le cap de Sète est le seul enrochement naturel de la<br />

région : c’est un point fixe dans une côte sans cesse redessinée par les atterrissements (apports d’alluvions), à noter qu’à l’époque l’or<strong>th</strong>ographe du port était “Cette”


Bordeaux<br />

La Garonne<br />

Toulouse<br />

Canal du Midi<br />

Montpellier<br />

Sète<br />

Le Rhône<br />

Beaucaire<br />

La position stratégique de Sète dans la France de l’ancien régime<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|I|L’échelle du territoire<br />

création de Sète est d’ordre<br />

Nous venons de voir que la<br />

politique, mais sa situation, elle, est la conjonction<br />

de critères géographiques et économiques.<br />

Cet<br />

emplacement qui n’est en 1666 (date des début des travaux) qu’une<br />

presqu’île surmontée d’une colline inhabitée, semble le débouché<br />

logique du canal du Midi, car le plus à l’Est possible en direction du<br />

Rhône. En effet grâce à la traditionnelle “route des étangs”<br />

languedocienne (sorte de petite mer intérieure recevant quelques<br />

“Rhônes morts”, bras aujourd’hui comblés du Rhône) allant jusqu’à<br />

Beaucaire, il est désormais envisageable de<br />

relier le nouveau<br />

canal languedocien au Rhône. Sète pouvait alors<br />

jouer le rôle d’articulation<br />

entre le canal, les étangs et la<br />

mer.<br />

D’autre part le lancement de la construction du môle Saint-Louis<br />

(première digue du port) répond aussi aux aspirations du négoce<br />

régional,<br />

vu la proximité des riches villes de Montpellier et de<br />

Nîmes. Les états du Languedoc, province aux pouvoirs autonomes<br />

étendus, se sont considérablement développés au cours des<br />

dernières décennies, ils exigent un port neuf, un grand port<br />

d’exploitation, et plus précisément, un port accessible en hiver, car<br />

l’extention de la viticulture et du commerce des vins nécessite une<br />

navigation “d’après vendange”.<br />

Le choix politique et stratégique de ce site entre deux eaux (entouré<br />

par la mer et l’étang), reflète bien le balancement entre deux<br />

conceptions portuaires : pratique des rivières et des canaux qui porte<br />

à se retourner vers le bassin intérieur, ou technique plus hardie des<br />

jetées pour conquérir un plan d’eau. Sète est donc depuis sa<br />

constitution un pôle économique tourné à la fois vers le large,<br />

extérieur au pays, et vers son hinterland.<br />

Ainsi donc, Sète avant d’être une ville, est une infrastructure.<br />

Cette implication est importante, car elle introduit d’ores et déjà des<br />

préoccupations d’ordre territorial<br />

et non pas<br />

seulement urbain. Cette notion fondatrice devra perdurer dans le<br />

projet.<br />

014


Sur cette image on comprend la position stratégique de la ville portuaire, qui ne l’oublions<br />

pas est finalement une ville frontière, une frontière à l’échelle de la globalisation entre<br />

l’Europe et le reste du monde (les numéros positionnent certains des plus grands pôles économiques<br />

de l’Europe).<br />

015<br />

Europe du Nord<br />

RAIL+ ROUTE<br />

Sète<br />

Europe centrale et de l’Est<br />

RAIL + ROUTE + PENICHES<br />

Europe du Sud | Afrique du Nord | reste du monde<br />

CARGOS<br />

Depuis le début de son histoire Sète est un carrefour économique<br />

important du Sud de la France. Au fil des siècles son influence et ses<br />

connexions se sont internationalisées.<br />

Et ceci s’est<br />

développé de manière exponentielle lors de la deuxième moitié du XX°<br />

siècle, grâce au processus de mondialisation de<br />

.<br />

l’économie<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|I|L’échelle du territoire<br />

I|I|2|Uneposition stratégique dans le territoire du XXI° siècle<br />

Il ne faut pas avoir peur de prendre un certain recul et une photo<br />

satellite comme celle-ci peut être riche en enseignements sur les<br />

potentialités de la ville. Le but de ce paragraphe est de démontrer<br />

l’ insertion stratégique de Sète dans le territoire<br />

européen,<br />

et d’affirmer ses atouts dans une économie où les flux<br />

et les transferts (de personnes, de marchandises, de savoirs) sont la<br />

condition sine qua none d’une économie performante. Cette<br />

démonstration et cette rapide analyse doivent s’incrire dans une<br />

logique de projet, en effet elles permettront de corroborer les<br />

premières hypo<strong>th</strong>èses pour la restructuration de la zone Est de la<br />

ville, qui pourrait bien accueillir en partie des structures nouvelles de<br />

logistique et de production.<br />

point de fixation entre l’Europe<br />

Tout d’abord Sète est un<br />

du Nord et la Méditerranée.<br />

Ce qu’il a toujours été depuis<br />

ses origines. Mais depuis la perte de la vocation commerciale du<br />

canal du Midi (devenu aujourd’hui un axe pour le tourisme fluvial) et la<br />

création du canal du “Rhône à Sète” au XIX° siècle, le port a opéré un<br />

basculement vers l’Est. Sète bien plus petit que le port autonome de<br />

Fos-Marseille, est un complément de celui-ci. La France étant en<br />

quelques sortes le centre du réseau de transport de l’Europe<br />

occidentale, Sète bénéficie de ce trafic, car la ville occupe une position<br />

plus centrale que Gêne ou Barcelone.<br />

Sète est un port qui à l’énorme avantage d’être une zone de transfert<br />

multi-modale complète. Puisqu’en plus de recevoir des , il<br />

cargos


flux routiers rail péniches<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|I|L’échelle du territoire<br />

a la capacité d’accueil des , du , et des qui peuvent remonter le Rhône 250 km au Nord de Lyon. Sète est, soit<br />

pénétrée, soit la longée par quatre axes majeurs de dimension européenne. Pour<br />

le trafic routier (encore malheureusement<br />

prépondérant en France) : l’autoroute A9 qui relie l’Espagne et le Sud Ouest de la France à L’Est et au Nord de l’Europe, ainsi que la nationale 112 qui a<br />

la particularité de traverser le site retenu sur toute sa longueur. Pour le trafic ferroviaire : la ligne de chemin de fer qui reliera notamment en TGV à<br />

moyen terme Barcelone à Paris (à noter que le site du projet est encadré au Nord par une ligne de passagers et au Sud par une ligne de<br />

marchandises). Pour le trafic fluvial : le canal du “Rhône à Sète” permet de connecter directement le port (et donc la Méditerranée entière) avec le<br />

Rhône (le site choisi est en connexion directe avec le port et le débouché des péniches).<br />

Voici les potentialités qui s’offrent à la ville et indirectement au site du projet. Mais dans un territoire comme celui-ci où la métropolisation est le<br />

schéma d’urbanistion principal, il est aussi important de considérer Sète dans l’ensemble de l’agglomération dont elle fait partie.<br />

En fait si l’on reprend la terminologie de François ASCHER, Sète est le pôle de transfert principal de la “métapole montpelliéraine” qui<br />

compte près de 400 000 habitants. Lesrelations économiques ou dependularités sont très fortes entre les deux cités. Cet “hinterland<br />

de proximité” est vital pour le développement économique de Sète. Sans l’agglomération de Montpellier, cette cité ne serait peut être à l’heure actuelle<br />

qu’un petit port du type Port-Vendres (à quelques kilomètres à l’Ouest). Les deux villes ont d’ailleurs mis en place un projet de pôle multi-modal<br />

associant les infrastructures de Sète à l’aéroport international de Montpellier (à 25 km), ce qui en fait le deuxième pôle<br />

logistique de la Méditerranée française après Marseille.<br />

Sète peut donc se prévaloir d’être très bien positionnée en Europe et d’être associée à un hinterland dynamique et complet. Cela nous encourage donc<br />

à prospecter dans la voie des transferts logistiques et destechnopôles pour la suite du travail. Je parle ici de technopôle, car l’un des objectifs du<br />

projet sera d’ajouter une dimension supplémentaire à la fonction portuaire, qui en règle générale se contente de gérer les transferts de flux sans<br />

essayer de tirer parti de ce trafic. Le but sera donc de favoriser l’installation d’entreprises, sachant que le phénomène de métropolistion encourage<br />

l’agglomération des savoirs, des techniques, de la production, et des transferts de marchandises autour de pôles déjà structurés en partie dans un de<br />

ces domaines.<br />

Sète<br />

Port de commerce<br />

AUTOROUTE A9<br />

Canal du Rhône à Sète<br />

016<br />

Montpellier<br />

Aéroport international


017<br />

Réseau de voies routières, ferroviaires, fluviales<br />

structurantes<br />

Étang de Thau<br />

Mont Saint-Clair<br />

Sète<br />

Zones gagnées sur<br />

les étangs et la mer<br />

Mer Méditerranée<br />

Sur cette photo aérienne du début du XXI° siècle on constate la nette évolution morphologique du territoire sétois, comparée à la gravure de 1668 la mer intérieure de<br />

la “route des étangs” à disparue, seuls subsistes des plans d’eau qui ne sont reliés que par des canaux artificiels (canal du Rhône à Sète).<br />

Canal du Rhône à Sète


I|I|3|Uneposition particulière entre mer et étangs<br />

Après avoir étudié la situation de Sète dans son territoire sous les<br />

angles politiques, hist<strong>orique</strong>s, et économiques, voyons à présent sa<br />

relation physique avec son contexte. Selon M. Alain LEVEILLE, maître<br />

d'enseignement et de recherche à l’UNI-GE, le territoire est une sorte<br />

de palimpseste,<br />

dont la vision que nous en avons est le résultat<br />

du processus de formation-transformation de<br />

différents tissus territoriaux appartenant à différentes époques. Il<br />

existe trois tissus de morphologie de type naturel : la<br />

topographie, l’hydrographie, la végétation ; et trois<br />

tissus de morphologie construite : le réseau des voies, le<br />

parcellaire et le bâti.<br />

Chacun de ces six éléments a, selon les<br />

endroits, une importance plus ou moins grande, et c’est leur<br />

combinaison particulière, qui est la matérialisation du territoire.<br />

Si l’on analyse ce processus pour la ville de Sète il est frappant de<br />

constater que les six éléments jouent un rôle prépondérant, étant<br />

tour à tour assimilés comme des contraintes et des<br />

potentialités.<br />

La topographie | sur le même site on trouve les deux extrêmes : soit<br />

des terres complètement plates qui sont le résultat de<br />

l’assèchement des étangs et du gain de territoire sur la mer facilitant<br />

l’urbanistion et l’étalement urbain, soit le mont Saint-Clair montagne<br />

de calcaire très abrupte qui condamne toute extension de la ville vers<br />

l’Est. La topographie ou plus exactement l’horographie, on le voit est<br />

un élément qui a permis de définir la morphologie actuelle de la ville, et<br />

qui nous le verrons pour le projet sera un arbitre pour le choix de<br />

localisations de développements possibles.<br />

L’hydrographie | c’est certainement l’élément majeur et<br />

caractéristique du territoire sétois. L’ eau a toujours été considérée<br />

à la fois comme un atout de développement économique<br />

(voies fluviales et maritimes pour la navigation des marchandises,<br />

culture ostréicole des huîtres dans l’étang de Thau et pêche en mer,<br />

récolte du sel dans les salins de Villeroy, tourisme balnéaire...) ; mais<br />

aussi comme<br />

une force portant atteinte au domaine<br />

de la ville<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|I|L’échelle du territoire<br />

(gain naturel de la mer sur les plages et la ville,<br />

ensablement du port et des canaux...). Aujourd’hui et dans le cadre du<br />

projet il faut considérer l’ eau comme un élément<br />

maîtrisable et porteur de potentialités,<br />

offrant une<br />

valeur ajoutée incomparable par rapport à une “ville normale”.<br />

L’hydrographie dans Sète (canaux, bassins) n’est plus un élément<br />

naturel, mais est devenue artificielle. Elle a la même valeur pour la ville<br />

que le parcellaire ou le bâti.<br />

La végétation | elle se confond avec la topographie. Luxuriante et<br />

haute sur le mont Saint-Clair (pins parasols, tamaris, petits chênes...),<br />

de type lagunaire sur les terres asséchées (roseaux de Provence,<br />

garrigues...), pratiquement inexistante en ville (quelques platanes ou<br />

palmiers sur les places publiques et le long des grands boulevards).<br />

C’est par conséquent un élément “caractérisateur” du lieu<br />

où l’on se trouve. Cette puissance évocatrice devra être prise en<br />

compte dans le stratégie d’aménagement, le paysage et son<br />

aménagement auront un pouvoir structurant sur le projet.<br />

Les réseaux de voies | nous avons déjà essayé de démontrer, que<br />

c’est leur convergence en un même point qui est non seulement à<br />

l’origine de Sète, mais qui plus que jamais en est sa structure de<br />

base (congestion entre canaux, voies de chemin de fer, routes à<br />

l’échelle territoriale). Cette structure est un canevas qui sera la<br />

trame première du projet.<br />

Le parcellaire et le bâti | ces deux “strates” fondamentales feront<br />

l’objet d’une analyse plus fine dans les paragraphes suivants.<br />

Territoire de Sète en 1668 Territoire de Sète en 2001<br />

018


019<br />

La Garonne<br />

Toulouse<br />

Canal touristique<br />

Canal commercial<br />

Canal du midi<br />

Canal du Rhône à Sète<br />

Sète<br />

L’évolution fonctionnelle et géographique du territoire a touché Sète dans son hinterland et dans son organisation intrinsèque.<br />

Actuellement au niveau du trafic maritime, Sète s’est orientée vers le Sud (cargos) et vers l’Ouest (grandes péniches de transport fluvial). En effet le<br />

canal du Midi (pourtant élément générateur de la ville) a perdu sa vocation commerciale,<br />

ce n’est plus qu’un axe (majeur) de<br />

tourisme fluvial, il est classé au patrimoine mondial de l’humanité. Le canal du Rhône à Sète,<br />

lui, a été dédoublé si bien que l’ancien tracé<br />

sert aussi de voie touristique ; le nouveau très large, permet letrafic de péniches de plusieurs tonnes.<br />

Sur la page suivante on peut constater aussi l’évolution des affectations des zones maritimes du port et de la ville. Toutes lesparties<br />

maritimes<br />

en retrait de la mer (qui ne sont plus fonctionnelles à cause des ponts et de leurs gabarits) servent aux flux de plaisance,<br />

majoritairement fluviale.<br />

Enfin l’ évolution du cordon littoral, s’est produite par stratifications successives d’”atterrissements” naturels, mais<br />

principalement artificiels. La progression s’est faite aussi bien sur la mer, que sur l’étang, avec une augmentation exponentielle suivant<br />

qu’on avance dans le temps (ceci grâce à l’évolution des technologies et des techniques hydrologiques).<br />

Le Rhône<br />

Mer Méditerranée<br />

Les vocations actuelles des canaux territoriaux menant à Sète


Etang = pêche et conchyliculture<br />

Accès péniches<br />

touristiques<br />

Port de<br />

pêche<br />

Port de<br />

plaisance<br />

Bassins<br />

ferries et<br />

croisières<br />

Accès chalutiers<br />

Eaux empruntées par bateaux à but commercial,<br />

industriel et artisanal<br />

Eaux empruntées par bateaux touristiques (fluvial ou<br />

plaisance martime)<br />

Port de<br />

commerce<br />

Accès péniches<br />

commerciales<br />

Accès cargos<br />

et ferries<br />

Affectations actuelles des zones maritimes de Sète<br />

Profil du cordon littoral en 1666<br />

Atterrissements<br />

naturels et artificiels<br />

Atterrissements<br />

naturels et artificiels<br />

Evolution du profil du littoral<br />

020


021<br />

1686_820 ha 1712_1250 ha 1795_7500 ha<br />

1850_8900 ha 1862_21000 ha 1920_36000 ha<br />

1845_8000 ha<br />

1950_36000 ha


I|2|L’échelle urbaine<br />

Comprendre le processus de formation de la ville et<br />

sa configuration présente, c’est anticiper sur les<br />

hypo<strong>th</strong>èses et les mécanismes de développements futurs.<br />

I|2|I|Analyse de l’évolution morphologique de Sète<br />

Il n’est pas question ici de retracer l’hist<strong>orique</strong> de Sète ou d’établir une<br />

chronologie stricte, mais plutôt d’utiliser l’histoire comme un outil<br />

d’analyse, permettant d’apprendre les mécanismes de structuration<br />

et d’évolution de la ville et du port, et de comprendre quelles ont été<br />

leurs interactions au fil du temps. Ceci nous permettra de nous<br />

positionner par rapport à notre stratégie de développement.<br />

En 1666 la situation quasi insulaire de Sète a dès le commencement<br />

de l’urbanisation des conséquences morphologiques sur la ville.<br />

Comme une ville de plaine c’est un carrefour de routes, mais cette<br />

plaine est constituée d’eau (la mer et les étangs) : elle contient toutes<br />

les routes, mais n’en désigne aucune. Il n’y donc au départ aucun<br />

tracé, aucun axe sur lequel s’appuyer pour édifier la ville. Le<br />

premier élément structurant à apparaître en ce lieu est le<br />

canal royal qui relie l’étang de Thau à la mer. Cependant il n’y a<br />

jamais eu dans les motivations des concepteurs du port de réaliser<br />

un plan associant ville et port dans un projet global. L’antériorité du<br />

port sur la ville dans le temps et dans les préoccupations tient à sa<br />

destination strictement commerciale : outil préalable d’une économie<br />

et d’une présence urbaine dont il est difficile de préjuger à l’avance. Il<br />

n’ y a pas dans ce port de commerce d’arsenal, ou de superstructure<br />

de cette force, qui aurait pu engendrer un délimitation plus claire<br />

entre port et ville (du fait de la complexité de ce genre de programme).<br />

Ainsi p ort (principalement le canal royal) et cité partagent<br />

les mêmes espaces,<br />

c’est-à-dire les deux quais du canal, mais<br />

sana qu’un planificateur soit réellement intervenu.<br />

En 1673 lorsque l’essor du port semble assuré un premier plan<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|2|L’échelle urbaine<br />

d’alignement est proposé, mais le développement de la ville est<br />

tellement lent qu’il ne se concrétise que partiellement. En fait le tracé<br />

régulateur que l’on peut voir actuellement est la conjonction de<br />

plusieurs éléments hétéroclites : le canal pour la trame interne et le<br />

relief du mont Saint-Clair pour sa clôture. Les tracés successifs se<br />

basent approximativement sur les différentes perpendiculaires des<br />

rues par rapport à la courbe du canal, avec une prédominance pour la<br />

perpendiculaire majeure que forment le canal et le premier pont. En<br />

effet plus que la topographie ou la forme du rivage, c’est-à-dire la<br />

morphologie particulière du site, c’est la logique fonctionnelle<br />

de circulation des marchandises au sein de la ville qui<br />

l’emporte (même si le mont Saint-Clair jouera pendant très<br />

longtemps le rôle de limite Ouest de l’urbanisation et donc donnera<br />

une forme particulière à l’enceinte Ouest de Sète).<br />

Les murailles qui servaient à protéger la ville (visibles sur carte de<br />

1712) cèdent rapidement sous la pression de l’urbanistion, cette<br />

pression est en fait celle du port qui a de plus en plus besoin d’espace<br />

pour ses entrepôts. Ainsi donc on assiste au phénomène inverse<br />

d’une ville classique fortifiée de la même époque où l’enceinte exerce<br />

une compression externe sur la ville, dans le cas de Sète on peut<br />

parler de tension interne.<br />

Les volontés du commerces<br />

(techniques, économiques) dictent la forme et le tracé de Sète.<br />

Au cour de la deuxième moitié du XIX° siècle (débuts en 1845), on<br />

décide d’agrandir le port qui connaît une croissance importante et de<br />

tracer un deuxième canal plus ou moins parallèle au premier : le canal<br />

maritime (ou latéral). Seule une conquête vers l’Est est possible, car<br />

les atterrissements successifs augmentent progressivement la<br />

largeur du lido. Encore une fois c’est le commerce qui<br />

impose ses intérêts,<br />

mais plus seulement dans le tracé, mais<br />

dans la stratégie d’extention. Cette zone Est par sa<br />

planimétrie et ses dimensions, s’oppose aux contraintes d’exiguité et<br />

de déclivité de l’unité topographique originelle (entre mont Saint-Clair<br />

et canal royal). On rejoint ici un aspect fondamental du processus qui<br />

s’amorce dans cette période de pré-révolution industrielle : le<br />

développement en damier, géométrie en<br />

022


023<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|2|L’échelle urbaine<br />

plein accord avec ses étendues plates de sable et de sel, lisses et<br />

vierges comme sur une feuille blanche sur laquelle “il n’y a plus qu’à<br />

tracer”. Lorsque le sol n’existe pas, la solution est simple, on l’extrait<br />

de l’eau. On peut donc constater que le sol en fait se confond<br />

avec la possibilité du sol.<br />

La ville désormais se construit sur<br />

l’eau, ce qui permet d’associer son immensité à l’infini potentiel du<br />

tracé. A cette époque commence aussi à s’amorcer leprocessus<br />

de séparation.<br />

Ainsi symétrique d’une ville où l’on trouve une vie<br />

sociale très urbaine (écoles, mairie, églises, hôpitaux...), croît une ville<br />

qui se spécialise de plus en plus, où l’impératif commercial (une fois de<br />

plus) non seulement dessine la ville, mais exclue peu à peu les autres<br />

fonctions. Une ville encore plus rationnelle grandit à l’Est , une ville<br />

faite pour les bateaux et les trains. Le nouveau canal et les bassins<br />

(bassin du Midi) combinés à celui du canal de la Peyrade, prolongent le<br />

principe de ville par parties constituée de<br />

plusieurs îlots (au sens propre du terme). On peut<br />

parler de développement morphologique par unités<br />

successives, chaque îlots se densifiant<br />

progressivement.<br />

A la fin du XIX°siècle et au début du XX°, sur le lido, la récente ligne de<br />

chemin de fer s’associe à la route et au canal. Il s’agit du site retenu<br />

pour le projet. Une telle<br />

concentration de moyens de<br />

communication provoque le développement d’un<br />

faubourg linéaire, qui rompt avec le principe de<br />

l’îlot, mais poursuit le principe de densification le<br />

long d’un canal ou le long d’une voie de communication<br />

commerciale et industrielle.<br />

Dans la deuxième moitié du XX° siècle l’organisation urbaine de<br />

l’économie du travail et du profit, agit selon les deux directions<br />

habituelles : spécialisation et répartition,<br />

phénomènes que<br />

Sète a connu tout au long de son développement mais sous des<br />

Sète en 1666 juste avant la construction<br />

du port et le début de l’urbanisation


Sète à la fin du XX° siècle<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|2|L’échelle urbaine<br />

aspects différents. Ainsi la rationalisation avait provoqué au XVIII°<br />

siècle et au début du XIX° la séparation sur une même parcelle des<br />

bâtiments d’habitation et de l’atelier ou de l’entrepôt. A la fin du XIX°<br />

siècle on assiste à une première radicalisation avec la distinction en<br />

deux parcelles différentes mais qui à l’époque étaient encore<br />

juxtaposées. Aujourd’hui le processus atteint son paroxysme avec la<br />

constitution à Sète de deux zones exclusives : la ville<br />

traditionnelles et le secteur industrialo-portuaire uni-fonctionnel. Le<br />

projet devra tenter de les “réconcilier”.<br />

le port a<br />

Ainsi donc au terme de cette analyse, il apparaît que<br />

toujours dominé la ville,<br />

se servant d’elle et s’intégrant à elle<br />

quand il en avait besoin (lorsque la ville était un pôle marchand pour la<br />

commercialisation des cargaisons), la développant dans une logique<br />

claire (damier, constitution par parties selon la trame des canaux...),<br />

puisqu’elle se devait d’être rationnelle pour le bon fonctionnement de<br />

celui-ci. Mais il n’a pas hésité à s’en dissocier, lorsqu’elle est devenue<br />

obsolète, contre productive et déconnectée des flux marchands.<br />

C’est à ce moment là que la logique d’évolution de l’urbanisation<br />

devient moins maîtrisable et perd forcément en qualité.<br />

L’étude de ce processus où l’on s’aperçoit que l’ économie est plus<br />

que le moteur de la morphologie de la ville,<br />

mais<br />

véritablement son architecte, sera très précieux pour la constitution<br />

d’hypo<strong>th</strong>èses de travail.<br />

Parlons à présent des îlots de Sète. Si l’on analyse les vieilles constructions, on retrouve toujours la même<br />

typologie. La façade sur quai : celle de l’immeuble d’habitation dont le rez-de-chaussée est affecté au<br />

commerce s’ouvre par un porche qui distribue la parcelle dans sa longueur et les logements en étages. La<br />

façade arrière est celle des entrepôts. Chacun s’ouvre sur une rue de service par un grand portail et quelques<br />

fenêtres. Une opération de symétrie doit être réalisée pour compléter la deuxième rive de l’îlot. Ce rapport<br />

entre la morphologie de la ville et la fonctionnalité des bâtiments, exprime le rôle déterminant de la circulation<br />

qui devient le principal critère d’organisation de la parcelle bâtie, dont l’espace est géré selon une rationalité du<br />

mouvement : la marchandise venant par l’eau traverse successivement les deux bâtiments et ressort par une<br />

rue de service où attend l’attelage. L’efficacité redoutable de cette typologie peut être adaptée à notre<br />

logistique moderne et à une nouvelle urbanité. C’est pour cela qu’il est intéressant de l’étudier et de la<br />

comprendre.<br />

024


025<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|2|L’échelle urbaine<br />

1720 1820<br />

1838<br />

1845<br />

1856<br />

I|2|2|Unelogique de progression<br />

Constructions<br />

existantes<br />

Constructions<br />

nouvelles<br />

Nouveau canal<br />

Après avoir vu les mécanismes globaux d’évolution morphologique, arrêtons nous sur un aspect particulier du processus de développement de Sète.<br />

Je nommerai ce principe : “la logique du quai” .<br />

A Sète sous l’impulsion du port le schéma de progression à longtemps était le même. On commence par édifier un canal. Seul le quai Ouest de celui-ci<br />

est progressivement bâti. Lorsque ce premier quai est presque totalement occupé et densifié, se pose alors la nécessité de construire ailleurs<br />

magasins et entrepôts. La même relation a l’eau doit être conservée et évidemment il y a une “symétrisation” du chenal, la rive Est se densifie à son<br />

tour. Quand toute la longueur des quais jusqu’au premier pont est bâtie, la capacité foncière utile pour les activités du port est épuisée. Si le port n’est<br />

pas dans une phase d’essor économique l’urbanisation s’arrête, car nous l’avons vu la ville vie à son ry<strong>th</strong>me. Sinon le schéma se reproduit, un<br />

deuxième<br />

canal est tracé, le quai Ouest se développe venant compléter le quai Est du canal précédent, puis se développement terminé c’est la rive Est qui<br />

amorce sa conquête du territoire. L’organisation<br />

spatiale de la croissance urbaine procéde en fait d’un principe de récurrence : le sol<br />

nouvellement créé du lido est conquis par le tracé translaté de l’ancien quartier. Un simple alignement lui fait franchir le canal et comme le sol sur cette<br />

rive n’oppose aucune contrainte topographique, cet alignement reconduit la plus stricte rigueur de la perpendicularité antérieure. Aujourd’hui c’est le<br />

quai Est du canal latéral qui n’est pas abouti, ou plutôt qui s’est “dédensifié” avec l’extraction du port hors du domaine urbain. Le projet s’incrira donc<br />

dans cette “logique du quai”, car elle a prouvé son efficacité au fil des siècles. D’autre part ce qui est important de retenir cette fois dans l’optique de<br />

l’aménagement du canal de la Peyrade, c’est bien la participation de l’élément chenal à l’ordre urbain, l’espace du canal devient un espace<br />

urbain structurellement déterminant. De plus il a la potentialité d’être un élément unificateur entre deux rives qui n’ont pas<br />

nécessairement la même vocation.


Le vieux port et le mont Saint-Clair au début du XX° siècle, la colline n’est pratiquement pas construite, la vielle ville est déjà densifiée au<br />

maximum.<br />

La même vue prise à la fin du XX°siècle, le bâti du mont Saint-Clair est toujours peu dense, mais il est tout de même clairsemé de villas. Il est<br />

intéressant de constater que le parcellaire de la vielle ville est demeuré le même, mais qu’une part importante du bâti a été remplacé par des<br />

constructions plus hautes, que se soit par des habitations ou des entrepôts. On assiste à une régénération de la ville sur la ville. Ce processus<br />

d’élaboration de la ville est une piste possible pour l’élaboration du projet.<br />

Ce processus de reconstruction est d’autant plus flagrant sur le quai d’Alger devant le nouveau bassin. Cependant on peut regretter dans ce<br />

cas précis que le parcellaire ne soit plus respecté et que la mixité des fonctions (industries-entrepôts-logements) soit abandonnée. Les<br />

commerces ont remplacé les chais et les entrepôts, la vie est plus urbaine, mais certainement moins animée. La congestion ou la confrontation<br />

des programmes (chères à Rem Koolhaas) n’existe presque plus, et donc ne peut plus générer les événements qui façonnaient l’ambiance des<br />

villes portuaires.<br />

026


027<br />

Projet Grandjean 1770 Projet Giral 1779 Projet de restauration de la ville Projet d’alignements de la ville<br />

Projet anonyme 1785


I | Le site dans ses différentes échelles _I|2|L’échelle urbaine<br />

I|2|3|Analyse des projets de développement non-aboutis<br />

Selon Ariane WILSON: “<br />

le véritable patrimoine des ports serait alors constitué<br />

d’archives, de plans et de contre-plans pour lier ville et port, mémoire d’une tradition<br />

urbanistique de composition des villes portuaires<br />

”. En effet il est curieux de<br />

constater que nombre des aménagements<br />

portuaires désignés comme “conversions”, sont<br />

en fait l’aboutissement d’intentions hist<strong>orique</strong>s<br />

de structuration<br />

, avortées par des contre-projets moins<br />

durables ou par les aléas politiques.<br />

Il peut donc être utile de se pencher rapidement sur des projets de<br />

développement de Sète qui n’ont jamais vu le jour, mais dont certains<br />

principes,<br />

même si parfois ils sont utopiques, peuvent être<br />

.<br />

inspirateurs<br />

Le projet Grandjean de 1770 est une première organisation de<br />

l’abandon par la ville de son site originel et de la prééminence d’un site<br />

créé. Il s’agit d’un ville idéale bâtie sur les eaux mélangées de la mer et<br />

des étangs, où un système de canaux développe dans l’ordre<br />

aquatique le quadrillage traditionnel terrestre, et ceinture de vastes<br />

îlots. Ce système à l’avantage d’obtenir un linéaire de quai très<br />

important et de considérer lescanaux non plus comme de simples<br />

chenaux, mais comme de véritables rues,<br />

un peu comme une<br />

“ Venise rationalisée” .<br />

Le projet Giral de 1779 se veut plus utopique. Sa qualité principale est<br />

de vouloir reprendre possession de la ville et du port dans un ordre<br />

géométrique, mais également d’<br />

intégrer le port au centre<br />

de la cité et de le considérer comme espace<br />

urbain majeur<br />

. L’interaction ville-port est totale et en même<br />

temps fonctionnelle. Cette hypo<strong>th</strong>èse illustre clairement l’entière<br />

liberté qu’offre la topographie du lido à l’urbanisation. En revanche le<br />

système traditionnel des îlots est nié.<br />

Le projet anonyme de 1785 nous intéresse directement, car il<br />

propose la ré-articulation de la ville sur le lido selon l’ordre du<br />

canal<br />

de la Peyrade<br />

. La réalisation de cet ouvrage est ici le prétexte à<br />

un projet urbain. Ceci nous conforte dans l’importance que l’on peut<br />

accorder à cet axe de 2 kilomètres, qui jadis était (indirectement)<br />

l’interface entre la Rhône et la Garonne, et dans sa<br />

organiser la ville.<br />

capacité à<br />

Ces différents projets permettent donc de préciser certaines<br />

premières idées.<br />

Pour information les plans de restauration et d’alignements sont<br />

reproduit sachant qu’ils ont été peu respecté.<br />

Au vue des éléments qui sont apparus dans cette analyse urbaine,<br />

certains principes fondateurs et représentatifs de<br />

l’”urbanité” de Sète doivent être poursuivis lors du projet.<br />

D’abord prolonger la ville à l’Est : quand elle a privilégié cette<br />

direction, elle a toujours su proposer une structure cohérente, ce qui<br />

n’a pas été le cas à l’Ouest (cf. Zone de développement des années 60<br />

et 70, décrite dans le chapitre suivant). D’autre part il faut<br />

se<br />

servir des canaux comme trame structurante et<br />

unificatrice de l’espace urbain. Enfin la fonction<br />

économique doit être le moteur et le concepteur<br />

principal de l’urbanisation<br />

dans cette “ville de travail”.<br />

028


029<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|2|L’échelle urbaine<br />

I|2|4|Lesparties constitutives de Sète<br />

intégrer les différentes forces et faiblesses en<br />

Connaître le résultat actuel de cette logique d’évolution morphologique, c’est<br />

présence de la ville. En effet toutes les différentes zones de Sète interagissent directement ou indirectement. Une rapide<br />

présentation de leur constitution et de leur situation nous donnera un aperçu des premiers enjeux.<br />

La ville de Sète s’est “amarrée” sur un éperon rocheux : le mont Saint-Clair. C’est une presqu’île reliée à l’Est et l’Ouest par un mince lido. L’étang de<br />

Thau, véritable petite mer intérieure profonde et vaste, communique avec la Méditerranée soit par des estuaires naturels appelés “Grau”, soit par des<br />

chenaux artificiels.


Vieille ville<br />

Port de pêche<br />

Gares maritimes<br />

Mont Saint-Clair<br />

Port de commerce<br />

Zone industrialo-portuaire<br />

Zone de développement des années 60-70<br />

Cordon littoral<br />

Secteur du projet urbain<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|2|L’échelle urbaine<br />

Sète en chiffres |<br />

Ces quelques chiffres présentés de manière hétérogène ont pour but<br />

de faire prendre conscience de l’importance économique, touristique<br />

et culturelle de la ville.<br />

1er port de pêche français en Méditerranée<br />

12 km de sable fin<br />

73% du territoire sétois classé en zone naturelle<br />

non constructible<br />

183 m : altitude du mont Saint-Clair<br />

400 essences de la forêt méditerranéenne<br />

recensées sur le mont Saint-Clair<br />

2700 tables à huîtres sur l’étang de Thau<br />

75 km² : superficie de l’étang de Thau<br />

1018 navires de commerces débarqués à Sète en<br />

2001<br />

3514 t de sardines pêchées en 2001<br />

2° étang saumâtre de France (= étang de Thau)<br />

12000 t d’huîtres par an récoltées dans l’étang de<br />

Thau<br />

840 ostréiculteurs<br />

14000 t de poissons pêchés en mer<br />

29862 spectateurs au de <strong>th</strong>éâtre de Sète en<br />

1999<br />

36000 t de déchets absorbés par l’usine<br />

d’incinération en 1999<br />

42916 habitants, ville la plus jeune du<br />

département<br />

+ de 80000 habitants l’été en période estivale<br />

73917 voyageurs embarqués à la gare maritime<br />

en 1999<br />

030


031<br />

La vieille ville |<br />

Cette partie, dont nous venons d’analyser la formation, se trouve au<br />

bas de la colline. Ses rues en damiers desservent des maisons<br />

typiques d’une ville méditerranéenne de pêcheurs : toits en tuiles<br />

canal, façades sobres enduites d’ocre, percements réguliers, pas<br />

plus de deux ou trois étages. Elle est constituée de quartiers<br />

populaires, ayant des identités relativement fortes (quartier Haut :<br />

pêcheurs en mer d’origine italienne, Pointe Courte : pêcheurs sur<br />

l’étang de Thau d’origine languedocienne,...). C’est une zone<br />

touristiquetrès animée.<br />

Le port de pêche |<br />

Il se situe dans la partie Sud du canal de Sète. Sa particularité, est<br />

d’être intégré complètement à la vie de la ville, il représente la plus<br />

forte identité de Sète aujourd’hui. Malgré son cadre traditionnel, ce<br />

port est compétitif. En effet il est le premier port de pêche français en<br />

méditerranée, et le premier en France pour les sardines. Sa<br />

production est de 14 000 t par an et compte 719 bateaux de pêche<br />

en mer (chalutiers et <strong>th</strong>oniers), ce chiffre à doublé en dix ans, et 616<br />

embarcations pour la pêche en étang. Il induit 2000 emplois<br />

indirects. L’animation produite est le “génie du lieu” du centre de Sète,<br />

il ne faudra pas le perdre.<br />

Les gares maritimes |<br />

Les deux gares maritimes de Sète ont investi le “Nouveau bassin” et le<br />

bassin Orsetti. Comme le port de pêche, leur inclusion en pleine ville<br />

est un élément majeur d’animation. La première, qui en fait n’est<br />

qu’un quai avec un parking, est utilisée par les lignes régulières reliant<br />

Sète au Maroc (Tanger) avec un fréquence de deux à trois fois par<br />

semaine. La deuxième sert pour les ferries allant jusqu’aux Baléares<br />

en période estivale, et pour les différentes croisières en<br />

Méditerranée. L’embarquement en pleine ville est un atout<br />

primordial que le projet devra conserver.<br />

Le mont Saint-Clair |<br />

Cette petite montagne qui surgit de l’eau, a commencé à être<br />

urbanisée dans la deuxième moitié du XIX° siècle, lorsque la notion de<br />

loisir est apparue. Au départ il n’y avait que de simples constructions<br />

en bois, sortes de guinguettes appelées “baraquettes” où les<br />

hommes du port, puis les familles entières venaient s’amuser le<br />

dimanche. Durant le XX° siècle sa surface s’est clairsemée de villas<br />

cossues, ombragées par une forêt de pins parasols et de chênes. Sa<br />

vocation est strictement résidentielle. Le terrain est l’un des plus cher<br />

de la région, il n’est pratiquement plus autorisé de construire ou<br />

d’agrandir une maison.<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|2|L’échelle urbaine


I | Le site dans ses différentes échelles _I|2|L’échelle urbaine<br />

Le port de commerce |<br />

Le port de commerce de Sète est un port d’état, classé dans la<br />

catégorie “Ports d’intéret National”. Son trafic repart à la hausse<br />

avec de plus 4 millions de tonnes par an (à la fin des années 70 le trafic<br />

atteignait plus de 8 millions)<br />

. Suite à la suppression de la raffinerie de<br />

Frontignan et à la baisse du commerce du vin, le port se reconvertit<br />

dans le transit de conteneurs, de vracs solides et liquides, et de<br />

passagers. Depuis les années 80 il a l’aspect d’un ’immense terreplein<br />

avec un grand linéaire de quais, il s’est développé sur la mer hors<br />

du territoire urbain. Son espace n’est pratiquement pas accessible.<br />

La zone industrialo-portuaire |<br />

Située dans le prolongement spatial du port à l’intérieur du lido, elle a<br />

pourtant des relations fonctionnelles limitées avec l’outil portuaire. Le<br />

projet devra les réaffirmer. Il s’agit d’une agglomération de plusieurs<br />

zones, où se déploient de manière peu structurée : usines, entrepôts,<br />

usine d’incinération, station d’épuration, bâtiments abandonnés et<br />

diverses entreprises. C’est une autre grande zone déconnectée de la<br />

cité, mais avec le port et avant le tourisme c’est elle qui fait vivre la ville.<br />

Ses potentialités d’actions en faveur de la ville et du port sont<br />

nombreuses. Toutes les formes de réseaux imaginables se<br />

rencontrent et s’interconnectent sur cet espace.<br />

La zone de développement des années 60-70 |<br />

Dans les années 60 et 70 période de très forte croissance<br />

économique (”les trente glorieuses”), la ville se dilate<br />

considérablement et investit les parties planes qu’il lui reste : au Nord<br />

et un peu à l’Ouest. La typologie des bâtiments est classique d’une<br />

banlieue de petite ville français : ensembles d’immeubles moyens peu<br />

denses et constitutions de zones de lotissements. La ville ira jusqu’à<br />

bâtir sur l’étang (île de Thau), qui quelque part reprend la <strong>th</strong>éorie de la<br />

logique de formation vue auparavant (l’îlot), mais s’en éloigne de par<br />

sa réalisation. Aujourd’hui ce système n’est plus possible pour des<br />

raisons de coûts et à cause de la loi de protection du littoral.<br />

Le cordon littoral |<br />

Représentatif du paysage balnéaire languedocien, le cordon littoral<br />

est un mince lido long de 12 km et large de quelques centaines de<br />

mètres. Il relie Sète au Cap d’Agde. Il est structuré linéairement par<br />

une succession de bandes variées. D’abord une plage de sable fin très<br />

étroite, suivie de dunes où une végétation sèche pousse, puis la route<br />

nationale 112, encore des dunes plantées, et enfin une large zone où<br />

l’on cultive des vignes (vins des sables). Il représente un immense<br />

territoire, mais non exploitable par la municipalité, car séparé de la<br />

cité, et inconstructible à cause de la loi de protection du littoral.<br />

032


033<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|3|L’échelle sectorielle<br />

I | 3 | L’échelle sectorielle : le canal de la Peyrade<br />

Comprendre les origines du secteur et ses interactions avec la ville,<br />

c’est commencer à lui donner une vocation.<br />

I | 3 | I | Situation du secteur<br />

Le site retenu pour le projet, est localisé à l’Est de la ville. Il est<br />

parcouru sur toute sa longueur (2 kms environ) par le canal de la<br />

Peyrade. Ce dernier se prolonge jusqu’au coeur de la ville, il perd alors<br />

sa dénomination de canal pour être appelé : darse de la Peyrade. Le<br />

site est délimité à l’Ouest par le canal latéral.<br />

Cette zone est également traversée de long en large par la route<br />

nationale 112, véritable pénétrante Est de la ville. Ce secteur<br />

constitue donc l’entrée de ville principale de Sète, puisqu’en direction<br />

de Montpellier.<br />

Le canal est bordé de deux bandes s’amincissant au fur et à mesure<br />

que l’on se dirige vers l’Est. Elles accueillent chacune de grands<br />

bâtiments (entrepôts, entreprises, chais abandonnés...).<br />

Enfin, le site est encadré par deux réseaux de chemins de fer. Celui au<br />

Nord qui n’est plus utilisé que pour le trafic des passagers, et celui au<br />

Sud qui dessert le port de commerce.<br />

Ce lieu à forte vocation industrielle se positionne ainsi comme une<br />

interface entre plusieurs parties urbaines pour l’instant<br />

déconnectées (centre ville, port, bassins du Midi et Orsetti...).<br />

Le canal de la Peyrade est une sorte de grande saignée dans la ville


Darse de la Peyrade<br />

Bassin du Midi<br />

Canal latéral<br />

nouveau tracé du canal du Rhône à Sète<br />

Zone Nord | Quai des Moulins<br />

Bassin Orsetti<br />

Canal de la Peyrade<br />

Zone Sud | route de Montpellier<br />

034


035<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|3|L’échelle sectorielle<br />

I | 3 | 2 | évolution morphologique et fonctionnelle<br />

Le canal de la Peyrade fut creusé selon l’axe du lido, entre 1776 et<br />

1786, lorsqu’il fut préférable pour la batellerie de relier la “route des<br />

Etangs” (ancien canal du Rhône à Sète) au canal royal de Sète. Ainsi<br />

était évité une traversée aléatoire de l’étang de Thau au temps des<br />

bateaux à voile grâce à un chemin de hallage bordant le canal<br />

qui se terminait par la darse de la Peyrade longue de 550 m. Cette<br />

darse tenait lieu de port fluvial.<br />

Les parcelles longeant le canal sont restées longtemps des champs<br />

ou des vignes. Puis elles se sont progressivement urbanisées.<br />

Comme dans la vieille ville on procède à la mise en place d’une<br />

mixité des fonctions : logements et entrepôts.<br />

Mais<br />

une mixité qui commence à envisager la séparation fonctionnelle sur<br />

des parcelles différentes, et non plus par une superposition des<br />

bâtiments. Ainsi se bâtiront en alternance (entre le milieu du XIX°<br />

siècle et la seconde guerre mondiale), habitations et chais pour<br />

stocker le vin. Sète est à cette époque le plus grand port de vin au<br />

monde (bénéficiant des importations importantes d’Algérie, d’Italie et<br />

d’Espagne), est le canal de la Peyrade privilégiera ce commerce.<br />

Le parcellaire le long du canal en 1920 Embarcations transportant les tonneaux de vin<br />

processus de colonisation classique<br />

Le se constituait<br />

peu à peu. C’est-à-dire le long d’un canal (axe fédérateur et<br />

structurant) et sous l’impulsion du besoin du transfert de<br />

marchandises entre l’eau et la route (ici le vin). Ce processus<br />

d’urbanisation formait une vraie façade urbaine le long des deux<br />

routes parallèles au chenal : le quai des Moulins et la route de<br />

Montpellier.<br />

un quartier très animé et<br />

Cette zone était donc autrefois<br />

très urbain. Des passerelles métalliques enjambées le<br />

canal et permettaient aux habitants de passer facilement d’une rive à<br />

l’autre. Ce principe simple, élégant et structurant, est une option que<br />

le projet pourra certainement réutiliser. D’autre part en 1899 on<br />

inaugura plusieurs lignes de tramways (aujourd’hui remplacées par<br />

des autobus). La principale longeait de bout en bout le canal de la<br />

Peyrade (le garage de maintenance se situant à l’extrémité de celuici)<br />

et reliait le quartier au centre de la ville. Les habitants étaient donc<br />

en relation directe avec la vie de la ville. Ceci est riche en<br />

enseignements, car il démontre les potentialités de<br />

sur le site.<br />

réintroduction d’un transport en commun<br />

Le canal et les chais entre les deux guerres


Le tramway en 1910<br />

Passerelle métallique, immeubles d’habitations<br />

+ commerces<br />

“Pinardiers” et tonneaux le long du canal latéral<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|3|L’échelle sectorielle<br />

Le plan de 1920 nous informe que les quais du bassin du Midi et du<br />

canal Latéral, étaient aussi beaucoup plus structurés et bâtis<br />

qu’aujourd’hui. Ils fermaient le cadre urbain dans ce que nous avons<br />

appelé la “logique du quai”. Ils servaient entre autre à entreposer les<br />

barriques de vin.<br />

En 1944 la ville est occupée par les nazis, la bataille pour libérer la<br />

France s’engage et le 25 juin les<br />

forces anglo-américaines<br />

bombardent la ville.<br />

Les bâtiments de la zone du canal de la<br />

Peyrade sont presque tous détruits. Le but des alliés était de rendre<br />

inutilisables les infrastructures et les moyens de communication,<br />

pour empêcher le repli allemand. Ce point important de l’histoire<br />

prouve donc bien que ce secteur est l’un des plus stratégique de la<br />

ville.<br />

Les berges du canal ont été reconstruite essentiellement pendant les<br />

trois décennies qui suivirent, selon le nouveau plan d’alignement. Les<br />

bâtiments construits après guerre sont facilement repérables : ils<br />

sont en retrait de 7,25 par rapport à ceux qui ont survécu aux<br />

bombardements.<br />

Le canal ayant perdu sa fonction industrielle, commerciale et urbaine<br />

: la logique de structuration et la mixité des<br />

.<br />

fonctions ne se sont pas reproduites<br />

Les chais après le bombardement angloaméricain<br />

036


037<br />

I | 3 | 3 | Prospection dans le site<br />

panorama 2<br />

panorama 3<br />

panorama 1<br />

2<br />

1<br />

3<br />

4<br />

5<br />

séquence B<br />

séquence A<br />

9<br />

6<br />

7<br />

8<br />

10<br />

11<br />

12


panorama 1<br />

panorama 2<br />

panorama 3<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|3|L’échelle sectorielle<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|3|L’échelle sectorielle<br />

Panoramas sur les bassins du site |<br />

Le premier panorama présente le bassin du Midi.<br />

Ce grand bassin construit au début de la deuxième moitié du XIX°siècle, est en prise directe à la<br />

fois avec la zone du canal de la Peyrade et les voies de chemin de fer qui relient Sète à l’Espagne. Depuis la restructuration du port dans les années 70<br />

presqu’ aucune affectation ne lui est attribuée.<br />

Parfois quelques navires stationnent le long de ces quais pendant plusieurs semaines. Il<br />

est relégué au statut de parking de second rang. Idem pour le canal Latéral (exposé dans le deuxième panorama) qui réalise à la fois<br />

l’articulation, mais surtout la séparation entre la ville et la zone industrialo-portuaire . C’est une sorte de “friche<br />

maritime” en plein coeur de la ville. Mais nous avons vu les possibilités structurantes qu’offrent les canaux. Ces deux éléments ont donc la<br />

potentialité de gérer et d’introduire une certaine continuité urbaine.<br />

La troisième série de photos nous donne un aperçu du Nouveau<br />

bassin et dubassin Orsetti, qui accueillent les différents ferries qui accostent dans le port de Sète. Contrairement aux deux autres darses ils ont<br />

donc une fonction, mais ils n’ont fait l’objet d’ aucun aménagement digne d’une telle activité. Leur requalification assurera l’interface entre la<br />

ville existante et le nouveau schéma de développement à l’Est.<br />

038


039<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|3|L’échelle sectorielle<br />

séquence A<br />

séquence B<br />

1<br />

2 3 4<br />

5 6<br />

Séquences et prospection au sein du site |<br />

Les séquences 1 et 2 sont deux longs travellings suivant l’axe du canal de la Peyrade. Elles ont pour objectifs de montrer l’ enchaînement des<br />

typologies de bâtiments et la certainedéstructuration des deux grands boulevards qui accompagnent le chenal.<br />

La première séquence nous montre la rive Sud, elle est majoritairement constituée d’ entreprises et d’entrepôts.<br />

Ces types de<br />

programme sont beaucoup plus fréquents que sur la berge Nord, car cette zone est directement connectée au port et à la route nationale<br />

112. Elle n’est que partiellement construite. C’est une chance pour la ville de Sète d’avoir une réserve foncière “branchée” sur la zone portuaire, où des<br />

entreprises peuvent encore s’installer, ce qui n’est pas le cas de toutes les villes-ports.<br />

La seconde séquence nous offre une succession tout aussi hétérogène, mais avec des bâtiments abandonnés et plus anciens.<br />

Le canal n’étant plus un moyen de communication commercial, la rive Nord a été moins attractive pour les entreprises qui ont préféré franchir le canal<br />

et s’installer de l’autre côté. Actuellement se sont plusieurs qui les ont remplacé. Plus on avance vers<br />

services techniques municipaux


suite séquence A<br />

suite séquence B<br />

I | Le site dans ses différentes échelles _I|3|L’échelle sectorielle<br />

7 8 9 10 11 12 040<br />

Ouest, urbanisation se densifie et acquière une certaine cohérence<br />

l’ plus l’ , jusqu’atteindre la vieille ville au niveau de la darse<br />

de la Peyrade. Le canal est désormais une voie fluviale touristique, où sont amarrées de nombreuses petites embarcations de plaisance et de pêche.<br />

Le pont basculant du Tivoli (superbe infrastructure métallique, qui donne sa véritable échelle au site) est le lien majeur de liaison ville/zone Est.<br />

La dernière série d’images nous fait pénétrer dans les deux secteurs qui jouxtent le canal. Sur l’ensemble de ces lieux, alternent façades arrières de<br />

hangars, vides, mais à chaque fois clos par les voies ferrées qui structurent le site dans sa périphérie.Lavégétation ici ou là, essaye de reconquérir le territoire sur les friches industrielles.<br />

naturelle,<br />

Au terme de cette présentation photographique du site du projet, il apparaît que beaucoup de potentialités se présentent à nous : interface<br />

ville/port/zone industrialo-portuaire ; connexions avec tous les moyens de communication : rail, route, bassins, port ; amorce d’un processus de<br />

“végétalisation” naturelle... Mais surtout, il est clair qu’un grand travail de restructuration de la zone et de connexion à la ville devra être<br />

entrepris, et une nouvelle affectation devra être trouvée aux zones déclassées. Ces non-affectations sont les “lieux du possible”<br />

et sont<br />

ainsi une chance pour le projet.


2 | LES NOUVEAUX ENJEUX DE LA VILLE PORTUAIRE<br />

Les villes-ports sont iconoclastes dans le “catalogue des villes contemporaines”. L’outil port qui leur a été greffé, les transfigure. Il faut analyser leurs problématiques<br />

spécifiques, pour répondre aux nouveaux enjeux auxquels elles doivent faire face. A ces éléments des <strong>th</strong>ématiques plus générales peuvent aussi être associées.<br />

042


043<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|I|Villes portuaires entre archétypes de la ville marchande et prototypes de la ville globale<br />

2|I|Villes portuaires : entre archétypes de la ville<br />

marchande et prototypes de la ville globale<br />

La ville portuaire parce qu’elle est à la conjonction de nombreuses<br />

routes de commerce (maritimes et terrestres) a été longtemps la<br />

ville marchande par excellence. Au cours du XX° siècle, avec la<br />

modernisation de la production et des transports, elle a perdu cette<br />

qualité, pour devenir une simple zone de transit. Or les nouvelles<br />

données de la globalisation et de la “métapolisation”, doivent nous<br />

encourager à reconsidérer et à réévaluer le potentiel et donc le rôle<br />

des cités portuaires. Ce chapitre doit apporter la confirmation que<br />

l’interface représentée par le secteur du canal de la Peyrade peut<br />

s’inscrire dans une logique de redéploiement économique de la ville<br />

de Sète. Examinons donc qu’elles sont les nouvelles potentialités des<br />

villes portuaires.<br />

contexte économique actuel, axé sur les<br />

Le<br />

services et les échanges,<br />

fait des villes des espaces<br />

productifs privilégiés, à travers une concentration des flux et une<br />

polarisation des activités et des richesses (métropolisation).<br />

Parallèlement, chaque ville s'inscrit dans des réseaux globaux<br />

où elle est directement mise en concurrence avec ses semblables<br />

(mondialisation). Ainsi pour assurer leur développement, les villes<br />

vont chercher à attirer, concentrer et dynamiser le<br />

maximum de flux, afin de se positionner solidement à une<br />

échelle régionale, nationale ou internationale.<br />

Les villes portuaires constituaient des places d'échanges ouvertes<br />

sur le monde, propices à l'émergence d'activités liées à la<br />

valorisation du processus de circulation.<br />

Seulement<br />

le clivage ville/port a eu comme principal effet de priver les villes<br />

portuaires de cette dynamique potentielle. Les ports ont parfois eu<br />

tendance à être considérés comme des outils techniques au service<br />

d'une stratégie nationale, ce qui a eu pour conséquence de priver les<br />

villes de leurs contacts internationaux et de les encourager à<br />

développer plutôt une stratégie nationale et continentale.<br />

Le réseau d’infrastructures du port et de la ville de Marseille, à la<br />

fois élément de séparation mais aussi pourvoyeur de nouvelles<br />

potentialités


L'enjeu va être de redonner aux villes portuaires ce rôle d'interfaces<br />

internationales, donc de rétablir localement une certaine synergie<br />

entre fonctions portuaires et urbaines. Afin d'accompagner et de<br />

stimuler le processus de métropolisation à travers les fonctions<br />

d'intermédiations et d'échanges et de permettre une meilleure<br />

insertion et intégration de la ville portuaire dans le commerce<br />

européen et/ou international.<br />

Pour les ports, si l'activité portuaire a pu être centrée pendant les<br />

Trente Glorieuses sur les besoins énergétiques et sur les “industries<br />

pied dans l'eau”, dans une logique nationale qui n'impliquait pas<br />

directement la ville, le développement des trafics de marchandises<br />

diverses et des fonctions de transit, (stockage, distribution...) qui leurs<br />

sont liées concerne aujourd'hui l'ensemble de la ville portuaire. Pour<br />

attirer de nouveaux trafics, développer de nouveaux services et<br />

accroître ses capacités commerciales, le port a besoin de<br />

s'appuyer sur la ville,<br />

qui est apte à mobiliser les forces<br />

productives de biens et de services immatériels nécessaires.<br />

L’objectif est de créer des liens imaginaires ou construits, entre le<br />

mode de vivre et de production, c’est-à-dire entre les villes et leurs<br />

ports. Il faut considérer que les ports dans ce contexte international<br />

sont une articulation à valeur ajoutée entre des<br />

lieux de production et des lieux de consommation.<br />

Les facteurs de production qui circulent dans le monde se retrouvent<br />

et se coordonnent dans les pôles interfaces de l’économie mondiale,<br />

par exemple une voiture peut être conçue aux Etats-Unis, les pièces<br />

détachées être fabriquées en Asie, l’assemblage et la<br />

commercialisation être réalisés en Europe autour d’une ville<br />

portuaire qui aura su mettre en avant ses multiples compétences :<br />

informatiques (commande), logistiques multimodales (expédition),<br />

commerciales (liaison production-consommation). Le port tous seul<br />

n’est pas apte à assurer cette “logistique industrielle”, il a besoin de la<br />

ville pour assurer l’adéquation entre industries et services.<br />

L’économie moderne peut donc amorcer la réconciliation entre port<br />

et cité.<br />

La logistique consacre les villes portuaires comme des organisateurs<br />

essentiels des nouveaux pôles actifs dans l’économie mondiale. Il ne<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|I|Villes portuaires entre archétypes de la ville marchande et prototypes de la ville globale<br />

s’agit plus ici d’une simple fonction de transport comme autrefois,<br />

mais d’un rôle et d’un réel pouvoir. C’est ce que confirme Thierry<br />

BAUDOIN de l’institut français d’urbanisme : “ Au-delà des capacités<br />

techniques de son port, c’est avant tout par la mise en oeuvre de stratégies politicoéconomiques<br />

originales que la ville portuaire, quelque soit sa taille, émerge en tant<br />

qu’acteur primordial du nouvel ordre économique.”<br />

Ainsi il serait possible<br />

d’opérer une sorte de flashback mais avec une vision contemporaine<br />

en réintégrant la fonction logistique portuaire au milieu des<br />

ressources urbaines du commerce, du tertiaire en général et de<br />

l’industrie. Ces cités sont les seules à être au carrefour de plusieurs<br />

réseaux. Et aujourd’hui notre économie ne fonctionne plus selon un<br />

territoire continu, mais par le biais de pôles séparés reliés par de<br />

multiples réseaux.<br />

Le port ne fait que transiter et exploiter des biens matériels et donc à<br />

cela on pourrait opposer “l’ordre délocalisé des réseaux<br />

immatériels” comme le suggère Jacques BEAUCHARD<br />

(sociologue), mais leur puissance ne peut être séparée<br />

des flux concrets,<br />

des marchandises et des hommes ; les<br />

sociétés ne sont pas virtuelles. On sait désormais que les nouvelles<br />

technologies de l’information ne suppriment pas les flux, mais au<br />

contraire en génèrent de nouveaux.<br />

Il faut repenser la place du port dans la cité, et c’est donc autour du<br />

commerce qu’il faut<br />

faire apparaître un lieu symbolique<br />

unificateur, capable de maîtriser la diversité des<br />

réseaux<br />

. La zone du canal de la Peyrade peut être ce lieu<br />

unificateur.<br />

Nous venons de voir à quel point les villes portuaires ont une<br />

importante carte à jouer dans le mécanisme de l’économie mondiale.<br />

Ceci est universel, mais on est en droit tout de même de se demander<br />

si les ports moyens<br />

comme Sète peuvent s’inscrir dans cette<br />

dynamique globale.<br />

En fait la petite taille au lieu d’être un handicap, peut se révéler être un<br />

atout. En effet ces ports sont en général plus aptes que les grandes<br />

places à devenir des outils très utiles pour un aménagement<br />

harmonieux de l’espace industriels. Ils présentent de par leur taille<br />

modeste des avantages structurels. Dirigés en France par les<br />

044


045<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|I|Villes portuaires entre archétypes de la ville marchande et prototypes de la ville globale<br />

Chambres de Commerces et d’Industries, et non par un état distant<br />

des réalités, ils ont une relation de proximité privilégiée<br />

avec l’économie locale.<br />

De plus, souvent moins spécialisés<br />

que les grands ports et avec des infrastructures plus souples à<br />

manier, ils sont plus flexibles selon la conjoncture et ont des<br />

capacités d’adaptation à court et à moyen terme plus<br />

importantes.<br />

D’après Yves BOUVART (directeur des services du port de<br />

commerce de la Rochelle-Pallice) : “ Les villes portuaires moyennes,<br />

susceptibles d’offrir à un large hinterland des débouchés qui leurs soient propres en<br />

même temps que de se relier aux grandes places et à l’échange mondial, ont un rôle<br />

essentiel à jouer”.<br />

Sète semble effectivement dans ce cas.<br />

En conclusion les programmes développés dans le projet devront<br />

intégrer fortement la notion de globalisation.<br />

Le terminal de Waltershof à Hambourg qui attire de nombreuses entreprises


Un des nouveaux terminaux à conteneurs du port de Gênes déconnecté de la cité<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|2|L’évolution des relations entre la ville et le port : vers une mutation régénératrice<br />

2|2|L’évolution des relations entre la ville et le port :<br />

vers une mutation régénératrice<br />

dénomination ville-port est ambigue<br />

Aujourd’hui la :<br />

pense-t on à une reconquête des origines portuaires de la ville ou à<br />

une colonisation par la ville de l’étendue portuaire ? Ce doute exprime<br />

bien les difficultés relationnelles que les villes entretiennent<br />

avec leur port. Les ports ont la particularité d’être “mobiles” ,<br />

c’est-à-dire de pouvoir effectuer une opération de translation<br />

spatatiale lorsque l’économie l’exige ; alors que les villes sont<br />

statiques.<br />

La croissance urbaine est souvent un processus lent et<br />

finalement rarement planifié, à l’inverse de la constitution des<br />

infrastructures portuaires, qui par obligations techniques rentrent<br />

toujours dans un schéma préétabli. C’est cette différence de<br />

qui explique en partie la déconnexion entre la ville et le port.<br />

vitesse<br />

D’autre part pour reprendre les catégories de Gabriel DUPUY (dans<br />

“L’urbanisme des réseaux”) le port relève d’une<br />

organisation de l’espace réticulaire (un réseau articulé<br />

sur d’autres réseaux), alors que la ville est plus<br />

traditionnellement un espace aréolaire (des zones<br />

associées en surfaces). Cette différence, cette hétérogénéité est<br />

aussi l’une des causes de la difficulté à organiser la mise en contact<br />

entre port et ville. Mais les formes et les systèmes qui constituent la<br />

ville évoluent, et des architectes tels que Rem KOOLHAAS cherchent<br />

à privilégier les dimensions réticulaires de la ville. Ces nouveaux<br />

modèles urbains seront peut-être davantage compatibles avec les<br />

espaces du port moderne, le projet que j’envisage pour la zone Est de<br />

Sète s’inscrit en partie dans cette logique.<br />

Toutefois il ne faut pas voir qu’une perte d’identité dans cette<br />

séparation fonctionnelle, car en général la délocalisation des activités<br />

portuaires se traduit par une amélioration du cadre de vie<br />

au sein de la ville : moins de nuisances sonores, allégement des trafics<br />

terrestres, diminution des pollutions, etc.<br />

046


047<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|2|L’évolution des relations entre la ville et le port : vers une mutation régénératrice<br />

Les mutations intervenues dans les relations entre la ville et le port<br />

sont à imputer à la fois aux impératifs techniques portuaires et aux<br />

changements urbains. Il est utile de rappeler brièvement l’évolution<br />

du rapport ville-port, au cours de ces derniers siècles. Au XVIII° siècle,<br />

le port est la destination finale d’une route, en l’occurence le port de<br />

Sète était le “terminus” de la route Est rejoignant Montpellier (grande<br />

place commerciale du Languedoc, la route vers l’Ouest menant à<br />

Agde et Béziers ne sera tracée qu’au début du XX° siècle). Le port<br />

durant toute cette période, est enraciné dans la ville. En effet il a<br />

besoin pour fonctionner : de ses entrepôts, de ses marchands et de<br />

ses institutions publiques ; et pour être protégé : de ses forteresses.<br />

L’économie est surtout basée sur l’hinterland immédiat. Vers le<br />

milieu du XIX° siècle, avec le début de la révolution industrielle, le<br />

système s’ouvre totalement vers l’extérieur. Le port quitte alors son<br />

estuaire (son canal dans le cas de Sète), pour se reformer<br />

linéairement sur le rivage à côté de la ville. L’animation portuaire est<br />

de moins en moins visible par la population, ce “mystère<br />

industriel” confère une image négative au port.<br />

Après la seconde guerre mondiale, le gigantisme naval brise<br />

définitivement le système intégré ville-port. Plus qu’une<br />

déconnexion spatiale,<br />

déjà en partie terminée, c’est un<br />

divorce économique qui s’effectue. Le port participe peu et<br />

enrichie peu la vie économique locale de la ville et de la région. L’outil<br />

portuaire n’est plus qu’un vecteur de flux, simple étape dans un<br />

réseau infini et planétaire. C’est ce qui s’est produit pour le port de<br />

Sète, passé tour à tour d’une vocation nationale (débouché canal du<br />

Midi), puis régionale (le port de la capitale régionale : Montpellier), et<br />

enfin internationale dans la seconde moitié du XX° siècle.<br />

Les logiques de “juste à temps”, de flux tendus ; la conteneurisation,<br />

les nouvelles techniques de manutentions, le ry<strong>th</strong>me accrue de la<br />

rotation des navires et le besoin de liaison rapide avec l’arrière-pays...,<br />

tous ces<br />

éléments de la technologie et de<br />

l’économie globale transforment les ports en<br />

pôles de distribution<br />

, qui se délocalisent hors des villes. Ceci<br />

est généralisable à tous les ports modernes, mais chaque site<br />

(comme un chromosome qui aurait subi une mutation génétique<br />

1700, port-entrepôt, la fonction est enracinée dans la ville.<br />

Ouverture de la ville sur le port, le quai est un espace public.<br />

1850, port de transit, le port est installé à côté de la ville.<br />

L’indsutrie s’établit au bord des quais et constitue un<br />

obstacle entre la ville et le port.<br />

1950, normalisation et déplacement, éloigné de la ville le port<br />

fonctionne de façon autonome.<br />

2000, port de distribution et ville réseau, ville et port sont<br />

éclatés en pôles spécialisés.<br />

Croquis d’après Han MEYER, “City and Port”, à noter que<br />

le dernier schéma démontre les potentialités réticulaires<br />

de cette nouvelle urbanité


Programmes mixtes à Dunkerque : université, gare TGV,<br />

entreprises, pôle technologique de recherche... se regroupent en<br />

technopôle sur d’anciennes friches portuaires et profitent de la<br />

synergie globale du site.<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|2|L’évolution des relations entre la ville et le port : vers une mutation régénératrice<br />

spéciale) particularise ce schéma. En effet le modèle évolutif, n’est<br />

pas le même, selon que la ville se trouve en Méditerranée, en Europe<br />

du Nord, en Asie du Sud-Est, ou en Amérique du Nord. Sète s’inscrit<br />

dans la catégorie des ports à dominantes linéaires (le lido rectiligne et<br />

plat en est la cause), comparable (toutes proportions gardées) à<br />

Marseille, Nantes, ou la Nouvelle-Orléans ; et se démarquant malgré<br />

sa situation du système classique du port méditerranéen, où l’on<br />

trouve le plus souvent des villes panoramas embrassant la courbe<br />

d’une baie naturelle, et qui restent intégrées à la zone portuaire (cf.<br />

Gênes).<br />

vieux bassins<br />

Les , reliquats du port jadis intégré à la ville,<br />

autrefois vecteurs de continuité urbaine et générateurs<br />

d’évennements, engendrent en général une césure visuelle et<br />

mentale entre la ville et la mer.<br />

Pour Sète ils ne séparent<br />

pas la ville de la mer, mais le port moderne et toute la zone industrialoportuaire,<br />

renforçant encore la distinction fonctionnelle ville/port. Le<br />

ré-affectation des bassins et la densification de leurs quais permettra<br />

de réintroduire un continuum spatial et fonctionnel perdu depuis<br />

quelques décennies (à partir de 1979 date de l’agrandissement à<br />

l’Est du port)..<br />

En France, pays encore ultra-jacobin, la séparation du port et de la ville<br />

est aggravée par des spécificités d’ordre technocratique et politique.<br />

En effet le territoire communal est administré par un conseil<br />

municipal local ; le port, lui, est dirigé par l’état. Il est donc<br />

difficile<br />

de coordonner des projets de développements<br />

communs ville/port<br />

, lorsque que deux entités différentes et<br />

aux intérêts parfois divergents sont les maîtres de l’espace. Le port<br />

de Sète, nous l’avons signalé dans le chapitre précédent, à la chance<br />

d’être supervisé par la CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie),<br />

niveau étatique très local. Si l’on se place dans une vision<br />

opérationnelle du projet, cela nous autorise à être optimiste. Ainsi par<br />

exemple, le terminal de passagers (qui doit réellement être<br />

réaménagé dans les prochaines années) a pour maître d’ouvrage la<br />

CCI, mais ce programme est soutenu par la mairie qui y espère une<br />

source de développement touristique et une occasion de<br />

048


049<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|2|L’évolution des relations entre la ville et le port : vers une mutation régénératrice<br />

restructurer un quartier de la ville. Les éléments de plate-forme<br />

multimodale et de technopôle qui pourraient être créés sur la rive<br />

Sud du canal de la Peyrade, n’intéresseraient pas seulement le port,<br />

mais aussi la municipalité qui a l’ambition d’attirer de nouvelles<br />

entreprises et de nouveaux services manquants à la ville.<br />

D’autre part l’abandon de la ville par le port, n’est pas toujours<br />

quelque chose d’inéluctable. Ainsi, lorsque l’activité portuaire est<br />

relancée ou que de nous besoins maritimes apparaissent, il est<br />

souvent moins coûteux de réaménager et de réemployer les anciens<br />

bassins situés dans la ville (cf. Anvers). Dans ce sens le projet<br />

essaiera de réintroduire une activité semi-industrielle dans les<br />

bassins du Midi et du canal Latéral. Il est vrai que dans certaines<br />

réalisations, l’ampleur de la mutation des activités maritimes, de ces<br />

composantes propres et de ses effets relatifs, a engendré des<br />

comportements spatiaux excessifs par leur intensité et leur rapidité.<br />

D’après Jacques CHARLIER (université ca<strong>th</strong>olique de Louvain, institut<br />

de géographie), soumis à des échelles temporelles différentes, les<br />

villes et les ports ont réagi de façon souvent opposée face à l’abandon<br />

des fronts urbano-portuaires anciens. Trop nombreuses sont les<br />

villes, qui y ont trouvé l’opportunité d’agir vite pour affirmer leur<br />

volonté d’assurer leur réorganisation (conquête la plus part du temps<br />

guidée par des intérêts immobiliers et donc très spéculatifs). Ce qu’il<br />

faudra donc retenir pour la phase de projet, c’est qu’il est parfois<br />

logique et juste de s’appuyer sur les fonctions traditionnelles du site,<br />

souvent plus cohérentes avec l’esprit du lieu que n’importe quelle<br />

opération urbaine. Ainsi avant de s’engager dans des reconquêtes<br />

strictement liées à la cité, il convient de<br />

s’interroger sur les<br />

capacités résiduelles des sites dans le domaine<br />

portuaire.<br />

On constate donc que la disjonction entre port et ville est profonde,<br />

c’est un point négatif pour l’économie de la ville, mais un aspect positif<br />

pour son “bien-être”. Mais cette analyse a aussi pour but de<br />

démontrer que denouvelles<br />

potentialités apparaissent<br />

avec la mondialisation des flux (tourismes,<br />

développement du tertiaire, des services et de la logistique) et sont<br />

nouvelles connexions<br />

susceptibles de créer de (au moins<br />

partielles et surtout de qualités) entre cité et port. Selon ma propre<br />

vision des choses la<br />

terminologie “ville-portuaire” n’est<br />

pas morte, elle est simplement en train de<br />

changer de sens<br />

, le projet devra tenter de me donner raison.<br />

Cette “réconciliation” a de plus un atout prépondérant : l’occasion<br />

d’une reconstruction de la ville sur la ville,<br />

en bénéficiant<br />

et en s’appuyant sur les traces existantes. Ceci a pour effet de lutter<br />

contre la dispersion des zones urbaines et de redonner de la valeur au<br />

centre-ville. Et de s’inscrire dans la notion de développement<br />

durable,<br />

impératif pour la pérennisation des villes, et surtout celle<br />

des villes industrielles.<br />

Le projet devra s’efforcer autant que possible de réunir le port et la<br />

ville physiquement, visuellement, économiquement,<br />

fonctionnellement, le plus difficile étant de les réconcilier<br />

spatialement, afin que le port ne soit pas qu’un outil de la nation<br />

insouciant de l’avenir de son voisin.<br />

Bristol, réhabilitation des entrepôts et<br />

préservation de l’outillage portuaire


La friche portuaire du bassin du Midi, entre vieille ville et Le zone canal portuaire, du Midi dec’est nos jours<br />

une interface potentielle vectrice d’une nouvelle centralité<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|3|Lesfriches portuaires : lieux potentiels de métissage programmatique<br />

2|3|Lesfriches portuaires : lieux potentiels de<br />

métissage programmatique<br />

Les espaces que supportent les zones portuaires sont par essence<br />

des lieux d’accueil et de métissage.<br />

Ces qualités<br />

premières ne se démentent pas avec l’abandon de certains secteurs<br />

en lisière ou au coeur de la ville. Ces friches maritimes sont désormais<br />

les espaces du possible,<br />

potentiellement générateurs d’une<br />

nouvelle mixité urbaine, ayant pour caractéristiques : la trace quasiindélébiles<br />

du passé (bassins, canaux...) et la “générosité spatiale” de<br />

pouvoir accueillir de nouveaux programmes. Ce sont également des<br />

lieux où la confrontation entre des échelles<br />

différentes est envisageable, car les infrastructures et les<br />

grands navires jadis insérés dans l’espace urbain créaient déjà ces<br />

contrastes.<br />

Les villes-ports de Méditerranée, sont encore peut-être plus que<br />

d’autres aptes à accueillir cette pluralité fonctionnelle et hist<strong>orique</strong>.<br />

Sète en est une parfaite expression. Sur les quais de ses canaux se<br />

côtoient chalutiers et filets, touristes, musées, fonctions<br />

commerciales, institutions publiques, entrepôts, habitations, lieux de<br />

production et d’échanges (criée...) Les friches portuaires et leurs<br />

bassins conservent de manière latente cette polyvalence,<br />

génératrice d’évenements et de situations sans cesse<br />

renouvelées. Plus que d’autres friches industrielles, elles sont des<br />

espaces de tolérance capables d’accueillir des activités et des<br />

comportements parfois considérés comme antinomiques à notre<br />

époque, mais il n’ y a pas si longtemps cette “congestion” de fonctions<br />

était la condition même de l’existance de la ville portuaire. Cette<br />

agglomération peut retrouver une certaine contemporanéité,<br />

puisque certains architectes comme Rem KOOLHAAS pensent que<br />

c’est dans la confrontation de programmes,<br />

que peuvent<br />

naître de nouveaux événements, et donc peut être générée la<br />

richesse de la ville.<br />

Ainsi les espaces abandonnés du port ont la possibilité et peut-être<br />

050


051<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|3|Lesfriches portuaires : lieux potentiels de métissage programmatique<br />

mélanger leurs<br />

même l’obligation de conserver et de<br />

caractéristiques urbaines et industrielles,<br />

en évitant<br />

soigneusement que les unes puissent phagocyter les autres. Le port<br />

délaissé ne doit pas se transformer en aire urbaine normale. Comme<br />

le dit Stefano BOERI : “les propositions de reconquêtes de friches portuaires<br />

doivent dévoiler simultanément l’histoire commune<br />

de la ville et du port.<br />

La re-qualification d’une vieille zone portuaire passe<br />

par la greffe d’entrepôts du XIX° siècle et architecture contemporaine. Il faut jouer sur<br />

effet de résonance génie du lieu et de l’histoire<br />

l’ .” Le<br />

a donc une importance primordiale, le projet devra clairement<br />

afficher la spécificité portuaire, et la spécificité sétoise.<br />

En effet il faut faire très attention à l’idée d’intégration du port<br />

désaffecté par la ville, comme l’ont pratiqué certains waterfront<br />

<strong>th</strong>éorisés et réalisés en Amérique du Nord. La ville portuaire<br />

européenne, et à plus forte raison méditerranéenne, pour assurer<br />

avec cohérence la reconversion de ses friches, doit assumer la<br />

différence de ses zones maritimes avec le reste de l’espace urbain.<br />

Un quai de canal doit rester un quai et ne pas se transformer en une<br />

simple rue, des bateaux doivent y accoster, des éléments mobiles<br />

doivent y être déposés puis disparaître, ou demeurer un espace de<br />

passage entre des moyens de locomotion maritimes et terrestres.<br />

Idem pour les canaux ou les bassins, ils n’ont pas vocation à devenir<br />

des éléments purement es<strong>th</strong>étiques, agréments de la perception de<br />

la cité. Ces axes et ces plans d’eau sont des lieux de mouvement et<br />

d’animation urbaine, support de flux iconoclastes en pleine ville. On<br />

s’aperçoit ainsi, que la modernisation et la rationalisation des zones<br />

portuaires, n’est pas le seul enjeu contemporain de la ville-port, mais<br />

qu’il s’agit bien aussi de réinventer une certaine forme<br />

.<br />

d’élaboration de la ville<br />

Au-delà de cette mixité de fonctions et de comportements, la ville<br />

portuaire et leurs friches peuvent être les lieux de la multiplicité<br />

des cultures et des savoirs,<br />

ceci rejoint les enjeux<br />

internationaux de la ville-port examinés dans un chapitre précédent.<br />

Ce type de lieux a la possibilité de capter les différents flux<br />

d’information, pour en restituer des savoirs et de la culture, comme<br />

une production classique. C’est pour cette raison que de nombreux<br />

technopôles ou centres de recherche, se greffent sur ces interfaces<br />

vacantes q ue sont les zones portuaires abandonnées (toujours<br />

traversées matériellement ou virtuellement par de nombreux<br />

réseaux). Des programmes que l’on avait pas l’habitude de<br />

rencontrer au centre de la cité. Là encore ces friches particulières<br />

font preuves de leur pouvoir fédérateur et catalyseur de<br />

nouvelles fonctions urbaines.<br />

Si la friche offre l'opportunité de renouer des liens avec la ville,<br />

d'autres marges portuaires continuent d'entretenir des espaces<br />

strictement fonctionnels et productifs, en dénigrant tout contexte. Il<br />

faudrait pouvoir intervenir sur l'espace portuaire lorsqu'il se<br />

régénère, c'est le cas des friches, mais aussi au moment où le port se<br />

construit, en amont des grands travaux portuaires, des projets de<br />

développement.<br />

Il faut trouver des règles pour donner une cohérence à l’association<br />

de la ville et du port. Le projet tentera notamment d’unifier et de<br />

structurer les deux types d’espaces par des prescriptions<br />

paysagères et urbaines.<br />

Les friches se trouvant fréquemment à l’interface de la ville et de la<br />

zone industrialo-portuaire (c’est le cas à Sète), ont par ailleurs la<br />

potentialité de faire émerger une nouvelle centralité,<br />

concentrant de nouvelles fonctions et correspondant mieux aux<br />

nouvelles dimensions urbaines, les centres-villes traditionnels n'étant<br />

plus adaptés pour jouer ce rôle de centre d'agglomération. On peut<br />

envisager l’ introduction de fonctions normalement<br />

périphériques (centre commerciaux, halles d’expositions...).<br />

C’est d’ailleurs un processus qui s’amorce à Sète, de vieux chais étant<br />

réhabilités en supermarchés à quelques minutes à pieds du centreville.


La recomposition des espaces portuaires délaissés ne peut se<br />

résumer à l'application d'un modèle précis. Chaque ville portuaire doit<br />

s'interroger sur la forme de réaménagement qu'elle veut et qu'elle<br />

peut mettre en œuvre en fonction de ses propres caractéristiques<br />

(site, contexte socio-économique, moyens disponibles,...). Si les<br />

processus économiques auxquels sont soumises les villes<br />

déterminent un éventail de fonctions assez restreint, la difficulté va<br />

résider dans les choix et dans le dosage de ces fonctions, pour faire<br />

en sorte que le réaménagement soit un succès et valorise les<br />

potentialités offertes. L'enjeu va être de trouver une stratégie<br />

adéquate, afin d'optimiser<br />

au mieux l'espace en<br />

fonction de l'existant et en fonction d'une forte volonté de<br />

transformation et de développement des villes.<br />

Lorsque nous parlions auparavant de conserver l’identité portuaire et<br />

de tenir compte de l'ancienne vocation nous n’étions<br />

pas dans une logique nostalgique ou contraignante. Nous évoquions<br />

ces notions comme un potentiel d'enrichissement, afin d'éviter<br />

l'application de modèles standardisés et banalisés, et<br />

dictés uniquement par la loi du marché et des ambitions de<br />

développement, parfois inappropriées avec le contexte du site.<br />

La difficulté est de trouver un équilibre dans les réaffectations entre<br />

des éléments mis en situation d'opposition : passé/avenir, ville/port,<br />

services/industries, identité/modernité, réalité/ambitions,<br />

prudence/urgence, tout en respectant une multiplicité d'intérêts.<br />

L'exercice est donc complexe et va demander du temps, de la<br />

réflexion et de la flexibilité. Les choix sont multiples et ils auront des<br />

impacts territoriaux induits difficiles à maîtriser et qui se traduisent<br />

par des effets sur les plans socio-économiques et fonctionnels qui<br />

doivent être viables et en adéquation avec les demandes et les<br />

besoins des villes portuaires d'aujourd'hui. Le réaménagement est<br />

ainsi l'occasion de repenser non seulement l'urbanisme d'une partie<br />

de la ville mais également de s'interroger sur le type d'activités qu'on<br />

veut y voir figurer, donc de s'interroger sur ce que sera la ville<br />

portuaire de demain.<br />

L'objectif de ce chapitre était de démontrer : que le but de la<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|3|Lesfriches portuaires : lieux potentiels de métissage programmatique<br />

requalification des espaces portuaires déclassés n'est pas de<br />

déplacer la "frontière urbaine" de telle sorte que l'urbanisation étende<br />

son emprise sur l'espace portuaire et provoque sa disparition, mais<br />

bien au contraire, de susciter une valorisation mutuelle<br />

des espaces portuaires et urbains par un<br />

aménagement respectueux des spécificités fonctionnelles et<br />

paysagères de chacun de ces lieux. Le projet essaiera de respecter<br />

ce principe, en introduisant une certaine mixité, et en tirant partie du<br />

passé et du présent portuaire.<br />

Projet d’aménagement du port de tourisme de Naples, Stefano BOERI<br />

architecte, les intégrités du port et de la ville sont respectés, l’un s’appuyant<br />

sur l’autre<br />

052


053<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|4|Laquestion de la réappropriation<br />

2|4|Laquestion de la réappropriation<br />

plusieurs typologies<br />

Le but de ce chapitre est de présenter de<br />

solutions déjà expérimentées, d’en faire une analyse critique et<br />

enfin d’en tirer des conclusions pour la stratégie de développement<br />

de Sète.<br />

Les villes portuaires disposent désormais d'espaces à réinvestir, elles<br />

ont l'occasion, rare dans leur histoire, de mener à bien un projet<br />

urbain, de déclencher un retour au centre, d’opérer une connexion<br />

avec la périphérie, bénéfiques pour leur fonctionnement, et de tracer<br />

les chemins d'une .<br />

nouvelle urbanité<br />

Les nouveaux usages des friches portuaires sont en général de trois<br />

types d'activités (hormis le logement) :<br />

- activités liées à la mer (marinas, aquarium, port de<br />

plaisance…) ;<br />

- activités associées subjectivement ou symboliquement à la<br />

proximité de la mer : centre de recherche, établissements<br />

d'enseignement supérieur (cf. Dunkerque et La Rochelle),<br />

world trade centers ;<br />

- activités ayant une relation très indirecte avec le fait<br />

maritime, mais qui mise sur un effet de centralité<br />

(complexes commerciaux, hôtellerie de luxe, sièges sociaux,<br />

centre de congrès ...).<br />

Mais chaque ville procède à une adaptation selon sescritères<br />

.<br />

socio-économiques et culturels<br />

Selon Claude CHALINE (professeur à l’institut d’urbanisme de Paris) :<br />

“toute urbanité résulte aussi de la conjonction entre la satisfaction de populations<br />

locales et résidentes et celle des gens de passage, d'autant plus nombreux que le lieu<br />

diffuse une plus grande attractivité” . L'aménageur est alors ramené à la<br />

détermination d'un autre équilibre. Equilibre entre des fonctions<br />

et des services plutôt endogènes,<br />

gages d'une certaine<br />

autonomie du quartier recomposé, d'une part, et une orientation,<br />

d'autre part, davantage fondée sur des , version<br />

flux exogènes<br />

contemporaine, renouant avec une tradition de lieux transactionnels,<br />

qui fut toujours celles des ports. Ceci rejoint ce que nous é<strong>nonc</strong>ions<br />

dans le chapitre précédent, à savoir qu’une stratégie efficace de<br />

redéploiement ne peut se défaire d’une certaine mixité de fonctions<br />

valorisées par les atouts de la ville et du port.<br />

modèles<br />

Le particularisme européen nécessite l'application de<br />

complexes qui associe souvent à la ville européenne hist<strong>orique</strong>,<br />

les inventions typologiques et urbaines de la métropole américaine<br />

L'objectif de la ville portuaire est de trouver un équilibre entre une<br />

volonté de rentabilité et de développement économique<br />

immédiat et une forte demande pour des schémas d'aménagement<br />

respectant des<br />

préoccupations sociales, culturelles<br />

et environnementales.<br />

Ce souci de mixité, afin de ne pas faire des friches portuaires un<br />

espace spécialisé dépendant d'un seul secteur ou d'une seule<br />

catégorie d'usagers, va pousser les collectivités à développer des<br />

formes de partenariat public/privé<br />

et à prévoir des<br />

structures de concertation. L'espace urbain tend à n'être qu'un<br />

élément du marché, dont il convient de moduler ou d'encadrer<br />

l'influence, au cas par cas, avec le support de l'opinion publique, là où<br />

elle s'exprime ; cela pose le problème très inégalement traité de la<br />

consultation, de l'enquête publique et des études préalables.<br />

Les cités portuaires françaises (comme Sète), ont pris du retard<br />

dans le réaménagement de leur espace portuaire. Cet état de fait est<br />

paradoxalement un avantage, car d’une part elles peuvent bénéficier<br />

des expériences des autres pays ; et d’autre part leur mutation sera<br />

plus étroitement associée aux récentes transformations de<br />

l’économie mondiale et à aux nouveaux processus de formation des<br />

métropoles.


Le master plan a défini une volumétrie souple, les prescriptions architecturales sous<br />

forme de croquis sont une mé<strong>th</strong>ode intéressante pour l’élaboration d’un urbanisme<br />

réglementaire flexible, laissant une marge d’appréciation aux différents architectes<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|4|Laquestion de la réappropriation<br />

2|4|1|Hafencity, Hamburgplan AG et ASTOC, Hambourg<br />

Hambourg est un grand port en expansion qui gagne de nouveaux<br />

espaces périphériques, au ry<strong>th</strong>me d’investissements<br />

impressionnants, et qui n’a jamais perdu la maîtrise du<br />

développement de son économie portuaire.<br />

Plusieurs points sont intéressants à retenir dans ce projet. D’une<br />

part la transformation du rôle des plates-formes de distribution, où<br />

désormais la valeur ajoutée apportée aux marchandises de<br />

passage, est plus importante que le volume du trafic. Le slogan de<br />

Hambourg est d’ailleurs “Hambourg une ville-entreprise”,<br />

elle<br />

dépasse ainsi son statut de ville-port. C’est ce que d’en une moindre<br />

mesure la zone Sud du canal de la Peyrade pourrait devenir.<br />

En ce qui concerne les terrains et les bassins abandonnés à proximité<br />

du centre ville, ils font l’objet d’un projet, qui s’appuie sur un principe<br />

de flexibilité.<br />

Le masterplan est évolutif, il offre simplement des<br />

orientations et intègre un degré de liberté pour les alternatives<br />

spatiales et fonctionnelles, collant ainsi au plus près des besoins réels<br />

de la ville. En effet le projet étant soumis au loi du marché, la<br />

croissance et l’évolution des objectifs sont complexes à prévoir.<br />

Le programme emploie pleinement la mixité comme processus de<br />

formation : habitat de différents types, associé à des programmes<br />

culturels, touristiques, éducatifs, de loisirs et artisanaux réutilisant<br />

une partie des bassins.<br />

Le but des autorités a été d’affirmer une continuité urbaine entre<br />

cette zone et le centre. Les volumétries sont évolutives,<br />

mais toujours selon une logique de transparence et d’ouverture<br />

visuelle sur l’eau, pour renforcer ce continuum spatial. A Sète aussi<br />

les continuités visuelles (entre port et nouvelle zone) seront une<br />

priorité dans le projet.<br />

D’un point de vue réglementaire et opérationnel, l’une des réussite du<br />

Hamburgplan est la synergie entre partenaires publics et privés,<br />

grâce à la médiation de la législation.<br />

En effet une loi spéciale vise<br />

à contraindre tout investissement privé à financer une part des<br />

équipements publics tels que les écoles ou les crèches. Ceci est un<br />

rempart contre la spéculation abusive.<br />

054


055<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|4|Laquestion de la réappropriation<br />

2|4|2|Opération des Docklands, Londres, London Docklands<br />

Development Corporation (LDDC)<br />

C’est en 1998, que cette colossale opération est arrivée à son terme.<br />

2200 hectares de zone portuaire abandonnée, ont été reconverti.<br />

Cette régénération, bienque critiquable en de nombreux points, a été<br />

l’une des première du genre et a servi de base pour<br />

l’ expérimentation,<br />

ainsi de nombreuses cités en ont déduit de<br />

nouveaux principes d’aménagement. Elle a eu le mérite de définir<br />

.<br />

la problématique<br />

L’option choisie est celle d’une “water city” , dans la tradition des<br />

villes hanséatiques. Le parti de réaménagement imposé est<br />

l’ abandon total de toute activité maritime ou associée<br />

et l’instauration d’une mixité fonctionnelle aussi diverse que<br />

possible. On constate donc une emprise totale de la ville sur le<br />

territoire portuaire. De plus la contribution financière de l’état n’était<br />

dans ce cas qu’un levier pour le démarrage d’opérations<br />

immobilières lucratives. Il n’y a pas eu non plus de schéma<br />

stratégique d’ensemble et il faut plutôt parler d’un urbanisme<br />

au coup par coup.<br />

Tous ces points vont donc à l’encontre de ce<br />

qui devrait être préconisé (perte du caractère industriel et portuaire,<br />

pas de contrat entre le public et le privé, flexibilité ne veut pas dire<br />

déréglementation...). Il<br />

s'agit là d'un mode libéral de valorisation de<br />

l'espace par les forces du marché, où c'est la demande capitalistique<br />

qui dicte les nouvelles fonctions. Dans ce cas les acteurs de la<br />

reconversion sont exogènes et investissent le territoire pour profiter<br />

d'une situation avantageuse, ce qui s'effectue en totale rupture avec<br />

les fonctions traditionnelles et avec le contexte local. Preuve de la <strong>nonc</strong>ohérence<br />

du projet : certaines opérations financières se sont<br />

effondrées.<br />

“muséification”<br />

Autre erreur : la du patrimoine industriel et le<br />

développement d’images pittoresques. Ainsi pour introduire les<br />

témoignages d’une continuité hist<strong>orique</strong> dans ces espaces<br />

accaparés par les promoteurs immobiliers, on a conservé et valorisé,<br />

tous les éléments d’une archéologie industrialo-portuaire, allant des<br />

bittes d’amarages, aux passerelles, grues... Ceci relevant plus de<br />

l’anecdote qu’autre chose, conduit à rendre factices ces lieux. Il ne<br />

s’agit en fait que d’un projet urbain qui a perdu toute ambition sur le<br />

plan portuaire et qui se raccroche à des images d’Epinal. Le<br />

métissage ville/port explicité dans le troisième chapitre n’existe pas.<br />

Cependant un des points louables est l’affectation multi-fonctionnelle<br />

(mais seulement urbaine), même si elle a eu ses limites. Autre aspect<br />

positif : un renforcement de l’accessibilité du site par un<br />

réseau de transport en commun peformant (Sète devra s’inspirer de<br />

cette volonté), et une tentative de différenciation identitaire<br />

.<br />

des quartiers<br />

Les Docklands londoniens se sont inspirés des premières opérations nordaméricaines<br />

menées dans les années 50 et 60, un tel système ne semble pas<br />

adapté à une ville portuaire d’europe continentale


2|4|3|Unestratégie globale de développement ville-port, Saint-<br />

Nazaire, Manuel SOLA-MORALES architecte<br />

Dans cette réalisation exemplaire, municipalité et port autonome<br />

(une fois n’est pas coutume en France), ont défini ensemble deux<br />

objectifs principaux d’intervention, associant à la fois l’intérêt de la<br />

cité et du port, et conduisant à un développement réciproque. Le but<br />

était donc d’assurer le maintien et le renforcement de<br />

l’économie portuaire et la revalorisation du secteur par la<br />

mixité des fonctions urbaines,<br />

touristiques, culturelles et<br />

identitaires. Cette opération nous intéresse plus particulièrement,<br />

puisque Saint-Nazaire et Sète sont à peu près de tailles équivalentes.<br />

La modernisation et la revitalisation du port ont été réalisé par la<br />

reconquête des friches industrielles et la valorisation des espaces<br />

situés en arrière quais, ce qui a sucité l’implantation de nombreuses<br />

entreprises (chantiers navals, moteurs de bateaux, pépinière<br />

d’entreprises...).<br />

Toujours sur le même secteur, de nombreux programmes, ainsi que<br />

la valorisation des espaces publics urbains et portuaires et la<br />

réhabilitation d’anciens bâtiments, ont engendré une nouvelle<br />

créant une véritable liaison ville/port.<br />

interface<br />

une acuponcture urbaine<br />

SOLA MORALES propose<br />

greffant des opérations qui donnent du sens au quartier ville-port<br />

sans bouleversement radical. Par exemple : le multiplex et le<br />

supermarché sont <strong>th</strong>éorisés comme “ l'implantation<br />

d'activités périphériques dans le centre”,<br />

discours<br />

représentatif du souci actuel de densification et d'équilibrage. Par<br />

ailleurs il trace, à partir d'une recomposition puissante de l'espace<br />

urbain, les lignes de force d'un remplissage opérationnel progressif.<br />

La ville apporte sa propre syn<strong>th</strong>èse en prévoyant la construction : d'un<br />

ensemble touristique et culturel, des équipements publics et privés,<br />

et la recherche progressive d'opérations de logements ou de bureaux<br />

respectant la fonction économique portuaire toujours considérée<br />

comme première.<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|4|Laquestion de la réappropriation<br />

Ce projet démontre clairement, que les relations entre la ville et le<br />

port doivent non-seulement être projetées ensemble, mais aussi être<br />

gérées sur le long terme. En outre tous projet s’il veut avoir des<br />

chances de succès, doit se baser sur une certaine continuité<br />

fonctionnelle industrielle,<br />

ce qui permettra de changer<br />

progressivement et sans heurts le rapport ville/port. La<br />

reconversion de la ville par des objets événementiels structurants et<br />

le phasage,<br />

sont des pistes que le projet pourra peut-être<br />

explorer.<br />

Le projet privilégie le traitement de certains lieux ponctuels, considérés<br />

comme fondamentaux , pour initier une requalification par phases de<br />

toute la zone.<br />

056


057<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|4|Laquestion de la réappropriation<br />

2|4|4|LesRondas : références pour les voies rapides entre<br />

port et ville, Barcelone<br />

Les trois projets traités précédemment, avaient pour ambition de<br />

gérer la relation ville/port, et de proposer des systèmes de<br />

restructurations spatiales et fonctionnelles des friches portuaires.<br />

Cette dernière évocation traitera simplement d’une partie de<br />

l’opération menée à Barcelone (visant la reconfiguration de la ville lors<br />

des jeux olympiques de 1992). Il s’agit des “Rondas” qui sont une<br />

référence dans le traitement des infrastructures de<br />

communications en ville.<br />

En effet il semble important<br />

d’aborder le <strong>th</strong>ème des réseaux de circulation dans la cité, car le site<br />

retenu à Sète est justement parcouru par une longue voie pénétrante<br />

qui pose problème. L’option développée pour les “Rondas” peut nous<br />

aider à trouver des solutions.<br />

De façon générale, les infrastructures de transport telles que les<br />

rocades, les pénétrantes, les autoroutes urbaines, les voies ferrées<br />

ont largement contribué à la transformation de l'espace urbain<br />

préexistant. Leur inscription dans le tissus urbain peut être très<br />

complexe notamment lorsqu'elles participent conjointement au<br />

fonctionnement de la ville et d'une activité spécifique comme l'activité<br />

portuaire.<br />

A Barcelone la conception des grandes voies de circulation à<br />

l’interface du port et de la ville repose sur un principe majeur : leur<br />

objectif n’est pas celui de drainer un trafic maximal, mais de<br />

permettre les meilleures connexions possibles<br />

entre les réseaux de transport locaux,<br />

métropolitains<br />

. Ainsi une attention maximale a été accordée<br />

aux relations que la grande voirie entretient avec le tissus urbain. Il<br />

s’agit essentiellement de multiplier les contre-allées pour<br />

faciliter les échanges entre les voies primaires et secondaires,<br />

d’ associer aux voies des espaces ou des<br />

équipements publics et d’ équiper leurs abords<br />

d’un mobilier urbain et d’un trottoir digne de ce nom.<br />

La nationale 112 (dite route de Montpellier) et le quai des moulins,<br />

devront faire l’objet d’un réaménagement dans cet esprit.<br />

Le mol de la Fusta devant le vieux port de Barcelonne


Stocley Park Hea<strong>th</strong>row prés de Londres, est l’exemple type de la polarisation<br />

d’entreprises et d’industries sur les pôles logistiques, des espaces de vie sociale<br />

s’intègrent au espace de travail, on peut parler de métissage entre vie privée et vie<br />

sociale, le projet pourra s’inspirer de ce principe<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|5|Lesnouvelles formes de travail et de production<br />

2|5|Lesnouvelles formes de travail et de production<br />

La ville portuaire est un lieu, nous l’avons vu, qui attire de plus en plus<br />

d’entreprises et d’espaces de transformation de la marchandise.<br />

C’est un pôle économique, une interface entre de nombreux réseaux,<br />

où peuvent se réinventer les nouvelles formes de<br />

travail et de production.<br />

Il paraît intéressant de s’arrêter instant sur les évolutions qui<br />

marquent et marqueront la notion de travail.<br />

Cette<br />

problématique s’inscrit dans les nouveaux enjeux de la ville portuaire,<br />

car désormais elle est autant une ville de transit que de<br />

production (industrielle, artisanale, technologique, intellectuelle).<br />

Le programme du projet intègre aussi cette <strong>th</strong>ématique du travail et<br />

de la production. Cela me donnera l’occasion aussi d’apporter un petit<br />

complément à la recherche que j’avais effectuée lors de mon stage<br />

chez Jacques FERRIER, qui traitait des mutations que l’évolution du<br />

travail engendrent dans l’architecture. Ces mutations ont ainsi des<br />

répercutions sur l’urbanisme et l’architecture, c’est-à-dire sur la<br />

localisation et l’appropriation du territoire par les entreprises et sur la<br />

configuration des espaces de travail.<br />

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer le développement des<br />

nouvelles technologies de l’information et de la communication<br />

(NTIC), n’homogénise pas l’espace.<br />

La production et la<br />

transmission de savoir et de connaissance (les plus importants<br />

domaines de la production contemporaine en temps de travail et en<br />

chiffre d’affaire), sont possibles en <strong>th</strong>éorie sur une très large partie du<br />

territoire, et deviendront dans l’avenir (grâce aux micro-ondes et<br />

autres progrès technologiques) peut être envisageable en tout lieu.<br />

Pourtant la mise en réseau des firmes, au lieu de dilater l’espace de la<br />

production, exacerbe de multiples effets de polarisation.<br />

En<br />

terme urbanistique cela se concrétise par la métropolisation. En effet<br />

se sont les plus grands pôles qui accueillent de plus en plus les<br />

centres de pilotage des différents flux qui parcourent<br />

les réseaux. Mais la métropolisation n’est pas exclusive d’une<br />

différentiation spatiale des structures industrielles. Il y a aussi un<br />

phénomène de<br />

hiérarchisation<br />

058


059<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|5|Lesnouvelles formes de travail et de production<br />

au sein même d’une métropole. Par exemple actuellement<br />

Montpellier joue le rôle de technopôle et de centre de décision, Sète<br />

de plate-forme de transfert entre l’internationnal et l’hinterland de la<br />

métapole montpelliéraine.<br />

proximité de<br />

En fait, moins qu’une proximité physique, c’est une<br />

délai qui oriente les entreprises intégrées en réseaux. La notion<br />

de temps surpasse celle de l’espace dans la logique<br />

d’implantation d’une société. Cette notion de temps gagne en<br />

efficacité, lorsque les moyens logistiques sont complets et proches<br />

du lieu de production. On assiste à une radialisation de<br />

l’espace.<br />

Un système d’acheminement radialisé privilégie les<br />

temps de réponse (essentiel dans la production d’information) au<br />

détriment des temps de transport matériel (dont le coût a<br />

considérablement baissé). Donc la mise en réseau des entreprises,<br />

engendre deux phénomènes spatiaux assez paradoxaux : le<br />

regroupement en pôles majeurs et la diminution progressive de<br />

l’importance des distances entre ces pôles. On assiste à un<br />

éclatement de la production (pour des raisons de coûts) mais en<br />

même temps cela demande une centralisation de la gestion et des<br />

services, pour coordonner l’ensemble du processus. C’est une<br />

centralisation de la production de services, cet effet est une sorte de<br />

cercle vicieux, puisque un service en appelle un autre et ainsi de suite.<br />

On parle souvent de mondialisation économique, mais plus<br />

précisément c’est d’une globalisation des grands pôles qu’il s’agit, et<br />

moins du reste du territoire.<br />

“reliance”<br />

Dans cette agglutination apparaît la notion de : relation<br />

équitable de proximité et de confiance, le premier concurrent est<br />

aussi le premier client, s’est pour cela qu’il faut se regrouper. On voit<br />

alors la création d’ essaims d’entreprises,<br />

qui sont des<br />

sortes de territoires industriels et de services. Ces territoires qui<br />

souvent se greffent aux infrastructures de communication (autoroutes,<br />

ports, aéroports...) iront de paire avec une nouvelle forme de<br />

contrat de travail : le contrat d’activité. Il a pour but de lier, sur<br />

un critère géographique ou sectoriel, un individu à un groupement<br />

d’entreprises , qui s’engage à rémunérer et à former continuellement<br />

l’employé pour une certaine période, par des séquences de travail<br />

successives en fonction des disponibilités. C’est une<br />

mutualisation de la flexibilité,<br />

qui perd ainsi son côté<br />

négatif, et qui n’est possible que si les sociétés sont regroupées sur<br />

un espace restreint.<br />

Par ailleurs la “productique” se développe. Elle qualifie l’usine du<br />

futur où le système de production est intégré informatiquement à la<br />

conception, à la logistique et à la commercialisation. La taille des<br />

usines et des entreprises tend aussi à diminuer pour être plus flexible<br />

et plus réactive, ce qui renforce la mise en réseau pour qu’il y ait un<br />

échange de compétences complémentaires, c’est une nouvelle<br />

forme de division du travail, on parle alors d’un division<br />

cognitive du travail.<br />

Mais qui dit complémentarité, dit aussi<br />

proximité et donc rapprochement des unités de<br />

conception et de production.<br />

Ces essaims sont<br />

actuellement appelés technopôle,<br />

se sont des lieux rassemblant<br />

des entreprises de tailles différentes, de secteurs d’activités<br />

différents, de compétences différentes, mais dans le même<br />

domaines de savoir . Le site du canal de la Peyrade est un lieu, qui a<br />

certainement la vocation de devenir un de ces territoires greffés aux<br />

moyens logistiques et permettant une certaine synergie entre<br />

entreprises diverses.<br />

Arrêtons nous maintenant brièvement sur la matérialisation des lieux<br />

de travail.<br />

Traditionnellement, l’architecture exprime un fonctionnement social<br />

et une logique de production, et donne ainsi un sens à l’image<br />

intérieure et extérieure de l’entreprise. Enfin elle doit fixer des<br />

relations avec l’environnement urbain, façonner l’image du monde du<br />

travail et permettre de valoriser le cadre de vie du travailleur.<br />

Aujourd’hui, l’architecture des lieux de travail n’est plus souvent<br />

qu’une enveloppe extérieure, l’intérieur étant défini par une<br />

trame de fonctions et de techniques automatisées. Peut-on alors<br />

encore parler de lieux de travail, quand l’espace de la production est<br />

pour l’essentiel destiné aux systèmes automatisés ou quand les<br />

places de travail commencent à n’être plus liées à un lieu spécifique<br />

(avec les NTIC ont peut travaillé dans le train, chez soi, chez un


client...). De plus les lieux de travail, nous venons de le voir quittent la<br />

ville pour se rapprocher des pôles logistiques, il est donc de plus en<br />

plus difficile de se raccrocher une trame urbaine préexistante. La<br />

question est donc de savoir comment réaliser une bonne<br />

architecture banale ? Il y a une crise entre typologie<br />

des lieux de travail et morphologie urbaine.<br />

La révolution industrielle a vu le passage du mur à l’enveloppe ; la<br />

révolution technologique actuelle voit l’architecture se tourner vers<br />

la carrosserie, au sens de carénages de<br />

mécanique<br />

. Avec la réduction de l’usine à la mécanique, on se<br />

dirige vers l’ abscence d’espace,<br />

ce qui remettrait totalement<br />

en cause la notion même d’architecture. Les principes de limites<br />

s’effacent : l’extérieur pénètre dans l’intérieur et vis et versa par des<br />

façades qui se démontent, le camion n’a même plus à décharger il fait<br />

corps avec le bâtiment. Ce n’est plus la flexibilité de l’espace qui est<br />

important, mais la flexibilité des machines.<br />

Pour la production intellectuelle (le tertiaire), c’est la notion de bureau<br />

qui est remise en question. En effet 50% des surfaces construites<br />

dans un immeuble de travail sont des espaces de “coprésences<br />

et de connexions” : (cafétéria, galeries, hall,<br />

zones d’exposition, salles de conférence. Car se sont aussi des<br />

espaces de production à part entière, le bureau traditionnel est petit<br />

à petit en train de se fondre dans des espaces se rapprochant de la<br />

vie privée ou sociale.<br />

Autre élément, le principe de location s’amplifie : chaque entreprise<br />

amenée à se déplacer ne considère plus son “domicile” comme un<br />

patrimoine. La banalisation des constructions qui en résulte, conduit<br />

à envisager le bâti comme un simple support indifférent aux<br />

occupations successives, mais paradoxalement le plus durable<br />

possible pour accompagner les différentes périodes.<br />

Il est alors temps pour l’architecture de prouver son importance et de<br />

redécouvrir son rôle social, de montrer comment peuvent être créés<br />

des lieux de travail et de vie adaptés aux hommes du XXI° siècle. Car si<br />

l’architecture peut se mettre au service de l’économie, elle doit aussi<br />

(comme elle l’a toujours fait) lui apporter une valeur ajoutée.<br />

2 | Les nouveaux enjeux de la ville portuaire _2|5|Lesnouvelles formes de travail et de production<br />

Someloir usine relais, Chateaudun, Dominique PERRAULT architecte<br />

Transtocker, le bâtiment se transforme progressivement en machine<br />

060


3 | PROBLÉMATIQUES ET ENJEUX POUR LA VILLE DE SÈTE<br />

Sète est directement concernée par les nouveaux enjeux portuaires. Mais à ces <strong>th</strong>ématiques s’ajoutent la spécificité du site, ce qui a pour conséquence de complexifier<br />

le problème et d’amener des contraintes supplémentaires. Mais c’est dans cette interaction entre <strong>th</strong>éories générales et problèmes particuliers, que le projet trouvera<br />

sa richesse. Analysons à présent les problématiques auxquelles est confrontée la ville.<br />

062


063<br />

Marécage<br />

de Villeroy<br />

Zones totalement urbanisées ou densifiées<br />

Zones protégées inconstructibles<br />

Zones industrialo-portuaires inconstructibles<br />

Zones du canal de la Peyrade<br />

Zones Villeroy<br />

Zone du canal<br />

de la Peyrade


Le projet pour la ZAC (zone<br />

d’aménagement concerté) de Villeroy<br />

Accroissement démographique de<br />

l’agglomération de Sète par année<br />

L’étude et les orientations<br />

préconisées par la DDE<br />

3 | Problématiques et enjeux pour la ville de Sète _3|I|Lapression foncière : une ville prisonnière de son territoire<br />

3|I|Lapression foncière : une ville prisonnière de son<br />

territoire<br />

Sète possède une superficie très petite par rapport au nombre de<br />

ses habitants. Mais si l’on considère son territoire constructible : il est<br />

encore plus minime. Nous l’avons vu dans la partie précédente, le<br />

cordon littoral et le mont Saint-Clair sont protégés et donc<br />

inconstructibles, la vieille ville et la zone d’extention des années 60-<br />

70, sont complètement urbanisées, les zones industrialo-portuaires<br />

ne sont pas aménageables à cause de leur exploitation. Pourtant<br />

Sète est une ville qui devra faire face à un développement<br />

important dans les prochaines années. Selon une étude récente<br />

de la DDE (Direction Départementale de l’Equipement) en raison du<br />

phénomène de polarisation explicité auparavant, d’ici 10 ans, la<br />

population comptera entre 2500 et 6000 habitants<br />

supplémentaires, il y aura une création d’emplois<br />

entre 1000 et 2500 salariés,<br />

3000 à 5000 résidences<br />

principales devront être construites, et 100 à 250 hectares devront<br />

être urbanisés dont 30 à 120 pour l’activité. La pression foncière est<br />

donc une problématique cruciale et urgente pour la ville. Ce problème<br />

n’étant toujours pas réglé : la ville est pénalisée<br />

économiquement et démographiquement.<br />

En effet<br />

selon l’institut national de la statistique (INSEE), de nombreuses<br />

personnes quittent Sète, car les terrains constructibles étant si<br />

rares, le prix du m² grimpe en flèche, (dépassant même les 2000 €<br />

dans certains secteur de la vieille ville, chiffre important pour la<br />

région). Sachant aussi que la population double durant chaque été.<br />

Il ne reste que deux solutions pour le développement. Soit à l’Ouest<br />

sur le marécage de Villeroy,<br />

projet actuellement à l’étude<br />

par la municipalité, mais qui pose de nombreux problèmes :<br />

écologique (disparition d’un écosystème), économique (plusieurs<br />

millions de m3 à combler), urbain (déconnexion totale avec la ville),<br />

réglementaire [révision complète du POS (plan d’occupation des<br />

sols)]. Cette solution semble plus répondre aux besoins touristiques,<br />

mais ne résout en aucun cas les multiples problèmes de la ville. Soit à<br />

l’Est sur les berges du canal de la Peyrade,<br />

zone que j’ai<br />

retenue pour le projet urbain.<br />

064


065<br />

Ville<br />

pas de continuité urbaine |<br />

bassins | manque de connexions<br />

Ligne de chemin de fer<br />

Port de commerce<br />

Bassins du port de commerce avant 1979<br />

Bassins du port de commerce après 1979


Le port et son insertion dans la ville après la seconde guerre mondiale<br />

Les terres-pleins du port et ses nouvelles darses après 1979, en<br />

rouge l’ancien contour du rivage<br />

Sur cette prise de vue on se rend compte de la dichotomie spatiale et<br />

fonctionnelle entre la ville et le port ; et aussi le rapport d’échelle, le<br />

port est une ville (industrielle) à côté de la ville traditionnelle.<br />

3 | Problématiques et enjeux pour la ville de Sète _3|2|Uneséparation du port et de la ville<br />

3|2|Uneséparation du port et de la ville<br />

Sète est un port moderne et il n’a pas échappé à la délocalisation de<br />

l’activité portuaire hors du domaine urbain. Sur ces photos on peut<br />

mesurer l’évolution de l’emprise du port, qui a considérablement<br />

élargi le lido. Depuis 1979 il a abandonné la cité et s’est totalement<br />

repositionné en front de mer à l’Est de la ville. Cependant les anciens<br />

bassins urbains du port sont toujours présents et perpétuent le<br />

témoignage du passage de l’industrie au coeur de la ville.<br />

Ces bassins focalisent de nombreuses potentialités de<br />

redéploiement urbain et économique, mais sont aussi actuellement<br />

un vide spatial et fonctionnel séparateur entre le<br />

port et la ville peu de connexions<br />

. Le pour franchir le canal<br />

latéral renforce ce pouvoir excluant.<br />

Il faut renverser le<br />

processus et faire en sorte que ces bassins et ce chenal soit des<br />

éléments fédérateurs.<br />

Autre élément de blocage entre port et ville : les voies de<br />

chemin de fer marchandes. Comme à Barcelone ou à Marseille<br />

c’est une infrastructure logistique qui engendre une limite. Ici cette<br />

limite semble difficile à surmonter, car elle est incontournable et<br />

prépondérante dans l’activité du port. Mais des percées visuelles, des<br />

connexions fonctionnelles plus claires et un aménagement paysagé,<br />

pourraient améliorer la situation.<br />

Enfin la<br />

différence de nature entre la route de<br />

Montpellier et le reste des voies urbaines<br />

(dimensionnement, vitesse, traitement des abords) renforcent la<br />

dichotomie entre la zone industrialo-portuaire et la vieille ville.<br />

066


067<br />

1 | Port de pêche<br />

Sous-dimensionné<br />

5 | Bassins Latéral et du<br />

Midi<br />

?<br />

?<br />

4 | Bassin Orsetti<br />

sous-dimensionné<br />

3 | Quai d’Alger gare du<br />

Maroc<br />

2 | Port de plaisance<br />

Circuit non-fonctionnel<br />

6 | Zone envisagée pour<br />

déplacement du port de<br />

pêche<br />

Le projet de réimplantation du port de<br />

pêche sur la commune de Frontignan pose<br />

des problèmes urbains et aussi techniques<br />

(profondeur du bassin)


Sur ces deux clichés on peut percevoir la<br />

confrontation entre port de pêche et de plaisance sur<br />

un territoire restreint<br />

Le quai d’Alger le long du Nouveau bassin et le bassin Orsetti doivent<br />

être modernisés et mieux exploités<br />

3 | Problématiques et enjeux pour la ville de Sète _3|3|Uneorganisation dépassée des ports<br />

3|3|Uneorganisation dépassée des ports<br />

Plusieurs ports coexistent, ou pourrait-on dire s’affrontent, sur le<br />

territoire sétois.<br />

Premièrement le port de pêche,<br />

dont nous avons évoqué<br />

l’importance précédemment, est comprimé dans l’ancien canal<br />

royal. A cause de son étroitesse il n’est plus adapté aux contraintes<br />

modernes d’un port de pêche performant. De plus son<br />

positionnement en plein centre de la ville, engendre des<br />

problèmes de circulation.<br />

La criée provoque des<br />

embouteillages à cause des camions qui viennent chercher le<br />

poisson. Un projet de la Chambre de Commerce et d’Industrie<br />

envisage de délocaliser le port à quelques kilomètres<br />

à l’Est de la ville derrière la nouvelle digue ZIFMAR sur la commune<br />

voisine de Frontignan. Mais privée de ce port pittoresque, Sète risque<br />

de perdre l’une de ses identités principales.<br />

Corrélativement il entre en conflit avec le port de plaisance,<br />

l’un et l’autre se disputant une même partie de l’espace portuaire. Ce<br />

port de plaisance (dont la base nautique a accueilli le défi suisse pour<br />

sa préparation en vue l’América’s Cup) est ridiculement petit<br />

par rapport au potentiel touristique de la ville, et comparé aux<br />

stations balnéaires de la côte. A cause du port de pêche, il ne peut<br />

plus se développer et inversement.<br />

Autre problème : la déclassification prochaine du quai<br />

d’Alger qui accueille les ferries transitant avec le Maroc, pour<br />

cause de normes de sécurité (pas assez d’espace entre la rue et le<br />

navire). C’est un bassin qui devra trouver une nouvelle affectation. Le<br />

bassin Orsetti,<br />

où aussi accostent des ferries, est souvent<br />

délaissé,<br />

exploité par les paquebots l’été et quelques petits<br />

cargos. Les deux gares maritimes sur les quais de ces<br />

bassins sont vétustes et plus aux normes.<br />

Le bassin du Midi et le canal Latéral quant à eux, sont<br />

totalement inexploités,<br />

leur position : en retrait de la mer et<br />

ceinturés par des ponts (amovibles ou basculants) est un handicap.<br />

Ils n’ont pu pour l’instant servir de reconversion pour ces différents<br />

ports.<br />

068


069<br />

Bassins déclassés<br />

Friche ferroviaire<br />

Friche industrielle et portuaire<br />

Zone destructurée


Sur cette image nocturne ont prend conscience de la<br />

proximité des friches portuaires et de la vieille ville, avec<br />

notamment le <strong>th</strong>éâtre au premier plan.<br />

Le quai Paul RIQUET, quelques bateaux en attente d’une<br />

cargaison y accostent parfois, les traces des anciennes voies<br />

ferrées sont encore présentes.<br />

Un ancien chais avec des bureaux , en ruine, celui-ci n’est pas<br />

caractéristique de l’architecture industrielle locale, mais<br />

possède néanmoins certaines qualités architecturales qui lui<br />

3 | Problématiques et enjeux pour la ville de Sète _ 3 | 4 | Un no man’s land dans la ville<br />

3|4|Unnoman’sland dans la ville<br />

La zone du canal de la Peyrade est constituée de plusieurs secteurs,<br />

totalement ou partiellement abandonnés.<br />

bassin du Midi et le canal<br />

Nous venons de le voir, le<br />

Latéral sont déclassés, il en résulte que leurs quais et les zones<br />

industrialo-portuaires attenantes,<br />

jadis très actives, se<br />

sont transformés en friches.<br />

Il s’agit soit de terrains vagues<br />

apparus après la démolition d’entrepôts, soit de vieux chais (ces quais<br />

étaient en partie destinés au commerce du vin) plus ou moins à l’état<br />

de ruines. Les quais portent les “stigmates” de l’activité logistique, en<br />

effet les anciennes voies de chemin de fer longeant les bassins<br />

subsistent encore.<br />

Près de l’échangeur, à l’Est de la zone d’autres<br />

chais, mais ceci d’une valeur architecturale non<br />

négligeable sont aussi abandonnés, ils pourraient faire l’objet d’une<br />

réhabilitation.<br />

Dans le prolongement de ces anciennes voies ferrées se trouve une<br />

importante friche ferroviaire,<br />

qui n’a donc plus d’utilité. Ce qui<br />

est intéressant à noter, c’est la colonisation progressive<br />

de ce secteur par une végétation typique de la région<br />

(garrigue, roseaux de Provence...) une espèce de mini écosystème<br />

est en train de se réimplanter.<br />

Le reste de la zone, le long du canal de la Peyrade est plus hétérogène<br />

dans sa constitution. Des bâtiments d’entreprises (bureaux, ateliers,<br />

hangars) côtoient des constructions délaissées. Ce sont des endroits<br />

qui à la fois périclitent pour certains et font preuves de dynamisme<br />

économique pour d’autres.<br />

Cette zone si proche de la ville et du port pose donc de véritables<br />

problèmes : économique (beaucoup d’entreprises<br />

voudraient s’installer mais ne le peuvent pas, faute d’infrastructures<br />

performantes), sécuritaire (se sont des lieux incertains où<br />

parfois une population marginale se retrouve), foncier et<br />

urbanistique (sa non-reconversion condamne tout<br />

développement de la ville), es<strong>th</strong>étique (ce désordre rompt<br />

brutalement avec l’ordonnancement précis de la vielle ville).<br />

070


071<br />

pas de façades urbaines (non-alignement, vide, hauteur, retrait)<br />

Axe inadapté (hiérarchie, vitesse, connexions...)<br />

Echangeur inadapté


La perspective sur le mont Saint-Clair est superbe, mais<br />

l’hétérogénéité trop pro<strong>nonc</strong>ée du cadre architectural condamne<br />

cette entrée de ville en zone périphérique sans rapport avec le<br />

reste de la ville.<br />

Certains chais du début du XX° siècle de par leurs qualités<br />

architecturales sont capables de devenir des éléments<br />

structurant pour la ré-urbanisation du secteur.<br />

Les quais du canal ont les potentialités de devenir un lieu agréable,<br />

mais pour l’instant n’ont fait l’objet d’aucun aménagement.<br />

3 | Problématiques et enjeux pour la ville de Sète _3|5|Leproblème de l’entrée de ville<br />

3|5|Leproblème de l’entrée de ville<br />

La zone du canal de la Peyrade constitue aussi l’entrée de ville Est de<br />

Sète.<br />

La nationale 112 est la pénétrante majeure,<br />

puisque venant<br />

de Montpellier, elle est la voie la plus empruntée (effet de pendularité<br />

entre les employés travaillant à Montpellier et inversement). En outre<br />

elle sert aussi d’ axe logistique pour les activités des différents<br />

ports et des zones industrialo-portuaires. Cela engendre une<br />

concurrence entre les différents flux,<br />

qui souvent est<br />

très dangereuse : les camions pour chercher leurs marchandises,<br />

sont obligés de stopper sur la voie et de couper la route aux voitures.<br />

Aussi la vitesse du trafic est limitée à 50 km/h (nous sommes en<br />

zone urbaine) mais beaucoup d’automobilistes roulent à plus de 80<br />

km/h, car ils sortent sans véritable transition d’une<br />

voie rapide. Aucun aménagement pour les piétons et les<br />

cyclistes, ou de promenade le long du canal, n’ont été réalisé.<br />

Pour se rendre sur la rive Nord du canal (quai des Moulins) il faut<br />

parcourir toute la route de Montpellier prendre le premier pont et se<br />

retourner, ce secteur est donc très mal desservi, car il n’y a pas de<br />

.<br />

connexion transversale avant deux kilomètres<br />

aucune homogénéité et<br />

Les façades des bâtiments non<br />

sont complètement déstructurées (pas d’alignement,<br />

pas de continuité de façades, hauteurs différentes, typologies<br />

hétéroclites et pauvres...).<br />

Cette déstructuration<br />

architecturale et urbaine donne une mauvaise<br />

image de la ville<br />

, surtout qu’il s’agit de la première vision que<br />

perçoit le visiteur en arrivant. Quand on sait combien lemarketing<br />

urbain est important dans la concurrence entre les cités, il faudra<br />

alors renforcer le caractère urbain de cette zone qui se lit commeun<br />

.<br />

espace périphérique désorganisé<br />

072


4 | OBJECTIFS | PREMIÈRES HYPOTHÈSES URBAINES ET ECONOMIQUES<br />

Les différentes analyses que nous avons accomplies, nous permettent désormais de proposer des premières orientations à l’échelle de la ville. Dans cette partie, plus<br />

que de présenter des propositions architecturales et urbaines concrètes, il s’agira de développer des hypo<strong>th</strong>èses globales, en tentant de montrer que toutes les<br />

parties de la cité et du port interagissent. C’est pour cela que ma réflexion ne se limite pas à la zone du canal de la Peyrade, mais développe des solutions pour<br />

l’ensemble de la cité portuaire. Ici l’économie (un nos objectifs étant son développement) sera étroitement mêlée à la stratégie de redéploiement urbain. Objectifs et<br />

amorces de stratégies seront corrélativement présentés.<br />

074


075<br />

VILLE<br />

Nouvelles relations<br />

avec bassins<br />

Contamination urbaine<br />

Nouvelles relations<br />

avec bassins<br />

Contamination<br />

paysagère<br />

INTERFACE<br />

PAYSAGE /<br />

NATURE<br />

PORT<br />

Contamination<br />

industrielle


4|I|Lazone du canal de le Peyrade comme espace de<br />

résolutions : une logique de la “contamination”<br />

L’analyse précédente nous a permi de constater, que la ville de Sète<br />

(ainsi que son hinterland) est confrontée à de nombreux enjeux<br />

mettant en cause son avenir économique, et à de nombreux<br />

problèmes générant certains dysfonctionnements ou donnant une<br />

mauvaise image de la cité.<br />

Ainsi, une fois avoir étudié et pris conscience des diverses<br />

problématiques auxquelles la ville doit faire face, la zone<br />

du canal<br />

de la Peyrade s’est imposée d’elle-même, car une rapide<br />

expertise paraît démontrer que ce lieu est<br />

stratégique<br />

hautement<br />

la causalité de<br />

. Ce secteur semble à la fois être<br />

certains problèmes,<br />

mais aussi l’endroit potentiellement apte<br />

à .<br />

satisfaire les nouveaux enjeux<br />

4 | Objectifs | Premières hypo<strong>th</strong>èses urbaines et économiques _4|I|Lazone du canal de la Peyrade comme espace de résolutions : une logique de la “contamination”<br />

réservoir foncier,<br />

C’est d’une part un important avec des<br />

structures et des infrastructures préexistantes, donc aussi une<br />

réserve immobilière non-négligeable.<br />

D’autre part elle se trouve à l’Est de la ville et poursuit par conséquent<br />

l’ orientation classique de développement de Sète.<br />

Elle est aussi, et c’est certainement son atout majeur, à l’<br />

interface<br />

des quatre éléments constitutifs de cette<br />

territorialité<br />

particulière. C’est un carrefour entre ville, eau<br />

(bassins), port, et paysage. Elle peut donc prétendre à rétablir<br />

des relations de divers ordres entre ces multiples secteurs.<br />

Les divers aménagements de cette interface, ne permettront pas<br />

seulement d’améliorer la situation des entités adjacentes, mais par la<br />

même occasion de résoudre les problèmes de continuités urbaines,<br />

d’entrée de ville et de restructuration de l’espace, qui sont des<br />

conflits intrinsèques à ce secteur.<br />

Puisque la zone du canal de la Peyrade est un lien intégrant<br />

partiellement chacune des caractéristiques des quatre éléments, je<br />

préconise une logique de contamination ; où chaque zone<br />

par une sorte de capillarité spatiale, fonctionnelle, et<br />

d’ambiance,<br />

s’insinuera de manière plus ou moins subtile à<br />

l’intérieur de cet espace.<br />

Cette continuité ne devra pas être aussi stricte que peut l’être un<br />

schéma d’intention comme celui-ci, en fait tous se jouera dans les<br />

nuances. En effet comme un organisme viral la<br />

contamination peut ne toucher que certains organes (c’est-à-dire<br />

certains espaces ou certaines fonctions) et en épargner d’autres,<br />

pour peut-être progressivement contaminer totalement, et après un<br />

certain temps tout le corps (c’est-à-dire tout le secteur).<br />

L’industrie, la production de tous ordres, l’urbanité, le paysage et les<br />

fonctions portuaires liées aux bassins joueront le rôle de ces virus,<br />

qui seront compatibles, c’est-à-dire que des métissages<br />

seront possibles<br />

(la nature associée à la production, l’habition<br />

rentrant en rapport avec le port... par exemple).<br />

076


1 | délocalisation port de<br />

pêche et criée au bassin<br />

Orsetti<br />

2 | rationalisation du<br />

circuit camions-criée<br />

3 | agrandissement du<br />

port de plaisance<br />

4 | délocalisation ferries<br />

bassin Orseti au<br />

Nouveau bassin<br />

5 | une seule gare<br />

maritime : quai du<br />

Maroc + aménagement<br />

quai d’Alger<br />

6 | bassins et aire de<br />

carénage<br />

077<br />

Scénario A<br />

Ancienne<br />

criée<br />

3<br />

5<br />

quai d’Alger<br />

4<br />

6<br />

bassin du Midi<br />

canal Latéral<br />

nouveau<br />

bassin<br />

gare<br />

maritime<br />

quai du<br />

Maroc<br />

bassin Orsetti<br />

1<br />

Nouvelle<br />

criée<br />

Port de pêche<br />

Port de plaisance<br />

Bassin ferry<br />

Bassin carénage<br />

Circuit camions-criée<br />

2<br />

1 | délocalisation port de<br />

plaisance au Nouveau<br />

bassin<br />

2 | agrandissement du<br />

port de pêche +<br />

délocalisation criée<br />

3 | rationalisation du<br />

circuit camions-criée<br />

4 | délocalisation ferries<br />

Nouveau bassin au<br />

bassin Orsetti<br />

5 | une seule : gare<br />

maritime quai A et B<br />

6| transformation<br />

bassin du Midi et canal<br />

Latéral en port fluviotouristique<br />

7 | complexe touristiquocommercial<br />

Scénario B<br />

Ancienne<br />

criée<br />

2<br />

bassin du Midi<br />

5 Quai A<br />

canal Latéral<br />

nouveau<br />

bassin<br />

Nouvelle<br />

criée<br />

6 7<br />

gare<br />

maritime<br />

bassin Orsetti<br />

4<br />

1<br />

Quai B<br />

Port de pêche<br />

Port de plaisance<br />

Bassin ferry<br />

Circuit camions-criée<br />

3


1 | délocalisation port de<br />

pêche Nouveau bassin<br />

et bassin Orsetti<br />

2 | déplacement criée<br />

bassin Orsetti<br />

3 | rationalisation du<br />

circuit camions-criée<br />

4 | agrandissement du<br />

port de plaisance<br />

5 | délocalisation ferries<br />

Nouveau bassin au<br />

bassin Orsetti<br />

6 | une seule gare<br />

maritime : quai A et B<br />

7 | bassins et aire de<br />

carénage<br />

8| transformation canal<br />

Latéral en port fluviotouristique<br />

+ complexe<br />

touristiquo-commercial<br />

Scénario C<br />

Ancienne Ancienne<br />

criée criée<br />

6<br />

1<br />

4<br />

Nouveau<br />

bassin<br />

7<br />

bassin du Midi<br />

canal Latéral<br />

Quai A<br />

8<br />

gare<br />

maritime<br />

5<br />

Quai B<br />

bassin Orsetti<br />

2<br />

Nouvelle<br />

criée<br />

Port de pêche<br />

Port de plaisance 4 | Objectifs | Premières hypo<strong>th</strong>èses urbaines et économiques _4|2|Stratégies de redéploiement des ports<br />

Bassin ferry<br />

Bassin carénage 4|2|Stratégies de redéploiement des ports<br />

Circuit camions-criée<br />

3<br />

Si l’interface que représente le canal de la Peyrade est stratégique,<br />

cela n’exclut pas pour autant de porter une réflexion sur la<br />

globalité de la ville,<br />

et notamment sur sa raison d’être : ses<br />

multiples activités portuaires, car de cette restructuration des ports<br />

naîtra (toujours par contamination) de nouvelles stratégies pour le<br />

secteur du projet.<br />

Nous avons vu dans le chapitre précédent les difficultés<br />

fonctionnelles des différents ports. Je propose par conséquent trois<br />

scenarii de réorganisation envisageables. Ils sont le fruit de mes<br />

propres réflexions et des discussions avec : les Services Maritimes et<br />

de la Navigation de Sète, et le Service d’Urbanisme de la municipalité.<br />

Chacun des schémas apporte ses explications, je m’arrêterai donc<br />

plus particulièrement sur la proposition C, qui regroupent plusieurs<br />

solutions, et qui semble la plus opérationnelle.<br />

délocalisation du port de pêche<br />

Premièrement : au<br />

Nouveau Bassin (qui n’aura bientôt plus d’affectation) et création<br />

d’une nouvelle criée en contact avec la zone industrialoportuaire,<br />

il est important de conserver cette animation et<br />

cette ambiance en ville, mais aussi d’ accroître la<br />

fonctionnalité et donc la productivité. La stratégie choisie,<br />

s’apparente à un jeu de domino,<br />

où un port se substitue à un<br />

autre. Ainsi leport de plaisance pourra prendre ses aises dans<br />

le canal royal et s’agrandir dans son bassin actuel, réaffirmant<br />

ainsi la vocation de yachting de Sète (América’s Cup).<br />

Par souci de rationalisation, je propose de n’avoir plus qu’u<br />

seule gare maritime (au bassin Orsetti) qui fonctionnera<br />

aussi bien pour les ferries, que pour les paquebots de croisières. Ce<br />

bâtiment devra être greffé à d’autres programmes et sera un<br />

élément structurant pour la stratégie de développement de<br />

Sète, car il liera la zone réaménagée à la ville et au port.<br />

ne<br />

078


079<br />

Le bassin du Midi et le canal Latéral auraient pu eux aussi accueillir ce<br />

programme. C’est une solution que j’avais envisagée, mais le premier<br />

pont pivotant, aurait du être remplacé (coût : environ 35 000 000 €)<br />

et les quais auraient dû être réaménagé à cause du rayon de giration<br />

des navires (coût : 30 000 € le mètre linéaire de quai, sur près de<br />

300 m). Cette hypo<strong>th</strong>èse trop prohibitive et donc irréaliste puisque<br />

d’autres solutions sont envisageables à Sète, m’ont conduit à<br />

proposer<br />

les deux seuls programmes<br />

techniquement et économiquement réalisables<br />

aire de carénage<br />

en ces endroits : à savoir une pour petits et<br />

grands bateaux ; et un port de plaisance fluvial (péniches<br />

touristiques qui passent facilement sous les ponts),<br />

générerait une multitude de<br />

qui<br />

programmes<br />

urbains connexes<br />

. Ces intentions sont non seulement<br />

cohérentes avec les perspectives de réaffectations de la mairie, mais<br />

aussi en accord avec les présupposés <strong>th</strong>é<strong>orique</strong>s é<strong>nonc</strong>és dans un<br />

chapitre précédent : à savoir que les fonctions portuaires,<br />

industrielles et artisanales doivent être réintroduites dans les<br />

bassins abandonnés et que ces programmes de production doivent<br />

se mélanger avec les activités de la cité :<br />

.<br />

le principe de<br />

métissage<br />

Ainsi des ports plus performants et plus<br />

concurrentiels seront une garantie<br />

supplémentaire pour la réussite de la stratégie<br />

de développement de la ville.<br />

4 | Objectifs | Premières hypo<strong>th</strong>èses urbaines et économiques _ 4 | 3 | Aménagement de la RN 112 en véritable boulevard urbain<br />

4|3|Aménagement de la RN 112 en véritable<br />

boulevard urbain<br />

RN 112<br />

La , nous l’avons constaté, fait partie spatialement de la<br />

ville, mais elle ne possède aucune urbanité, et<br />

fonctionnellement et es<strong>th</strong>étiquement, c’est à la périphérie qu’elle<br />

appartient.<br />

L’objectif est de lui faire retrouver son caractère de<br />

boulevard urbain qu’elle a perdu après la guerre et de<br />

rationaliser son fonctionnement.<br />

On pourrait envisager premièrement, de retraiter<br />

progressivement les développés de façades des deux quais,<br />

afin de rebâtir une vraie façade urbaine le long de cette<br />

voie. Un peu comme ce que projette de faire Jean NOUVEL pour le<br />

“kilomètre rouge” près de Bergame mais dans une typologie<br />

plus urbaine,<br />

derrière des aménagements plus libres pourraient<br />

se développer de manière plus organique.<br />

création de nouvelles voies<br />

La , permettant une<br />

distinction des flux (séparation voitures/camoins), devra être<br />

entreprise. Elles seront plus ou moins parallèles au canal et<br />

desserviront les fonds de parcelles. La circulation le long de la RN<br />

112 et du quai des Moulins sera ainsi plus conforme à des voies<br />

urbaines.<br />

connexions transversales<br />

Enfin des (plus ou moins<br />

nombreuses il ne s’agit ici que d’un schéma de principe) devront être<br />

créées pour relier les deux rives, ceci ne devra pas être systématique,<br />

mais correspondre à des logiques de mises en<br />

.<br />

relations fonctionnelles et programmatiques


Alignements des façades<br />

Nouvelle voie | hiérarchie des flux<br />

Aménagement à prolonger jusqu’en ville<br />

Réaménagement de l’échangeur<br />

Connexion transversale à créer<br />

Connexion transversale à améliorer<br />

Gradation séquences urbaines | entraxes comparables à la ville<br />

Intégration paysagère,<br />

ajout de voies<br />

080


081<br />

4 | Objectifs | Premières hypo<strong>th</strong>èses urbaines et économiques _4|4|Uneréconciliation visuelle, fonctionnelle et spatiale port/ville | premières hypo<strong>th</strong>èses<br />

4|4| Une réconciliation visuelle, fonctionnelle et<br />

spatiale port/ville | premières hypo<strong>th</strong>èses<br />

réconciliation<br />

L’un des buts de ce travail sera de réaliser une<br />

de plusieurs natures (visuelle, fonctionnelle et spatiale) entre<br />

le port, les zones de production et la cité.<br />

Les schémas suivants expriment ainsi des objectifs, tout en<br />

proposant une amorce de solution. Ils ne représenteront que<br />

partiellement l’hypo<strong>th</strong>èse proposée, car après le premier entretien à<br />

Genève avec Mme LAMUNIERE, j’ai pu conclure que les intentions<br />

programmatiques (plates-formes multimodales, mixités des<br />

programmes avec la réintroduction d’activités périphériques dans<br />

d’anciens bâtiments à réhabiliter, insertion du paysage dans cette<br />

zone, réaffectation des bassins et redémarrage de fonctions<br />

maritimes) semblent cohérentes, en revanche leur formalisation<br />

apparaît trop rigide et parfois trop encline à la tabula rasa.<br />

Je tiens donc à présenter cette première proposition, car elle<br />

exprime complètement mes objectifs (pas leur réalisation) et sert en<br />

quelque sorte de contre-projet ou plutôt de variante, qui pourra<br />

nourrir et enrichir le débat, contre-proposition nécessaire selon M.<br />

MARCHAND.<br />

Cette hypo<strong>th</strong>èse s’inspire fortement des conclusions et des<br />

logiques de constitution de Sète,<br />

analysées dans les<br />

parties précédentes : croissance de la ville et principes de<br />

développement dictés par la fonction économique, structuration du<br />

bâti et des fonctions par rapport à un canal, alignement selon une<br />

trame or<strong>th</strong>ogonale pour la rationalisation des flux, typologie de<br />

parcelle ouverte en avant sur le quai et en arrière sur une voie de<br />

délestage. Le génie du lieu ou plutôt ici sa logique, doit être utilisé,<br />

mais sous forme d’une réinterprétation intégrant les<br />

.<br />

nouveaux enjeux de la métropolisation<br />

restructurer la rive Sud du canal<br />

Un des objectifs est de ,<br />

là où se trouve la majorité des entreprises, connectées aux réseaux<br />

logistiques du port. Ainsi se développerait le long de la RN 112 une<br />

zone constructible, où seraient situés<br />

en front de boulevard<br />

des locaux participant à la commercialisation, à la<br />

valorisation intellectuelle et matérielle de la<br />

production, à la recherche, à l’accueil du public<br />

.<br />

C’est une façade de représentation,<br />

classique des villes<br />

marchandes. En arrière de la parcelle se trouvent des<br />

bâtiments multi-usages : stockage, production, transfert<br />

logistique... Ce couple de constructions, en avant et en fond de<br />

parcelle, rappelle la typologie déjà présentée du bâti sétois,<br />

avec des façades plus urbaines sur le quai, et une façade fonctionnelle<br />

en arrière sur les voies de circulations “industrielles”.<br />

réorganisation des entrepôts situés<br />

Selon moi une<br />

sur la zone du port de commerce,<br />

devra<br />

progressivement être entreprise. Elle devrait se localiser dans le<br />

prolongement des bâtiments cités précédemment, les voies de<br />

chemin de fer jouant le rôle d’interfaces et de connecteurs entre ces<br />

différentes entités.<br />

Ainsi les connexions fonctionnelles entre cette partie de<br />

ville et le port seront accentuées. Les connexions spatiales, elles,<br />

seront abordées dans une autre hypo<strong>th</strong>èse (voir partie 9). En<br />

revanche des relations visuelles sont crées, grâce à des<br />

percées structurantes,<br />

reprenant plus ou moins le ry<strong>th</strong>me<br />

que l’on peut retrouver sur les autres canaux urbains de Sète.<br />

L’animation du port sera mise en scène et offerte aux regards des<br />

habitants. Cette structuration par la création de vides tramés, se fait<br />

aussi par le biais d’un traitement paysager qui par sa<br />

vitesse d’évolution doit accompagner et être en phase avec la<br />

de la zone.<br />

réorganisation progressive<br />

Il faut aussi tirer partie des éléments en présence, c’est pourquoi, je


Zone carénage<br />

Bassin carénage<br />

Port plaisance fluviale<br />

Bassin croisières<br />

Restructuration entrepôts du port<br />

Plate forme-logistique multimodale + entreprises + services<br />

Zone mixte : habitat + commerce + loisir<br />

Zone paysagée + intégration zone mixte<br />

Fonctions associées aux bassins<br />

Bassins réaffectés<br />

Percée visuelle | trame paysagère<br />

Pôle touristique<br />

Prolongé tracé urbain<br />

Terminal ferries +<br />

bâtiment multifonctionnel<br />

Bassin ferries<br />

Restructuration paysagère du port<br />

082


083<br />

Activités mixtes | logements, commerces, équpipements, tertiaires, loisirs<br />

Chais réhabilités en équipements structurants, réintroduction des fonctions périphériques<br />

Valorisation production / marchandise, tertiaires, services, commercialisation, recherche<br />

Plate-forme logistique, production, artisanat, stockage<br />

Espaces verts, loisirs, parcs<br />

Nouvelles connexions transversales


éemployer les chais et autres entrepôts<br />

propose de , dont les qualités architecturales ou fonctionnelles sont reconnaissables. Ces entités<br />

pourraient accueillir des programmes : culturels, de loisirs, commerciaux, permettant comme l’a fait SOLA-MORALES à Saint-Nazaire de<br />

fonctions dites périphériques dans la ville<br />

réintégrer des<br />

(supermarchés, multiplexes, halls d’exposition...). Le bâti les accompagnant, serait mis en retrait par<br />

rapport au quai pour que ces éléments “programmatiquement” forts se détachent sur le quai et que leur perception lorsqu’on emprunte la RN 112 soit<br />

amplifiée. En fond de leurs parcelles, des vides qui tiendraient lieu d’espaces publics seraient aménagés. Ces temples de la consommation et du loisir sont les<br />

nouvelles places publiques, les nouvelles églises, les nouvelles halles, il faut donc que ces lieux soient adaptés pour les rassemblements d’un nouvel ordre de la 084<br />

population. L’ éclatement programmatique est une solution pour encourager différentessynergies sur ce secteur.<br />

Il faudra aussi une zone plus métissée,<br />

où paysage, logements, commerces, bâtiments tertiaires et donc aussi équipements culturels,<br />

“rentreraient en résonnance”. Avec intégration de fonctions artisanales et touristiques le long des quais et dans les bassins. Avec comme tête de<br />

proue, un terminal passagers et véhicules qui serait une sorte d’interface de transfert modal entre les ferries, les transports en communs et la voiture (nous<br />

verrons dans une autre hypo<strong>th</strong>èse que ce concept de bâtiment “hub” peut être poussé encore plus loin et donc être amélioré). D’autres programmes<br />

fédérateurs et complémentaires (touristiques, commerciaux, business...) pourront être associés. Il s’agirait d’un lieu basé sur la mobilité (qui prolongerait la<br />

réflexion menée lors du semestre d’été dans l’atelier Inès LAMUNIERE).<br />

Cette proposition tient lieu de première esquisse, elle a servi et servira à la discussion, et permettra de proposer un peu plus loin dans l’é<strong>nonc</strong>é <strong>th</strong>é<strong>orique</strong>, une<br />

solution alternative plus ambitieuse.<br />

L’important à retenir à cette phase de l’é<strong>nonc</strong>é, est ma volonté de traiter les éléments où l’architecture et l’urbanisme peuvent véritablement intervenir et<br />

apporter une plus-value dans des villes soumises à la métropolisation. Ces éléments sont les articulations qui connectent la multitude de<br />

réseaux qui parcourent notre environnement<br />

: les entreprises intégrées aux plates-formes logistiques multi-modales, les ferry-teminals, les<br />

parkings “park and ride”... La stratégie de développement urbain que je proposerai s’appuira sur eux.


5 | CADRE RÉFÉRENTIEL<br />

Il me semble important à présent de présenter les courants de pensées, qui m’influencent. Je ne les considère pas comme des doctrines applicables<br />

dogmatiquement, mais comme des références susceptibles de provoquer la réflexion. Ainsi ces <strong>th</strong>éories seront analysées, critiquées et mises en relation pour<br />

susciter le débat et faire émerger des idées utiles pour le projet.<br />

086


087<br />

5 | Cadre référentiel _5|1|Leterritoire comme métapole ? | François ASCHER<br />

5|1|Leterritoire comme métapole ? | François<br />

ASCHER<br />

“Une métapole est l’ensemble des espaces dont tout ou partie des habitants, des<br />

activités économiques ou des territoires sont intégrés dans le fonctionnement<br />

quotidien (ordinaire) d’une métropole. Une métapole constitue généralement un seul<br />

bassin d’emploi, d’habitat et d’activités. Les espaces qui composent une métapole sont<br />

profondément hétérogènes et pas nécessairement contigus. Une métapole comprend<br />

au moins quelques centaines de milliers d’habitants.”<br />

François ASCHER, Métapolis ou l’avenir des villes, Odile Jacob, 1995, p 34<br />

Voilà la définition du concept établit, ou plutôt décrit et analysé par<br />

François ASCHER dans son ouvrage “Métapolis ou l’avenir des villes”.<br />

Le phénomène de “métapolisation” est pour nous une clé<br />

de lecture indispensable pour mieux comprendre dans quelle<br />

logique urbaine et territoriale s’inscrit Sète et une partie du territoire<br />

en général. De nombreux auteurs tels que Françoise CHOAY, se<br />

résignent à penser que la ville est morte, est que “l’urbain” règne<br />

désormais totalement sur le territoire. Pour François ASCHER ce<br />

constat est faux, la ville existe bel et bien, mais elle s’incrit dans une<br />

nouvelle urbanité contemporaine, la ville est juste<br />

en train de muter.<br />

L’urbaniste français va même jusqu’à parler<br />

de “peur millénariste” qui accompagne les mutations sociales et<br />

économiques de notre société. Toujours dans cette optique il<br />

s’oppose à la terminologie de non-lieux introduite par Marc AUGE, en<br />

effet l’urbanité selon ASCHER se serait simplement déplacée, mais<br />

n’aurait pas disparu. Les halls d’aéroport et les supermarchés sont<br />

des lieux à part entière. Je souscris à la <strong>th</strong>èse de François ASCHER,<br />

car chacun d’entre-nous a pu expérimenter cet état de fait, et de plus<br />

c’est une doctrine optimiste et constructive,<br />

qui croit<br />

encore à la puissance de l’architecture et d’une certaine forme<br />

d’urbanisme. Ces lieux où se régénère l’urbanité, sont les territoires<br />

contemporains de l’architecte. Cette urbanité restera invisible à ceux<br />

qui recherchent dans ces nouveaux espaces les pratiques anciennes,<br />

car l’urbanité n’a pas fait que se délocaliser, elle a<br />

aussi changé de nature.<br />

Les pratiques sociales, ne sont pas<br />

les mêmes dans un multiplexe que dans un cinéma de quartier, ou<br />

dans un fast-food et dans un bistrot. Il ne faut pas porter de jugement<br />

de valeur, chaque comportement est respectable. La nostalgie (en<br />

architecture du moins) est souvent dangereuse.<br />

Toutefois il convient de nuancer ce propos, car même si les <strong>th</strong>éories<br />

développées par CHOAY ou Henry CHOMBART (”La fin des villes”)<br />

sont à mon avis alarmistes, elles ont au moins le mérite d’apporter<br />

une critique à cette urbanisation généralisée et également de nous<br />

faire prendre conscience des qualités indéniables de la ville<br />

traditionnelle. La métapolisation ne doit pas régner sans partage,<br />

plusieurs formes d’urbanités doivent coexister et<br />

interagir<br />

, architectes et urbanistes doivent encore prendre en<br />

compte les spécificités des villes “classiques”.<br />

Autre point critiquable dans la <strong>th</strong>éorie de la métapole :<br />

l’hybridation progressive et inéluctable de l’urbain<br />

et du rural<br />

. Certains chercheurs comme Bernard KAYSER dans<br />

“La renaissance du rural”, s’oppose à l’idée selon laquelle le territoire<br />

s’homogénéise, et que rural et urbain auraient perdu leurs<br />

caractères “discriminants”. En fait il semble réducteur de<br />

n’analyser le territoire qu’en terme urbain.<br />

En réalité<br />

on pourrait rétorquer à ASCHER ce qu’il reproche à CHOAY,<br />

l’ espace rural ne meurt pas, il est simplement lui aussi en<br />

train de se transformer,<br />

les pratiques évoluent, mais<br />

certaines spécificités demeurent voire se renforcent. Le rural n’est<br />

pas encore réductible à un espace urbain intégré aux autres, et peutêtre<br />

là aussi faut-il encourager cette distinction.<br />

Mais revenons aux aspects référentiels, que la métapole peut nous<br />

apporter pour le projet, et voir sous quelle forme le site choisit<br />

appartient à ce concept.<br />

La nouvelle ville s’exprime par le processus de métapolisation.<br />

Cette nouvelle typologie urbaine engendre une ville discontinue, aux<br />

limites imprécises, formées de sous-espaces et de lieux aux<br />

fonctionnalités nouvelles, tissées de lieux sociaux diversifiés et<br />

changeants. Elle est accompagnée par le phénomène de<br />

métropolisation,<br />

qui est la première étape et l’élément<br />

constitutif de l’urbanisation de la métapole. La métropolisation est la<br />

concentration dans et autour des grandes


agglomérations : de la population, des activités et<br />

de la richesse.<br />

Ceci a pu se réaliser grâce au développement<br />

des technologies, et notamment l’amélioration des moyens de<br />

locomotion (vitesse, confort, répartition). Cette métropolisation des<br />

espaces urbains, engendre une nouvelle relation entre la métrople et<br />

son hinterland, désormais c’est elle qui fait vivre sa région (sa<br />

métapole) et non plus l’inverse. Cette règle se vérifie en particulier<br />

pour Montpellier, qui est le pôle économique et technologique du<br />

Languedoc-Roussillon.<br />

La métapole peut prendre plusieurs aspects : mono ou<br />

polynucléaire, dense ou étalée, croissance radioconcentrique<br />

ou métastatique.<br />

Montpellier se définit à la<br />

fois comme une métapole étalée mais raccordée à d’autres noyaux<br />

importants : avec Nîmes ou Sète, ce dernier lui sert de pôle logistique.<br />

Ainsi d’après François ASCHER de nouvelles centralités<br />

émergent dans la métapole, mais toujours sur des points<br />

déjà équipés ou structurants.<br />

Sète qui est déjà un de ces<br />

centres peut encore renforcer son poids, car l’infrastructure existe<br />

et la connexion avec la capitale régionale et très forte. Ce sont les<br />

réseaux qui ont permis le développement des<br />

métapoles, et ce sont eux qui leurs assureront leur essor à venir.<br />

L’essence même de la métapole est sa co-structuration<br />

urbaine par l’usage des nouvelles technologies de<br />

communication (virtuel) et par le déplacement des<br />

biens et des personnes (matériel).<br />

Mais ce phénomène a pour effet de renforcer ledéséquilibre<br />

du<br />

territoire,<br />

seules les zones déjà performantes enregistrent une<br />

croissance économique et démographique. De plus l’amélioration<br />

des moyens de transport se réalise sur les réseaux préexistants, on<br />

constate alors “l’effet de tunnel” , où des cités proches du<br />

centre névralgique de la métropole, se trouvent exclues du<br />

dynamisme de la métapole, car elles ne sont pas connectées au<br />

5 | Cadre référentiel _5|1|Leterritoire comme métapole ? | François ASCHER<br />

au nouveau réseau d’infrastructure. Certains comme Yves CHALAS<br />

(”L’invention de la ville”) ne considèrent pas ceci comme néfaste, mais<br />

comme une reconversion nécessaire du territoire, et misent même<br />

sur le “désert français”, pourtant très combattu par les pouvoirs<br />

publics. Selon sa <strong>th</strong>èse il vaut mieux avoir des zones délaissées, mais<br />

qui ne périclitent plus, et investir totalement sur les grandes<br />

agglomérations, seules aptes à survivre dans la concurrence<br />

économique mondiale. Cette stratégie semble dangereuse selon moi,<br />

car trop manichéenne. Les déséquilibres, si la conjoncture s’inverse,<br />

peuvent être irrémédiables et pénalisant pour le pays. Encore une fois<br />

l même si c’est un système efficace,<br />

a métapole, ne doit pas<br />

être forcément la règle pour l’ensemble du<br />

territoire.<br />

les NTIC<br />

Nous l’avons analysé dans une partie précédente,<br />

(Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication)<br />

encouragent les processus de métropolisation et<br />

de métapolisation<br />

, puisqu’elles s’installent en priorité (comme<br />

les moyens de déplacements matériels) sur les réseaux existants. De<br />

plus elles facilitent les échanges dans les métropoles encombrées, et<br />

donc ne freinent pas le phénomène d’agglomération. Donc<br />

contrairement aux opinions couramment admises, c’est la<br />

structure urbaine qui détermine et surtout<br />

.<br />

instrumentalise les progrès de la technologie<br />

Sur cette carte de France on comprend que le phénomène de métapolisation<br />

(couleurs de plus en plus chaudes) se génère sur les espaces déjà développés et<br />

structurés (bassin parisien, vallée du Rhône, côte méditerranéenne).<br />

088


089<br />

5 | Cadre référentiel _5|1|Leterritoire comme métapole ? | François ASCHER<br />

valoriser tout ce qui<br />

Par ailleurs les NTIC ont pour faculté de<br />

n’est pas télécommuniquable,<br />

et c’est justement dans les<br />

métropoles que se situent ces éléments. Pour Sète on comprend<br />

alors l’importance de l’association de la ville et du port.<br />

Autre élément de la <strong>th</strong>éorie de ASCHER : avec la globalisation de<br />

l’économie nous rentrons dans le cycle d’une ville<br />

“surmoderne” . Les noeuds de communication des différents<br />

réseaux deviennent les nouvelles centralités. La logistique,<br />

grâce<br />

aux notions de just-in-time, de flux tendus et d’externalistion (soustraitance)<br />

devient prépondérante dans l’ organisation des<br />

villes entre-elles, et dans leur constitution intrinsèque.<br />

Les activités de production se greffent sur les réseaux et sur les<br />

plates-formes logistiques, car ces plates-formes sont directement<br />

branchées au marché, mais aussi à la main d’oeuvre et aux autres<br />

services que leurs apporte la métropole. Sète et son port sont à mon<br />

sens un de ces pôles attractifs dans la métapole montpelliéraine.<br />

Avec la métapole on assiste à une mutualisation des<br />

dépenses urbaines,<br />

qui se matérialise par une tendance à la<br />

centralisation fonctionnelle (plates-formes multimodales,<br />

supermarchés, multiplexes).<br />

On constate ainsi que l’économie dirige l’orientation et le<br />

développement des villes (ce que Sète a toujours connu). Alors la<br />

question est maintenant de savoir : comment les architectes et les<br />

urbanistes doivent réagir ? Peut-être devons nous utiliser les<br />

outils du monde économique pour les transmettre à<br />

l’urbanisme et à la gestion des villes.<br />

C’est la notion de marketing qui est actuellement mise en avant,<br />

appliquée à la ville on parle alors de marketing urbain.<br />

Dans ce<br />

cas de figure c’est la mixité fonctionnelle, la polyvalence<br />

des programmes qui sont préconisées. D’autre part on<br />

privilégie les projets et les objectifs, plutôt que la planification rigide et<br />

être flexible et<br />

les plans directeurs. Aujourd’hui l’urbanisme doit<br />

réactif (encore des termes issus du vocabulaire utilisé par<br />

l’économie et la communication). François ASCHER présuppose que<br />

le projet doit être appréhendé comme un processus de<br />

connaissance,<br />

où les itérations et la démarche heuristique<br />

doivent prévaloir (c’est ce que j’essaye d’accomplir dans ce travail , où<br />

le projet et la <strong>th</strong>éorie tentent de s’enrichir mutuellement).<br />

Plus que de marketing (aux connotations trop commerciales et pas<br />

assez sociales ou citoyennes), je préférerais parler de<br />

management stratégique,<br />

car le but n’est pas simplement<br />

de promouvoir économiquement la ville, mais de<br />

développer de<br />

réelles urbanités dans les nouvelles centralités<br />

de la métapole<br />

. Je nuancerais aussi le propos de ASCHER, car<br />

certes le pragmatisme est important, mais on ne peut pas se défaire<br />

du dessin planificateur, qui si il est assez flexible, semble être un bon<br />

compromis, le marché ne peut pas et ne doit pas tout dicter. En<br />

revanche il est vrai que les objectifs (le comment) sont<br />

aussi<br />

importants que le projet (le quoi), et c’est certainement<br />

dans la phase initiale que les projeteurs (architectes et urbanistes)<br />

doivent reprendre le pouvoir. Rem KOOLHAAS qui privilégie le<br />

programme au projet (notamment à Euralille), emploie déjà cette<br />

stratégie.<br />

En conclusion on peut affirmer, que désormais l’urbanisme servira<br />

plus à gérer des mutations qu’à créer de toute pièce des<br />

urbanisations nouvelles. Le rôle de l’architecte sera d’organiser les<br />

nouveaux lieux de centralité et de leurs apporter grâce à ces<br />

compétences la valeur ajoutée que constitue l’urbanité. L’avenir des<br />

métapoles (si elles ne veulent pas se transformer en une sorte de<br />

Métropolis de Fritz LANG) se joue dans leur<br />

capacité à<br />

produire des événements c’est-à-dire à générer<br />

des lieux sensibles<br />

. Mais comme le dit Marc AUGE, il faut faire<br />

aussi attention à la recherche de sens trop systématique.


5 | Cadre référentiel _5|2|Unecritique politique et philosophique de la métapole | Guy DEBORD<br />

5|2|Unecritique politique et philosophique de le<br />

métapole | Guy DEBORD<br />

“L’urbanisme est l’accomplissement moderne de la tâche ininterrompue qui<br />

sauvegarde le pouvoir de classe : le maintien de l’atomisation des travailleurs que les<br />

conditions urbaines de production avaient dangereusement rassemblés. La lutte<br />

constante qui a dû être menée contre tous les aspects de cette possibilité de<br />

rencontre trouve dans l’urbanisme son champ privilégié.”<br />

Guy DEBORD, La société du spectacle, folio Gallimard, 1992, p 166<br />

Lorsque Guy DEBORD écrit ce texte en 1967 dans “La société du<br />

spectacle”, la métapole, sous l’action combinée de l’urbanisme<br />

moderne et de l’aménagement du territoire par les ingénieurs des<br />

Ponts et Chaussées, est en train de se constituer, et fonctionne déjà<br />

pour l’agglomération parisienne. Cette critique de l’aménagement du<br />

territoire, et donc du résultat géographique et sociale de la métapole,<br />

me permet d’introduire rapidement à ce stade de la recherche une<br />

critique politique et philosophique de la métapole,<br />

qui je l’espére agrémentera la réflexion et le débat.<br />

Certes cet écrit n’est pas contemporain, mais il traite d’un<br />

phénomène urbain, qui justement n’avait pas encore atteint son<br />

paroxysme actuel.<br />

Cet auteur (qui reconnaissons le était très engagé politiquement),<br />

pense que ce qu’il nomme urbanisme, et qui est en fait le phénomène<br />

de métapolisation, engendre une fragmentation de la<br />

population et détruit le lien social, et notamment le lien social<br />

entre les travailleurs. Il est exact que ce sont dans les villes que ce<br />

sont produites toutes les révolutions pour le progrès social. Ce n’est<br />

pas un hasard si la révolution française s’est déroulée à Paris et pas<br />

dans les campagnes (POL POT au Cambodge voulait anéantir les villes<br />

de son pays pour mieux contrôler une population qui ne serait plus<br />

que rurale). Ainsi “ la mort de la rue” , selon DEBORD est l’ultime<br />

phase : du contrôle de l’ordre de la population.<br />

L’ étalement urbain, et plus encore sonéclatement, serait<br />

un outil d’aliénation des masses populaires,<br />

qui<br />

finalement n’auraient plus l’occasion de se regrouper que dans les<br />

temples de la consommation et du loisir<br />

(supermarchés, stades de football, multiplexes) qui serviraient de<br />

Périurbanisation et Shopping mall à Vanves (région parisienne),<br />

éclatement urbain et regroupement social au tour des lieux de<br />

consommation.<br />

090


091<br />

dérivatifs. La conquête de la liberté s’est toujours engagée dans la<br />

cité. Avec le remplacement de la ville pour la nouvelle urbanité décrite<br />

dans le chapitre précédent, on est en droit de se demander : si cette<br />

liberté n’est pas petit à petit remise en question. Certes la métropole<br />

est la ville du possible, où une multitude de programmes sont<br />

accessibles (une ville à la carte), mais pour qui et pour quoi faire. Pour<br />

qui : pour ceux qui possèdent une voiture et pourquoi : en effet pour<br />

s’adonner majoritairement à des activités de consommation. Selon<br />

DEBORD les gens qui vivent dans ces métropoles sont hors de<br />

l’histoire,<br />

car ils sont hors des lieux de décisions et de conquêtes<br />

sociales et politiques<br />

Ainsi après la chute du communisme, c’est le capitalisme qui règne<br />

totalement sur le monde, et la dépolitisation ainsi que la<br />

désyndicalisation de notre société semblent être des<br />

processus accréditant la <strong>th</strong>èse de ce philosophe.<br />

Cependant il faut être prudent, et ne pas tomber dans le travers qui<br />

consiste à rendre l’urbanisme la cause des maux de la société. Car là<br />

encore (comme avec la mort de la ville prédite par Françoise CHOAY),<br />

il faut peut-être plus parler : de mutation, plus que<br />

de disparition<br />

. Les pratiques politiques et syndicales baissent,<br />

mais c’est certainement pour se reconstituer sous le vocable de<br />

“tribus” , comme me le faisait remarquer Mme LAMUNIERE. Les<br />

associations et les ONG (Organisations Non Gouvernementales)<br />

n’ont jamais été aussi puissantes et aussi nombreuses (lobbying). Et<br />

l’on pourrait rétorquer à DEBORD que les autres formes urbaines,<br />

telles que les grands ensembles même loin de la ville,<br />

n’excluent pas les rébellions sociales.<br />

En effet les<br />

banlieues françaises sont souvent le <strong>th</strong>éâtre de manifestations, voire<br />

malheureusement d’émeutes, qui risquent d’augmenter dans les<br />

années à venir. D’autre part l’employé contemporain qui prend<br />

quotidiennement son TER (Train Express Régional), est il plus soumis<br />

qu’un mineur dont le lotissement se trouvait à cent mètres de la mine<br />

? Je ne le pense pas.<br />

La réflexion de DEBORD semble ainsi trop radicale. Mais elle est utile,<br />

car elle nous oblige à réfléchir sur la métapolisation et surtout<br />

5 | Cadre référentiel _5|2|Unecritique politique et philosophique de la métapole | Guy DEBORD<br />

être plus vigilant et plus exigeant<br />

d’ envers ce processus.<br />

Ce qui est dur à discerner c’est de savoir si la métapole est la cause<br />

où la conséquence des transformations de la société. Je pense qu’il<br />

s’agit un peu des deux. Ce qui est vrai, et François ASCHER le<br />

démontre, de nouveaux rapport sociaux émergent et<br />

s’exacerbent dans ce phénomène, plus qu’avant :<br />

individualisation, indépendance (nouvelle forme de<br />

liberté), mais aussi tolérance.<br />

Aussi la classification sociale n’est<br />

plus la même qu’au temps de Guy DEBORD (classe dominante et<br />

prolétariat), aujourd’hui, il y a les nantis, les exclus, et une catégorie<br />

moyenne, qui aspire à devenir nantie, mais qui risque de devenir<br />

exclue.<br />

Selon Lucas ORTELLI : l’é<strong>nonc</strong>é<br />

<strong>th</strong>é<strong>orique</strong> est le moment d’exprimer<br />

tous ce que le dessin d’architecture ne peut pas. C’est pourquoi il me<br />

paraît important que l’architecte (et l’étudiant en<br />

, acteur social éminent,<br />

architecture) se questionne sur<br />

l’impact politique et social des mutations<br />

urbaines actuelles.


5 | Cadre référentiel _5|3|Leconcept d’hétérotopie appliqué au port | Michel FOUCAULT<br />

5|3|Leconcept d’hétérotopie appliqué au port |<br />

Michel FOUCAULT<br />

“Il y a d’abord les utopies. Les utopies, ce sont les emplacements sans lieu réel. Ce sont<br />

les emplacements qui entretiennent avec l’espace réel de la société un rapport général<br />

d’analogie directe ou inversée. C’est la société elle-même perfectionnée ou c’est<br />

l’envers de la société, mais, de toute façon, ces utopies sont des espaces qui sont<br />

fondamentalement essentiellement irréels.<br />

Il y a également, et ceci probablement dans toute culture, dans toute civilisation, des<br />

lieux réels, des lieux effectifs, des lieux qui sont dessinés dans l’institution même de la<br />

société, et qui sont des sortes de contre-emplacements, sortes d’utopies<br />

effectivement réalisées dans lesquelles les emplacements réels, tous les autres<br />

emplacements réels que l’on peut trouver à l’intérieur de la culture, sont à la fois<br />

représentés, contestés, inversés, des sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux,<br />

bien que pourtant ils soient effectivement localisables. Ces lieux, parce qu’ils sont<br />

absolument autres que tous les emplacements qu’ils reflètent et dont ils parlent, je les<br />

appellerai, par opposition aux utopies, les hétérotopies.”<br />

Michel FOUCAULT, Des espaces autres, dits et écrits, tome IV, Gallimard, 1994, p 757<br />

Il me paraît prépondérant à présent de parler du concept<br />

d’hétérotopie <strong>th</strong>éorisé par Michel FOUCAULT, car cela concerne<br />

directement le port, et peut donc nous apporter d’autres<br />

moyens de lecture de ce lieu. Le philosophe français, a mis en<br />

place plusieurs principes pour définir les hétérotopies, voyons s’ils se<br />

vérifient pour le port.<br />

caractère<br />

D’abord une hétérotopie possède souvent un<br />

universel,<br />

et toutes les cultures du monde partagent souvent ces<br />

mêmes hétérotopies. C’est ce qui se réalise doublement pour le port.<br />

Il s’agit d’un lieu que l’on retrouve dans toutes les nations du monde<br />

entier, le bateau a été un élément d’émancipation et de conquête<br />

pour chaque civilisation, et donc chaque civilisation s’est dotée de<br />

ports. D’autre part c’est un lieu greffé à un environnement particulier,<br />

mais qui aussi appartient un peu à toutes les autres places portuaires<br />

auxquelles il est raccordé (chaque navire qui y accoste est un peu<br />

chez lui). Le port , n’est pas la possession exclusive d’une ville, c’est<br />

un lieu générique appartenant au monde entier<br />

(administrativement c’est encore plus vrai, puisque cette zone<br />

urbaine appartient en fait à la nation toute entière).<br />

Les ports sont des espaces à la fois : hors et dans la société<br />

Deuxième principe : au cours de l’histoire les sociétés font<br />

fonctionner différemment les hétérotopies. C’est ce que<br />

nous avons vu dans une partie précédente, le port s’est<br />

progressivement déconnecté de la cité. Un peu à l’image du<br />

cimetière, qui autrefois (avant le XIX° siècle) se trouvait au coeur de la<br />

ville, à proximité de l’église, et qui pour des raisons hygiénistes (et<br />

aussi par peur de la mort) a été délocalisé à l’extérieur de la ville ; le<br />

port est à la fois dans et hors de la ville. Ses activités modernes se<br />

sont externalisées, mais la trace de son passage demeure. On<br />

pourrait parler d’un sorte de schizophrénie du port,<br />

présent<br />

et absent par rapport à la ville.<br />

Troisième principe : les hétérotopies ont le pouvoir de<br />

rassembler en un seul lieu des espaces et des<br />

choses <strong>th</strong>é<strong>orique</strong>ment incompatibles<br />

, comme<br />

illustration on pourrait évoquer le <strong>th</strong>éâtre, mais dans ce cas de cette<br />

hétérotopie cela se déroule de façon virtuelle. Le port a aussi cette<br />

capacité fédératrice,<br />

mais matérielle cette fois. Sur les<br />

mêmes terres-pleins<br />

092


093<br />

se côtoient et se répondent des cuves contenant du pétrole d’Arabie<br />

Saoudite, des tronc d’arbres du Brésil, de la bauxite venue d’Ukraine,<br />

et des palettes de Coca-Cola en partance pour l’Afrique (pour prendre<br />

l’exemple de Sète). Que dire aussi des bateaux apatrides, où<br />

l’aramateur, l’équipage, la cargaison, l’affréteur, et le navire lui-même<br />

sont de nationalités différentes (cf. le mal nommé : “le prestige”). Quel<br />

autre lieu dans le monde peut réunir des éléments et des cultures<br />

aussi hétéroclites ?<br />

Quatrième principe : certaines hétérotopies sont des lieux hors du<br />

temps engeandrant des ruptures avec le temps traditionnel (des<br />

hétérochronies comme le musée, la biblio<strong>th</strong>èque ou encore la fête<br />

foraine). Non le port, lui est bien inscrit dans son temps, sa<br />

subordination au temps (temps = argent) est même une de ses<br />

conditions sine qua non de survie.<br />

fermées par<br />

Cinquième principe : souvent les hétérotopies sont<br />

rapport aux autres espaces de la société (prisons,<br />

casernes, hôpitaux...), et provoquent des rites de purification. En ce<br />

qui concerne la notion de purification, le port l’a perdu avec la<br />

suppression de la quarantaine. Mais en revanche, il est devenu peu à<br />

peu un espace clos sur lui-même, où comme dans les cellules<br />

d’hôpitaux psychiatriques ou dans les chambres de motel, le reste de<br />

la société ne sait pas vraiment ce qu’il s’y passe et pourtant aimerait<br />

le savoir. Le mystère est un élément important de<br />

.<br />

l’imaginaire portuaire<br />

Sixième principe : les hétérotopies peuvent contribuer à rendre<br />

illusoires les autres espaces réels et à imaginer<br />

des espaces parfaits<br />

. Ainsi le port a toujours été par<br />

excellence le lieu d’évocation de l’utopie et de la rêverie (cf. la célèbre<br />

chanson de Charles AZNAVOUR “Emmenez-moi”), car médiateur<br />

potentiel avec un ailleurs plus juste. Mais aussi il a longtemps été le<br />

point de départ vers les anciennes colonies, qui se voulaient à<br />

l’époque de nouvelles arcadies. Aujourd’hui se sont les escales dans<br />

des pays paradisiaques, qui tiennent lieu de paradis. C’est par le<br />

5 | Cadre référentiel _ 5 | 3 | Le concept d’hétérotopie appliqué au port | Michel FOUCAULT<br />

pouvoir évocateur des ports que certaines critiques de la<br />

société ont pu être émises.<br />

Ce rapide exercice d’application du concept d’hétérotopie au port, a<br />

été pour moi très enrichissant et sera je pense utile pour la suite du<br />

projet. Je souhaite aussi qu’il alimente les futurs débats.


5 | Cadre référentiel _5|4|Ville et technologie | Antoine PICON<br />

5|4|Ville et technologie | Antoine PICON<br />

“Oppressant, clos sur lui-même en même temps qu’étrangement ouvert, le paysage de<br />

la technologie contemporaine entretient des liens étroits avec la ville territoire. Il<br />

émane d’elle ; il constitue l’une des dimensions de son imaginaire. C’est en partant de la<br />

ville qu’il faut peut-être chercher à saisir l’organisation actuelle des techniques, au lieu<br />

de tenter de la rapporter à un système doté d’un centre et d’une périphérie. C’est en<br />

partant des techniques et de leur prolifération que l’on devrait sans doute s’interroger<br />

sur ce qui continue à faire projet au sein du désordre apparent de la grande ville.”<br />

“Apprendre à regarder autrement la ville territoire qui nous entoure, apprendre à<br />

déchiffrer les signes, tout en sachant qu’ils ne formeront jamais une langue complète,<br />

telle pourrait bien être la justification de l’architecture en ces temps d’incertitudes.”<br />

Antoine PICON, La ville territoire des cyborgs, les éditions de l’imprimeur, 1998, p 70 et p 103<br />

Antoine PICON est un humaniste au sens du quattrocento italien : il<br />

est instruit dans plusieurs domaines, puisqu’il est à la fois architecte,<br />

ingénieur, scientifique, historien, chercheur et enseignant. Ces<br />

multiples compétences lui permettent d’établir un diagnostic<br />

neuf sur la ville.<br />

Sa formation à la base scientifique (Ecole<br />

Polytechnique de Paris), lui donne la possibilité d’appréhender<br />

différemment les notions urbaines.<br />

Comme la plupart des <strong>th</strong>éoriciens actuels quelles que soient leurs<br />

opinions sur l’urbanisme, il s’accorde à dire que la ville contemporaine<br />

(métropole et métapole) nous donne une image chaotique. C’est ce<br />

qu’il pense sur la forme, mais sur le fond il réfute l’hypo<strong>th</strong>èse d’une<br />

désorganisation totale de la ville. Si elle nous semble incohérente, ce<br />

n’est pas parce qu’elle l’est véritablement, mais parce quenous<br />

ne<br />

possédons pas les bons outils de lecture.<br />

Nous<br />

sommes dans la même configuration que l’homme du Moyen-Age, qui<br />

a dû apprendre à se mouvoir dans la ville de la Renaissance faite de<br />

perspectives. Ainsi nous sommes en train de passer de la ville du XX°<br />

siècle à la “ville territoire technologique” du XXI° siècle<br />

(PICON emploie l’expression ville territoire, plus explicite mais moins<br />

précise à mon avis que la “métapole” de ASCHER). C’est en cyborg<br />

que PICON nous exhorte à regarder et à investir la ville. Oui en cyborg<br />

(hybride entre l’être humain et la machine), car la technologie nonseulement<br />

modifie l’espace, mais également l’homme. Nos<br />

téléphones et nos ordinateurs portables, nos pacemakers, bientôt les<br />

mutations génétiques et les puces qui s’intègreront à notre corps,<br />

font de nous des sortes d’humanoïdes. L’automobiliste qui “fait corps”<br />

Los Angeles archétype de la ville territoire,<br />

des “quasi-objets” sont reliés par<br />

l’ensemble des réseaux.<br />

Robocop de Paul VERHOEVEN, un<br />

exemple hollywoodien de cyborg, c’est<br />

un humanoïde et non pas un robot, car il<br />

conserve une forme de conscience,<br />

c’est peut-être bientôt nous.<br />

avec sa machine et qui se déplace différemment d’un être humain<br />

normal, a été le premier prototype de cyborg. Donc la ville est faite<br />

pour ce nouvel être technologique, et si nous conservons nos regards<br />

d’hommes et de femmes du XX° siècle, nous serons affligés d’une<br />

myopie qui nous plongera dans une incompréhension totale. La<br />

nostalgie a l’inconvénient majeur de nous faire oublier les défauts de<br />

la ville traditionnelle.<br />

Plusieurs choses sont déconcertantes pour nous dans cette ville<br />

territoire. D’une part l’ abscence de limites claires :<br />

l’espace semble identique partout, ville et campagne produisent une<br />

sorte de métissage neutre (même si l’on a vu précédemment que<br />

cela n’est pas si net que cela). D’autre part c’est l’ inversion de la<br />

hiérarchie urbaine,<br />

où désormais les centres villes sont plus<br />

exclus et en dehors des réseaux que les périphéries,<br />

qui<br />

deviennent, elles, les vrais lieux de centralités<br />

(supermarchés, hall d’aéroport... Les<br />

noeuds de<br />

094


095<br />

communication<br />

(cf. la zone du canal de la Peyrade à Sète) sont<br />

les nouveaux lieux de rencontres et de production de liens sociaux, où<br />

se greffent une multitude de programmes. Enfin c’est une ville, qui à<br />

l’inverse de l’ancienne, n’est plus traversable en tous sens.<br />

C’est donc dans les nouvelles sciences et les<br />

nouvelles technologies que se trouvent les<br />

décodeurs de cette urbanité.<br />

D’abord la <strong>th</strong>éorie fractale,<br />

car chaque petit morceau de ville n’est en fait que la reproduction à<br />

plus petite échelle d’une entité plus grande. En outre cette<br />

“fractalisation” de la ville,<br />

qui induit forcément une<br />

répétition, ou plus exactement une mise en abîme, est accompagnée<br />

d’un désordre apparent mais programmé : la <strong>th</strong>éorie du<br />

chaos (et je rajouterai aussi la physique quantique) aborde ce type<br />

d’organicité programmatique. Tous s’enchaîne, puisque si l’on parle<br />

d’organisme programmé, alors on en arrive aux sciences de la vie et<br />

au . Il faut emprunter à chacun de ces savoirs<br />

code génétique<br />

Le jeu vidéo Sim City : de nombreuses analogies conceptuelles et spatiales<br />

peuvent être établies avec la ville contemporaine.<br />

5 | Cadre référentiel _5|4|Ville et technologie | Antoine PICON<br />

redonnent une certaine lisibilité<br />

des éléments. En effet ils<br />

à l’urbain et arrivent même à nous faire prendre conscience de la<br />

beauté qui s’émane de la ville territoire technologique.<br />

Coordonnée par la technologie (multitudes des réseaux, technologies<br />

de l’information et de la communication...), la ville ressemble de plus<br />

en plus à un jeu vidéo,<br />

car comme dans cet élément informatique,<br />

selon PICON, il n’y a pas de transition entre les<br />

différents espaces et les différentes situations.On<br />

quitte le supermarché, on prend la rocade et on se retrouve dans le<br />

parking du multiplexe, sans qu’un espace intermédiaire ne<br />

s’intercalle. Dans un jeu vidéo on combat un monstre dans la forêt,<br />

puis au deuxième niveau qui apparaît en une fraction de seconde, on<br />

affronte un chevalier dans le château. On pourrait nuancer cette<br />

affirmation, car la voiture et la rocade elles-mêmes sont, sinon des<br />

espaces, en tout cas des lieux qui justement pourraient faire l’objet<br />

d’un traitement de la part d’un projeteur (designeur, architecte ou<br />

urbaniste). Ce qui est vrai, et nous l’avons déjà analysé avec le<br />

chapitre sur la production et avec F. ASCHER, c’est que nous<br />

assistons à une déliquescence progressive de la notion<br />

d’espace et à son remplacement par la notion<br />

d’évennement,<br />

ou dans un vocabulaire plus architectural : à<br />

l’avénement des situations et des ambiances.<br />

Il me semble instructif à ce stade de la réflexion de rapprocher et de<br />

confronter la doctrine de PICON à celle de Bernard TSCHUMI. Pour<br />

l’architecte suisse, l’architecture n’est plus simplement espace, mais<br />

la conjonction de l’espace et de l’évenemment.<br />

En<br />

fait plus que l’évenementiel, cher à PICON, c’est un aspect particulier<br />

des événements qui intéresse TSCHUMI : la dynamique des<br />

flux,<br />

ou plus simplement le mouvement. Donc pour l’un et pour<br />

l’autre la forme architecturale ou l’espace importe peu, c’est le<br />

concept donné par les déplacements qui prime.<br />

Pourtant, il me semble que l’espace ne doit pas être jeté au rebut<br />

aussi facilement, car qui dit mouvement, dit forcément référence à un<br />

point dans l’espace.<br />

Sans espace comme référence le


5 | Cadre référentiel _5|4|Ville et technologie | Antoine PICON<br />

mouvement ne peut exister<br />

, ou n’a pas de sens. En fait on<br />

en revient toujours à la même conclusion : les éléments ne<br />

disparaissent pas, mais ils évoluent. L’espace ne disparaît pas, mais il<br />

n’a plus la même connotation qu’autrefois, plus distendu ou plus<br />

immatériel, il choque notre ancienne façon de voir la ville et<br />

l’architecture. Car dire que l’espace n’existe plus peut être<br />

dangereux, cela risque de nous faire tomber dans un certain<br />

fatalisme. L’architecte de par sa volonté projective, n’est pas un<br />

fataliste.<br />

des situations paradoxales<br />

La technologie engendre aussi .<br />

L’homme grâce à elle est tout puissant dans la ville, mais également<br />

totalement dépendant. Aussi elle nous fait gagner un temps<br />

incroyable (déplacement en avion par exemple, accès aux sites<br />

internet et à leurs services à distance), et parallèlement elle introduit<br />

de nouveaux temps de latence (attente dans les halls d’aéroports,<br />

ennui devant son ordinateur pendant qu’une image d’un site internet<br />

apparaisse à l’écran).<br />

Par analogie aux technologies de l’information et de la<br />

communication, qui sont constituées de “quasi-objets” (ordinateurs,<br />

télévisions, portables, satellites...) reliés par des réseaux, la ville<br />

contemporaine ne produit plus vraiment de bâtiments architecturaux<br />

ayant des rapports directs entre-eux, mais aussi des “quasiobjets<br />

architecturaux” connectés par une infinité<br />

de réseaux matériels et immatériels. Ceci est renforcé par la<br />

nature du paysage urbain contemporain, qui nie complètement la<br />

notion de cadrage, et où l’échelle des éléments n’a plus aucune<br />

importance, car ils se confrontent très rarement.<br />

Un des exemples, même s’il est provocateur, que l’on pourrait<br />

présenter pour expliciter ce qu’est la ville territoire modifiée par la<br />

technologie, est Disneyland.<br />

En effet on y retrouve les mêmes<br />

“ingrédients” : entrechoquements d’événements hétérogènes, une<br />

certaine nostalgie, et l’imbrication constante du réel et du virtuel.<br />

Dans un tel contexte (si l’on peut encore parler du concept de<br />

contexte), devient plus important que le “hard”. C’est-à-dire<br />

le “soft”<br />

les infrastructures<br />

que qui sont les éléments de connexions<br />

(plates-formes logistiques multimodales, terminaux, arrêts de bus...),<br />

sont désormais plus stratégiques que les réseaux déjà<br />

organisés. Plus stratégiques, car de plus en plus utilisées, et parce<br />

qu’elles n’ont pas encore fait l’objet de réflexions poussées, trop<br />

souvent considérées comme des programmes secondaires. Le futur<br />

de la ville interpelle l’assemblage des réseaux, plus que la constitution<br />

de séquences urbaines classiques. Ce sont donc les interfaces<br />

entre ces réseaux,<br />

qui doivent attirer notre attention.<br />

Contrairement aux réseaux, c’est là qu’un travail sur l’espace peut<br />

s’opérer ; et pas seulement sur les situations et les événements,<br />

comme semble le dire PICON. Ce sont là, à mon sens, les nouveaux<br />

cobayes de l’architecte, et les nouveaux instruments de<br />

travail de l’urbaniste,<br />

l’architecture n’est elle pas de toute<br />

manière l’art de l’interface entre une infinité d’éléments. C’est parce<br />

que ces articulations sont les nouveaux lieux du possible, que j’ai<br />

décidé de les traiter pour le projet de Sète.<br />

Ainsi donc pour Antoine PICON c’est dans la technique, que se situe<br />

l’avenir et les nouveaux projets de la ville. Mais malheureusement,<br />

pour l’instant, cette ville territoire semble plus une réalité<br />

es<strong>th</strong>étique (dans toutes les acceptions du terme) que sociale<br />

ou politique.<br />

Pour remédier à cela il faut réaliser des projets dans<br />

la logique de la ville territoire, tout en étant conscient de ses excès, et<br />

en réintroduisant la dimension sensible de l’architecte, comme le<br />

préconise François ASCHER. Peut-être cela passe t-il également par<br />

un équilibre entre l’ acceptation d’une certaine<br />

monumentalité (gigantisme des réseaux) et une forme de<br />

modestie dans nos stratégies, que pourrait nous apporter par<br />

exemple le concept de .<br />

développement durable<br />

096


6 | POÉTIQUE ET PARTICULARITÉS DE LA VILLE MARITIME<br />

La poésie est constitutive de la ville, la poétique comme l’a défini Pierre SANSOT est aussi une élément d’analyse à part entière. Dans les cités portuaires et maritimes,<br />

les particularités de la pénétration de l’eau dans les interstices urbains, transcendent certains aspects de la ville. C’est l’impact de cet élément et ce qu’il induit dans la<br />

ville, qui nous intéresse à présent.<br />

098


099<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|1|Lenavire dans la ville<br />

6|1|Lenavire dans la ville<br />

L’eau dans une ville implique souvent la présence du bateau. Cet<br />

élément qui appartient à plusieurs domaines (moyen de transport,<br />

architecture, ingénierie, infrastructure...) apporte une nouvelle<br />

poétique à la cité et influe sur sa typologie urbaine.<br />

Analysons donc à présent les conséquences du navire sur<br />

l’architecture et la ville, ce qui pourra nous ouvrir d’autres horizons et<br />

nous apporter des enseignements pour le projet de Sète.<br />

6|1|1|L’influence du paquebot sur l’architecture moderne<br />

Le navire joue actuellement un nouveau rôle dans la cité, pour mieux le<br />

comprendre il est nécessaire de revenir aux origines de cette<br />

influence sur l’architecture et l’urbanisme.<br />

C’est dans les années 20 que architecture et navire vont<br />

entreprendre une certaine forme d’ hybridation.<br />

Jusqu’à lors les<br />

deux entités étaient cantonnées dans leurs propres disciplines, le<br />

bateau étant le résultat de la combinaison entre architecture navale<br />

(plus proche de l’ingénierie que de l’architecture) et architecture<br />

d’intérieur. Il est troublant de retrouver deux fois le terme<br />

“architecture”dans la définition du bateau, on peut en conclure que<br />

forcément cet élément est un objet architectural à part<br />

entière. Les premiers à s’en rendre compte sont les<br />

modernes et plus particulièrement LE CORBUSIER. En ce sens<br />

cette inspiration nouvelle rejoint les propos d’Antoine PICON, car ce<br />

sont les progrès de la technologie qui participeront à la<br />

mutation de l’urbanisme et de l’architecture à cette<br />

époque. En effet le paquebot vers 1920 est certainement l’outil<br />

technologique le plus abouti et aussi le plus complet. LE CORBUSIER y<br />

voit réaliser tous ses rêves derationalisation<br />

et de rupture<br />

avec l’architecture classique. Désormais le champ<br />

de l’ingénieur va pouvoir investir le domaine refermé sur luimême<br />

de l’architecture. Ce n’est pas un hasard comme le souligne<br />

Claude PRELORENZO, si les<br />

La couverture de “Vers une architecture” et illustration du célèbre article “Le lait de chaux<br />

loi du ripolin”, le paquebot apparaît comme modèle pour l’architecture<br />

LE CORBUSIER en 1923 compare l’échelle du paquebot Aquitania avec des monuments<br />

parisiens, ils semblent ridiculement petits par rapport à ce géant des mers, qui pour<br />

l’architecte est l’échelle raisonnable du nouveau mode d’habitation.


La confrontation du paquebot Le Normandie (un des navires les plus gigantesques<br />

de l’entre-deux guerres) et l’unité d’habitation de Marseille, nous permet de saisir<br />

les analogies d’échelles, es<strong>th</strong>étiques, fonctionnelles et contextuelles entre les<br />

univers maritimes et architecturaux modernes.<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|1|Lenavire dans la ville<br />

textes fondateurs<br />

de LE CORBUSIER soient presque<br />

systématiquement accompagnés d’images en rapport avec les<br />

paquebots (couverture et illustrations pour “Vers une architecture”,<br />

illustration pour son article “Le lait de chaux la loi du ripolin”...).<br />

L’architecture moderne projette dans le paquebot sa vision de<br />

, et dans une approche plus urbanistique : sa<br />

l’immeuble idéal<br />

vision de la plus petite unité urbaine adéquate.<br />

“Si l’on oublie un instant qu’un paquebot est un outil de transport et qu’on le regarde<br />

avec des yeux neufs, on se sentira en face d’une manifestation importante de témérité,<br />

de discipline, d’harmonie, de beauté, de calme, nerveuse et forte”.<br />

La maison des terriens est l’expression d’un monde périmé à petites dimensions. Le<br />

paquebot est la première étape dans la réalisation d’un monde organisé selon l’esprit<br />

nouveau.”<br />

Architecturalement les modernes trouvent dans les navires des<br />

stratagèmes pour économiser l’espace : coursives à la place<br />

des couloirs, cabines à la place des chambres. Mais aussi une<br />

nouvelle es<strong>th</strong>étique : hublots à la place des fenêtres, lisses à la<br />

place des rampes, blancheur de la peinture..., es<strong>th</strong>étique déclinée des<br />

nouveaux matériaux développés pour l’architecture navale.<br />

Mais les modernes sur ce point ne tomberont pas dans les travers du<br />

High-Tech anglais de notre époque (détails architecturaux complexes<br />

et hors de prix issus de l’industrie aéronautique) et sauront adapter<br />

ces nouveaux produits à la simplicité constructive de l’architecture.<br />

Cette “manière de bâtir” semble (et l’est réellement pour des<br />

contraintes techniques et hygiéniques) plus sobre et plus<br />

saine,<br />

ce qui affirme la modernité de cette construction par rapport<br />

aux anciens édifices.<br />

Autre aspect qui fascine les modernes : la possibilité qu’offre le<br />

paquebot (et les autres moyens de transport par ailleurs) de<br />

renouer avec le sentiment de détachement,<br />

et par<br />

là même de libération qu’éprouvaient les voyageurs au contact<br />

de la nature et de la vitesse. En effet l’un des objectif de l’architecture<br />

moderne était de restituer à l’habitant des villes tout un<br />

ensemble de sensations pures par : l’air, la lumière, la<br />

mise en évidence du paysage et par un contact privilégié avec la<br />

100


101<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|1|Lenavire dans la ville<br />

nature. Le navire de par son rapport avec son environnement<br />

(immersion dans la mer avec la houle qui fait mouvoir le bâtiment,<br />

cadrage sur le paysage, l’air qui file sur le corps grâce à la vitesse,<br />

rapport au soleil et à la pluie sur le pont...) était pour eux le prototype<br />

de cette nouvelle architecture.<br />

Abordons maintenant l’aspect social qu’a introduit le paquebot dans<br />

l’architecture moderne. Ces immenses navires permettaient une<br />

syn<strong>th</strong>èse entre individualisme (cabines distinctes) et<br />

adhésion à une communauté (tous les programmes en<br />

commun). Les passagers sont à la fois livrés à eux-mêmes et réunis<br />

dans un même destin, dans des activités partagées. Pourtant<br />

l’exemple du Titanic fragilise ce concept, puisque l’on y retrouve la<br />

même ségrégation sociale que dans les immeubles de<br />

rapport du XIX° siècle, et qu’après des années de recul on peut<br />

affirmer que c’est dans cette architecture moderne que se sont<br />

cristallisés les phénomènes de ghettos (cf. les banlieues en<br />

France).<br />

L’unité d’habitation de LE CORBUSIER<br />

est la<br />

formalisation architecturale de tous les éléments empruntés aux<br />

navires, elle en a le gabarit (165 m de longueur, 24 m de largeur,<br />

56 m de hauteur. Elle en aussi le fonctionnement,<br />

le paquebot<br />

est une machine,<br />

le lieu d’habitation sera donc une machine.<br />

Ainsi l’autonomie des individus (appartements) est associée à la<br />

nécessaire collectivisation des activités, qui se regroupent au centre<br />

du bâtiment ou sur le toit terrasse comme sur le pont-promenade<br />

d’un transatlantique. Le contexte urbain reproduit aussi<br />

l’immensité stérile de la mer : une pelouse neutre en guise<br />

de support.<br />

le rôle du port<br />

Poursuivons notre réflexion en extrapolant sur<br />

dans les <strong>th</strong>éories de la charte d’A<strong>th</strong>ènes.<br />

On sait que<br />

le port de Brooklyn avec ses embarcadères, ses entrepôts posés<br />

comme des objets sur les quais, les cargos en manoeuvres et le plan<br />

régulier des bassins et des quartiers de magasins, ont frappé l’esprit<br />

du jeune architecte LE CORBUSIER. Il a pu y voir une rationalisation<br />

zonage<br />

des fonctions par le très strict des fonctions portuaires,<br />

ainsi que la différentiation obligatoire et très efficace des<br />

.<br />

différents flux<br />

L’architecture navale du début du XX° siècle a donc été pour les<br />

modernes une source prolifique de concepts,<br />

mais a été<br />

aussi la preuve rationnelle et es<strong>th</strong>étique dont ils se sont<br />

servis pour discréditer l’architecture académique des Beaux-Arts.<br />

Cette recherche passionnante qu’ils ont menée, me semble<br />

cependant incomplète, car ils ont omis de traiter l’un des aspects les<br />

plus importants des paquebots : leur mobilité.<br />

D’autres se sont<br />

attardés et prospectent encore sur cette particularité, ce qui a des<br />

conséquences notables sur la ville contemporaine.<br />

LE CORBUSIER devant la maquette de son projet : toit terrasse multi-fonctionnel ou<br />

pont-promenade d’un futur paquebot ?


6|1|2|Lebateau comme élément urbain<br />

villes portuaires double<br />

Les possèdent une<br />

particularité,<br />

qui pour l’instant est considérée comme un<br />

paradoxe.<br />

D’abord toutes les villes sont statiques (ou évoluent à un ry<strong>th</strong>me<br />

souvent lent). Mais les villes-ports ont ceci de particulier : elles sont<br />

propriétaires de domaines gigantesques, que les conditions<br />

techniques, administratives et le poids de leur passé industriel<br />

rendent immobiles.<br />

La pollution des sols, la non-structuration de<br />

leurs bâtis, le gel des terrains par l’état... paralysent une énorme<br />

partie de la ville.<br />

D’un autre côté se sont les seules dans “le catalogue des cités”, à<br />

introduire au coeur même de leur territoire des<br />

infrastructures aussimobiles et aussimonumentales<br />

que les navires. Ceci a failli disparaître avec la délocalisation des ports<br />

de commerces hors de la ville. Pourtant depuis une dizaine d’années<br />

le concept de “maritimité” est en vogue, et l’on voit réapparaître<br />

des bateaux dans la ville. Les municipalités tirent partie de la<br />

reconversion des bassins déclassés pour attirer de nouveaux types<br />

de bateaux (à vocation touristique le plus souvent). C’est le cas à Sète,<br />

et le projet que je propose tentera justement de s’appuyer sur cette<br />

réintroduction du navire dans l’espace urbain.<br />

C’est de la conjonction entre immobilité apparente de<br />

la cité traditionnelle, nouveaux mouvements que<br />

produit la ville territoire (réseaux, flux, interfaces), et<br />

mobilité des navires,<br />

que la ville portuaire peut trouver une<br />

nouvelle richesse expressive et fonctionnelle, et annihilera tout<br />

paradoxe.<br />

un élément<br />

Le bateau, quelle que soit l’époque, est<br />

prépondérant dans la formation de l’ identité de la ville<br />

portuaire.<br />

Autrefois, lorsque le port de marchandises était encore<br />

en ville, les bateaux n’apportaient pas simplement leurs mouvements,<br />

mais également des : odeurs originales de produits<br />

ambiances<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|1|Lenavire dans la ville<br />

Un pétrolier américain dans le port de Sète au début du siècle, l’échelle et la<br />

fonction des navires dans la ville ont depuis considérablement depuis changé<br />

102


103<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|1|Lenavire dans la ville<br />

venus de contrées exotiques, bruit des sirènes, bruit du clapotis des<br />

vagues sur les coques, hurlements des dockers, couleurs des<br />

diverses marchandises... Il s’agissait d’un monde symbolique, qui nonseulement<br />

transformait la ville, mais aussi ses habitants (un sétois et<br />

un montpelliérain par exemple, bienque voisins, n’ont pas du tout la<br />

même mentalité). A Sète cet univers a quitté le centre ville, mais<br />

subsiste encore à certains endroits de la zone du canal de la Peyrade,<br />

où la marchandise est encore appréhendable de manière “sensuelle”,<br />

mais nous y reviendrons ultérieurement.<br />

Il est très stimulant de voir que la cité portuaire pourtant ancienne,<br />

s’apparente autant à la ville de l’espace : la ville traditionnelle,<br />

qu’à la ville du mouvement et de l’évenement : la ville<br />

territoire. Comme dans la ville décrite par PICON ou ASCHER, ce sont<br />

l’ambiance et la situation qui priment sur la spatialité. Enfin qui<br />

primaient, car cette animation comme nous l’avons dit tend à<br />

disparaître. Il faudra savoir la ressusciter, mais avec nos outils<br />

contemporains. Les terminaux passagers, les aires de carénage...<br />

pourront peut-être engendrer une nouvelle pratique des zones<br />

portuaires et mettre en valeur les grands navires<br />

.<br />

dans la ville<br />

La présence des bateaux dans la ville, et en particulier celles des<br />

grands navires, constitue une donnée urbanistique concrète, se sont<br />

d es éléments urbains à par entière,<br />

hybrides entre ce<br />

que peut être pour la cité un immeuble d’habitation et un TGV par<br />

exemple.<br />

Ils transforment l’identité urbaine sous deux aspects :<br />

Premièrement : l’échelle,<br />

cette monumentalité et cette diversité<br />

dans la ville servent à la fois de révélateur typologique et<br />

dimensionnel des éléments bâtis de la ville. Un immeuble pourra<br />

sembler tour à tour : grand, large, minuscule, sombre, clair... selon le<br />

navire qui sera amarré devant lui. D’autre part ils ne sont pas<br />

seulement générateurs d’ambiances, mais aussi créateurs<br />

d’espaces : le quai se transformera soit en rue si les bateaux sont<br />

amarrés, soit en mail s’il n’y en a pas, en passant par toutes les<br />

variantes possibles selon le nombre d’embarcations. De plus comme<br />

Un cargo en réparation, les échafaudages qu’il supporte lui confère encore plus un<br />

typologie de bâtiment urbain.


diversité<br />

aucun bateau ne se ressemble, ils offrent à la ville une<br />

d’édifices (typologies, gabarits, couleurs) sans cesse renouvelée.<br />

Le navire dans la ville encore plus que le mouvement ou l’événement,<br />

introduit une dimension spectaculaire (au double sens<br />

d’échelle monumentale et de spectacle) dans l’espace urbain.<br />

Deuxièmement : l’éphémère,<br />

Claude PRELORENZO, auteur<br />

prolifique sur la ville maritime, emploie ce vocable pour qualifier une<br />

des natures de cette architecture dans la ville. En effet ces bâtiments<br />

(à noter qu’on emploie le terme de “bâtiment” dans le jargon maritime<br />

pour nommer un navire) ont la faculté de transposer le<br />

paysage naturel et urbain des cités portuaires au gré de<br />

leurs apparitions/disparitions.<br />

Les navires sont à la fois<br />

partie intégrante du décors urbain et hors de celui-ci. Ils réactivent<br />

d’une autre manière lanotion de temps et de ry<strong>th</strong>me dans<br />

la ville, surtout si comme les ferries ils arrivent et partent à heures<br />

régulières. Cette fugacité est à rapprocher des constructions pour<br />

les expositions temporaires (ex.: Expo ‘02 qui modifie le temps de<br />

quelques mois l’ambiance et la spatialité des berges du lac de<br />

Neuchâtel), ou d’un chapiteau de cirque qui s’approprie furtivement<br />

un espace de la ville. Comme ces éléments, les grands navires<br />

introduisent des morphologies rarement employées<br />

dans la cité.<br />

Ainsi la des navires apparaît successivement comme<br />

mobilité<br />

révélatrice, déstabilisatrice et animatrice de<br />

l’espace urbain “cette architecture<br />

. Il me semble que<br />

sans architecte” est le prototype d’une nouvelle manière de<br />

penser, de concevoir, de modifier l’urbain. C’est un modèle, mais pas<br />

dans la même optique que celle des modernes, qui je le pense ont<br />

appliqué les principes du paquebots trop littéralement. Ici c’est<br />

l’esprit événementiel et nomade des navires qui doit<br />

retenir notre attention.<br />

Le bateau peut constituer un laboratoire urbain<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|1|Lenavire dans la ville<br />

et architectural sur : l’éphémère, les ruptures d’échelles, les<br />

morphologies nouvelles et mobiles.<br />

Par ailleurs son caractère hétérotopique, peut aussi nous influencer<br />

sur son identité et les particularités qu’il transmet à la ville, je citerai<br />

donc une nouvelle fois Michel FOUCAULT:<br />

“Le bateau, c’est un morceau flottant d’espace, un lieu sans lieu, qui vit par lui-même, qui<br />

est fermé sur soi et qui est livré en même temps à l’infini de la mer et qui, de port en<br />

port, de bordée en bordée, de maison close en maison close, va jusqu’aux colonies<br />

chercher ce qu’elles recèlent de plus précieux en leurs jardins, vous comprenez<br />

pourquoi le bateau a été pour notre civilisation, depuis le XVI° siècle jusqu’à nos jours, à<br />

la fois non seulement, bien sûr, le plus grand instrument de développement<br />

économique, mais la plus grande réserve d’imagination. Le navire, c’est l’hétérotopie<br />

par excellence. Dans les civilisations sans bateaux les rêves se tarissent, l’espionnage y<br />

remplace l’aventure, et la police, les corsaires.”<br />

Michel FOUCAULT, Des espaces autres, Dits et écrits, tome IV, 1994, p 762<br />

Un cargo en réparation, les échafaudages qu’il supporte lui confère encore plus un typologie de<br />

bâtiment urbain.<br />

104


105<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|1|Lenavire dans la ville<br />

6|1|3|Analyses typologiques des bateaux dans la ville<br />

l’impact des différents types de<br />

A présent regardons<br />

navires qui abordent ou sillonnent la ville. Leur inventaire, leur<br />

analyse et leur influence permettront d’être plus juste et plus efficace,<br />

lorsqu’il s’agira de projeter les nouvelles fonctions qui réinvestiront<br />

les anciens quais et bassins. A noter que Sète est confrontée à toute<br />

cette collection de bateaux.<br />

Le paquebot |<br />

C’est le plus grand et le plus élégant des navires. Autrefois, la coque<br />

noire et les cheminées rouges, lui permettaient d’introduire dans la<br />

ville des couleurs inattendues. Aujourd’hui le rouge et surtout le noir<br />

sont plus communs dans la ville, et les bateaux de croisière sont<br />

pratiquement tous blancs, ce qui nous les fait parfois confondre avec<br />

les ferries.<br />

Leurs tailles extraordinaires et leurs apparitions<br />

soudaines (ils n’ont pas des ry<strong>th</strong>mes fixes comme les ferries),<br />

renforcent leur monumentalité. Quand un paquebot s’immisce dans<br />

une ville, il transforme l’espace et l’ambiance des quais.<br />

Ombrageant une partie des lieux et restructurant de manière<br />

toujours nouvelle l’espace.<br />

De plus on pourrait parler d’ imbrication urbaine,<br />

car le<br />

paquebot comme l’avaient démontré les modernes, est un immeuble,<br />

plus encore : désormais une ville. C’est la ville flottante qui pénètre<br />

dans la ville statique. Aujourd’hui ces navires sont gigantesques, les<br />

plus grands atteignent les 100 000 tonnes, dépassent les 300 m de<br />

long et peuvent accueillir plus de 4000 passagers. C’est à chaque fois<br />

la tour Eiffel qui s’allonge dans le port. Ainsi Sète, (même si les plus<br />

grands paquebots que la ville peut accueillir dans son centre sont de<br />

200 m) cité de 40 000 habitants intègre dans sa morphologie<br />

urbaine des édifices (des monuments même), que des<br />

agglomérations de plusieurs centaines de milliers de personnes ne<br />

pourront jamais “se payer” (par comparaison le plus grand bâtiment<br />

de Montpellier : l’opéra/palais des congrès, ne mesure que 145 m de<br />

longueur).<br />

Le rêve d’Archigram dans les années 60 : les<br />

“Walking cities”<br />

Un transatlantique (ou hôtel flottant) et une Walking City marchant dans l’eau,<br />

devant le même paysage new-yorkais, la réalité est entrain de rejoindre l’utopie


Libre interprétation de la publicité du navire-appartements décrite par Mme<br />

LAMUNIERE, 4 appartements pour le prix d’1, successivement à New York, Tahiti,<br />

Venise et Sète<br />

sont devenues une réalité. Une réalité limitée certes à l’espace<br />

maritime et aux franges côtière, mais qui nous l’avons montré<br />

précédemment, sont les parties du territoire mondial, les plus<br />

dynamiques et les plus connectées aux réseaux. Toutes les activités<br />

et les toutes les fonctions sont en <strong>th</strong>éorie possibles sur ces<br />

constructions navigantes. Déjà la dénomination évolue, avec la<br />

fonction, puisqu’on se met à parler de “navireappartements”<br />

, le premier s’appelle le “World of ResidenSea”.<br />

De 292 m de long et d’un tirant d’eau de 7 m, il peut accoster dans de<br />

très nombreux ports du monde (et pourquoi pas à Sète dans le port<br />

de commerce). Il compte 250 appartements de 100 à 300 m² et<br />

182 “suites” pour les hôtes. Il comporte tous les programmes<br />

imaginables pour les loisirs, et avec les télécommunications par<br />

satellite il sera bientôt possible d’y travailler et d’être connecté avec le<br />

reste du<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|1|Lenavire dans la ville<br />

monde. Ce principe de ville mobile abolit peu à peu la notion d’espace,<br />

ou au contraire renforce le concept de localisation : une semaine vous<br />

êtes à New York, l’autre à A<strong>th</strong>ènes. Ce n’est plus l’appartement qui<br />

est intrinsèquement modulable, c’est son contexte. La publicité joue<br />

effectivement sur cet argumentaire : “acheter à la fois un<br />

appartement à Rio de Janeiro, à New York, à Nice, à Hawaï, à ...pour la<br />

modique somme de 1 000 000 €”. Seule les notions de temps et de<br />

déplacement nous rappellent que cette réalité est encore matérielle<br />

et non virtuelle, à quand les faux espaces numériques plus vrais que<br />

nature ou la téléportation.<br />

On s’apperçoit que l’utopie du groupe d’architectes anglais n’était pas<br />

si improbable que cela. Et que se sont plus des raisons techniques (il<br />

sera difficile d’amener ces villes sur la terre ferme) qu’économiques,<br />

sociales ou fonctionnelles, qui empêcheront d’accomplir totalement<br />

ce projet visionnaire.<br />

Le paquebot donc interroge doublement la ville,<br />

d’un côté par sa présence dominatrice qui renverse le<br />

rapport d’échelle, et d’un autre côté par les nouveaux<br />

modes de sociabilité et de mobilité dont il semble être le<br />

précurseur.<br />

Le ferry |<br />

Le ferry dans bien de ses aspects est comparable au paquebot :<br />

monumentalité, couleur, pratiques qu’il engendre... Comme le<br />

paquebot son échelle impressionnante semble en quelques sortes<br />

fragiliser le quai auquel il est amarré. Si bien qu’il est souvent<br />

nécessaire de constituer un front bâti massif pour répondre à cette<br />

volumétrie “monstrueuse”. Les quais vides (comme c’est le cas pour<br />

le quai du Maroc et le quai B à Sète) produisent une impression<br />

ambigue face une telle densité. Constitué de nombreux étages, le<br />

ferry peut rivaliser avec les tours de la cité (c’est d’ailleurs ce qui se<br />

produit avec un immeuble très haut dans le centre ville de Sète). Peutêtre<br />

qu’une des règles architecturale que nous enseigne ce type de<br />

bateau, est que la densité doit répondre à la densité ?<br />

Mais ceci n’est pas si simple que cela à une masse énorme succède<br />

en quelques minutes un vide extraordinaire, lorsque le navire repart.<br />

En fait la question est de savoir<br />

comment gérer<br />

106


107<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|1|Lenavire dans la ville<br />

l’alternance vide/masse<br />

espace urbain d’être réactif<br />

. Ainsi les grands navires<br />

demandent à l’ . C’est une<br />

contrainte supplémentaire à laquelle la ville doit faire face. Cela<br />

prolonge la problématique des flux, mais plus que de mouvements<br />

urbains, il s’agit de mouvements de masses urbaines.<br />

Avec la réapparition des ferries et des paquebots dans les anciens<br />

bassins, l’adpatabilité (spatiale et fonctionnelle) devra<br />

être un des maîtres mots de la ville portuaire.<br />

Le ferry imprime aussi un ry<strong>th</strong>me à la ville, le ferry c’est la<br />

temporalité de la ville portuaire (en plus du départ et de l’arrivée<br />

des bateaux de pêches). Comme un métronome il transfigure le<br />

paysage de la ville. Et comme un battement de coeur il provoque plus<br />

ou moins de pression dans les artères et les organes de la ville.<br />

Lorsque un ferry va partir ou va arriver il engendre un afflux de<br />

population dans les rues (artères) et les équipements (organes) de la<br />

ville. La répercussion événementielle du ferry dans la<br />

ville va donc bien au-delà de son environnement proche (par exemple<br />

un jour avant le départ d’un bateau pour Tanger, une multitude de<br />

Marocains investissent et animent la cité).<br />

Le ferry beaucoup plus que le paquebot a pour faculté d’animer toute<br />

la panoplie des flux qui traversent la ville : voitures, camions, trains<br />

(voyageurs, voitures, conteneurs...), car il a le privilège d’être un<br />

moyen de transport qui véhicule d’autres moyens de transports, la<br />

voiture en particulier.<br />

Chaque bateau dans la ville est accompagné de programmes et de<br />

bâtiments qui lui sont spécifiques. Le paquebot et le ferry demandent<br />

des terminaux passagers et voitures, c’est-à-dire des interfaces, mais<br />

aussi une multitude de programmes connexes, leurs influences<br />

comme nous le disions précédemment se répercutent sur<br />

l’ensemble de la ville, elles peuvent donc être l’occasion d’une<br />

stratégie globale pour la ville portuaire. Le ferry a ceci de particulier : il<br />

réclame des programmes hybrides entre la “maritimité” et l’urbain, il<br />

permet la “transprogrammation” (chère à Bernard<br />

TSCHUMI), prétexte à un mélange et à une mise en scène<br />

des flux urbains.<br />

Un ferry sur le canal de la Giudecca à Venise, par son gabarit il miniaturise tous les<br />

monuments et édifices urbains qu’il croise<br />

Les navires marchands (cargos, tankers, porte-conteneurs,<br />

pétrolier...) |<br />

L’actualité récente (naufrage du prestige au large de la Galice), et leur<br />

“mise en quarantaine” hors de la ville dans le port de commerce, nous<br />

font craindre ce type de navires. Pourtant se sont des infrastructures<br />

incroyables dont la forme (optimale) n’est issue que de la fonction et<br />

de l’économie de moyens. A ce titre ils auraient pu être autant<br />

évocateurs et exemplaires que leurs homologues touristiques pour<br />

les architectes modernes.<br />

L’un des membres de cette famille est plus intéressant que les<br />

autres, il s’agit du porte-conteneurs. D’une part parce que le module<br />

qu’il transporte, le conteneur, est le symbole même de<br />

la globalisation (dimensions standards dans le monde entier), et<br />

que cette unité minimale a inspiré fortement les<br />

concepts de


Le porte-conteneur est indirectement un architecte, dont les modules constructifs<br />

sont les conteneurs, aussi bien au sol que sur l’embarcation<br />

Le cargo est aussi un générateur majeur de flux en tous genres<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|1|Lenavire dans la ville<br />

modularité en architecture<br />

. Non seulement cette<br />

embarcation transporte de l’architecture, mais en plus elle fait et<br />

défait de l’architecture quand elle débarque dans un port. En<br />

effet les conteneurs lorsqu’ils sont posés au sol et empilés,<br />

reconstituent une sorte de quartier ultra-rationnel et empreint d’une<br />

énorme poétique. Lorsque le bateau charge sa cargaison il<br />

démantèle ce morceau de ville comme un simple “légo”. Ce navire a<br />

des potentialités intarissables de modifications du<br />

paysage portuaire.<br />

Les bateaux transporteurs de vrac, ont aussi un faculté à générer<br />

des paysages,<br />

mais qui eux ont une apparence moins urbaine. Ils<br />

sont beaucoup plus organiques : montagnes de charbon ou de<br />

bauxite...<br />

Aussi ce qui est frappant quand on réfléchit à ses navires marchands,<br />

c’est la proportion énorme de vide qui doit leur être<br />

attribuée. Certes ils génèrent des paysages très sensuels (au sens<br />

des odeurs, des bruits, des couleurs, des masses qu’ils produisent),<br />

mais se sont surtout de grands catalyseurs de terreplein.<br />

Ils ont besoins de peu de bâtiments-entrepôts (le système des<br />

docks à pratiquement disparu), en fait ils sont profondément anti-ville.<br />

Cependant peut-être pas fondamentalement anti-urbain si l’on<br />

adhère à la <strong>th</strong>éorie de François ASCHER et pas à celle de Françoise<br />

CHOAY, car ils occasionnent l’ animation et le croisement<br />

de plusieurs flux (grues, camions, wagon de marchandises, et<br />

hommes). Ces mouvements sont trop déconnectés de la ville, et leur<br />

mise en scène devrait être un objectif pour les architectes et les<br />

urbanistes. J’essaierai de m’employer à cela lors de la conception du<br />

projet.<br />

Le chalutier |<br />

Il tient un place prépondérante dans l’identité et l’économie de Sète.<br />

Sa taille (grande pour un bateau de pêche, mais petite par rapport à<br />

un cargo par exemple) està<br />

l’échelle des bâtiments d’une<br />

ville portuaire moyenne comme Sète. Il est intéressant de<br />

constater que leur longueur, correspond plus ou<br />

108


109<br />

6 | Poétiques et particularités de la ville maritime _6|1|Lenavire dans la ville<br />

mise en résonnance<br />

moins à la largeur d’une parcelle construite sur le vieux canal de Sète. Cette entre éléments statiques et éléments<br />

mobiles, et cette sorte de modularité, assurent au centre de la ville une harmonie et une justesse de proportions quasi<br />

permanentes. Car si un ou plusieurs navires manquent, les vides induits resteront bien proportionnés par rapport au quai et aux façades.<br />

Autre élément important à mentionner: c’est son rapport au quai. L’un sans l’autre ne peuvent exister, ou en tout cas ils perdraient leurs particularités<br />

fondamentales. Là encore le rapport de proportion est correct, et les filets et autres outils des pêcheurs viennent ponctuer cette promenade. Ces<br />

objets tout aussi mouvants que les bateaux, sont comme une sorte de mobilier urbain,<br />

structurant l’espace public, créant des obstacles,<br />

des limites, protégeant certains vides, révélant certains détails de la ville. Le caractère éphémère des bateaux de pêche et de leurs accessoires,<br />

stimulent l’espace urbain,<br />

sans parler de l’ambiance inhérente à cette activité artisanale au coeur même de la ville. C’est pourquoi je pense<br />

que se serait une grave erreur que de délocaliser le port de pêche, le projet comme je l’ai déjà montré s’emploiera à trouver d’autres solutions.<br />

Les bateaux de plaisance, les voiliers |<br />

Ils possèdent un handicap quasi rédhibitoire et anti-urbain : leur mat. Cet appendice est antinomique avec les ponts qui scandent les différents canaux<br />

et bassins d’une ville portuaire. Leur place est donc toujours sur la mer, amarrés à des digues et des pontons bien peu urbains.<br />

Leurs<br />

quais à la différence des ferries ou des chalutiers ne sont pas appropriables spontanément par le promeneur.<br />

De plus ils paraissent sous-dimensionnés dans une ville parcourue d’infrastructures démesurées et habituée aux énormes volumétries flottantes.<br />

Ce qu’ils apportent à la ville : une certaine sérénité et un caractère encore plus éphémère que d’autres navires grâce à leurs voiles blanches et leurs<br />

coques qui rappellent des structures légères, gonflables ou tendues, comme les chapiteaux de cirque ou les parasols des marchés méditerranéens.<br />

Sur ces deux images on peut évaluer la différence d’échelle entre un bateau qui appartient au territoire global mondial (sa place est au port de commerce), et les chalutiers sétois<br />

dont le gabarit correspond aux bâtiments environnants


les bateaux à fond plats : les péniches, les barques... |<br />

Ils sont de deux ordres, soit démesurés et dans ce cas leur territoire<br />

est celui du port de commerce, se sont les gigantesques péniches<br />

marchandes ; soit ils investissent l’arrière des zones maritimes de la<br />

ville (côté hinterland) et se sont des barques de pêcheurs ou des<br />

péniches touristiques.<br />

Leurs fonds plats leurs donnent un côté serein et maladroit à la fois.<br />

Ce qui nous intéresse dans cette dernière catégorie, c’est leur<br />

vocation d’ architecture mobile.<br />

C’est une sorte de réplique en<br />

miniature des paquebots marins ou des Walking Cities d’Archigram.<br />

Ces péniches parcourent le territoire et sont “connectables”<br />

(plug-in) partout.<br />

On pourrait les comparer à des petites unités<br />

modulables des Plug-in-Cities de Peter COOK et de ses<br />

collègues. Grâce aux péniches touristiques le nomadisme<br />

colonise la ville statique, et ellesaccordent<br />

aux quais<br />

un nouveau statu urbain.<br />

En effet elles rééquilibrent la<br />

fonctionnalité du quai, et celui-ci, lorsqu’elles lui sont amarrées,<br />

dessert alors des logements sur ces deux côtés. Ces entités ont le<br />

privilège d’être des bâtiments à part entière, tout en se situant sur un<br />

réseau de déplacement, on pourrait imaginer ainsi une ville qui ne<br />

serait parcourue que d’axe de communication, une sorte de nappe de<br />

réseaux, sur laquelle certaines unités de la ville pourraient se mouvoir<br />

selon les événements et les besoins.<br />

Les barques de pêcheurs (celles qui vont sur l’étang de Thau),<br />

correspondent fréquemment de part leur échelle, au bâti qui leurs fait<br />

face. Elles accostent devant les cabanes de pêcheurs (construites le<br />

plus souvent avec du matériel de récupération, un peu comme les<br />

cabanons de Gruissan). Une fois de plus<br />

l’échelle de l’élément<br />

mobile se transmet à la typologie morphologique<br />

ou dimensionnelle de la construction statique.<br />

Nous nous sommes limités à n’aborder que les embarcations qui<br />

interagissent avec l’urbanité sétoise, nous aurions pu aussi nous<br />

attarder sur le rôle politique et social que peut revêtir le navire<br />

lorsqu’il débarque dans une cité, je pense notamment au boat-people<br />

ou aux bateaux d’immigrés clandestins traversant la nuit l’Adriatique<br />

ou le détroit de Gibraltar.<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|1|Lenavire dans la ville<br />

Ainsi donc nous avons pu nous apercevoir quel instrument fabuleux<br />

peut être le bateau, pour la compréhension, la réflexion et la<br />

conception de la ville portuaire du XXI° siècle.<br />

Une barque de pêcheur de l’étang de Thau : la mobilité maritime et la<br />

mobilité terrestre à leurs optimums<br />

Le bateau porteur de tous les espoirs et de tous les imaginaires (cf.<br />

M. FOUCAULT), peut se transformer en cauchemard : le boat-people<br />

110


111<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|2|Laleçon de Venise<br />

6|2|Laleçon de Venise<br />

Venise a inspiré de nombreux architectes et urbanistes. Son système<br />

de fonctionnement, le plus pragmatique qui soit, atteint par certains<br />

aspects la perfection. La hiérarchie des flux et leurs mises en scène,<br />

donnent à la ville son identité, et elle retrouve une certaine<br />

contemporanéité,<br />

puisqu’elle s’inscrit totalement dans les<br />

nouvelles problématiques urbaines de ce début de XXI°<br />

siècle (mouvements, réseaux, événements).<br />

6|2|1|Compte rendu d’un voyage évocateur<br />

Suivant les conseils de Mme LAMUNIERE, j’ai effectué un voyage<br />

d’étude à Venise [en compagnie de Franziska GYGAX (diplômante),<br />

qui à son tour est venue à Sète]. Pourquoi Venise ? Premièrement<br />

parce que c’est une ville tellement particulière et incontournable dans<br />

l’histoire urbaine, qu’il faut un jour ou l’autre s’y rendre.<br />

Deuxièmement son fonctionnement urbain archaïque et<br />

profondément moderne à la fois, peut susciter de nouvelles réflexions<br />

sur les réseaux dans une cité.<br />

Enfin troisièmement, parce que les similitudes avec Sète sont<br />

frappantes (structuration de la ville par les canaux, luttes incessantes<br />

entre la terre et l’eau, la présence prépondérante du bateau dans la<br />

ville...).<br />

Je présenterai donc maintenant un très rapide compte rendu de<br />

cette expérience et les conclusions que je peux en tirer pour le projet ;<br />

tout en étant conscient que Sète est une ville de production et que<br />

Venise est devenue une ville musée, mais conçue à la base comme<br />

une ville de production (grande cité marchande).<br />

J’ai relevé quatre <strong>th</strong>ématiques qui sont susceptibles d’enrichir la<br />

réflexion sur la ville de Sète :<br />

1 | la formation du territoire urbain |<br />

Sète et Venise ont des situations territoriales relativement<br />

comparables. La cité italienne est une île au milieu de la lagune, lagune<br />

clôturée et séparée de la mer par un cordon littoral appelé lido.<br />

L’étang de Thau de part sa superficie est un peu plus petit que la<br />

lagune vénitienne, mais le chapelet d’étangs languedociens rappelle<br />

le paysage lagunaire de Venise ; Sète est une île, où plus exactement à<br />

présent une presqu’île, qui, si on la compare à la cité italienne, est<br />

localisée non pas dans la lagune, mais sur le lido. Cette différence qui<br />

paraît minime bouleverse les rapports au territoire des deux<br />

agglomérations. Sète est un passage (entre mer et étangs), Venise<br />

un point de fixation. En outre la superficie des deux entités est presque<br />

la même, mais leurs appropriations de l’espace ne sont pas<br />

identiques : densité maximale pour Venise, densité hétérogène<br />

induite par la topographie pour Sète (le mont Saint-Clair est très peu<br />

urbanisé).<br />

Aussi le processus de formation du sol urbain n’est pas le même. A<br />

Venise la morphologie de la ville est initiée par les<br />

éléments naturels (qui sont les précurseurs de ce<br />

phénomène de territorialisation) et corrigée par l’action de<br />

l’homme.<br />

C’est le principe de terre bonifiée “sacca” : on<br />

commence d’abord par reprendre le contour de l’île en formation ou<br />

presque immergée, en le consolidant : c’est bien la lagune qui donne la<br />

Sur cette image satellite on peut comprendre que la forme de Venise est presque<br />

totalement naturelle (hormis le port et quelques extrémités d’îles)


Evolution urbaine et morphologique de Venise, les canaux actuels sont le résultat<br />

de la consolidation du pourtour de plusieurs dizaines d’îles, à la différence de Sète<br />

on a ici un accroissement concentrique typique des villes moyenâgeuses<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|2|Laleçon de Venise<br />

forme initiale. Puis on remplit le périmètre à partir du point le plus<br />

haut par des remblais (terre ou déchets de construction). En<br />

revanche, c’est donc l’homme qui règle la topographie du site.<br />

A Sète c’est un peu l’inverse, la topographie originelle est présente :<br />

immergée et totalement plate, par contre le profil côtier de la ville est<br />

complètement artificiel, il ne rentre dans aucun système topologique,<br />

il suit simplement la logique fonctionnelle et économique.<br />

La conclusion que l’on peut en retirer est que, malgré son<br />

organicité et sa complexité,<br />

la morphologie territoriale de<br />

Venise semble plus cohérente, plus compacte, plus efficace, car elle<br />

est le résultat d’un paysage,<br />

la nature est un très bon<br />

aménageur. De plus cette façon de procéder s’accorde parfaitement<br />

avec le réseau de canaux, puisque on est sûr de ne bâtir qu’à des<br />

endroits où il n’y a pas de canaux et donc de préserver le système de<br />

circulation si important au travers de la lagune. Alors que le pourtour<br />

de ville languedocienne, lui, apparaît comme anarchique et semble<br />

être le résultat d’un manque de réflexion, d’oportunisme foncier.<br />

Cette analyse confirme que l’ abscence de contraintes<br />

(comme à Sète) est pénalisante pour l’établissement<br />

.<br />

de systèmes urbains cohérents<br />

2 | la logique du canal |<br />

Si à Sète j’ai parlé de “la logique du quai”, à Venise on pourrait<br />

employer l’expression de “la logique du canal” . Dans cette cité<br />

les canaux sont des éléments de structurations et de<br />

hiérarchies urbaines.<br />

Ils représentent des limites, des liens,<br />

expriment les rapports d’échelles, et rationalisent le trafic. A la vue de<br />

tous ces termes une analyse de cette ville avec les outils développés<br />

par Kevin LYNCH serait certainement très instructive...<br />

Limites,<br />

car ils divisent la ville en quartiers et sous-quartiers, ils<br />

sont les tracés qui définissent les différentes identités de la cité. A<br />

Sète ce système existe, mais il est bien trop timide (seulement cinq ou<br />

six îles ou presqu’îles). Malgré l’appenrente image labyrin<strong>th</strong>ique de la<br />

ville, les canaux l’ordonnent en la “fractalisant”, un peu à l’instar de ce<br />

qu’évoque Antoine Picon, chaque petite partie est la représentation à<br />

une autre échelle d’une plus grande. Un canal sinueux à Venise est<br />

112


113<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|2|Laleçon de Venise<br />

plus structurant qu’une rue sinueuse dans le vieux centre de<br />

Montpellier par exemple, car il est plus différentiateur.<br />

Mais également liens : les canaux sont comme une sorte de<br />

trame organique,<br />

de tissu à mailles plus ou moins serrées, qui<br />

contient et emprisonne la masse bâtie. Cela entraîne une certaine<br />

“viscosité” ou une sorte de “capillarité” , l’eau s’infiltre et unifie<br />

la ville comme une éponge imbibée d’un liquide. Ils sont une structure<br />

continue qui met en contact une infinité de lieux.<br />

Expression des échelles de la ville : oui, car leur gabarit<br />

correspond au bâti (dimension, typologie, ornementation...) qui les<br />

encadre et aux embarcations qui les parcourent. Toute rupture<br />

d’échelle est quasiment impossible, ce qui fait défaut au port français.<br />

A Sète la proportion du bâti ne répond pas toujours élégamment au<br />

plan d’eau qui lui fait face.<br />

Cette logique d’échelle des canaux accentue encore plus la<br />

hiérarchie des flux.<br />

Non seulement l’élément eau engendre<br />

une différentiation des moyens de locomotion, mais la dimension des<br />

canaux opère une fine “sélection naturelle” des tailles et<br />

des typologies d’embarcations. Le vaporetto n’ira pas là où peut<br />

s’engager la gondole, la gondole ne s’aventurera pas dans le canal de<br />

la Giudecca aux mesures appropriées aux ferries. Venise est l’une des<br />

rares cités où l’on peut employer l’expression de : “navigation<br />

urbaine” . Ce système de réseaux peut être adapté à d’autres<br />

typologies urbaines. Ainsi tous semble progressif dans le système<br />

urbain de Venise, on croit avoir à faire à la <strong>th</strong>éorie du chaos, après<br />

investigation on s’aperçoit que c’est la<strong>th</strong>éorie fractale qui est le<br />

bon instrument de lecture urbaine.<br />

3 | la permanence de la structure urbaine |<br />

A Venise on a d’abord consolidé la terre par des pieux en bois,<br />

enfoncés dans la lagune jusqu’à ce qu’ils atteignent un support<br />

naturel assez résistant. Ils servent de support à des soubassements<br />

en pierres. Ce procédé constructif ingénieux, est complexe et long à<br />

réaliser, et surtout très cher, les matériaux venant exclusivement de<br />

l’extérieur de la ville. Les fondations sont les parties les plus<br />

coûteuses<br />

Sur ces trois clichés apparaît la hiérarchie des différents<br />

canaux (Giudecca, Canal Grande, Rio di S. Girolamo)


des bâtiments. Par souci d’économie, on rebâtit la ville<br />

successivement au fil des siècles, sur les mêmes traces, les<br />

fondations étant réemployées à chaque fois. Cette<br />

“régénération mimétique” de la ville sur elle-même est un<br />

processus qui assure à la citéun<br />

tracé urbain juste et bien<br />

proportionné,<br />

car en plus les gabarits des constructions sont<br />

sévèrement réglementés. Ainsi non seulement le tracé au sol en 2D<br />

est quasi permanent, mais cela est aussi valable pour la volumétrie<br />

3D qui semble invariable. Pour paraphraser Albert EINSTEIN à<br />

propos du Modulor de LE CORBUSIER “ ce système rend le bon facile<br />

et le mauvais difficile”, c’est une règle qui s’est avérée très<br />

performante.<br />

Certes à Sète il n’y a pas de contraintes techniques ou économiques<br />

aussi draconiennes, ni un tel art de la composition urbaine, mais ce<br />

processus vénitien doit nous faire prendre conscience de<br />

l’ importance des traces urbaines,<br />

et nous faire voir d’un<br />

autre oeil les éléments déjà en présence sur la zone du canal de la<br />

Peyrade ; la première proposition de projet a semble t’il trop éludé<br />

cette réflexion.<br />

4 | pression foncière et déséquilibre fonctionnel |<br />

Venise connaît la même problématique que Sète, mais à un niveau<br />

encore plus critique : elle est prisonnière de son territoire.<br />

Elle a le besoin de s’agrandir, mais les autorités de la ville pour des<br />

motivations écologiques et économiques ne veulent plus augmenter<br />

le territoire urbain. Comme à Sète la solution, qui s’est transformée<br />

en objectif volontariste, est de rebâtir la ville sur la ville.<br />

C’est<br />

sur l’île de la Giudecca, ancien site majoritairement industriel et<br />

artisanal que se développent de nouveaux projets, tirant partie de la<br />

réhabilitation d’anciennes constructions.<br />

En fait plus que de nouveaux lieux Venise a besoin de nouvelles<br />

fonctions.<br />

Actuellement elle est autant peuplée par ses habitants<br />

que par les touristes, ce qui provoque un déséquilibre des activités<br />

urbaines (sans parler du coût exorbitant de la vie). Dans une stratégie<br />

de repeuplement de type conventionnel, la ville italienne essaye de<br />

réinstaller une . Ce métissage urbain est un<br />

mixité de fonctions<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|2|Laleçon de Venise<br />

une ville<br />

modèle de plus pour Sète. La leçon à retenir est : qu’<br />

mono-fonctionnelle (Venise = ville musée/ ville touristique)<br />

meurt à petit feu,<br />

ou en tous cas ne peut plus être appelée ville.<br />

Si Sète poursuit sa différenciation entre la cité et le port, c’est-à-dire<br />

entre un lieu pour la production et un lieu pour les estivants, alors elle<br />

risque tôt ou tard de se retrouver dans une situation comparable à<br />

Venise.<br />

Il faut savoir prendre du recul et ce voyage fut pour moi très<br />

formateur, et a été révélateur de plusieurs problématiques<br />

concernant Sète.<br />

Structure urbaine du quartier du Campo di S. Marina<br />

Un exemple d’ancienne structure réutilisable sur l’île de la Giudecca<br />

pour recréer un nouvel équilibre fonctionnel (site retenu par<br />

Franziska)<br />

114


115<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|2|Laleçon de Venise<br />

6|2|2|Venise/Philadelphie : la science et la morphogénèse des<br />

réseaux urbains par Louis KAHN<br />

un urbanisme des réseaux<br />

Pour une science et : voilà ce<br />

qu’appelle de ses voeux Gabriel DUPUY dans son ouvrage<br />

“L’urbanisme des réseaux. Théories et mé<strong>th</strong>odes”. L’urbanisme<br />

contemporain espère une telle science, puisque se sont les réseaux<br />

(réseaux de tous ordres, virtuels et matériels) qui créent et attirent de<br />

nouveaux espaces urbains.<br />

C’est ce qu’avait commencé à initier Louis KAHN dans les années<br />

cinquante à l’occasion d’un projet pour le centre de Philadelphie. La<br />

technologie n’étant pas si avancée à cette époque, son étude ne porte<br />

que sur le trafic motorisé et pédestre. Cependant on peut parler de<br />

prémices pour une réflexion sur les potentialités des<br />

réseaux dans la ville,<br />

sur leurs pouvoirs structurants et leur<br />

capacité à générer une certaine forme d’urbanité.<br />

Louis KAHN a parcouru de long en large Venise, réalisant une<br />

multitude de croquis. Cette immersion dans la ville lagunaire, lui a<br />

permi d’en extrapoler des règles et des systèmes<br />

pour l’incorporation des flux dans la ville. Il a su découvrir en Venise<br />

des concepts, qui réinterprétés, se révèlent d’une extrême avantgarde.<br />

Cette expérience de Venise influencera son oeuvre.<br />

Ainsi en 1956, étant architecte-conseil de la ville de Philadelphie,<br />

KAHN est chargé d’établir un nouveau plan pour la circulation<br />

automobile et piétonnière du centre ville. Au lieu de modifier le tracé et<br />

l’affectation de certaines rues, l’architecte américain concevra un<br />

nouveau maillage de la cité.<br />

Il commence tout un travail de création d’analogies entre le trafic<br />

routier et les infrastructures de navigation. Les routes extérieures au<br />

centre et d’échelle métropolitaine, sont des “fleuves” ou des<br />

“rivières” selon leur importance. Ces fleuves pour ne pas être<br />

engorgés sont de grandes dimensions. Ils débouchent dans des<br />

“ports” ou des “bassins”, qui ne sont en fait que de grands<br />

à l’entrée du centre- ville. Ce sont des<br />

parkings urbains<br />

Diagramme de la circulation à changer, en périphérie on repère les “fleuves”<br />

accompagnés des spirales qui sont les grands parkings multi-fonctionnels<br />

Plan pour Philadelphie proposé par Louis KAHN en 1956


Croquis de Venise réalisé par Louis KAHN<br />

Ce schéma est similaire à la cité italienne<br />

garages municipaux à plusieurs niveaux. , où l’on arrive par le train, le bateau ou la voiture. A<br />

Venise on se trouve alors dans la gare, le parking municipal ou la gare maritime, qui sont tous les trois des interfaces de transferts<br />

modaux.<br />

Et toujours comme à Venise à partir de ces points on peut changer de moyens de locomotion.<br />

En effet depuis ces “ports” s’articule un deuxième réseau que Louis KAHN nomme : “canaux” (comme le deuxième réseau urbain que constitue le<br />

maillage des canaux dans Venise). Ces canaux sont des rues à mouvement modéré, mais auraient pu aussi bien être des voies réservées à des<br />

transports en communs, ou à des modes de déplacements alternatifs : vélos, voiturettes, téléphériques... Enfin les canaux dont la hiérarchie est<br />

complexe, aboutissent aux“docks” en cul de sac. En réalité les docks sont les accès aux édifices, les lieux où l’on “stocke” son moyen de locomotion. Il<br />

est intéressant de noter que même, .<br />

les flux pénètrent dans les éléments architecturaux<br />

Selon KAHN une ville ne vaut que par son utilisation. Cela l’a amené à coupler plusieurs programmes entre-eux. Ainsi les parkings des voitures sont au<br />

coeur du bâtiment interface, et sont entourés par des espaces périphériques qui sont multi-fonctionels : habitations, ateliers, bureaux, commerces,<br />

loisirs … renouvelant de manière originale et à très grande échelle : son concept d’ espaces servis associés à des espaces servants.<br />

Une<br />

innovation majeure est donc l’ inclusion de zones d’arrêts et de transferts au sein même du mouvement et du réseau général.<br />

Autre élément qui lui a été peut-être inspiré à Venise, est cette . Comme dans ce qu’il préconise pour la construction : “il<br />

mise en scène des flux<br />

deviendra intolérable de déguiser les installations de lumière et d’acoustique, d’enterrer les conduites tortueuses, les tuyaux et les tubes. La tendance de laisser apparents les éléments<br />

deviendra habituelle à tous ceux qui bâtissent”<br />

mise en évidence<br />

. KAHN se révèle comme un défenseur de la vérité fonctionnelle et constructive, et de la<br />

aussi bien architecturaux qu’ . Les voies de circulations au lieu d’être minorées sont mises en<br />

des éléments constitutifs urbain<br />

Schéma d’explication du réseau de circulation pour Philadelphie,<br />

également réalisé par Louis KAHN<br />

116


117<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|2|Laleçon de Venise<br />

exergues, et le système qui gère la mobilité devient plus stratégique<br />

que certaines unités statiques.<br />

En 1961 il perfectionne ses premiers plans en englobant d’autres<br />

programmes tels que les bâtiments administratifs et commerciaux,<br />

les installations de transport et sportives. Tous ces ensembles<br />

étaient desservis par plusieurs viaducs canalisant ainsi la<br />

circulation.<br />

Une série de portes étaient placées aux bords du<br />

centre-ville. Sur ces viaducs les différents modes de transport sont<br />

séparés et chacun peut se connecter aux différents programmes.<br />

concevoir la<br />

Ce projet de Louis KAHN démontre que l’on peut<br />

ville de manière réticulaire,<br />

c’est-à-dire comme une<br />

multitude de réseaux greffés ensemble, et non plus de façon aréolaire<br />

c’est-à-dire comme plusieurs surfaces associées les unes aux autres<br />

par simple contact physique (cf. G. DUPUY). Iciles<br />

réseaux sont<br />

des outils de conception à part entière.<br />

Peut-être aurions nous dû suivre cet exemple (en essayant toutefois<br />

de le rendre moins littéral et moins systématique), de formalisation<br />

de la ville par les flux et les réseaux, ainsi nous aurions anticipé le<br />

développement de nos villes territoires, de nos métapoles et nous<br />

n’aurions pas subi ces infrastructures comme des éléments antiurbains.<br />

Le travail de KAHN nous permet aussi de voir où sont les priorités et<br />

les lieux d’actions privilégiés pour l’architecte et l’urbaniste, il s’agit<br />

des articulations entre tous ces réseaux,<br />

et en cela il<br />

corrobore la pensée d’Antoine PICON exposée en amont. En effet le<br />

plus remarquable dans cette étude ce n’est pas la spécialisation des<br />

flux, ni leur mise en scène, LE CORBUSIER l’avait déjà <strong>th</strong>éorisé avec<br />

son système des 7 V élaboré en 1945 ; mais bel et bien les bâtiments<br />

qu’il nomme docks. Grâce à ces nouvelles entités, qui préfigurent<br />

aussi la congestion de programmes de Rem KOOLHAAS, une<br />

nouvelle ville et une nouvelle façon de pratiquer la ville<br />

est envisageable. Le centre peut être délesté d’un trafic polluant, lent<br />

et mal adapté à l’urbain. Il est d’ailleurs notable que cette idée a fait<br />

son chemin, puisque désormais dans les agglomérations modernes<br />

Les parkings à étages appartiennent autant à la ville qu’au réseau


Sur cet écorché on saisit le principe de ces infrastructures innovantes<br />

; parkings (espaces servants) au centre, et programmes multifonctionnels<br />

en périphérie (espaces servis)<br />

6 | Poétique et particularités de la ville maritime _6|2|Laleçon de Venise<br />

des parkings d’échange<br />

se trouvent à leurs entrées : , où l’on<br />

peut stationner gratuitement si l’on achète un ticket de métro ou de<br />

tramway (c’est le cas à Montpellier par exemple). On assiste alors à la<br />

mutation de la ville, délivrée en partie de la pression<br />

de l’automobile.<br />

La voiture redevenant progressivement ce<br />

qu’elle a été à l’origine : un moyen de déplacement territorial ou<br />

périphérique et non pas strictement urbain.<br />

Ces lieux de transfert,<br />

nous l’avons vu, ont été pour KAHN<br />

générateurs<br />

de typologies architecturales<br />

innovantes.<br />

Il est donc remarquable de constater que de<br />

nouvelles pratiques urbaines puissent engendrer de<br />

et<br />

nouveaux programmes revitaliser la création<br />

architecturale.<br />

Cette analyse de la <strong>th</strong>éorie de KAHN, nous a permi de voir combien<br />

une ville comme Venise peut être riche en enseignements sur la<br />

constitution des réseaux et la pratique de la ville. Elle nous a donné des<br />

pistes pour l’élaboration du projet à Sète :<br />

d’échanges modaux<br />

fixer des points<br />

stratégiquement<br />

positionnés par rapport à l’urbanisation, engendrer une nouvelle<br />

appropriation de la ville, et envisager la création de relations<br />

fines entre divers réseaux et bâtiments<br />

architecturaux.<br />

118


7 | RÉFÉRENCES ARCHITECTURALES ET PROGRAMMATIQUES<br />

A présent, je présente quelques projets exemplaires. Certains permettront de donner un aperçu des différents programmes qui pourront s’intégrer au projet, et ainsi<br />

d’expliciter leurs fonctionnements. D’autres de part leurs qualités architecturales seront des références stratégiques, qui pourront être inspiratrices.<br />

Chacun de ces bâtiments m’ont permis de réaliser de petites études de faisabilités et ainsi de constituer le programme du projet.<br />

120


121<br />

7 | Références architecturales et programmatiques _7|1|Plate-forme multimodale de Grans-Miramas, [France]<br />

7|1|Plate-forme multimodale, Grans-<br />

Miramas [France]<br />

Cette plate-forme est actuellement en construction sur<br />

les communes de Miramas et de Grans, à proximité de<br />

l’étang de Berre, elle est donc connectée au port<br />

autonome de Fos-Marseille.<br />

interfaces de<br />

Ces immenses entrepôts sont des<br />

transferts logistiques entre le train et les poids<br />

lourds. Leur rationalité,<br />

très rigide, est imparable :<br />

une façade avant où les camions viennent se connecter<br />

directement au bâtiment et une façade arrière où un quai<br />

protégé accueille de multiples wagons.<br />

le système<br />

C’est qui nous intéresse ici, et non la<br />

formalisation, et c’est la potentialité de cette interface qui<br />

doit être mise en avant. En effet ces immenses<br />

“ca<strong>th</strong>édrales industrielles” qui ne sont ici que des<br />

espaces de stockage, pourraient devenir “des lieux<br />

du possible” (valorisation de la production,<br />

recherche...). C’est aussi la dynamique des flux et<br />

la valeur ajoutée que cette interface apporte à<br />

l’architecture, qui doivent être retenues. Peu de<br />

programmes peuvent atteindre cet aspect événementiel<br />

oùle<br />

mouvement se nourrit de l’espace et<br />

(cf. Bernard TSCHUMI).<br />

inversement<br />

aménagement paysagé<br />

L’ est un autre élément<br />

qui peut être retenu pour le projet de Sète, il<br />

structure les flux tout en les mettant en<br />

scène<br />

. Il participe autant de l’événement que de<br />

l’espace.


7 | Références architecturales et programmatiques _7|2|Lekilomètre rouge, Bergame [Italie] | Jean NOUVEL<br />

7|2|Lekilomètre rouge, Bergame [Italie] |<br />

Jean NOUVEL<br />

Ce projet pour la firme Brembo (fabriquant de freins de<br />

voiture), qui n’est pas encore réalisé, est<br />

particulièrement intéressant, car d’une part il est<br />

branché sur un axe majeur faisant partie d’un<br />

réseau important : l’autoroute Milan/Venise ; et d’autre<br />

part il est conçu pour la vision d’humains se déplaçant<br />

dans leurs véhicules. Le site de Sète, connaît aussi cette<br />

<strong>th</strong>ématique, puisqu’il est parcouru par le train et la<br />

voiture, et donc rendu visible à des vitesses supérieures à<br />

celle de l’homme marchand dans la ville.<br />

La question<br />

est de savoir : si dorénavant les<br />

bâtiments doivent être conçus en<br />

fonction et pour les réseaux qui les<br />

structurent et leur permettent d’exister<br />

? architecture territoriale<br />

On pourrait parler d’ ,<br />

rappelant ce que Robert Venturi nommé : “le grand<br />

espace ouvert et la vision depuis la voiture”.<br />

le pouvoir<br />

L’autre aspect intéressant : est<br />

fédérateur de ce mur et du paysage,<br />

qui<br />

unifient nouveaux et anciens locaux. C’est une<br />

démonstration du rôle que peut jouer la nature :<br />

l’homogénéisation de bâtiments hétérogènes, nonalignés<br />

et d’époque différentes, par une masse verte.<br />

122


123<br />

7 | Références architecturales et programmatiques _7|3|Ferry terminal Hambourg, [Allemagne] | William ALSOP<br />

7|3|Ferry terminal, Hambourg [Allemagne]<br />

| William ALSOP<br />

Le point fort de cette construction est la mise enscène<br />

du trafic des ferries et la confrontation<br />

entre architecture statique (terminal) et<br />

architecture mouvante (navires)<br />

.<br />

L’immense rideau de verre, l’échelle du bâtiment et sa<br />

forme, répondent aux mouvements et aux gigantismes<br />

des paquebots.<br />

Le bâtiment comme un caméléon s’imprègne des<br />

formes et de la fonctionnalité des bateaux qu’il côtoie.<br />

La structure surélève le bâtiment pour prévenir tout<br />

risque d’innondation et pour ne pas gêner les flux au sol.<br />

Là encore mouvements et trafics guident<br />

.<br />

en partie le concept architectural<br />

l’Elbe comme une rue<br />

William ALSOP considère<br />

(cf. Louis KAHN), dont ce terminal serait un angle d’où<br />

l’on peut l’observer et s’en cacher.


7 | Références architecturales et programmatiques _7|4|Ferry terminal Yokohama, [Japon] | Foreign Office<br />

7|4|Ferry terminal, Yokohama [Japon] |<br />

Foreign Office<br />

Ce bâtiment est un “ni-waminato”, c’est-à-dire une<br />

interface entre port et jardin, entre visiteurs<br />

étrangers et habitants de la ville.<br />

C’est sa<br />

volonté fédératrice : appartenance à la cité et à la zone<br />

portuaire, qui retient notre attention dans ce projet. Le<br />

bâtiment accueille plusieurs programmes qui affirment<br />

une nouvelle centralité sur le lieu du port. Le<br />

terminal devient un élément médiateur entre espaces<br />

publics urbains et flux (passagers, voitures, ferries).<br />

transitions<br />

La déformation douce du sol permet des<br />

subtiles et presque imperceptibles entre les<br />

différentes fonctions et les différents mouvements, ainsi<br />

touristes et habitants se côtoient sans s’en rendre<br />

compte. Cette morphologie encourage le<br />

mouvement des usagers, et cette dynamique des<br />

gens reproduit l’intensité urbaine de Yokohama au sein<br />

même du port .<br />

Du fait de la taille des navires et de leurs mouvements,<br />

l’organisation des quais et leurs utilisations se modifient<br />

constamment, ceci a conduit les architectes à<br />

développer un espace neutre,<br />

un lieu où<br />

quelques éléments habilement positionnés en<br />

.<br />

définissent les modes d’utilisation<br />

124


125<br />

7 | Références architecturales et programmatiques _7|5|Ferry terminal Nice, [France] | Jacques Ferrier _ 7|6| Ferry terminal Bruges, [Belgique] | Rem KOOLHAAS<br />

7|5|Ferry terminal, Nice [France] | Jacques FERRIER<br />

Ce terminal passagers et voitures prend le parti d’intégrer le parking<br />

dans le bâtiment même. Ce volume unique est traversant, ouvert<br />

sur la ville et également sur la mer.<br />

Il n’est donc pas<br />

seulement une interface entre moyens de transports, mais<br />

une articulation entre la cité et le paysage.<br />

Toute la façade urbaine dilate l’espace intérieur sur toute la longueur<br />

du boulevard et sur toute la longueur du quai, engendrant ainsi une<br />

mise en scène à la fois des personnes qui se promènent, des<br />

flux de la rue et du mouvement des ferries.<br />

La terrasse plantée renoue avec la tradition dujardin<br />

suspendu<br />

et réintègre la nature dans la ville, elle prolonge la promenade urbaine<br />

initiée par la Promenade des Anglais.<br />

L’emplacement et les dimensions des bais ouvertes sur les navires,<br />

permettent une flexibilité pour le positionnement des passerelles et<br />

cadrent judicieusement le paysage..<br />

Intégration urbaine et fonctionnalité sont les éléments<br />

à retenir de ce projet.<br />

7|6|Ferry terminal, Bruges [Belgique] | Rem<br />

KOOLHAAS<br />

L’enseignement de ce projet est : comment faire en sorte que ce<br />

bâtiment soit un objet structurant du port,<br />

dans un<br />

environnement où tous les bâtiments sont hétérogènes et ont de<br />

surcroît, de par leur échelle ou leur mobilité un impact fort.<br />

Et d’autre part comment l’architecture peut devenir un signe pour<br />

attirer de nouveaux clients, on peut presque parler de marketing<br />

architectural (concurrence avec le tunnel sous la Manche) par<br />

analogie avec le marketing urbain. Rem KOOLHAAS prend le parti<br />

d’ additionner d’autres programmes (conference hall,<br />

casino, hôtel, shopping...) à celui du terminal, renouvelant sa <strong>th</strong>éorie<br />

de la congestion des fonctions.<br />

Cette stratégie peut être<br />

une piste envisageable.<br />

La forme, inédite dans ce contexte, donne une identité au<br />

bâtiment, et établie la morphologie la plus judicieuse<br />

pour<br />

la circulation et le parcage des véhicules.<br />

Béton et verre sont des matériaux spécialement choisis pour résister<br />

au climat marin.


7 | Références architecturales et programmatiques _7|7|Palais des congrés, Nantes, [France] | Yves LION _ 7 | 8 | Parking, Heilbronn,<br />

[Allemagne] | MAHLER GUNSTER FUCHS<br />

7|7|Palais des congrès, Nantes [France] | Yves LION<br />

Une des activités majeures qui sera associée au terminal passagers<br />

est un centre de congrès. Je mentionne donc le bâtiment d’Yves LION<br />

à Nantes, qui malgré son échelle incomparable à celle du projet<br />

envisagé à Sète, est exemplaire dans les nouveaux principes<br />

qu’il a su crer pour ce type de programme.<br />

Les innovations sont de deux ordres. Premièrement la constitution<br />

d’un grand vide unificateur de tous les espaces du projet, qui<br />

participe à la citoyenneté de la cité,<br />

en fonctionnant<br />

comme une grande place publique accessible en tout temps<br />

et par tous. La ville se réapproprie son palais des congrès.<br />

Deuxièmement : lafragmentation<br />

des lieux de réunions<br />

en une multitudes de petits espaces, plus propices au débat et à la<br />

réflexion.<br />

7|8|Parking, Heilbronn [Allemagne] | MAHLER<br />

GUNSTER FUCHS<br />

“park and ride”<br />

Les parkings, ou leur nouvelle dénomination ,<br />

sont des acteurs privilégiés du développement durable. Ils sont<br />

devenus bien plus que des lieux de parcage des véhicules, ils sont des<br />

zones de transfert entre plusieurs moyens de<br />

locomotion et entre plusieurs activités<br />

. Trop souvent<br />

les municipalités négligent l’aspect architectural de ces<br />

programmes, qui pourtant sont des conditions d’une<br />

nouvelle fonctionnalité de la ville et d’une amélioration<br />

des conditions de vie. Ce bâtiment réalisé en Allemagne allie<br />

intégration au site, bioclimatisme (donc développement durable), et<br />

nouvelles potentialités d’utilisations de ce programme. Sa forme<br />

d’une simplicité déconcertante, règle de manière optimum le<br />

mouvement des voitures.<br />

Dans la stratégie de développement de Sète, ces éléments seront<br />

prépondérants, puisque organisateurs des différents<br />

qui parcourent le site.<br />

réseaux et flux<br />

126


8 | PRINCIPES DE FONCTIONNEMENTS ET IMAGINAIRE DE LA ZONE INDUSTRIALO-PORTUAIRE<br />

Un travail comme celui-ci pour qu’il soit juste et utile, doit être rigoureux, c’est pourquoi je propose maintenant d’étudier plus en détail le fonctionnement de cette zone<br />

industrialo-portuaire.<br />

De cette analyse apparaîtront de nouvelles potentialités ou au contraire de nouvelles contraintes, mais qui dans tous les cas pourront susciter des hypo<strong>th</strong>èses<br />

différentes et par conséquent enrichir le projet.<br />

128


9<br />

129<br />

6<br />

7 6 6 6<br />

Terminal pétrole<br />

10<br />

11<br />

1<br />

6<br />

12<br />

Principes d’occupation du sol<br />

37<br />

2<br />

6<br />

36<br />

6<br />

13<br />

35<br />

3<br />

15<br />

14<br />

17<br />

16<br />

8<br />

18<br />

34 33<br />

4<br />

19<br />

32<br />

21<br />

20<br />

31<br />

30<br />

22<br />

5<br />

27<br />

29<br />

Terminal céréales<br />

23 24 25<br />

24’<br />

26<br />

28


8|1|Principes d’occupation du sol<br />

Quais / Terres-pleins / Terminaux |<br />

Quais<br />

Terres-pleins / terminaux<br />

1 | Quai Ouest, terminal marchandises diverses<br />

2 | Quai Est, terminal conteneurs<br />

3 | Quai H,<br />

terminal marchandises diverses<br />

4 | Quai à péniches, terminal marchandises péniches<br />

5 | Quai multivrac, terminal multivrac (charbon, bauxite, autres<br />

minerais...)<br />

Equipements de la Chambre de Commerce et d’Industrie (= du<br />

port)<br />

Bâtiments<br />

Zones fermées<br />

6 | Hangars polyvalents de 1200 à 7500 m²<br />

7 | Parcs à bestiaux<br />

8 | Service de l’outillage<br />

Entreprises situées sur la zone portuaire<br />

Bâtiments<br />

Zones fermées<br />

9 | SNC Silo de la Méditéerranée (silo à céréales)<br />

10 | Cuves stockage pétrole<br />

11 | France mélasse (entreprise, silos pour le sucre)<br />

12 | Serlog (sciages de bois et grumes)<br />

13 | Total (raffinerie de pétrole)<br />

14 | Indubois (entreprise import de bois)<br />

15 | Bulk and Cement Trader (entreprise de ciment)<br />

16 | Scierie du port<br />

17 | Dépôt sciage et grumes<br />

18 | CGMS (Comptoir général maritime sétois)<br />

19 | Sea Invest (entreprise de vrac et produits forestiers)<br />

20 | France potasse (hangar à potasse)<br />

21 | SOGEMA<br />

22 | SELI (entreprise de produits forestiers)<br />

23 | Bois tropicaux du Midi (entreprise de produits forestiers)<br />

24 | Comptoir languedocien des sciages (entreprise de sciage)<br />

24’ | Centre Import Bois<br />

25 | Erica Transiter (entreprise d’import-export)<br />

8 | Principes de fonctionnements et imaginaire de la zone industrialo-portuaire _8|1|Principes d’occupation du sol<br />

26 | Cogénération Se<strong>th</strong>elec<br />

27 | Cereol Trituration / Saipol (entreprises céréalières, silos à<br />

céréales + huiles alimentaires + tourteaux)<br />

Entreprises situées sur la zone industrialo-portuaire<br />

Bâtiments<br />

Zones fermées<br />

28 | Etablissements Larosa (Produits métallurgiques)<br />

29 | CGMS (Comptoir général maritime sétois)<br />

30 | Delieuze Olives (producteur d’olives)<br />

31 | Eichbaum (producteur de bière)<br />

32 | Crespo (producteur d’olives)<br />

33 | Sète Décor (grossiste peinture, moquette...)<br />

34 | Skalli (négociant en vins)<br />

35 | Louat (négociant en vins)<br />

36 | Skalli (négociant en vins)<br />

37 | Dépot Intermarché (supermarché)<br />

La zone portuaire et la zone industrialo-portuaire attenante, sont en <strong>th</strong>éorie<br />

inaccessibles au public.<br />

Même si la silhouette du port semble anarchique, elle est en fait divisée plutôt<br />

rationnellement en plusieurs terminaux chacun dévolus à un type de<br />

cargaison (pétrole, marchandises diverses, conteneurs, marchandises des<br />

péniches, vrac, céréales...).<br />

Les bâtiments situés dans la zone portuaire et devant recevoir, expédier ou<br />

transformer des marchandises, sont le plus souvent en retrait des terrespleins.<br />

On peut constater un mélange hétérogène entre bâtiments<br />

appartenant au port lui-même (CCI) et ceux dont les propriétaires sont des<br />

entreprises privées, mais il y a une logique d’implantation dans la partie Est du<br />

port : les bâtiments (privés) s’articulent sur des terrains en forme de L autour<br />

du terminal pour péniches et du terminal pour le vrac. Ces terrains ont ainsi<br />

une surface de contact maximale avec les terminaux.<br />

Séparée du port par les lignes de chemin de fer, la zone industrialo-portuaire<br />

du canal de la Peyrade accueille une multitude de sociétés (seules les plus<br />

importantes et les plus représentatives sont mentionnées ici). Les plus<br />

grandes d’entre-elles sont raccordées à la zone portuaire par des voies<br />

ferrées d’échange.<br />

130


131<br />

Bassin aux<br />

pétroles<br />

Pétroliers<br />

faisceaux d’échange<br />

faisceaux d’échange<br />

Bassin<br />

porte-conteneurs<br />

Schéma 1<br />

faisceaux d’échange<br />

Portes-conteneurs<br />

Schéma 3<br />

Vraquiers<br />

Schéma global de fonctionnement de la zone industrialo-portuaire<br />

Schéma 3<br />

Faisceaux de triage<br />

Schéma 2<br />

Quai aux<br />

céréales<br />

Quai à péniches<br />

Quai multivrac<br />

faisceaux d’échange<br />

Réception-départ<br />

Péniches<br />

Terminaux<br />

Circuit des camions<br />

Réseau de voies ferrées<br />

Circuits des différents types d’embarcations<br />

Grues (à crochet ou à benne)<br />

Portique à conteneurs<br />

Portique de chargement des céréales


8 | Principes de fonctionnements et imaginaire de la zone industrialo-portuaire<br />

8|2|Schéma global de fonctionnement de la zone<br />

industrialo-portuaire<br />

Un port c’est un peu comme une ville : il y a des masses bâties, des<br />

vides, des lieux partagés par tous les habitants (les utilisateurs du<br />

port), d’autres exclusifs, des tracés pour les flux... Une urbanisation<br />

totalement tournée vers la production et la productivité. Une ville dont<br />

les logiques de constitution et de développement ne seraient guidées<br />

que par la rationalisation des tâches.<br />

Etudier le<br />

fonctionnement d’un port, c’est en quelques<br />

sortes faire de l’urbanisme, ou anticiper sur un<br />

urbanisme futur.<br />

Nous avons vu dans le schéma précédent que la zone du port est<br />

divisée plus ou moins strictement en terminaux. A chaque terminal<br />

correspond un bassin ou une darse. Ainsi au terminal pétrole est<br />

associé le bassin aux pétroles, au terminal marchandises péniches :<br />

le bassin des péniches, au terminal multivrac : le bassin des<br />

vraquiers...<br />

Des grues (à crochet ou à benne), des portiques (à conteneurs ou à<br />

céréales), qui sont fixes ou mobiles, chargent et déchargent les<br />

cargaisons des navires. Ces éléments sont les articulations entre<br />

tous les moyens de transport.<br />

Tous les terminaux et tous les quais sont longés par des routes<br />

carrossables pour les camions, ainsi que par des voies de chemin de<br />

fer. Grâce à ces deux réseaux qui structurent et délimitent les<br />

différentes parties du port, les marchandises peuvent entrer ou<br />

sortir de la zone portuaire. Les routes du port sont reliées aux rues de<br />

la ville (côté Ouest) et au réseau routier extra-urbain par<br />

l’intermédiaire de l’échangeur à l’entrée de la ville (côté Est). Toutes<br />

les voies ferrées des quais se réunissent dans de multiples faisceaux<br />

de triage et d’échange (5 au total de tailles plus ou moins grandes<br />

selon leur positionnement). A ces endroits les wagons sont réunis ou<br />

séparés grâce à des engins tracteurs, afin de constituer des trains<br />

qui seront tirés par des locomotives, ou afin d’isoler un wagon qui<br />

pourra rejoindre le quai souhaité.<br />

Les trois schémas ci-contre présente le fonctionnement : 1 du<br />

terminal conteneurs, 2 du terminal vraquier, 3 de la zone industrialoportuaire<br />

avec un terminal quelconque.<br />

Schéma 1<br />

Le cargo accoste, un portique<br />

décharge les conteneurs.<br />

Schéma 2<br />

Le cargo accoste, une grue<br />

benne prélève du vrac dans la<br />

soute.<br />

Schéma 3<br />

Valorisation de la<br />

marchandise dans le<br />

bâtiment.<br />

Le portique dépose le conteneur<br />

sur un wagon positionné sur une<br />

voie longeant le quai.<br />

La grue dépose le vrac sur le<br />

terminal vraquier.<br />

Le camion décharge<br />

sa marchandise<br />

directement dans le<br />

bâtiment.<br />

Une fois valorisée la<br />

marchandise est<br />

chargée soit sur un<br />

wagon, soit sur un<br />

camion.<br />

Le portique charge le cargo avec<br />

des conteneurs en attente sur le<br />

terre-plein.<br />

Une grue remplit la remorque<br />

du camion, qui emporte le vrac<br />

hors du port.<br />

132<br />

Si on charge un<br />

camion, celui-ci peut<br />

acheminer la<br />

production jusqu’à un<br />

cargo.


133<br />

2<br />

1<br />

3<br />

2<br />

4<br />

3<br />

1<br />

1<br />

6’’<br />

4 5<br />

2 3<br />

4<br />

1<br />

6<br />

5<br />

2<br />

3<br />

6’<br />

7<br />

Les quatre scénarii de transferts modaux


8|3|Lesquatre scénarii de transferts modaux<br />

le mouvement et les<br />

Pour bien comprendre les flux qui animent l’espace portuaire de Sète, voyons en détail et géographiquement<br />

interactions des quatre moyens de transport (train, camion, cargo, péniche). La zone retenue est représentative des mécanismes<br />

qui s’opèrent entre le port et la zone industrialo-portuaire.<br />

On peut simplifier en quatre scénarii possibles les transferts de marchandises, sachant qu’ils sont tous réversibles (ils sont autant valables pour<br />

l’ que l’ , ce qui fait qu’il y a en réalité huit scénarii principaux envisageables) :<br />

importation exportation<br />

Scénario A |<br />

1 | arrivée de l’embarcation (péniche ou cargo)<br />

2 | grue décharge cargaison sur terre-plein ou<br />

directement sur le wagon<br />

3 | wagon amené par engin tracteur sur le faisceau<br />

de triage<br />

4 | triage des wagons et rassemblement<br />

5 | une locomotive vient chercher la chaîne de<br />

wagon<br />

Scénario B |<br />

1| arrivée de l’embarcation (péniche ou cargo)<br />

2 | grue décharge cargaison sur terre-plein ou<br />

directement sur le camion<br />

3 | camion emporte marchandise<br />

8 | Principes de fonctionnements et imaginaire de la zone industrialo-portuaire _8|3|Lesquatre scénarii de transferts modaux<br />

Scénario C |<br />

1 | arrivée de l’embarcation (péniche ou cargo)<br />

2 | grue décharge cargaison sur terre-plein<br />

3 | grue charge sur une autre embarcation<br />

(péniche ou cargo)<br />

4 | péniche emporte cargaison<br />

Scénario D |<br />

1 | arrivée de l’embarcation (péniche ou cargo)<br />

2 | grue décharge cargaison sur terre-plein ou<br />

directement sur le camion<br />

3 | et 4 | camion apporte marchandise sur lieu de<br />

production (dans la zone industrialo-portuaire)<br />

5 | valorisation de la marchandise<br />

(transformation, assemblage, emballage...)<br />

6 | commercialisation sur place<br />

6’ | marchandise valorisée emportée sur camion<br />

6’’ | marchandise valorisée transférée sur wagon,<br />

triage sur le faisceau d’échange<br />

7 | locomotive vient chercher la chaîne de wagon<br />

134


135


8|4|Es<strong>th</strong>étique et imaginaire portuaire<br />

espace marginal<br />

Le port est un : il ne peut exister qu'en marge<br />

d'une géographie, au bord d'un fleuve, de la mer, de l'eau. Parce qu'il<br />

est dangereux, parce qu'on y travaille, l'espace portuaire est souvent<br />

mis de côté. Marginalisé, il a tendance à vivre en autarcie.<br />

Faut-il attendre que le port meurt pour établir des relations entre les<br />

espaces portuaires et leur contexte urbain ou géographique ?<br />

La friche portuaire donne la possibilité de retisser des liens avec la<br />

ville, mais la plupart des espaces actifs du port entretiennent des lieux<br />

strictement fonctionnels.<br />

Pourtant un port, quel qu'il soit, crée des espaces potentiellement<br />

très riches. Ils ont cette capacité à jouer avec des éléments<br />

essentiels du paysage : le ciel, la ligne d’horizon, la mer ou le fleuve...<br />

Il suffirait parfois de donner quelques prescriptions pour les rendre<br />

manifestes et remarquables. Ces prescriptions ne doivent pas être<br />

simplement issues d’analyses technico-économiques, mais aussi<br />

d’ .<br />

une vision plus poétique<br />

Comme le dit Aude MATHE (architecte à Paris) :<br />

connaissance sensible et émotionnelle des lieux<br />

fait aussi partie de leur exploration et de leur représentation. Elle les replace dans une<br />

dimension proprement humaine, vivante, communicable d’individu à individu. Les points<br />

de vue particuliers qu’elle apporte lui font trouver sa pleine raison d’être en association<br />

avec d’autres modes de connaissance.”<br />

Les images du port de Sète présentées ici nous permettent<br />

d’appréhender ce lieu non plus de manière technique et fonctionnelle<br />

comme auparavant, mais d’une façon plus irrationnelle.<br />

En effet cet autre regard a la faculté d’exprimer des données,qui sont<br />

étrangères au champ scientifique, mais qui sont néanmoins<br />

déterminantes pour la compréhension d’un espace portuaire. Seul<br />

l’artiste peut retranscrire cette perception et comme le disait Paul<br />

KLEE : “L’art ne reproduit pas le visible : il rend visible” . L’architecte qui<br />

appartient à la fois au domaine technique et artistique, peut<br />

8 | Principes de fonctionnements et imaginaire de la zone industrialo-portuaire _8|4|Es<strong>th</strong>étique et imaginaire portuaire<br />

“La<br />

faire la syn<strong>th</strong>èse entre tous les outils de lecture. Ici c’est<br />

dimension sensible du port qui nous intéresse. La<br />

dialectique employée essaiera de se rapprocher autant que faire se<br />

peut de celle de Pierre SANSOT.<br />

le lieu de la démesure<br />

Le port moderne c’est<br />

(même celui de<br />

Sète malgré sa taille moyenne)<br />

. Pratiquement aucun élément n’est là<br />

pour matérialiser l’échelle humaine, hormis peut-être certaines<br />

marchandises : le conteneur dont les proportions peuvent<br />

correspondre à une unité minimale d’habitaion pour l’homme (il se<br />

rapproche du bungalow), ou la palette de Coca-Cola que l’on retrouve<br />

sur les espaces de stockage de la zone industriualo-portuaire.<br />

Cependant leur empilement et leur regroupement leur font<br />

rapidement perdre leur singularité et leur autonomie, les<br />

transformant en structures parfois oppressantes pour le promeneur<br />

qui s’aventure entre leurs allées. Le visiteur est déconcerté par la<br />

négation de sa propre présence.<br />

Il est sidéré par la<br />

démesure de l’univers minéral et métallique, par l’immensité, et<br />

parfois la désolation, des vastes étendues des terres-pleins.<br />

La rencontre de la mer et de la rigidité géométrique des digues, des<br />

môles, des darses, des bassins font parfois penser au Land-Art.<br />

Pourtant dans le port de Sète, la notion de paysage lors de son<br />

édification a été totalement niée. Les lignes de forces animées par les<br />

différents flux, qui expriment une puissance fantastique sont<br />

indifférentes à l’environnement qui les entoure. La forme du port est<br />

actuellement celle-ci, elle aurait pu être complètement différente, et<br />

sera certainement autre dans quelques années, pourtant le<br />

paysage naturel demeure, mais ne peut imposer<br />

réellement sa présence : la mer est en quelques sortes<br />

découpée continuellement au fil des décennies par le port. En fait la<br />

faculté du port c’est de constamment réinventer<br />

son propre paysage (nous l’avons déjà mentionné :<br />

conteneurs, vrac...). Le port est un paysage artificiel et mouvant. Ses<br />

bâtiments et ses collines (conteneurs, palettes, vrac...) sont<br />

éphémères et factices.<br />

la<br />

136


137


hostilité du port fascinante<br />

L’ pour l’homme est , tellement<br />

elle est hors d’échelle de tous ce que il peut rencontrer<br />

habituellement dans un espace urbain. Lorsqu’elle n’est pas<br />

motorisée ou protégée par une construction, la présence de l’homme<br />

en devient parfois incongrue. Aude MATHE parle même d’ ”un<br />

exotisme des sensations” . Cette insécurité ou plutôt cette<br />

déstabilisation met forcément en éveil les sens<br />

humains.<br />

Par exemple l’abscence obligatoire de parapets le long<br />

des bassins, offre le contact abrupt avec l’eau et avec son caractère<br />

insondable. Le déplacement des grues, les dizaines de tonnes qu’elles<br />

soulèvent, la soudaineté et l’imprévisibilté de leurs mouvements,<br />

désorientent le visiteur qui ne sait plus où aller pour se réfugier. Les<br />

immenses et régulières montagnes de vrac, toujours instables à<br />

cause des éboulements dûs aux apports successifs, font craindre<br />

une transformation soudaine de l’espace et un ensevelissement<br />

possible. Ainsi il y a une tension permanente,<br />

qui n’est pas<br />

s’en rappeler les principes de l’architecture japonaise traditionnelle,<br />

je prendrai comme exemple “les pas japonais” dans un ruisseau, qui<br />

sont très espacés et glissants, car leur but est de nous faire prendre<br />

conscience de nos gestes à tous moments. Le port est la ville<br />

événementielle par excellence,<br />

il s’y déroule tout le temps<br />

et simultanément des sortes d’”happenings” différents et toujours à<br />

l’improviste.<br />

A Sète bien que cela ne soit pas autorisé il est possible en échappant à<br />

la vigilance des vigiles de s’introduire dans l’espace industrialoportuaire.<br />

Toutes les sensations se révèlent alors, on peut sentir<br />

l’odeur des bois des îles, s’émerveiller des emboîtements des<br />

cageots de bouteilles de Perrier, franchir les voies de chemin de fer et<br />

entendre le crissement des roues des wagons sur les rails, sursauter<br />

quand hurle la sirène d’un cargo. Le fait de braver l’interdiction<br />

renforce et dramatise chacun de ces événements. Cela fait<br />

également mesurer la perte considérable pour la ville d’une telle<br />

profusion de situations.<br />

Que retenir en conclusion pour la stratégie du projet ?<br />

D’abord que dans l’espace portuaire, les<br />

potentialités de<br />

8 | Principes de fonctionnements de la zone industrialo-portuaire _8|4|Es<strong>th</strong>étique et imaginaire portuaire<br />

réunion<br />

entre : une certaine urbanité, l’élément naturel et une<br />

infinité d’événements extraordinaires, sont déjà amorcées, mais pas<br />

abouties.<br />

C’est de la combinaison (et même de la congestion)<br />

de ces trois éléments que de nouvelles pratiques<br />

urbaines et portuaires peuvent émerger. Thierry<br />

BAUDOUIN (chercheur au CNRS) résume très bien ceci par cette<br />

phrase : “Entre la rigueur et l’exhubérance , la liberté et le confinement, l’attente et le<br />

mouvement incessant, la mégalomanie et l’humilité, le divers et le même, le proche et le<br />

lointain, qui se conjuguent dans l’espace sensible, le port offre des liens et des<br />

brassages qui lui sont propres”<br />

lien.<br />

. Oui l<br />

e port est effectivement un<br />

Nous avons pu cependant nous apercevoir, que le port doit aussi<br />

s’astreindre à des impératifs fonctionnels,<br />

une des<br />

contraintes sera de tirer partie de la mise en scène du<br />

port sans entraver son fonctionnement,<br />

et de savoir<br />

quelles nouvelles localisation fonctionnelles sont envisageables ou<br />

pas, dans quelles mesures les infrastructures du<br />

port peuvent participer à la vie de la cité.<br />

Par ailleursla présence humaine qui semble si dérisoire dans<br />

cette congestion d’événements et dans cette monumentalité<br />

monstrueuse, n’en apparaît par contraste que plus formidablement<br />

précieuse et indispensable.<br />

Ce lieu doit être réinvesti, dans<br />

la mesure du possible par les hommes. Si l’on sait tenir compte<br />

des traces, de l’échelle et des logiques qui constituent<br />

l’espace portuaire, alors Sète pourra se régénérer grâce et avec son<br />

port.<br />

Les discussions intermédiaires avec Mme LAMUNIERE et M.<br />

MARCHAND m’ont ouvert les yeux sur les potentialités du port en luimême<br />

et de ses infrastructures, et m’ont persuadé de la nécessité de<br />

tenir compte plus précisément de leurs fonctionnements et de leurs<br />

interactions avec les autres secteurs.<br />

138


9 | HYPOTHÈSES ET STRATÉGIES D’INTERVENTIONS<br />

Après les discussions avec les professeurs sur les premières hypo<strong>th</strong>èses et sur les premiers objectifs, après l’explicitation et l’analyse d’un cadre référentiel<br />

architectural, urbanistique, <strong>th</strong>é<strong>orique</strong> et philosophique, il est tant de revenir à une phase de projet, qui conclut provisoirement la démarche itérative qui a structuré tout<br />

ce travail.<br />

Le but est d’expérimenter des stratégies, dont la vocation sera de susciter le débat. Débat qui ouvrira la deuxième étape du diplôme.<br />

140


141<br />

9 | Hypo<strong>th</strong>èses et stratégies d’interventions _9|1|Phase 1 | Une redéfinition de la ville par la restructuration des réseaux<br />

9|1|Phase 1 | Une redéfinition de la ville par la<br />

restructuration des réseaux<br />

Nous l’avons abordé grâce à Antoine PICON et François ASCHER, se<br />

sont désormais les réseaux qui façonnent en priorité la ville du XXI°<br />

siècle. C’est donc par une stratégie de leur réorganisation qu’il faut<br />

commencer pour envisager le développement futur de la ville. Il me<br />

semble important aussi de proposer un phasage du projet, car il<br />

permet une approche mé<strong>th</strong>odique du problème, même si ces phases<br />

ne doivent pas être appliquées strictement et auront des périodes de<br />

chevauchement.<br />

Réseau voies ferrées |<br />

Voies existantes<br />

Nouvelles voies<br />

Changement d’affectation<br />

Traitement paysagé<br />

1| création d’une ligne voyageurs/voitures + prolongation d’une voie<br />

jusqu’à la gare maritime Orsetti.<br />

Le but est de profiter du réseau de chemin de fer en place pour<br />

acheminer les passagers des ferries venant en train jusqu’au quai<br />

d’embarquement.<br />

2| suppression des anciennes voies de cette friche ferroviaire.<br />

Ces voies pour la très grande majorité ne sont plus récupérables et<br />

plus exploitées.<br />

3| traitement paysagé de la voie de passagers.<br />

Encouragement du processus de reconquête naturelle, actuellement<br />

à l’oeuvre sur le site.<br />

Réseau routier |<br />

Voies extérieures/pénatrantes<br />

Voies nouvelles ou réaménagées<br />

Voie aménagée en promenade<br />

4| déclassification de la partie urbaine de la RN 112 (= route de<br />

Montpellier).<br />

Comme nous l’avons mentionné dans les objectifs cette portion de<br />

route nationale doit se transformer en boulevard urbain. Située côté<br />

rive Sud du canal de la Peyrade, elle servira en priorité au trafic des<br />

camions desservant les entreprises en liaison avec le port, ils seront<br />

contraint d’emprunter cette voie.. Ce qui permettra d’encourager la<br />

distinction entre les flux routiers marchands et les autres.<br />

5| aménagement de la route de Cayenne.<br />

Pour l’instant ce n’est qu’une voie en stabilisé, sans aucun élément<br />

urbain (trottoir, marquage au sol, plantations...)<br />

6| Nouvelle voie de desserte pour la zone Nord du canal de la Peyrade.<br />

Prolongeant la route de Cayenne cette voie supplémentaire<br />

permettra de desservir les arrières de chaque parcelle, elle<br />

participera à la hiérarchisation des flux en recevant plutôt le trafic<br />

automobile des gens voulant se rendre au centre ville. Les nouveaux<br />

réseaux pour le projet en règle générale reprennent les tracés<br />

existants. Il n’y a pas de bouleversements majeurs.<br />

7| aménagement du quai des moulins en promenade urbaine le long<br />

du canal de la Peyrade.<br />

Prolongement naturel de la promenade à travers les étangs (le long<br />

de l’ancien tracé du canal du Rhône à Sète) et cadrant parfaitement le<br />

mont Saint-Clair, ce quai doit avoir un caractère paisible et être<br />

équipé en conséquence (pontons pour bateaux, espaces publics<br />

ouverts sur la promenade, plantations, mobilier urbain, voies<br />

cyclistes...). Il sera suppléé au niveau du trafic par la voie mentionnée<br />

précédemment.<br />

Nouveau réseau de transport urbain terrestre et maritime<br />

Ligne “Vaporetto”<br />

Ligne de tramway (ou de bus)<br />

8|et9| Création d’une ligne de transport en commun.<br />

Cette ligne passera au milieu de la zone industrialo-portuaire et<br />

prendra aussi à revers la zone Nord du canal de la Peyrade<br />

desservant par l’arrière les parcelles existantes. Le tramway est un<br />

moyen de transport écologique envisageable, puisque dans la<br />

première moitié du XX° siècle il en existait un. On peut envisager dans<br />

un premier temps de redéployer la flotte des bus, puis de créer une<br />

ligne de tramway.<br />

10 | Création d’une ligne de bateaux-bus.<br />

Selon le modèle des vaporetti de Venise.<br />

Cette ligne complétera celle du transport terrestre et passera là où<br />

les bus ne vont pas. Les deux réseaux s’intercepteront à des endroits<br />

stratégiques.<br />

Réseau tourisme maritime (fluvial et marin)<br />

Circuit des péniches touristiques<br />

Circuit des ferries et paquebots<br />

11 | Recentrer le trafic touristique marin sur un seul lieu : bassin<br />

Orsetti et quai A.<br />

Comme nous l’avons déjà envisagé il serait possible de réunir la gare<br />

du Maroc et celle d’Orsetti le long du bassin du même nom, ceci dans<br />

un souci de rationalisation et de mise aux normes techniques.<br />

12 |<br />

Limiter, recentrer et développer le trafic fluvial touristique sur le<br />

bassin du midi, les péniches seront cantonnées en arrière de la ville.


Espagne<br />

Réseau voies ferrées<br />

Réseau routier<br />

1<br />

5<br />

Route de Cayenne<br />

3<br />

Nord étang<br />

de Thau ><br />

7<br />

D2<br />

2<br />

4<br />

Quai des moulins<br />

6<br />

Route de Montpellier<br />

A 9 > RN 300<br />

Montpellier ><br />

RN 11 2<br />

Nouveau réseau de transport urbain<br />

terrestre et maritime<br />

Réseau tourisme maritime (fluvial et marin)<br />

12<br />

Bassin du midi<br />

11<br />

Quai A<br />

Bassin<br />

Orsetti<br />

8<br />

10 9<br />

142


143<br />

9 | Hypo<strong>th</strong>èses et stratégies d’interventions _9|1|Phase 1 | Une redéfinition de la ville par la restructuration des réseaux<br />

Diagramme des flux concernant le secteur d’étude<br />

Réseau de voies ferrées<br />

Voies existantes<br />

Voies à aménager<br />

Réseau routier<br />

Voies extérieures/pénétrantes<br />

Voies nouvelles ou réaménagées<br />

Voie aménagée en promenade<br />

Nouvelle ligne de transport urbain terrestre<br />

Nouvelle ligne de transport urbain maritime<br />

Réseau tourisme fluvial et marin<br />

Superposons les schémas des différents flux qui parcourent cette<br />

partie de ville. Nous obtenons ce que j’appelle un diagramme des flux<br />

ou des réseaux.<br />

On peut voir des niveaux d’intensité variés, des regroupements, des<br />

mises en parallèles, des intersections, des vides...<br />

Deux constatations principales sont à retenir et vont nous permettre<br />

de développer une stratégie de projet.<br />

Premièrement trois articulations majeures entre ces réseaux<br />

apparaissent :<br />

A| La zone de la gare de chemin de fer, où cinq réseaux se recoupent :<br />

1/ évidemment le train (passagers et voitures),<br />

2/le réseau routier avec le débouché de la Départementale 2<br />

empruntée chaque jour par plusieurs centaines de personnes<br />

habitant autour de l’étang de Thau et qui viennent travailler à Sète,<br />

3/le réseau de transport en commun actuel et le futur qui passera<br />

par la zone du canal de la Peyrade<br />

4/le réseau de transport urbain maritime (vaporetto)<br />

5/le quai où stationneront désormais plusieurs dizaines de péniches<br />

touristiques (articulation entre les circuits du canal du Midi et le canal<br />

du Rhône à Sète).<br />

B| La zone de la gare maritime Orsetti, où cinq réseaux se recoupent :<br />

1/le trafic des ferries et des paquebots (envisageables aussi les<br />

petits bateaux de croisière “Renaissance” de 50 m de long),<br />

2/le débouché de certains trains passagers et voitures, grâce à<br />

l’utilisation et au court prolongement d’une voie de la gare de<br />

marchandise du port de Sète,<br />

3/le réseau routier : avec l’avenue du Maréchal Juin qui relie l’entrée<br />

de ville à la gare maritime, de là les voitures embarquent dans les<br />

ferries,<br />

4/ le réseau de transport en commun actuel et le futur qui passera<br />

par la zone du canal de la Peyrade,<br />

5/le réseau de transport urbain maritime (vaporetto).<br />

C| L’entrée Est de la ville, où trois réseaux se recoupent :<br />

1/le réseau routier avec deux voies prépondérantes, d’une part la<br />

RN 112 qui voit affluer plusieurs milliers de véhicules par jour du fait<br />

des relations économiques avec Montpellier, et d’autre part la RN<br />

300 qui est le prolongement de l’autoroute A 9 située à 7 km de ce<br />

point, c’est de là qu’arrivent la quasi totalité des marocains voulant<br />

prendre les ferries allant à Tanger (en fait Sète est le port où presque<br />

tous les Marocains habitant en Europe se retrouvent pour rejoindre<br />

leur pays : c’est le meilleur ratio économique voiture-ferry, seul<br />

Barcelone peut concurrencer Sète, mais là ville ibérique est<br />

beaucoup moins bien située) et aussi le flot de touristes venus de<br />

toute l’Europe en été,<br />

2/ le futur réseau de transport urbain terrestre qui passera par la<br />

zone du canal de la Peyrade, c’est d’ailleurs exactement à cet endroit<br />

qu’avait été implanté le centre de maintenance du tramway en 1901,<br />

c’est ici qu’il pourrait être rebâti si la ville se dote à nouveau de ce<br />

système de déplacement,<br />

3/le réseau de transport urbain maritime (vaporetto).<br />

Ces trois lieux prépondérants mis en évidence, sont les points<br />

névralgiques de la stratégie globale d’action pour le développement<br />

de cette zone et pour la résolution des problématiques inhérentes à la<br />

ville de Sète.<br />

Deuxième constatation majeure : il existe un secteur où les réseaux<br />

sont mis en parallèle : le long du canal de la Peyrade, avec<br />

pratiquement aucun moyen de liaison transversale. Le projet devra<br />

remédier à ce manque de connexion, et “mettre en réseau les<br />

réseaux” c’est-à-dire créer un espace continu ou non : réticulaire.<br />

Pour la stratégie urbaine nous prendrons comme axiomes le tracé, le<br />

mouvement, les points de ruptures qu’engendrent les réseaux<br />

existants ou créés. Ces axiomes sont déjà des projets en soi, et sont la<br />

bases de projets architecturaux et urbains pour la zone. Prenons les<br />

réseaux comme élément de conception de la ville, et les interfaces<br />

nécessaires comme les véritables territoires de l’architecture<br />

contemporaine.


Interprétation du diagramme des réseaux<br />

Localisation des articulations stratégiques<br />

A<br />

B<br />

C<br />

144


145<br />

9 | Hypo<strong>th</strong>èses et stratégies d’interventions _9|3|Phase 2 | Création d‘interfaces aux points stratégiques de la ville<br />

9|2|Phase 2 | Création d’interfaces aux points<br />

stratégiques de la ville<br />

Interfaces existantes à restructurer<br />

Interfaces principales<br />

Interfaces secondaires<br />

Flux bloqués<br />

Les points d’intersections mis en exergue indiquent là où doivent se<br />

situer les interfaces qui permettront de gérer les réseaux et donc de<br />

contrôler le fonctionnement de la ville.<br />

Je propose donc l’édification de trois structures (existantes très<br />

partiellement pour deux d’entre-elles), positionnées aux trois portes<br />

principales de la ville : l’entrée Nord, l’entrée Est et l’entrée Sud<br />

maritime.<br />

Il s’agit de plates-formes de transferts modaux entre les divers flux.<br />

Leur fonction est double : bloquer les flux qui pénalisent les activités<br />

internes de la ville et son fonctionnement, en particulier les flux<br />

automobiles ; en effet il est quasiment impossible de stationner dans<br />

Sète et d’énormes embouteillages bloquent la cité aux heures de<br />

pointes ; et par ailleurs promouvoir et encourager les échanges entre<br />

les divers flux, qui se doivent d’être les plus respectueux de<br />

l’environnement possible. Cette stratégie s’inscrit dans la logique du<br />

développement durable, élément accompagnateur de tout projet<br />

urbain qui se veut viable à long terme.<br />

Voici à présent la constitution de chacune de ces interfaces :<br />

A | Pôle gare / port fluvio-touristique (péniches)<br />

(Flux encouragés)<br />

1/réaménagement de l’actuelle gare de chemin de fer, vétuste et<br />

trop petite pour cette ville,<br />

2/station de tramway,<br />

3/station vaporetto,<br />

4/point de location de voiturette électrique type “mobilty” en Suisse.<br />

(Flux bloqués)<br />

5/parking d’échange, s’adressant au phénomène de pendularité<br />

entre le bassin économique de l’étang de Thau et Sète + parking de<br />

stationnement pour les touristes venant embarquer sur les péniches<br />

touristiques,<br />

6/gare routière.<br />

B | Pôle terminal ferry/paquebot<br />

(Flux encouragés)<br />

1/transformation de la gare Orsetti en véritable terminal<br />

ferry/paquebot pour passagers,<br />

2/station de tramway,<br />

3/station de vaporetto,<br />

4/point de location de voiturette électrique type “mobilty” en Suisse.<br />

(Flux bloqués)<br />

5/parking d’attente pour les voitures devant embarquer dans les ferries,<br />

c’est un parking servant à canaliser le flux des véhicules,<br />

6/gare passagers et voitures pour la ligne de chemin de fer desservant<br />

cette interface.<br />

C | Pôle parking d’échange entrée Est<br />

(Flux encouragés)<br />

1/station de tramway,<br />

2/station de vaporetto,<br />

3/point de location de voiturette électrique type “mobilty” en Suisse.<br />

(Flux bloqués)<br />

4/flux voitures des passagers venant à l’avance pour prendre le ferry<br />

(bon nombre de Marocain arrivent la veille du départ pour le Maroc, ainsi<br />

que certains touristes se rendant aux Baléares, il faut trouver un lieu pour<br />

retenir ce flux le plus longtemps possible avant l’embarquement),<br />

5/flux des estivants qui passent leurs vacances à Sète, leur automobile<br />

peut stationner là et ils peuvent ensuite emprunter les autres moyens de<br />

locomotion alternatifs,<br />

6/phénomène de pendularité des montpelliérains et des frontignanais<br />

venant en voiture travailler quotidiennement à Sète.<br />

Le système suisse de voitures<br />

partagées : “mobility”, combine<br />

automobile et transport en commun, il<br />

pourrait être optimisé si les véhicules<br />

étaient non-polluants.<br />

En France le réseau auto-train permet<br />

de voyager avec son véhicule. Ces deux<br />

systèmes enrichissent<br />

considérablement les potentialités des<br />

plates-formes d’échange.


Interactions interfaces d’échange / réseaux<br />

A<br />

Pendularité étang de Thau<br />

Touriste péniches<br />

B<br />

Voitures sur train<br />

Voitures passager ferries<br />

Voitures sur train<br />

Passagers européens<br />

ferries + estivants<br />

C<br />

Ferries / Paquebots<br />

Pendularité<br />

Montpellier /<br />

Frontignan<br />

146


147<br />

Nouvelle stratégie d’occupation du sol<br />

Complexe fluvio-touristique<br />

Aire de carénage<br />

Nouveau périmètre zone portuaire inaccessible<br />

Nouvelles zones appropriables pour la stratégie de développement urbain<br />

Zone de réserve foncière et immobilière pour la stratégie de développement urbain<br />

Interfaces d’échange principales + programmes connexes<br />

Bassins réutilisés ou reconvertis<br />

Zone de contamination paysagère<br />

Nouvelles zones artisanales et touristiques<br />

Réaménagement du terminus de la gare de marchandise<br />

Terminus gare<br />

marchandises


9 | Hypo<strong>th</strong>èses et stratégies d’interventions _9|3|Phase 3 | Nouvelles stratégies d’occupation du sol<br />

9|3|Phase 3 | Nouvelles stratégies d’occupation du sol<br />

Après l’analyse du port et des potentialités foncières et immobilières du<br />

site, il semble nécessaire de procéder à une redéfinition des affectations<br />

du sol.<br />

D’abord intégrer dans la stratégie globale : les zones qui se trouvent sur<br />

l’espace portuaire, mais qui ne participent pas directement au stockage<br />

ou au mouvement des marchandises. Ce sont les secteurs industrialoportuaires<br />

qui reçoivent quelques entreprises, mais peu densifiés, ils sont<br />

l’occasion de pouvoir connecter (visuellement, fonctionnellement ou<br />

spatialement ) le port de commerce avec d’autres éléments plus urbains,<br />

ou tout simplement de rationaliser cette de zone de production pour la<br />

rendre plus opérationnelle.<br />

Ensuite utiliser les rives du canal de la Peyrade de façon beaucoup plus<br />

flexible et plus consciente des éléments en présence, que dans la<br />

première hypo<strong>th</strong>èse explicitée en partie 4 de l’é<strong>nonc</strong>é <strong>th</strong>é<strong>orique</strong>. La<br />

tactique employée sera : chaque fois que cela sera possible de réhabiliter<br />

les bâtiments abandonnés pour y insérer de nouvelles fonctions, et de<br />

gérer les vides existants (zone finalement peu dense) pour y greffer<br />

progressivement et avec parcimonie les nouvelles constructions, enfin de<br />

s’appuyer sur les tracés des rues actuelles, c’est ce que nous avons déjà<br />

tenté de faire avec le nouveau diagramme des réseaux.<br />

La friche ferroviaire accueillera des programmes à dominante verte et où<br />

le paysage tiendra un grand rôle. Le bassin du Midi sera réexploité pour<br />

des vocations semi-artisanales : aire de carénage + complexe fluviotouristique.<br />

Le terminus de la gare de marchandise du port sera<br />

réaménagé pour être plus efficace, il sera dans le prolongement du<br />

nouveau pôle d’échange ferry/train/voiture/transports en commun.<br />

Dans cette stratégie deux scénarii majeurs sont envisageables. Soit on<br />

accentue la spécialisation des deux rives (scénario 1), la berge Sud<br />

devenant une véritable plate-forme logistique multimodale associée à un<br />

pôle de production de type technopôle, et la berge Nord recevant des<br />

activités urbaines plus traditionnelles. Ce qui n’exclut pas des relations<br />

entre les deux secteurs, l’un devenant l’espace servant de l’autre et vis et<br />

versa selon les moments de la journée. Soit dans une version plus<br />

audacieuse (scénario 2), mais peut-être plus enrichissante au niveau<br />

urbain : en mettant en scène les divers événements qui animent une cité<br />

portuaire et en confrontant des programmes très différents, avec une<br />

mixité de fonction et de localisation la plus poussée possible. Ce<br />

métissage fonctionnel semble<br />

Scénario1|laspécialisation<br />

Renforcement du caractère de production de la zone, transformée en technopôle et en<br />

plate-forme multimodale<br />

Bâtiments existants transformés pour accueillir de nouvelles fonction pour le<br />

technopôle et la plate-forme logistique multimodale<br />

Zone réservée aux fonctions urbaines : habitations, équipements, commerces, loisirs<br />

Bâtiments existants réhabilités pour accueillir des fonctions périphériques<br />

(supermarchés, multiplexes, halls d’expositions, ou activités culturelles...)<br />

Grand espace vert réservé aux activités de plein air, aux sports, aux loisirs...<br />

Scénario2|Lemétissage<br />

148<br />

Zones mixtes pouvant accueillir aussi bien des fonctions productives qu’urbaines<br />

classiques<br />

Zones à dominante paysagère<br />

Bâtiments existants réhabilités pour accueillir des fonctions périphériques<br />

(supermarchés, multiplexes, halls d’expositions, ou activités culturelles...)<br />

Bâtiments existants transformés pour accueillir de nouvelles fonction pour le<br />

technopôle et la plate-forme logistique multimodale


9 | Hypo<strong>th</strong>èses et stratégies d’interventions _9|4|Phase 4 | Réseau transversal et une logique de la greffe urbaine<br />

réaliste, car toutes les fonctions ont finalement besoin des mêmes<br />

réseaux, des mêmes services, et en quelques sortes s’auto-hybrident, ex.:<br />

on peut travailler à la cafétéria de son club de gym, et se reposer à son<br />

bureau... On pourrait envisager le même principe que le gratte ciel de Rem<br />

KOOLHAAS présenté dans son ouvrage “Delirious New York”, mais à<br />

l’horizontale, les ascenseurs et autres escalators étant remplacés par les<br />

divers réseaux et des passerelles.<br />

De toutes manières le projet doit être le plus souple possible, laissant le<br />

plus de liberté possible aux éventuels aménageurs, ce qui est important à<br />

retenir : c’est la réorganisation des périmètres urbains, avec une<br />

“exportation” d’une certaine urbanité (bâtiments, fonctions, réseaux<br />

urbains...) sur l’espace du port là où techniquement cela est possible ; et<br />

d’autre part de s’appuyer sur la constitution des espaces actuels, en les<br />

modifiant par greffes structurantes, mais au cas par cas.<br />

9|4|Phase 4 | Réseau transversal et une logique de la<br />

greffe urbaine<br />

Nous avons pu mettre en évidence avec le diagramme des flux, que tout le<br />

long du canal de la Peyrade les divers réseaux étaient mis en parallèle<br />

149 sans jamais s’intercepter. Un autre problème est soulevé toujours par les<br />

réseaux : la séparation entre la nouvelle zone urbanisable située sur la<br />

port, la berge Sud du canal et la berge Nord ; ceci à cause successivement<br />

du faisceau de triage de la gare de marchandises et du canal.<br />

On pourrait ainsi envisager un réseau transversal,<br />

dont la<br />

fonction serait d’être unlien physique entre les différents secteurs et<br />

de générer des interfaces secondaires aux endroits des<br />

intersections avec les “réseaux longitudinaux”.<br />

Ce système pourrait se matérialiser sous formes de passerelles, qui<br />

franchiraient et intercepteraient les quatre bandes parallèles (zone<br />

urbanisable du port, rive Sud, rive Nord, zone paysagère).<br />

Pour les définir, on pourrait dire qu’elles seraient un mariage entre les<br />

deux typologies de passerelles développées par Bernard TSCHUMI à<br />

Lausanne et à Paris. Un mélange entre la passerelle du Flon, qui est une<br />

interface entre deux zones et le réseau de transport en commun de la<br />

ville ; et les promenades/passerelles du parc de la Villette, qui<br />

connectent des éléments entre-eux, mais qui sont aussi un vecteur de<br />

mise en scène du site qu’elles surplombent (les “folies” seraient ici les<br />

interfaces secondaires liant les réseaux entre eux).<br />

En effet on peut parler d’ éléments de mise en scène et ceci<br />

à deux titres. D’abord ces passerelles/promenades<br />

dominant l’ensemble du site, seraient de formidables belvédères<br />

sur les croisements des divers flux qui quadrillent le site (bateaux,<br />

trains, camions, voitures, piétons...) et sur le paysage (étangs,<br />

mer, mont Saint-Clair, ville). Et d’autre part elles animeront aussi le<br />

lieu, car elles seront des événements à part entière : les<br />

mouvements qu’elles induiront s’intègreront à la mise en scène<br />

générale. Une fois de plus on peut constater le rôle prépondérant des<br />

flux dans la logique de projet, se sont eux qui guident à nouveaux la<br />

stratégie de réorganisation des lieux.<br />

Cette quatrième phase se poursuivrait par ce que je nomme la<br />

“logique de la greffe urbaine” . Les opérations de<br />

réhabilitations de bâtiments existants et délaissés seraient menées<br />

en priorité sur ceux en contact direct avec ces<br />

passerelles/promenades. Par ailleurs les nouvelles constructions<br />

seraient aussi réalisées à partir de ces axes structurants et<br />

s’inscinueraient dans les interstices laissés vacants entre<br />

le bâti existant, comme un pacemaker qu’on loge entre les oreillettes<br />

d’un coeur . Cette stratégie urbaine s’apparente au principe de<br />

dont parle Inès LAMUNIERE : “Les heureux bricolages sont<br />

“bricolage”<br />

poétique<br />

points<br />

une part de notre foi dans le devenir des villes. Ils sont les<br />

d’accrochage qualitatifs d’une idée de contemporanéité appliquée à<br />

la notion de réparation urbaine. Ce regard, et l’impression qu’il peut nous aider à<br />

extraire de la réalité non seulement ses contingences mais aussi sespotentiels<br />

s, nous permet d’apprendre d’un lieu et d’une situation, afin<br />

d’imaginer simultanément leur réparation”<br />

(cf. Texte : “Rêves,<br />

cauchemars et bricolage” dans Coll. D’auteurs, 21° siècle, 21défis,<br />

21 talents pour les relever, chap3 ed. G. ARMLEDER et


Réseau transversal + une logique de la greffe urbaine<br />

Zone de réserve foncière et immobilière pour la stratégie de développement urbain<br />

Interfaces d’échange principales + programmes connexes<br />

Zone de contamination paysagère<br />

Réseaux de transports urbains<br />

Passerelles/promenades<br />

Bâtiments connectés aux passerelles à réhabiliter en premier<br />

Bâtiments connectés aux passerelles à construire en premier, éléments de greffes<br />

urbaines dans les interstices vacants<br />

150


151<br />

9 | Hypo<strong>th</strong>èses et stratégies d’interventions _9|4|Phase 4 | Réseau transversal et une logique de la greffe urbaine<br />

G.NAEF, Genève, 1999, p30-35).<br />

Les passerelles connecteraient (par pénétration ou contact latéral<br />

ou par des circulations verticales...) directement toutes les activités<br />

importantes du site. Par exemple : le nouveau supermarché situé sur<br />

la rive Nord pourrait être à la fois relié à une grande entreprise placée<br />

dans la nouvelle zone portuaire et au parc de loisirs en plein air<br />

implanté dans la zone paysagée... Les passerelles promenades<br />

auraient donc aussi pour but : de rendre intelligibles les<br />

relations entre cette agglomération de programmes et de rendre<br />

possible dans des délais brefs la connexion entre des activités qui a<br />

priori ne fonctionnent pas ensemble.<br />

une “réticularisation” de<br />

Avec ce processus on assisterait à<br />

l’espace,<br />

où comme la <strong>th</strong>éorisé Antoine PICON on pourrait passer<br />

facilement d’une séquence à une autre, d’un événement à un autre.<br />

Grâce à ce réseau les possibilités<br />

“transprogrammatiques” (selon le vocable employé par<br />

Bernard TSCHUMI) deviennent de plus en plus abondantes.<br />

L’agence de Jacques FERRIER avait commencé à développer des<br />

réflexions sur cette<br />

nouvelle forme d’urbanité, où production se mêle<br />

à la nature et aux autres activités urbaines classiques<br />

(consommation, loisirs, apprentissage...), et où chaque activité<br />

devient possible en n’importe quel lieu, (j’y avais participé dans le<br />

cadre de mon stage). Le projet pourrait donc être un prolongement<br />

de cette étude.<br />

La nouvelle passerelle dans la vallée du Flon à Lausanne, Bernard TSCHUMI<br />

architecte<br />

“Folie” et promenade suspendue dans le parc de la Villette à Paris, Bernard<br />

TSCHUMI architecte


Je finis mon<br />

rapport au parc<br />

Je fais mes<br />

courses dans le<br />

parc<br />

Je joue au tennis<br />

dans les anciens<br />

chais Je me rends à mon<br />

cours d’anglais en<br />

vaporetto<br />

Je quitte le train pour<br />

prendre directement le ferry<br />

J’ai un repas d’affaire<br />

devant les cargos<br />

Je vais au cours de<br />

sophrologie pendant<br />

ma pause<br />

J’habite en face des<br />

empilements des<br />

conteneurs<br />

Je laisse ma voiture au<br />

parking et le vaporetto<br />

m’amène au multiplexe<br />

Illustrations possibles de la nouvelle forme d’urbanité qui pourrait se développer<br />

J’habite devant les<br />

montagnes de vrac<br />

152<br />

Je vais en boîte<br />

dans les anciens<br />

docks du port


153<br />

Cette image est la propriété de Jacques FERRIER architecte, je l’avais réalisée pour<br />

Les photos montages suivants ont pour but d’illustrer d’autres exemples de métissages<br />

son agence dans le cadre d’une recherche sur les nouveaux lieux de travail.<br />

programmatiques sur la zone portuaire de Sète.<br />

Avec la technologie tous les lieux urbains peuvent devenir des lieux de production : le<br />

parc au Nord du site par exemple.<br />

La mise en scène des flux et des divers événements du port, peut être un facteur<br />

d’enrichissement pour les autres programmes (ici un cours de danse).<br />

Inversement les fonctions urbaines de la vie privée ou publique peuvent s’associer<br />

et investir les lieux de productions, ici les lieux de consommation peuvent être<br />

directement branchés aux espaces de transfert de marchandises.<br />

Avec les concepts de technopôle et de plate-forme logistique multimodale et grâce<br />

à la synergie engendrée par l’espace portuaire : les lieux de productions matérielles<br />

et intellectuelles ont la possibilité d’être réunies.


J’ai composé ces deux perspectives comme illustrations possibles<br />

(il ne s’agit que des toutes premières esquisses) de<br />

l’insertion des passerelles/promenades et des projets de greffes urbaines dans les interstices du site, ainsi que de la mise en<br />

scène et du croisement des divers flux qui parcourent le secteur.<br />

154


10 | PROGRAMME ET PREMIERS PRINCIPES DE CONCEPTION<br />

Définir un programme c’est proposer des éléments quantifiables, mais aussi qualifiables, afin de résoudre les problèmes auxquels doit faire face le site.<br />

Le programme est le résultat combiné des besoins de la ville et de l’expression d’une stratégie particulière pour répondre à ses problématiques. Dans mon optique le<br />

programme ne précède pas les problèmes, il n’est que l’aboutissement d’une réflexion, dont le but est de trouver des solutions. Ce n’est pas le site qui doit se plier au<br />

programme mais l’inverse.<br />

Il s’est donc constitué au fur et à mesure de ma recherche, et est encore susceptible d’évoluer si le contexte et les problématiques le demandent.<br />

156


157<br />

10 | Programme et premiers principes de conception _10|1|programme du projet architectural<br />

10 | 1 | Programme du projet architectural<br />

TERMINAL PASSAGERS/VOITURES (ferries + croisières)<br />

1645 m² + 9000 m² de parking<br />

Hall d’accueil/salle d’attente<br />

Cafétéria<br />

Salle<br />

Cuisine<br />

Sanitaires<br />

Jeux pour enfants<br />

Administration<br />

Poste de commande<br />

3 bureaux de 15 m²<br />

Rangements + sanitaires + vestiaires<br />

Locaux techniques<br />

Terrasse des visiteurs<br />

Parking d’attente 400 places voitures/20<br />

places poids lourds (éventuellement<br />

transformable en parking urbain)<br />

Croisière<br />

Embarquement<br />

Salle d’embarquement<br />

Contrôle tickets + enregistrement<br />

Local bagages<br />

Police<br />

Douane<br />

Salle de fouille<br />

2 compagnies de croisières<br />

2X2 bureaux de 15 m²<br />

2 guichets de 10 m²<br />

Sanitaires + rangements + vestiaires<br />

Salon d’attente<br />

Bar/café<br />

Suites VIP<br />

1 Passerelle seabridge type “crystal”<br />

400 m²<br />

150 m²<br />

50 m²<br />

25 m²<br />

30 m²<br />

20 m²<br />

45 m²<br />

20 m²<br />

115 m²<br />

9000 m²<br />

200 m²<br />

30 m²<br />

25 m²<br />

15 m²<br />

10 m²<br />

60 m²<br />

20 m²<br />

20 m²<br />

40 m²<br />

40 m²<br />

Ferries<br />

Embarquement<br />

Salle d’embarquement<br />

Contrôle tickets + enregistrement<br />

Local bagages<br />

Police<br />

Douane<br />

Salle de fouille<br />

2 compagnies de ferries<br />

2X2 bureaux de 15 m²<br />

2 guichets de 10 m²<br />

Sanitaires + rangements + vestiaires<br />

1 Passerelle seabridge type “crystal”<br />

TERMINAL TRAIN (passagers + voitures)<br />

395 m² + 3000 m² de quai et de zone<br />

d’embarquement<br />

2 quais passagers de 150 m<br />

2000 m²<br />

Zone de débarquement des véhicules<br />

Hall de gare<br />

Salle d’attente<br />

Guichets/information<br />

Bureau chef de gare<br />

Café<br />

Sanitaires<br />

Station de tramway (ou de bus)<br />

Station de taxi<br />

Station “vaporetto”<br />

Espace carsharing type “Mobility”<br />

150 m²<br />

30 m²<br />

25 m²<br />

15 m²<br />

10 m²<br />

60 m²<br />

20 m²<br />

20 m²<br />

200 m²<br />

30 m²<br />

15 m²<br />

40 m²<br />

10 m²<br />

500 m²<br />

200 m²<br />

50 m²<br />

80 m²


ESPACE COMMERCIAL 3885 m²<br />

Espaces commerciaux à louer<br />

Mégastore<br />

Restaurant<br />

Salle<br />

Cuisine<br />

Sanitaires<br />

HÔTEL *** 3755 m²<br />

Sanitaires + vestiaires employés<br />

Locaux techniques<br />

Livraisons<br />

Dépôts<br />

Chauffage-ventilation<br />

Sanitaires<br />

200 chambres de 16 m²<br />

Réception<br />

Desk<br />

Salon meublé<br />

Dépôt bagages<br />

Restauration<br />

Bar<br />

Salle petit déjeuner<br />

Cuisine<br />

Administration<br />

Bureau<br />

Chambre derrière desk<br />

Vestiaire<br />

Locaux de services<br />

Economat<br />

Buanderie<br />

Sanitaires<br />

1500 m²<br />

1500 m²<br />

200 m²<br />

40 m²<br />

25 m²<br />

100 m²<br />

200 m²<br />

200 m²<br />

100 m²<br />

20 m²<br />

3200 m²<br />

10 m²<br />

100 m²<br />

20 m²<br />

30 m²<br />

220 m²<br />

50 m²<br />

15 m²<br />

10 m²<br />

10 m²<br />

40 m²<br />

30 m²<br />

20 m²<br />

10 | Programme et premiers principes de conception _10|1|programme du projet architectural<br />

CENTRE DE CONGRES 4190 m²<br />

Hall d’accueil<br />

Hall d’exposition<br />

Salle 600 places<br />

Régie<br />

Cabines d’interprétation simultanée<br />

Salle 200 places<br />

Régie<br />

2 salles de 80 places de 145 m²<br />

Régie<br />

6 salles de 30 places de 55 m²<br />

Salle d’exposition/restauration (450<br />

couverts)<br />

Cuisine<br />

Administration<br />

Locaux de services<br />

Sanitaires<br />

Locaux techniques<br />

Explications du programme<br />

400 m²<br />

800 m²<br />

960 m²<br />

30 m²<br />

30 m²<br />

360 m²<br />

30 m²<br />

290 m²<br />

30 m²<br />

330 m²<br />

500 m²<br />

80 m²<br />

100 m²<br />

100 m²<br />

150 m²<br />

Toute la stratégie urbaine de développement de Sète repose<br />

principalement sur la gestion des interfaces entre les différents<br />

réseaux qui font fonctionner le site.<br />

J’ai donc choisi de traiter plus en détail dans un projet architectural,<br />

celle qui me semble la plus intéressante : il s’agit du pôle d’échange de<br />

l’entrée Sud maritime de la ville.<br />

La plus intéressante, car la plus originale, en effet elle met en contact<br />

des flux qui ont peu d’occasions en général d’interagir ensemble : le<br />

train, la voiture, les ferries, les paquebots, les “vaporetto”, les<br />

tramways...<br />

Je voulais aussi porter ma réflexion sur un bâtiment en relation avec<br />

la “maritimité” de la ville, puisque c’est cet élément qui constitue<br />

l’identité majeure de Sète.<br />

158


159<br />

10 | Programme et premiers principes de conception _10|1|programme du projet architectural<br />

En outre ce projet est situé à un point hautement stratégique du site<br />

d’étude : en plus d’être à l’intersection d’une multitude de réseaux, il<br />

est à la conjonction spatiale de la vieille ville, du port de commerce,<br />

des bassins urbains et de certaines friches portuaires. A partir du<br />

traitement de ce point pourra s’opérer la greffe entre la ville et la zone<br />

restructurée. Ce sera un élément catalyseur de l’ensemble du projet<br />

urbain.<br />

A ce bâtiment interface, j’ai voulu associer plusieurs programmes,<br />

dont les fonctions sont cohérentes avec la fréquentation d’un tel<br />

projet. Le réunion programmatique (congestion) doit provoquer une<br />

synergie globale, chacun enrichissant et développant l’autre (attirer<br />

les gens puis les transférer d’un programme à un autre).<br />

Donc premièrement un TPV (terminal passagers/véhicules) pour les<br />

ferries et les paquebots. Avec la volonté de mettre en scène les flux,<br />

les espaces du bâtiment se comporteront comme des belvédères<br />

sur ces mouvements. La plus grande surface sera un parking<br />

d’attente, où les véhicules après avoir stationnés dans le grand<br />

parking d’échange à l’entrée Est de la ville, viendront prendre place à<br />

cet endroit quelques heures avant leur embarcation. Une solution<br />

alternative serait de les acheminer directement de l’entrée Est de la<br />

cité au terminal par les voies de chemin de fer présentes sur le site,<br />

cette hypo<strong>th</strong>èse pourrait éviter de construire le parking d’attente, sa<br />

viabilité technique et économique devra être étudiée. Les trafics<br />

voitures et camions nécessiteront d’être distingués. Des<br />

programmes connexes pour le confort des passagers seront prévus<br />

(cafétéria, jeux pour enfants, salles de repos...).<br />

Dans l’idée de multiprogrammation, on trouvera aussi un centre de<br />

congrès. Le Sud de la France est une région majeure d’attraction de<br />

ce type d’événement, ce programme dit de “tourisme d’affaire”<br />

s’accorde bien avec un terminal de cette catégorie. Il comptera un<br />

grand auditorium de 600 places, combiné avec plusieurs petites<br />

salles de réunion. Cette formule est la plus efficace, car les<br />

congressistes pendant les journées de rencontres doivent se réunir<br />

en petits groupes de travail. Par ailleurs les espaces d’exposition<br />

devront être modulables et surtout s’ouvrir sur la ville, afin que ce type<br />

de programme ne soit plus refermé sur lui-même, mais participe<br />

pleinement à la vie de la cité.<br />

Le projet comprendra aussi un hôtel ***, qui complétera l’offre du<br />

centre de congrès, mais qui pourra aussi servir aux voyageurs venus<br />

un ou plusieurs jours avant de prendre le ferry ou le paquebot (ils sont<br />

nombreux). Qualitativement il essaiera de reprendre et de prolonger<br />

les principes et les concepts développés pendant le semestre d’hiver<br />

dans l’atelier Inès LAMUNIERE. La question centrale sera : qu’est-ce<br />

qu’un hôtel sur un lieu de mobilité ? L’hôtel est le lieu de la mobilité<br />

urbaine par excellence.<br />

Enfin une zone commerciale qui sera accessible aussi bien aux<br />

habitants de la ville qu’aux personnes extérieures (touristes,<br />

congressistes...), engendrera un mélange des personnes et des<br />

pratiques urbaines, le but est que ce terminal ne soit pas un objet<br />

extérieur au fonctionnement de Sète, mais un endroit fédérateur, où<br />

la population pourra se rassembler. On pourrait parler ainsi d’un<br />

“mobility hub maritime” multifonctionnel, pour reprendre la<br />

terminologie utilisée lors de l’atelier l’année dernière.


Canal Maritime<br />

Bassin Orsetti<br />

= intersection<br />

de flux<br />

10 | 2 | Premiers principes de conception<br />

Voitures > ferry<br />

10 | Programme et premiers principes de conception _10|2|Premiers principes de conception<br />

Ces croquis d’étude présentent les premières hypo<strong>th</strong>èses pour le projet architectural. Ce ne sont que des schémas de principes, ils n’expriment en<br />

rien une morphologie architecturale, où une implantation sur le site, car il faudra tenir compte des spécificités du site (logique urbaine, typologies,<br />

orientation...).<br />

La même stratégie que pour le projet urbain a donc été retenue : se sont les mouvements et les événements des flux qui guideront la conception<br />

d’ensemble.<br />

Dans le premier diagramme, tous les réseaux sont superposés sur le site. Il apparaît des interférences et des intersections. La solution proposée est<br />

de dissocier les flux par une stratification des réseaux sur trois niveaux. Niveau enterré -1 : le parking d’attente, les véhicules (= le réseau le plus<br />

“souple”) peuvent descendre d’un niveau pour ne pas gêner les autres mouvements. Au niveau du sol (0), on trouve tous les flux qui doivent<br />

impérativement se trouver au même niveau, et qui ne peuvent opérer de translation verticale : le train, le tramway, et le vaporetto. Enfin au dernier<br />

niveau (+1) s’effectue le transfert entre le flux de passagers et les grands navires. Ce flux est le seul à pouvoir être translater verticalement vers le<br />

haut, de ce fait il n’y a plus d’interférence avec les autres mouvements.<br />

Vaporetto<br />

Train<br />

Tramway<br />

Niveau (-1) Niveau (0)<br />

Niveau (+1)<br />

Diagramme de superposition des flux du site Diagrammes de différentiation des flux par niveaux<br />

Passagers ><br />

Ferry<br />

Passagers ><br />

Ferry<br />

160


161<br />

10 | Programme et premiers principes de conception _10|2|Premiers principes de conception<br />

Flux verticaux<br />

Plateau d’échange (+1)<br />

Passagers > Ferry<br />

Plateau d’échange (-1)<br />

Parking d’attente<br />

Surfaces des programmes connexes<br />

Surfaces des programmes<br />

connexes<br />

Flux horizontaux<br />

Plateau d’échange (0)<br />

Train + tramway<br />

+ vaporetto<br />

Axonométrie des trois plateaux d’échange + diagramme des mouvements horizontaux et verticaux<br />

Cette axonométrie illustre la stratification des<br />

différents réseaux en plateaux d’échange<br />

superposés.<br />

Ces plateaux sont connectés verticalement par<br />

les programmes connexes (centre de<br />

conférences, hôtel, multiples espaces<br />

commerciaux ...), qui justement pour des raisons<br />

de fonctionnement doivent être en contact direct<br />

avec chacun des réseaux.<br />

C’est à travers eux que s’effectuent les liaisons<br />

verticales entre tous les plateaux.<br />

On peut parler d’“insertions interstitielles” des<br />

programmes connexes dans les plateaux<br />

d’échange et entre les divers réseaux. En effet les<br />

surfaces des programmes accompaganteurs<br />

devront s’insérer de manière judicieuse entre les<br />

multiples mouvements. Mais réciproquement les<br />

flux les plus “souples” : piétons, véhicules,<br />

tramway, devront se faufiler entre ces éléments.<br />

Ainsi espaces entre programmes connexes et flux<br />

: petit à petit s’hybrident et ne font plus qu’un.<br />

Pour résumer les circulation verticales seront<br />

situées à l’intérieur des programmes connexes et<br />

les horizontales à l’extérieur sur les plateaux<br />

d’échange.<br />

A titre d’exemple : une possibilité morphologique pourrait être celle-ci : le sol se<br />

déformerait de manière continue pour créer les trois plateaux d’échange :<br />

1/incurvation dans le terrain : rampe sur laquelle se parqueraient les véhicules,<br />

2/niveau référentiel (+/- 0.00) pour les transferts de flux terrestre, 3/pente<br />

douce servant de terrasse pour les visiteurs et d’accès aux ferries pour les<br />

voyageurs. Ce principe permettrait des transitions douces et fluides entre les<br />

divers réseaux et les divers événements.


Plateau d’échange (+1)<br />

Passagers > Ferry<br />

10 | Programme et premiers principes de conception _10|2|Premiers principes de conception<br />

Ces deux coupes ne reprennent pas totalement la morphologie envisagée dans le croquis précédent, car à ce stade de la réflexion se sont les<br />

concepts qui doivent primer sur la forme. Elles illustrent simplement le principe d’inclusion des programmes connexes dans les différentes strates<br />

des réseaux. Les flux verticaux (et aussi horizontaux) suivent au plus près les espaces de ces programmes accompagnateurs, se servant même de<br />

leurs formes pour y intégrer les systèmes de circulation verticale (comme dans une soufflerie où l’air emprunte la trajectoire la plus aérodynamique)..<br />

On comprend également le principe d’échange horizontal entre les espaces inclus et les réseaux de chaque niveau. Ainsi chaque élément du projet<br />

peut s’enrichir des événements dû aux mouvements des flux.<br />

De ce fait le parking d’attente au niveau (-1) n’est plus un espace dévalorisé, puisque tous les programmes connexes investissent une partie de son<br />

espace, se raccordent à lui et quelque part le mettent en scène. Tous les flux doivent être considérés comme des événements importants pour le<br />

fonctionnement et l’identité du bâtiment.<br />

Le niveau intermédiaire, lui, est complètement ouvert sur la ville, mais aussi sur la zone portuaire et sur les bassins, c’est un élément unificateur de<br />

tous ces lieux.<br />

Le dernier niveau est connecté directement aux navires, il devra être configuré pour qu’un jeu subtile s’instaure entre le mouvement des bateaux et la<br />

perception des voyageurs et des visiteurs ; et pour que les programmes connexes participent à l’animation de cet espace d’attente.<br />

échanges horizontaux<br />

Flux verticaux<br />

Plateau d’échange (0)<br />

Train + tramway + vaporetto<br />

Programmes connexes<br />

Programmes connexes<br />

Plateau d’échange (-1)<br />

Flux verticaux<br />

Parking d’attente<br />

Coupes de principes d’inclusion des programmes connexes à travers les plateaux d’échange<br />

Terrasse des visiteurs<br />

Plateau d’échange (-1)<br />

Parking d’attente<br />

162


163<br />

Autocritique |<br />

L’exercice de l’autocritique est une étape indispensable, qui permet<br />

de prendre du recul sur le travail effectué, et d’anticiper les<br />

prochaines phases du diplôme. Etre conscient des points faibles ou<br />

des manques de l’é<strong>nonc</strong>é <strong>th</strong>é<strong>orique</strong>, me donnera la possibilité d’ores<br />

et déjà de remettre en question et d’améliorer certains éléments.<br />

L’autocritique a aussi pour fonction de stimuler les débats à venir.<br />

Tout d’abord il faut considérer l’é<strong>nonc</strong>é <strong>th</strong>é<strong>orique</strong> comme un<br />

instrument de conception pour le projet, c’est donc un élément<br />

ouvert, qui est susceptible d’être modifié ou d’être complété durant<br />

les prochaines phases. Ce n’est pas un document fini, ainsi il y a<br />

certaines choses que j’aurais voulu intégrer à ce travail.<br />

Notamment j’aurais souhaité proposer une analyse plus précise des<br />

interactions entre les différents flux qui parcourent le site (à la fois<br />

fonctionnelle/quantitative : nombre, fréquence... et qualitative : qui les<br />

emprunte, de quelle manière, pourquoi). J’aurais pu inclure aussi une<br />

étude des constructions du site, afin de savoir lesquelles sont<br />

susceptibles d’être réhabilitées ou pas, ce qui aurait pu me guider<br />

dans l’implantation des passerelles/promenades par exemple.<br />

Mais lors de mon entretien avec Mme LAMUNIERE nous avons<br />

convenu que ces points pourraient accompagner la démarche<br />

conceptuelle du projet : employer le projet comme source de<br />

connaissance (cf. démarche heuristique décrite au début du travail)<br />

[sachant que l’inventaire fonctionnel, constructif et architectural<br />

(qualités architecturales) a été réalisé, mais pas mis en forme].<br />

Au niveau du cadre référentiel j’aurais pu insister un peu plus sur les<br />

courants architecturaux auxquels je souscris ou auxquels je<br />

m’intéresse. Certaines oeuvres de Jean NOUVEL, de Rem KOLHAAS,<br />

de Bernard TSCHUMI, ou encore de HERZOG et DE MEURON,<br />

auraient pu être “disséquées”, cela aurait été utile pour mieux<br />

comprendre mes références pour le projet.<br />

Cependant j’ai préféré me concentrer sur mes influences<br />

urbanistiques, car elles prévalent dans cette étude, et seront la<br />

condition même du projet architectural, projet qui sera le résultat des<br />

hypo<strong>th</strong>èses urbaines.<br />

En ce qui concerne les premières hypo<strong>th</strong>èses de projet, on pourrait<br />

peut-être penser que certaines intentions sont irréalistes, ou dans<br />

une vision véritablement opérationnelle : difficiles à réaliser. Je pense<br />

en particulier à l’intégration de fonctions urbaines sur le domaine<br />

portuaire, il est vrai qu’administrativement parlant, il serait compliqué<br />

de faire accepter au port de céder une partie de son domaine, même<br />

s’il s’agit de surfaces qui ne sont pas sous sa responsabilité directe<br />

(terrains industrialo-portuaires situés sur le périmètre fermé du port<br />

de commerce).<br />

Mais nous avons vu que plusieurs opérations de ce type à travers le


monde (notamment à Saint-Nazaire), ont pu tout de même voir le jour,<br />

grâce à un partenariat entre état, municipalité et intérêts privés. Ainsi<br />

ces hypo<strong>th</strong>èses sont finalement plus envisageables qu’il n’y paraît.<br />

D’autre part on pourrait reprocher aux intentions de projet d’être<br />

trop ambitieuses ou trop globalisantes pour cette agglomération. En<br />

effet Sète est une commune de travailleurs et ses ressources<br />

financières sont limitées. Ses décideurs envisagent depuis de<br />

nombreuses décennies des planifications encore plus importantes<br />

que celle que je propose, mais à cause du manque de moyens et des<br />

alternances politiques, aucune ne se réalise.<br />

Toutefois j’ai fait attention d’établir un projet en plusieurs phases, et<br />

qui donc pourrait être réalisé au même ry<strong>th</strong>me que le développement<br />

des finances publiques, aves des moments d’arrêts qui ne seraient<br />

pas préjudiciables pour la stratégie globale. D’autre part il ne s’agit<br />

pas d’une reconstitution totale de la zone mais d’une restructuration<br />

légère, par greffes ponctuelles judicieusement positionnées (les trois<br />

interfaces, les passerelles/promenades, quelques bâtiments<br />

structurants...), et dont la charge serait allouée à la fois au secteur<br />

public et au secteur privé. De plus toute la stratégie de<br />

réaménagement est sous-tendue par le développement économique<br />

du secteur, il y aurait donc une part d’auto-financement du projet.<br />

Aussi certaines pratiques de la ville peuvent apparaître trop décalées<br />

par rapport à notre mode de vie actuel. Mais je pense que le projet de<br />

diplôme sert aussi à expérimenter de nouveaux concepts, et ces<br />

principes de “ville à la carte” avec la plus grande mixité de fonctions<br />

possible se développent de plus en plus dans les métropoles.<br />

Enfin on pourrait me reprocher pour les hypo<strong>th</strong>èses du projet<br />

architectural de m’être trop focalisé sur les aspects de dynamique<br />

des flux et sur les relations transprogrammatiques, sans vraiment<br />

intégrer le contexte à la réflexion. Mais cet élément sera évidemment<br />

abordé dans la deuxième phase du diplôme. D’ailleurs l’analyse sur<br />

l’évolution typomorphologique de Sète réalisée au début de l’é<strong>nonc</strong>é<br />

sera précieuse aussi bien pour ce bâtiment que pour la stratégie de<br />

développement urbain.<br />

164


CONCLUSION | l’urbain doivent être définis. C’est à partir de la manipulation des<br />

Le travail pratique de diplôme est à la fois l’occasion : de<br />

développer une recherche globale sur un sujet urbain<br />

ou architectural universel et contemporain, et de proposer une<br />

flux et des événements que provoquent les réseaux, que les<br />

concepteurs rendront lisible et viable la ville dans laquelle nous<br />

évoluons, et surtout pourront imaginer de nouveaux schémas<br />

d’appropriation de la vile ou de la métropole.<br />

solution opérationnelle pour un cas concret posant Ainsi le projet (et la réflexion <strong>th</strong>é<strong>orique</strong> menée en parallèle) se<br />

problème.<br />

C’est le principe que j’ai essayé d’appliquer dans cet é<strong>nonc</strong>é<br />

<strong>th</strong>é<strong>orique</strong>, et que je tenterais de poursuivre dans la deuxième phase<br />

qui va débuter.<br />

concentrera : d’une part sur les objets interfaces qui sont les<br />

véritables éléments structurants de notre espace urbain et<br />

de notre façon d’appréhender la cité, et d’une autre part sur la<br />

manière de lier ces nouvelles entités aux traces, aux passés, aux<br />

Ma contribution à la réflexion générale se porte donc sur le concept<br />

de “ville portuaire en ce début de XXI° siècle” . Nous<br />

avons constaté que cet archétype urbain n’est pas mort, mais est<br />

simplement en cours de mutation.<br />

La ville-port doit devenir<br />

un laboratoire d’expérimentaions sur les nouvelles<br />

morphologies et nouvelles pratiques urbaines. Elle correspond à tous<br />

les domaines de préoccupations <strong>th</strong>é<strong>orique</strong>s contemporains :<br />

globalisation de l’économie, développement des moyens logistiques,<br />

métapolisation de l’urbanisation, regroupements en pôles<br />

stratégiques territoriaux... Examiner son fonctionnement et ses<br />

potentialités, c’est catalyser et réunir une source infinie de<br />

problématiques urbaines et architecturales de notre époque.<br />

identités, aux ambiances du secteur d’étude. Ce “bricolage”<br />

comme l’évoque Mme LAMUNIERE, ici, relèvera plus de la<br />

“biopsie” pour l’analyse des éléments existants et de la<br />

“chirurgie” pour leur reconfiguration dans cette nouvelle<br />

urbanité. Le développement durable est un concept<br />

associable à cette façon de projeter ; car le respect et la<br />

compréhension de l’environnement,<br />

ainsi que la<br />

recherche de solutions alternatives qu’il prône, sont en<br />

quelques sortes une syn<strong>th</strong>èse de la stratégie que j’envisage pour ce<br />

site (greffes urbaines basées sur l’existant et création de pôles<br />

stratégiques régulateurs du fonctionnement et des pratiques<br />

Sète de part son identité très forte apporte à cette<br />

urbaines). Ses implications devront être une priorité dans ma<br />

démarche.<br />

<strong>th</strong>ématique de nombreux éléments importants, et de part sa<br />

“virginité” en matière de restructuration urbaine, nous donne une<br />

certaine liberté et nous autorise plusieurs approches du problème.<br />

Par ailleurs ses enjeux spécifiques sont des contraintes, qui<br />

enrichissent les solutions proposées.<br />

Enfin il faut aussiréévaluer<br />

la fonction de l’architecte et<br />

de l’urbaniste,<br />

qui ne doivent pas simplement être des<br />

concepteurs prisonniers de leurs certitudes <strong>th</strong>é<strong>orique</strong>s ou<br />

techniques, mais également de réels acteurs sociaux .<br />

La régénération urbaine de la zone du canal de la Peyrade, et plus<br />

globalement des zones portuaires des villes maritimes, pourra<br />

s’effectuer si l’ on reconsidère le rôle des réseaux<br />

. De<br />

L’économie, les réseaux, les flux sont primordiaux, mais doivent être<br />

avant tout conçus pour être au service de la population qui les a créés.<br />

dans la constitution des espaces urbains<br />

nouveaux moyens de lecture et d’analyse de<br />

L’humanisme trop souvent exclu de l’élaboration de nos “villesterritoires<br />

contemporaines”, doit retrouver sa place dans<br />

la pratique de l’architecture.<br />

166


167<br />

BIBLIOGRAPHIE |


Port et ville |<br />

Sous la direction de C. CHALINE<br />

Ces ports qui créèrent des villes<br />

Editions de l’Harmattan, collection Maritimes, Paris, 1994<br />

Sous la direction de M. COLLIN<br />

Villes et port XVIII°-XX° siècles<br />

Editions de l’Harmattan, collection Maritimes, Paris, 1994<br />

Sous la direction de M. HOYET<br />

Europan 2 | résultats européens<br />

Habiter la ville | re-qualification de sites urbains<br />

Editions Techniques et Architecture, Paris, 1991<br />

Sous la direction de C. PRELORENZO | D. ROUILLARD<br />

Mobilité et es<strong>th</strong>étique<br />

Deux dimensions des infrastructures territoriales<br />

Editions de l’Harmattan, Paris, 2000<br />

Sous la direction de C. PRELORENZO<br />

Infrastructures, villes et territoires<br />

Editions de l’Harmattan, Paris, 2000<br />

C. PRELORENZO | P. DEHAN | V. PICCON-LEBVRE | C. SIMONNET<br />

La ville au bord de l’eau : une lecture <strong>th</strong>ématique d’europan 2<br />

Editions Paren<strong>th</strong>èses, Marseille, 1993<br />

P. QUARTERMAINE<br />

Building on <strong>th</strong>e sea<br />

Academy Editions, National Maritime Museum, London, 1996<br />

Ministère de l’éducation nationale<br />

Technopoles, axes, ports, tourisme urbain<br />

Editions du Comité des travaux Hist<strong>orique</strong>s et Scientifiques, Paris, 1991<br />

Plan Construction et Architecture, Ministère du Logement, France<br />

Villes portuaires, acteurs de l’environnement<br />

Quatrième conférence internationale Villes et Ports, Montréal, Canada<br />

Edition Association Internationales Villes et Ports, Le Havre, 1994<br />

Villes portuaires<br />

L’architecture d’aujourd’hui n°327 janvier-février 2001<br />

T. BAUDOIN | M. COLLIN | C. PRELORENZO<br />

Urbanité des cités portuaires<br />

Editions de l’Harmattan, collection Maritimes, Paris, 1997<br />

Ce livre est un recueil de textes traitant<br />

des rapports actuels et futurs des villes<br />

et de leurs ports. Le but est de<br />

comprendre comment les mutations<br />

des unes et des autres transforment le<br />

concept de cité-portuaire, mais aussi de<br />

savoir si ce terme a réellement encore<br />

un sens. Il s’agit autant d’un ouvrage<br />

d’état des lieux que de prospective.<br />

Les cahiers de la recherche architecturale 30/31<br />

Métropoles portuaires en Europe<br />

Barcelone | Gênes | Hambourg | Liverpool | Marseille | Rotterdam<br />

Editions Paren<strong>th</strong>èses, Paris, 1992<br />

Ce numéro des cahiers de la recherche<br />

architecturale présente plusieurs<br />

exemples de reconversions de cités<br />

portuaires en Europe. Plusieurs<br />

domaines sont analysés : économie,<br />

urbanisme, environnement. Il est<br />

intéressant de comparer des<br />

problématiques différentes et des<br />

solutions variées.<br />

168


169<br />

Théorie urbaine et architecturale |<br />

E. N. BACON<br />

D’A<strong>th</strong>ènes à Brasilia<br />

Editions sa, Lausanne , 1967<br />

B. BENEVOLO<br />

Histoire de la ville<br />

Editions Paren<strong>th</strong>èses, Marseille, 2000<br />

F. CHASLIN<br />

Deux conversations avec Rem KOOLHAAS et caetera<br />

Editions Sens & Tonka, collection entretien 10/vingt, Paris, 2001<br />

P. CHEMETOV<br />

20 000 mots pour la ville<br />

Editions Flammarion, Paris, 1996<br />

G. DUPUY<br />

L’urbanisme des réseaux. Théories et mé<strong>th</strong>odes<br />

Editions Armand Colin, Paris, 1991<br />

J. FERRIER<br />

Stratégies du disponibles<br />

Editions Passage piétons, Paris, 2000<br />

K. LYNCH<br />

L’image de la cité<br />

Editions Dunod, Paris, 1976<br />

P. PANERAI<br />

Analyse urbaine<br />

Editions Paren<strong>th</strong>èses, Marseille, 1999<br />

C. ROWE | F. KOETTER<br />

Collage city<br />

Massachusetts Institute of Technology, 1978<br />

R. KOOLHAAS<br />

Mutations<br />

Arc en rêve centre d’architecture & ACTAR, Bordeaux, 2000<br />

P. SANSOT<br />

Poétique de la ville<br />

Editions Armand Colin, Paris, 6°tirage,1996<br />

S. SASSEN<br />

La ville globale<br />

New York- Londres-Tokyo<br />

Editions L’Harmattan, Paris,1998<br />

Dans les villes | New York<br />

Chaire du professeur I. LAMUNIERE, Lausanne, 2002<br />

F. ASCHER<br />

Métapolis ou l’avenir des villes<br />

Editions Odile Jacob, Paris, 1995<br />

Dans cet ouvrage François ASCHER<br />

tente de <strong>th</strong>éoriser l’état actuel de la ville,<br />

ou plus exactement de l’urbanisation. Il<br />

démontre que la ville n’est pas morte,<br />

mais qu’elle est simplement en train de<br />

se recomposer sous une forme<br />

territoriale et discontinue. Il nomme<br />

cette forme de ville contemporaine : la<br />

métapole.<br />

A. PICON<br />

La ville territoire des cyborgs<br />

Editions de l’imprimeur, collection tranches de villes, Paris, 1998<br />

Cet essai analyse comment la<br />

technologie transforme l’homme, la ville<br />

et la perception de la ville. Antoine PICON<br />

emploie à propos de cette nouvelle<br />

urbanité, le terme de “ville territoire”. Le<br />

but est de réhabiliter l’image de la cité<br />

contemporaine et surtout de proposer<br />

de nouvelles clés de lectures urbaines.


Ouvrages philosophiques |<br />

G. DEBORD<br />

La société du spectacle<br />

Editions Buchet-Chastel, Paris, 1967<br />

M. FOUCAULT<br />

Dits et écrits II, 1976-1988<br />

Editions Gallimard, Paris, 2001<br />

Cet essai philosophique publié à la veille<br />

de mai 68 remet en cause la société de<br />

l’époque (qui par bien des aspects<br />

ressemble à la notre et qui l’a<br />

engendrée, d’ailleurs dans sa nouvelle<br />

préface pour l’édition de 1991 l’auteur<br />

affirme que sa <strong>th</strong>éorie critique n’a pas à<br />

être changée et est plus que jamais<br />

valable). Pour Guy DEBORD la société<br />

est entièrement dominée par<br />

l’économie marchande, la population<br />

n’étant plus finalement que spectatrice<br />

de sa propre aliénation, sans s’en rendre<br />

véritablement compte.<br />

La remise en cause de l’aménagement<br />

du territoire dans cet ouvrage est la<br />

partie qui nous concerne le plus.<br />

Dans ce recueil hétérogène de pensées,<br />

Michel FOUCAULT livre de nombreuses<br />

réflexions sur l’espace et ce qu’il induit<br />

sur la société. Inversement il montre<br />

comment les règles sociales<br />

bouleversent la perception et la<br />

constitution de l’espace. Le concept<br />

d’hétérotopie fut très précieux pour la<br />

compression du lieu portuaire..<br />

Ouvrages sur le travail et la production |<br />

J. BOISSONNAT<br />

Le travail dans vingt ans<br />

Editions Odile JACOB, Paris, 1995<br />

Sous la direction de F. BURKHARDT<br />

Lieux ? de travail<br />

Centre Georges POMPIDOU, Paris, 1986<br />

Ce livre publié par le centre Pompidou<br />

est un ouvrage prospectif présentant les<br />

mutations envisageables des modes de<br />

production et des espaces qui les<br />

accueillent.<br />

J. LARSEN | E. RODGERS<br />

La fièvre de la Silicon Valley<br />

Editions Londreys, New York, 1985<br />

P. MOATI<br />

L’entreprise du XXI° siècle<br />

Editions de l’aube DATAR, Paris, 2002<br />

Les entrées de ville : concilier efficacité commerciale et<br />

harmonie urbaine<br />

Compte rendu du colloque, les rendez-vous de l’architecture commerciale et<br />

de l’urbanisme<br />

Palais des Congrès, Paris, 1991<br />

170


171<br />

Ouvrages sur Sète |<br />

L.P. BLANC<br />

Sète, en cartes postales anciennes<br />

Editions C. LACOUR, Nimes, 1994<br />

J.P. CHAMPETIER | T. VIDAL<br />

Projet pour Sète<br />

Mémoire de diplôme d’architecture , UP8 Paris, 1979<br />

L. DERMIGNY<br />

Naissance et croissance d’un port. Sète de 1666 à 1880<br />

Institut d’études économiques, maritimes et commerciales, Sète, 1955<br />

Y. ROUQUETTE<br />

Sète et son archipel<br />

Editions Loubatières, Toulouse, 1993<br />

Sous la direction de J. SAGNES<br />

Histoire de Sète<br />

Editions Privat, Toulouse, 1987<br />

Il s’agit de l’ouvrage de référence (réalisé<br />

par des historiens des universités de la<br />

région) pour comprendre les multiples<br />

évolutions hist<strong>orique</strong>s, économiques, et<br />

urbaines, des origines de Sète en 1666,<br />

jusqu’à nos jours.<br />

D. VERGNES<br />

Sète : la ville et ses images<br />

Mémoire de maîtrise, université Paul Valéry de Montpellier, UFR III géographie<br />

20 km autour du Mont Saint-Clair<br />

Mini atlas de Sète et de sa périphérie<br />

INSEE Languedoc-Roussillon, Repère n°27, décembre 2000<br />

Bulletin de la chambre de commerce de Sète | 1986-2000<br />

Le journal de Sète | 1987-1996 et le Sétois | 1996-2001<br />

Ouvrages sur les rapports entre l’eau, le territoire et<br />

les réseaux |<br />

A. ALBARIC<br />

Aigues Mortes<br />

Editions du Vent Large, Aubagne, 1995<br />

Y. ARTHUS-BERTRAND | P. LE GUELVOUT<br />

Venezia dall’alto<br />

Editions Rizzoli, Milano, 1989<br />

D. B. BROWNLEE | D. G. DE LONG<br />

Louis I. Kahn : In <strong>th</strong>e Realm of Architecture<br />

Editions Rizzoli, The Museum of Contemporay Art Los Angeles, New York, 1991<br />

D. B. BROWNLEE | D. G. DE LONG<br />

Kahn<br />

Editions Thames and Hudson, London, 1997<br />

R. GIURGOLA | J. MEHTA<br />

Louis I. Kahn<br />

Studiopaperback, Zürich-München-London, 1979<br />

Cet ouvrage présente de façon très<br />

didactique l’oeuvre de Louis KAHN et<br />

notamment son projet urbain pour la ville<br />

de Philadelphie.<br />

L. GOELDNER-GIANELLA<br />

L’Allemagne et ses polders<br />

Conquête et renaissance des marais maritime<br />

Comité des Travaux Hist<strong>orique</strong>s et Scientifiques, Paris, 2000<br />

Chaire du professeur V. MANGEAT<br />

Amsterdam, enseignement in situ<br />

Département d’architecture, <strong>EPFL</strong>, Lausanne, 1998<br />

P. MARETTO<br />

Venezia Architettura del XX° secolo in Italia<br />

Editions vitali e ghianda, Genova, 1969


Revues et périodiques |<br />

Amc n°31, mai 1992<br />

Le palais des congrès de Nantes, Yves LION et Alain LEVITT<br />

par Pascal JOFFROY<br />

Amc n°61, mai 1995<br />

Saint-Nazaire et son port par Gilles DAVOINE<br />

Amc n°66, nov. 1995<br />

Gare maritime, Barneville-Carteret, Atelier Phileas<br />

Amc n°82, sept.1997<br />

Le territoire de l’étang de Berre : urbanisme, développement,<br />

environnement<br />

Amc n°99, jui.-juil. 1999<br />

En finir avec les ruptures, par Jacques LUCAN<br />

Amc n°120, nov. 2001<br />

Terminal passagers et véhicules du port de Nice, Jacques<br />

FERRIER<br />

Amc n°123, mars 2002<br />

Gare d’interconnexion à Lausanne, Bernard TSCHUMI<br />

Arca n°71, mai1993<br />

Ferry terminal (medium and ALSOP & STORMER) by Walter<br />

BIANCHI<br />

Arca n°106, juil-août1996<br />

Mihonoseki and Ferry terminal in Nagasaki, Shin Takamatsu<br />

by Maurizio VITTA<br />

Arca n°124, mars 1998<br />

Ariake ferry terminal, Nagasu, Toshiaki ISHIDA 1 assocaites,<br />

by Alessandro GUBITOSI<br />

Archiectectural review vol.193, n°1159, sept. 1993<br />

Ferry terminal, Hamburg (ALSOP & STORMER) by Layla<br />

DAWSON<br />

Architectural review vol.201, n°1203, mai 1997<br />

Ferry terminal and museum, Mihonoseseky, Japan, Shin<br />

TAKAMATSU<br />

Architèse vol. 25, n°6, nov.-déc.1995<br />

Whitehall ferry terminal, New York NY<br />

Bauwelt vol. 84, n°7, fév.1993<br />

Ferry terminal (medium and ALSOP & STORMER) by Gotz-<br />

Armin JOAS<br />

L’Architecture d’aujourd’hui n°291, fév. 1994<br />

Debarcadere ferry a Hambourg, ALSOP & STORMER<br />

L’Architecture d’aujourd’hui n°327, jan.-fév. 2001<br />

Villes portuaires<br />

L’Architecture d’aujourd’hui n°324, sept.-oct. 1999<br />

Un port médiateur, ferry terminal, Foreign Office, Yokohama,<br />

Japon<br />

Japan architect n°14(2), summer 1994<br />

Nagasaky ferry terminal<br />

Libération jeudi 19 septembre 2002<br />

Sacré patrimoine : la transmission d’un passé idéalisé<br />

semble être l’expression d’une peur de l’avenir<br />

Quaderns n°183, oct.-déc. 1989<br />

project for a terminal by Rem KOOLHAAS<br />

Technique et Architecture n°409, août-sept. 1993<br />

Concrete and <strong>th</strong>e tides : ferry terminal, Hamburg, ALSOP &<br />

STORMER, by Marie-Christine LORIERS<br />

Technique et Architecture n°432, juil. 1997<br />

Friches industrielles et urbaines<br />

172


173<br />

Annexes |<br />

Les documents mis en annexe ne sont pas liés avec l’é<strong>nonc</strong>é<br />

<strong>th</strong>é<strong>orique</strong>, afin qu’ils puissent être consultés simultanément pendant<br />

la lecture.<br />

- | extrait carte d’état major Sète/Cap D’Agde | 1/25 000° |<br />

| source : IGN (Institut Géographique National) |<br />

- | photo aérienne du site et de son environnement | 1/10 000° |<br />

| source : Services Maritimes et de la Navigation de Sète |<br />

- | photo aérienne du site | 1/5 000° |<br />

| source : Services Maritimes et de la Navigation de Sète |<br />

- | plan cadastral du site et de son environnement | 1/10 000°|<br />

| source : Service du cadastre, Mairie de Sète |<br />

- | plan cadastral du site | 1/5 000°|<br />

| source : Service du cadastre, Mairie de Sète |


11 | DONNÉES COMPLÉMENTAIRES<br />

Suite à la première critique des informations complémentaires permettant de mieux définir la stratégie globale ont été demandées ; voici donc ces données utiles à<br />

bien des égards.<br />

174


175<br />

11 | Données complémentaires _11|1|Statistiques sur le trafic routier autour et dans Sète<br />

11 | 1 | Statistiques sur le trafic routier autour et dans Sète<br />

Sur ces trois cartes on peut noter la prépondérance de la RN 112 qui<br />

pénètre sur le secteur d’étude, ainsi que de la RN 3OO connectée à<br />

l’axe majeur de la région : l’autoroute A9, et qui débouche<br />

indirectement sur la route de Montpellier.<br />

Selon les axes, en été le trafic augmente entre 30 et 70%.<br />

L’entrée Est est le point de passage obligé des automobilistes venant<br />

de l’agglomération montpelliéraine et également de la très grande<br />

majorité des estivants venant soit de l’autoroute (la sortie de Sète<br />

débouche quelques kilomètres plus loin sur l’entrée Est), soit de la<br />

côte par la RN 112.<br />

La RN 112 venant du Cap d’Agde est un axe relativement peu<br />

fréquenté.<br />

La petite ville de Frontignan (20000 habitants) renforce encore plus<br />

la prépondérance de la RN 112.<br />

L’axe stratégique qu’est la RN 112 nous encourage à trouver des<br />

solutions pour réguler le trafic automobile dès l’entrée Est de la ville.


Comptages routiers 2000<br />

Moyennes journalières annuelles<br />

Comptages routiers 2000<br />

Moyennes journalières été (juillet-août)<br />

Comptages routiers 2000 -<br />

autoroute A9<br />

Moyennes journalières annuelles et estivales<br />

11 | Données complémentaires _ 11 | 1 | Statistiques sur le trafic routier autour et dans Sète<br />

SÈTE<br />

SÈTE<br />

SÈTE<br />

RN 112<br />

RN 112<br />

RN 112<br />

176


177<br />

11 | Données complémentaires _11|1|Statistiques sur le trafic routier autour et dans Sète<br />

BALARUC<br />

750v/j navette D/T<br />

900 v/j entrée Nord<br />

navette D/T<br />

RN 300<br />

SETE<br />

300 v/j entrée Ouest<br />

navette D/T<br />

A9<br />

FRONTIGNAN-<br />

LAPEYRADE<br />

1500 v/j navette D/T<br />

RN 112<br />

Touristes été + Passagers ferries<br />

3000 v/j été<br />

3800 v/j entrée Est<br />

navette D/T<br />

MONTPELLIER<br />

350 v/j navette D/T<br />

Carte de provenance des automobiles pénétrant quotidiennement à Sète


11 | Données complémentaires _ 11 | 1 | Statistiques sur le trafic routier autour et dans Sète<br />

| Résumé des Statistiques fondamentales sur<br />

le trafic automobile |<br />

source INSEE<br />

1| NAVETTES DOMICILE/TRAVAIL<br />

(commune X > Sète)<br />

- + de 5000 véhicules/jour<br />

- dont 3800 empruntent l'entrée Est<br />

(via RN 300 - RN 112 -A9)<br />

- 1500 viennent de Frontigan + (43 pers. en transports en<br />

communs)<br />

- 350 viennent de Montpellier + (34 pers. en transports en<br />

commun)<br />

- 1900 viennent d'ailleurs<br />

- [750 viennent de Balaruc via la D 2E6+ (8 pers. en transports<br />

en commun)]<br />

2| PASSAGERS FERRIES<br />

- ferry Marrakech 224 véhicules (max.)<br />

- ferry Captain Zamam II 250 véhicules (max.)<br />

- ferry Giula d'Abundo 240 véhicules (max.)<br />

3| TOURISTES ETE (mi-juin à mi-septembre)<br />

- augmentation de 50% du trafic automobile<br />

- diminution de 30% des navettes domiciles/travail<br />

- estivants = 3000 véhicules/jour via entrée Est<br />

- navettes = 2600 véhicules/jour<br />

4| GARE AUTO-TRAIN SETE-MONTPELLIER<br />

- 180 places de parking (cf. gare auto-train d'Avignon)<br />

5| HABITANTS DU CENTRE-VILLE<br />

- pas de prise en compte particulière dans la stratégie<br />

178


179<br />

11 | Données complémentaires _11|1|Statistiques sur le trafic routier autour et dans Sète<br />

Nature et quantification du trafic automobile<br />

PERIODE NORMALE (octobre > mai)<br />

jour de semaine sans ferry<br />

jour de semaine + 1 ferry<br />

jour de semaine + 2 ferries<br />

jour de week-end sans ferry<br />

jour de week-end + 1 ferry<br />

jour de week-end + 2 ferries<br />

PERIODE ESTIVALE (juin > septembre)<br />

jour de semaine sans ferry<br />

jour de semaine + 1 ferry<br />

jour de semaine + 2 ferries<br />

jour de week-end sans ferry<br />

jour de week-end + 1 ferry<br />

jour de week-end + 2 ferries<br />

4000 v/j<br />

4300 v/j<br />

4600 v/j<br />

1400 v/j<br />

1700 v/j<br />

2000 v/j<br />

5800 v/j<br />

6100 v/j<br />

6400 v/j<br />

4300 v/j<br />

4600 v/j<br />

4900 v/j<br />

17%<br />

29%<br />

6%<br />

6%<br />

7%<br />

2%<br />

9%<br />

14%<br />

5%<br />

1%<br />

3%<br />

1%


La route de Montpellier, qui est le<br />

prolongement urbain de la RN 112, est l’axe le<br />

plus fortement sollicité dans la ville de Sète. Et<br />

ceci par les trois catégories majeures<br />

d’automobilistes : les travailleurs, les touristes<br />

et les habitants de la ville.<br />

Une refonte totale de la stratégie de circulation<br />

automobile et des transports en communs doit<br />

être entreprise.<br />

Les potentialités du canal de la Peyrade et de<br />

son environnement, seront les atouts majeurs<br />

du projet.<br />

11 | Données complémentaires _ 11 | 1 | Statistiques sur le trafic routier autour et dans Sète<br />

180


181<br />

11 | Données complémentaires _11|2|Enquête auprès des usagers des ferries du port de Sète<br />

11|2|Enquête auprès des usagers des ferries du<br />

port de Sète<br />

| Départ du Marrakech [Sète-Tanger] |<br />

| 11-01-2003 | 14h00-20h00 | bassin Orsetti |<br />

1| nationalités :<br />

70% d'origine marocaine | 30% autres<br />

2| lieu de provenance :<br />

55% France | 45% Europe<br />

3| les conditions d'accès à la gare maritime sontelles<br />

correctes ?<br />

88% correctes | 8% moyennes | 4%<br />

mauvaises


4| combien de temps arrivez-vous avant le départ ?<br />

la veille 10% | 4h avant 70% | 2h avant 20%<br />

5| Quand vous arrivez à Sète où vous garez-vous ?<br />

91% directement parking d'attente | 9%<br />

ailleurs<br />

11 | Données complémentaires _ 11 | 1 | Statistiques sur le trafic routier autour et dans Sète<br />

6| Est-ce que vous vous éloignez de votre voiture ?<br />

54% oui | 46% non<br />

7| si vous sortez de la voiture que faites-vous ?<br />

80% buvette | 30% balade en ville<br />

25% restaurant | 15% shopping<br />

182


183<br />

11 | Données complémentaires _11|2|Enquête auprès des usagers des ferries du port de Sète<br />

8| que faites-vous dans la voiture ?<br />

65% rien-discussion... | 50% manger<br />

35% dormir-repos... | 25% radio-lecture...<br />

9| Que manque t-il à la gare maritime ?<br />

90% cafés-bistrots | 80% restaurants<br />

70% commerces | 50% activités- loisirsdivertissements<br />

10| que manque t'il au parking d'attente ?<br />

75% protection solaire | 60% aire de jeuxloisirs-détente<br />

30% surveillance parking<br />

11| y-a-t'il des vols dans le parking ?<br />

95% non


11 | Données complémentaires _ 11 | 1 | Statistiques sur le trafic routier autour et dans Sète<br />

184


12 | RAPPORT DE SYNTHÈSE<br />

Rendre de compte de l’évolution du travail est un acte fondamental de la démarche didactique d’un diplôme de fin d’étude. Un bref résumé des différentes critiques<br />

permet aussi de mieux comprendre le cheminement de la pensée et donc le résultat final.<br />

186


187<br />

12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _12|1|Critique 1 / 08-01-2003<br />

12 | 1 | Critique 1 / 08-01-2003<br />

Cette première critique est l’occasion de débuter le débat autour des<br />

premières idées développées dans l’é<strong>nonc</strong>é <strong>th</strong>é<strong>orique</strong> et de proposer<br />

les prémices d’un parti architectural pour le projet de gare maritime.<br />

Le masterplan présenté ici reprend les principes d’aménagement<br />

élaborés dans le mémoire et propose en plus l’inventaire des<br />

parcelles et des bâtiments appropriables ou pas. La mixité des<br />

fonctions est ici l’idée directrice de la stratégie de développement,<br />

ainsi que la mise en scène des flux. Trois interfaces d’échanges<br />

régulent le site.<br />

Une esquisse pour le projet architectural est présentée sous forme<br />

de plan et de maquette. Les différents flux qui s’interpénètrent,<br />

structurent le projet. Des rampes en pentes douces permettent à la<br />

fois de gérer rationnellement les flux des divers programmes et de<br />

mettre en scène le mouvement des personnes et des moyens de<br />

transport. Grâce aux failles la lumière pénètre le plus en profondeur<br />

possible pour éclairer le parking d’attente se trouvant sous le<br />

bâtiment. Les multiples programmes sont disposés dans des boites<br />

de telle manière à offrir des cadrages sur le paysage et sur les ferries.<br />

Globalement l’é<strong>nonc</strong>é <strong>th</strong>é<strong>orique</strong> a plutôt été apprécié, même si<br />

certaines réserves ont été apporté sur la forme rendant parfois la<br />

lecture moins agréable, et d’autre part le souci d’exhaustivité a<br />

allongé certaines parties qui aurait pu être plus brèves. Un<br />

complément concernant l’ambiance de la gare maritime et la<br />

“sociologie” des voyageurs a été demandé, et également des données<br />

chiffrées relatives au trafic automobile de l’ensemble du secteur. Ces<br />

éléments qui m’ont été extrêmement utiles pour la suite du<br />

processus de conception figurent en préambule à ce rapport de<br />

syn<strong>th</strong>èse.<br />

En ce qui concerne le projet urbain il apparaît un<br />

surdimensionenment des infrastructures d’échange, celle de la gare<br />

étant certainement superflue pour une ville de la taille de Sète. Les<br />

passerelles transversales sont trop démonstratives et pour la<br />

plupart d’entre-elles inutiles. Aussi une liaison plus forte entre<br />

l’aménagement de la zone et la gare maritime est demandée, afin de<br />

mieux assurer la continuité entre le secteur du canal de la Peyrade et<br />

la vieille ville. Les transports en communs doivent être reconcentrés<br />

le long du canal.<br />

Mais la vocation des secteurs (zone industrialo-portuaire,<br />

réaménagement urbain, processus de “végétalisation” n’est pas<br />

remis en cause).<br />

Le projet architectural dans cette phase est peu critiqué, car peut<br />

être encore trop précoce dans la réflexion. Toutefois la solution<br />

d’intégrer le parking d’attente sous le bâtiment est réfutée, à cause<br />

du sentiment de claustrophobie et d’insécurité qu’il peut provoquer.


Stratégie de développement<br />

Canal Maritime<br />

NOUVEAU<br />

BASSIN<br />

BASSIN<br />

ORSETTI<br />

Quai F<br />

12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _12|1|Critique 1 / 08-01-2003<br />

DARSE2<br />

188<br />

Digue EST


189<br />

12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _12|1|Critique 1 / 08-01-2003<br />

Perspectives d’ambiance du canal


Photos de maquette du projet architectural<br />

12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _12|1|Critique 1 / 08-01-2003<br />

190


191<br />

12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _12|2|Critique 2 / 12-02-2003<br />

12|2|Critique 2 / 12-02-2003<br />

Après réflexion l’idée de mixité des zones est petit à petit abandonnée<br />

pour des soucis de logique fonctionnelle. Désormais il n’existe plus<br />

que deux interfaces d’échange : un P+R à l’entrée Est de la ville et la<br />

gare maritime.<br />

Elles sont suppléées par un grand parking en plein air servant à gérer<br />

l’afflux supplémentaire de voiture en été. Ce parking est paysagé et<br />

accueille alimente le site en énergie grâce à des éoliennes et de<br />

cellules phot-voltaïques.<br />

La zone industrialo-portuaire est aménagée en “technoparc” avec<br />

une façade vitrine en front de canal constituée de bâtiments-bureaux.<br />

La rive droite du canal est largement densifiée d’une part grâce à la<br />

réhabilitation des anciens chais qui servent de points d’accroche à<br />

une urbanisation très structurée.<br />

Cette urbanisation s’intègre dans le nouveau parc qui est ry<strong>th</strong>mé par<br />

des bandes transversales <strong>th</strong>ématiques, dont le but est de drainer le<br />

maximum de personnes vers le canal.<br />

Un tramway à vocation extra-urbaine relie le centre ville de Sète à<br />

celui de la petite ville voisine de Frontignan (distante de 7 km).<br />

L’objectif est de faire chuter de manière assez conséquente le<br />

nombre de voitures dites pendulaires venant de la commune<br />

mitoyenne.<br />

Le projet architectural de gare maritime reprend les principes<br />

é<strong>nonc</strong>és lors de la critique 1. Le parking d’attente se développe dans<br />

le prolongement des autres programmes dans le périmètre de la<br />

zone portuaire, sous une pergola et dans une aire aménagée en parc,<br />

afin de rendre l’attente plus agréable.<br />

L’idée du technoparc est acceptée mais la séparation entre<br />

bâtiments de production et bâtiments vitrines semble contreproductive.<br />

Aussi la gestion des différents flux n’apparaît pas encore<br />

suffisamment réglée pour gérer efficacement le secteur (camion,<br />

voitures ferries, tramway...).<br />

Le traitement de la rive droite semble trop directif et trop volontariste,<br />

ce qui entraîne des aménagements pas toujours judicieux. Il serait<br />

plus correct de traiter certains éléments en particuliers, comme le<br />

boulevard longeant le canal par exemple, qui pourraient servir<br />

d’amorce à une future urbanisation de la zone. En fait il faut laisser<br />

plus de liberté aux futurs intervenants, s’appuyer sur les traces<br />

hist<strong>orique</strong>s du lieu et ne pas projeter des équipements qui à leur<br />

actuel sont trop précoces pour savoir si ils auront une réelle utilité.<br />

Le parking paysagé est jugé superflu, le P+R doit régler à lui seul les<br />

problèmes d’échanges modaux.<br />

Enfin le projet architectural dans sa congestion de programmes<br />

apparaît comme trop riche, et la volonté de recréer une ville dans la<br />

ville semble ne pas être à l’échelle de Sète. Il est donc demandé de<br />

traiter la gare maritime et le parking d’échange à l’entrée de la ville.


Stratégie de réorganisation des flux<br />

à l’échelle de la ville et de l’agglomération<br />

BALARUC<br />

?<br />

CENTRE VILLE DE SETE<br />

TERMINAL FERRY<br />

PARKING PAYSAGE<br />

2<br />

CENTRE VILLE<br />

DE FRONTIGNAN<br />

LA PEYRADE<br />

TRAMWAY<br />

INTERAGGLOMERATION<br />

3<br />

INTERFACE<br />

D’ECHANGE<br />

1|<br />

- Voitures navettes travail-domicile<br />

2|<br />

- Voitures ferries<br />

- Voitures auto-train<br />

- Camions technopôle<br />

3|<br />

- Touristes été<br />

- Visiteurs équipements/manifestations<br />

de la nouvelle zone<br />

1<br />

192


193<br />

12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _12|2|Critique 2 / 12-02-2003<br />

Photos de maquette du projet urbain


Stratégie de développement urbain<br />

Panoramas sur les rives du canal<br />

12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _ 12 | 2 | Critique 2 / 12-02-2003<br />

194


191<br />

paquebotcroisière<br />

12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _12|2|Critique 2 / 12-02-2003<br />

+ 11.00<br />

gare maritime paquebots +7.00<br />

parvis d'accueil Ouest<br />

+/- 0.00<br />

+ 11.00<br />

+7.00<br />

+/- 0.00<br />

parvis d'accueil Ouest<br />

Coupes sur le projet<br />

wc<br />

cuisine<br />

cafétéria comptoire cafétéria<br />

balcon<br />

belvédère<br />

salon d'attente V.I.P.<br />

-4.00<br />

+ 16.00<br />

-4.00<br />

dépôts magasins dépôts magasins dépôts magasins<br />

local technique local technique dépôts magasins dépôts magasins local technique<br />

balcon<br />

belvédère<br />

accèsauxnavires<br />

salle de pré-embarquement<br />

salledepré-embarquement<br />

balcon<br />

belvédère<br />

magasins /<br />

boutiques<br />

parking auto/train<br />

+ 16.50<br />

magasins / boutiques magasins / boutiques magasins / boutiques parking d'attente<br />

restaurant<br />

esp.<br />

détente<br />

administration<br />

salle de réunion<br />

prolongement extérieur<br />

boutiques<br />

cuisine<br />

sas<br />

local dépôt<br />

archives<br />

archives<br />

sas<br />

wc-douches<br />

auditorium 1<br />

90 places<br />

auditorium 2<br />

90 places<br />

poste de<br />

commande<br />

sas<br />

sas<br />

magasins /<br />

boutiques<br />

foyer<br />

salle petit déjeuner<br />

petit<br />

amphi<strong>th</strong>éatre<br />

225 places<br />

magasins /<br />

boutiques<br />

cuisine<br />

salon meublé<br />

vestiaire<br />

vestiaire<br />

personnel<br />

adm.<br />

grand<br />

foyer<br />

réception<br />

jardin d'hiver<br />

bar<br />

toilettes<br />

parvis d'accueil Est<br />

dortoire 5 places dortoire 5 places<br />

dépôt<br />

préparation<br />

grand<br />

amphi<strong>th</strong>éatre<br />

600 places<br />

magasins /<br />

boutiques<br />

salle de pré-embarquement<br />

wc-douches<br />

douane<br />

jeux pour<br />

balcon<br />

balcon<br />

enfants<br />

mosquée balcon<br />

belvédère<br />

belvédère<br />

belvédère<br />

vestiaires<br />

accès aux navires salle de fouille<br />

personnel<br />

accès aux navires<br />

giula d'abundo le saint clair marrakech<br />

Plan du niveau 1<br />

wc<br />

prolongement extérieur<br />

boutiques<br />

sas<br />

sas<br />

sas<br />

information<br />

sas<br />

sas<br />

sas<br />

hôtel *<br />

sas<br />

sas<br />

prolongement extérieur<br />

boutiques<br />

balcon<br />

belvédère<br />

jardin d'hiver<br />

/ salon<br />

foyer<br />

comptoire cafétéria<br />

parvis<br />

d'accueil Est<br />

salle de travail<br />

60 m²<br />

toilettes<br />

salle de travail<br />

60 m²<br />

cuisine wc<br />

cafétéria<br />

salle de travail<br />

100 m²<br />

salle de travail<br />

190 m²<br />

magasins /<br />

boutiques<br />

terrasse hôtel<br />

buanderie<br />

/ économat<br />

parking d'attente<br />

terrasse de loisirs / détente<br />

+6.00<br />

terrasse de loisirs / détente<br />

+6.00<br />

terrasse loisirs-détente / jeux pour enfants / solarium / pétanque


Photos de maquette du projet architectural<br />

12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _ 12 | 2 | Critique 2 / 12-02-2003<br />

196


197<br />

12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _12|3|Critique 3 / 26-03-2003<br />

12|3|Critique 3 / 26-03-2003<br />

Le principe adopté lors de cette phase est de disposer à des endroits<br />

stratégiques des éléments fonctionnels qui auront pour double<br />

objectif de réguler la gestion des flux du site et d’être les points de<br />

fixation d’une urbanisation futures. Ces “peacemakers” sont aux<br />

nombres de deux : le terminal passagers-voitures, qui gère l’entrée<br />

maritime de la ville ; et le parking d’échange en bout du canal de la<br />

Peyrade qui gère l’entrée routière Est.<br />

Parallèlement quatre zones sont clairement définies, c’est de leurs<br />

contacts que naîtront des interactions nouvelles, génératrices de<br />

nouvelles urbanités. Ainsi on peut énumérer : la zone portuaire dont le<br />

secteur est totalement exclu du processus de développement ; le<br />

technoparc dont les fonctions et la gestion des flux ont été<br />

considérablement rationalisés tout en tenant compte des<br />

entreprises encore en action sur le site ; la zone potentielle de<br />

développement urbain, essentiellement restructurée dans un<br />

premier temps par l’aménagement du quai des Moulins en boulevard<br />

promenade animé par le passage du tramway ; enfin la zone paysagée<br />

ancienne friche ferroviaire qui par l’encouragement du processus de<br />

“végétalisation” et la conservation des anciennes traces industrielles<br />

est transformée poumon vert de la ville.<br />

La gare maritime obéit maintenant à un parti architectural simple :<br />

une résille métallique servant de protection solaire au parking<br />

d’attente unifie l’ensemble des éléments du bâtiment et se développe<br />

en jardin suspendu qui permet d’offrir une attente plus agréable est<br />

plus intéressante aux passagers (rapport à la nature, aux bateaux, au<br />

paysage...).<br />

Le P+R essaie d’appartenir à la fois à la famille architecturale des<br />

bâtiments de production du technoparc et de la gare maritime<br />

(épanelage, matériaux, proportions, volumétrie...). Ainsi la résille<br />

métallique protectrice devient verticale et enveloppe les aires de<br />

stationnements superposées. La création de failles lumineuses et<br />

l’emploi d’une structure métallique participent à la création d’une<br />

ambiance et d’un confort supérieur. L’objectif est de renforcer<br />

l’attractivité de ce lieu. L’intermodalité du parking est prolongée avec<br />

l’intégration de la gare auto-train.<br />

Dans l’ensemble la stratégie urbaine est validée, seuls le<br />

traitement paysagé de la friche ferroviaire et la réaffectation du<br />

bassin du midi en aire de carénage apparaissent comme superflu<br />

par rapport au schéma global. Laissons la nature redevenir le<br />

maître de ce lieu et donnons lui la possibilité de recréer une<br />

nouvelle ambiance, ces zones serviront de réserves foncières à<br />

moyen et long terme.<br />

Les positions retenues pour le terminal passagers-voitures et le<br />

parking d’échange semblent aller dans le bon sens. Mais il est relevé<br />

que les divers éléments, qui sont correctement positionnés pour le<br />

fonctionnement de la zone et pour le fonctionnement intrinsèque de<br />

ces deux entités, sont trop juxtaposés les uns par rapport aux autres.<br />

Les parties constitutives des deux projets doivent être mieux liées<br />

entre-elles notamment par le travail de la peau-résille protectrice et<br />

par la création d’une spatialité plus intéressante des lieux d’accueil et<br />

de transition.


12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _12|3|Critique 3 / 26-03-2003<br />

Stratégie d’aménagement<br />

198<br />

Vue depuis la rive droite du canal


199<br />

12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _12|3|Critique 3 / 26-03-2003<br />

Photos de maquette du projet urbain


12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _12|3|Critique 3 / 26-03-2003<br />

200


201<br />

12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _12|3|Critique 3 / 26-03-2003


Photos de maquette de la gare maritime<br />

12 | Rapport de syn<strong>th</strong>èse _12|3|Critique 3 / 26-03-2003<br />

202


13 | PRESENTATION DU PROJET FINAL<br />

Ce chapitre qui clôture le travail pratique du diplôme à pour but de présenter les conclusions de ces septs mois de réflexion ainsi que la matérialisation finale du projet.<br />

204


205<br />

13 | Présentation du projet final _13|1|Projet urbain [stratégie de développement]<br />

13|1|Projet urbain [stratégie de développement]<br />

Le projet que je propose doit être considéré comme une stratégie<br />

globale ayant pour objectif d’assurer le développement harmonieux<br />

de la zone du canal de la Peyrade et par induction régler des<br />

problèmes concrets qui pénalisent actuellement l’ensemble de la ville.<br />

Trois principes structurent la stratégie.<br />

D’abord (et ceci est emprunté aux <strong>th</strong>éories développées par Antoine<br />

PICON) commencer à structurer et à rationaliser l’espace urbain par<br />

la gestion des divers flux et réseaux qui quadrillent le site, ainsi<br />

l’urbanisme intègre les notions de mouvement et de temps dans<br />

l’espace.<br />

Ensuite attribuer des vocations aux divers secteurs qui composent la<br />

zone, en jouant sur les divers degrés de restructurations possibles à<br />

court, moyen et long terme.<br />

Enfin par la création d’éléments positionnés à des emplacements<br />

stratégiques, un peu comme des pacemakers qui permettent à un<br />

organisme de se réguler et de mettre en phase les nombreux flux qui<br />

le font fonctionner, j’espère donner les bases au site et à la ville d’une<br />

nouvelle régénération urbaine (”...sur la base d’un possible<br />

développement de la ville de l’intérieur, où programmes et projets, à la<br />

manière de pacemakers, de greffes et de pro<strong>th</strong>èses, évoquent sa<br />

capacité à se régénérer” Inès LAMUNIERE dans le texte de présentation de<br />

l’atelier 2001-2002 easyBed.london : “La ville, doux cauchemard ou rêve tragique? ).<br />

Ici les pacemakers sont deux interfaces assurant l’intermodalidés<br />

entre plusieurs types de transports.<br />

La régulation des flux<br />

Avant d’envisager un aménagement plus précis il faut redessiner la<br />

carte des trajets des divers transports et reconsidérer leurs<br />

interactions.<br />

Premièrement comme nous venons de le citer précédemment la<br />

solution est d’ancrer aux endroits régulateurs du site des bâtiments<br />

interfaces qui serviront de points d’accroches et assureront les<br />

transferts modaux. Il s’agit : du P+R à l’entrée Est de la ville, ainsi que<br />

de la gare maritime à l’articulation du port de la vieille ville et de la zone<br />

à restructurer. Sept réseaux différents sont répertoriés sur le site.<br />

Les pendulaires se déplaçant en voiture : venant pour une très grande<br />

majorité depuis la RN 300, la RN 112 et l’A9, ils pénètrent dans la ville<br />

par l’entrée Est. La tactique est de les bloquer dès cet endroit dans le<br />

parking d’échange situé sur la rive gauche du canal, la rive industrialoportuaire.<br />

De ce point ils peuvent emprunter le nouveaux réseau de<br />

transports en commun.


Les transports en communs : il est apparu intéressant de compléter<br />

le réseau actuel par la création d’une ligne de tramway qui reprend<br />

l’ancien tracé de la ligne qui existait avant la seconde guerre<br />

mondiale. Elle relie les “pacemakers” de transferts modaux<br />

principaux (gare SNCF, gare maritime, P+R). La solution retenue<br />

aussi a été de prolonger la ligne jusqu’au centre ville de la cité voisine<br />

de Frontignan (distance de centre à centre : 7 km) dans l’optique de<br />

faire chuter de manière significative le nombre de pendulaires venant<br />

de cette ville en voiture (+ de 1500). La réflexion s’est donc élargie à<br />

l’ensemble de l’agglomération.<br />

Les voies du tramway empruntent la rive droite du canal, qui nous le<br />

verrons ultérieurement sera la rive urbaine du site. Son passage<br />

générera une certaine animation.<br />

Les touristes en période estivale : comme les pendulaires ils arrivent<br />

principalement par l’entrée Est de la ville, la même stratégie est<br />

appliquée : parcage au P+R et utilisation des transports en commun<br />

pour rejoindre les sites touristiques en ville. En été une ligne de<br />

vaporetto peut éventuellement être mise en service afin de proposer<br />

un mode de locomotion plus ludique et qui permettrait de faire<br />

découvrir les particularités du réseau aquatique de Sète. L’afflux<br />

supplémentaire de touristes l’été est compensé en partie par le<br />

départ en vacance de certains pendulaires.<br />

Les passagers des ferries en voiture : ce réseau appartient de part sa<br />

nature au trafic portuaire, c’est pourquoi ces usagers dès l’entrée de<br />

ville restent sur la rive gauche et empruntent la voie de circulation de<br />

la zone industrialo-portuaire en bordure du canal pour rejoindre la<br />

zone portuaire et la gare maritime. Cette discrimination de flux<br />

permet de clarifier et de rationaliser la répartition des flux dits<br />

techniques et des flux dits urbains. Le réseau de déplacements<br />

urbains est délesté du trafic engendré par les activités portuaires, et<br />

ce dernier n’est pas perturbé par le fonctionnement intrinsèque de la<br />

ville.<br />

Les camions : ceci s’applique a fortiori à ce mode de transport<br />

technique qui dès l’entrée de ville est dirigé et cantonné à la rive<br />

gauche du canal où il peut desservir les zones portuaires et<br />

industrialo-portuaires.<br />

Les habitants de la vieille ville et les visiteurs : eux sont dévoyés à partir<br />

du grand échangeur sur la rive droite du canal et circulent sur le quai<br />

des moulins pour rejoindre le centre-ville. Il n’y a plus d’interférence<br />

entre eux et les camions (actuellement ils empruntent la même voie :<br />

la route de Montpellier, les accidents sont fréquents).<br />

13 | Présentation du projet final _ 13 | 1 | Projet urbain [stratégie de développement]<br />

Les réseaux de voies ferrées : il y a toujours deux réseaux : celui des<br />

passagers et celui du port. L’une des voies du réseau portuaire vient<br />

se greffer au P+R qui fait office également de gare auto/train, reliée<br />

efficacement par le tramway à la gare SNCF. Les deux types de gare<br />

sont donc relativement proches, ce qui est rarement le cas dans les<br />

autres villes. Cette gare auto-train sera celle de la région, Montpellier<br />

n’en disposant pas (il faut aller actuellement à Avignon ou Narbonne).<br />

Ainsi la spécialisation de la route de Montpellier (rive gauche) en voie<br />

de circulation technique et la requalification du quai des Moulins (rive<br />

droite) en boulevard urbain, donnent une meilleure lisibilité du site<br />

ainsi qu’une plus grande efficacité dans la gestion des réseaux.<br />

206


207<br />

13 | Présentation du projet final _13|1|Projet urbain [stratégie de développement]<br />

Vocations et restructurations des zones<br />

La nouvelle régulation des flux a commencé à définir la vocation de<br />

chacune des zones qui constituent le site. Le parti urbain est de tenir<br />

compte des potentialités en présence et de renforcer le caractère de<br />

chaque secteur.<br />

On dénombre quatre zones majeures.<br />

La zone portuaire : qui n’est pas exploitable à cause de contraintes de<br />

fonctionnement et de sécurité. C’est une sorte de glacis spatial.<br />

Toutefois les connexions visuelles et fonctionnelles avec le reste du<br />

site seront exploitées plus fortement qu’à l’heure actuelle.<br />

La zone industrialo-portuaire est transformée en “technoparc”.<br />

Comme nous l’avons démontré dans les chapitres précédents, les<br />

secteurs situés à l’intersection de la ville et du port sont très prisés<br />

par les entreprises. Ce sont des espaces de régénération urbaine et<br />

de développement économique pour la ville. L’objectif est donc de<br />

requalifier cette zone déstructurée et peu efficace en véritable parc<br />

productif et technologique, où entreprises, laboratoires, entrepôts,<br />

plates-formes multi-modales pourront s’installer et tirer parti à la fois<br />

: des possibilités de transferts modaux générées par le port, et de<br />

l’animation et des services qui s’offriront progressivement à eux sur<br />

la rive droite (la rive urbaine).<br />

L’aménagement de la zone est simple. La route de Montpellier<br />

longeant le canal est transformée en axe vert, il s’agit désormais<br />

d’une double voie avec un terre-plein central qui permet aux camions<br />

de franchir cet axe sans perturber et stopper le trafic pour atteindre<br />

les entreprises. La sécurité et la rapidité de déplacement sont ainsi<br />

accrues. L’aménagement paysagé de cet axe de circulation<br />

technique offre aux employés de la zone industrialo-portuaire un<br />

cadre beaucoup plus agréable pour travailler (promenade et aires de<br />

détente le long du canal de la Peyrade).<br />

Les entreprises dynamiques et en fonctionnement sont conservées,<br />

leurs connexions avec la route de Montpellier sont redessinées pour<br />

créer une meilleure accessibilité.<br />

Les entrepôts abandonnés, les entreprises disparues et les vides<br />

existants sont remplacés ou investis par de nouveaux bâtiments de<br />

production. Ils sont constitués de deux parties : en front de canal des<br />

bâtiments bas qui sont en quelques sortes une façade vitrine. Ils sont


13 | Présentation du projet final _ 13 | 1 | Projet urbain [stratégie de développement]<br />

208


209<br />

13 | Présentation du projet final _13|1|Projet urbain [stratégie de développement]<br />

les lieux de représentation des entreprises : accueil du public et des<br />

clients, bureaux, espaces de commercialisation... En deuxième partie<br />

de parcelle on trouve des bâtiments plus techniques, ils sont plus<br />

hauts, de caractère plus industriels et éclairés par un système de<br />

sheds orientés Nord-Sud (éclairage agréable et protection solaire<br />

facilitée). Ils peuvent servir : d’entrepôts, de laboratoires, d’espace de<br />

valorisation ou d’assemblage de la marchandise...). Leurs façadesavant<br />

disposent de portes auxquelles peuvent se greffer les camions,<br />

et leurs façades-arrière sont contiguës à un quai de chargementdéchargement<br />

pour les wagons de trains de la zone portuaire (des<br />

ponts roulants font transiter les marchandises d’une façade à<br />

l’autre). Tous ces bâtiments sont constitués de bandes structurelles<br />

de 15 m de portée. Chaque entreprise et libre d’acquérir le nombre<br />

de bandes qu’elle désire et de les organiser comme elle le veut : elles<br />

peuvent par exemple jouer sur le linéaire de bâtiments vitrines et sur<br />

le nombre de portes pour camions selon leurs besoins (le plan<br />

d’aménagement n’a de valeur qu’à titre d’exemple et propose une<br />

variante possible). Autre élément important du règlement<br />

d’aménagement de la zone : l’obligation de respecter un espacement<br />

de 30 m entre les bâtiments existants et les nouvelles constructions,<br />

afin d’une part de laisser des zones libres pour le stockage de<br />

marchandises et surtout pour aménager des cadrages sur la zone<br />

portuaire et donc mettre en scène l’activité industrielle.<br />

Ainsi c’est un véritable spectacle, une mise en scène de la fonction<br />

économique de la ville qui est proposée aux usagers et visiteurs se<br />

trouvant sur l’autre rive du canal (cf. perspective). Sète s’est toujours<br />

développée par et pour l’activité portuaire, c’est ce qui doit conduire<br />

notre stratégie de développement urbain et économique, c’est aussi<br />

pour cela qu’il est important de montrer cette animation particulière,<br />

que bien peu de villes possèdent sur leur territoire urbain (balais<br />

incessant des camions, mouvement des grues, sirènes des grues et<br />

des cargos, déplacements des wagons, paysage fascinant à la fois<br />

organique et construit des montagnes de vrac et des conteneurs...).<br />

Troisième secteur : les zones potentielles de développement urbain,<br />

majoritairement concentrées sur la rive droite du canal, secteur à<br />

vocation clairement urbaine. Leur restructuration est dans un<br />

premier temps moins développée que celle de la zone industrialo-<br />

portuaire, car le temps de l’expansion urbaine n’est pas celui du<br />

développement économique (dans le technoparc beaucoup<br />

d’éléments sont déjà en place et la construction des nouveaux<br />

bâtiments se fera par opportunités foncières et économiques<br />

progressivesmais toujours sur les mêmes bases). D’autre par les<br />

fonctions qu’elles doivent accueillir réclament beaucoup plus de<br />

souplesse qu’une zone industrielle, qui elle a besoin d’un<br />

fonctionnement stricte et d’un aménagement plus répétitif. En effet le<br />

mélange des fonctions urbaines hétérogènes (logements,<br />

commerces, équipements publics, loisirs, bureaux...) conduit à des<br />

aménagements plus progressifs et plus organiques. La stratégie<br />

s’appuie donc sur un phasage dans le temps, le but est de mettre en<br />

place des éléments qui serviront de points d’appui à une urbanisation<br />

future. C’est pour cela que dans un premier temps il est proposé de<br />

requalifier le canal et le quai des moulins sur la rive droite. Cet axe est<br />

connecté désormais au grand échangeur à l’entrée de ville ce qui<br />

permet de le transformer en un boulevard urbain faisant la liaison<br />

entre la périphérie et le centre de la ville. Son aménagement est<br />

constitué selon la séquence suivante : sur la berge des pontons en<br />

bois disposés pour atteindre les embarcations amarrées le long du<br />

canal ; un quai promenade avec des bancs et des aires appropriables<br />

par les pêcheurs à la ligne ; une piste cyclable (cette voie et la<br />

promenade se prolongent jusqu’au centre ville) ; les voies du tramway,<br />

la continuité du sol est constante ce qui permet de ne pas engendrer<br />

de coupure spatiale entre le canal et le reste de la rive (les rails sont<br />

intégrer dans le revêtement de sol, cf. le nouveau tramway de<br />

Montpellier) ; une bande végétalisée ponctuée par des pins parasols,<br />

ils apportent de l’ombre aux piétons et aux cyclistes et sont disposés<br />

en retrait de la promenade pour ne pas masquer la vue sur le Mont<br />

Saint-Clair (cadré selon la perspective du canal) ; une voie urbaine<br />

pour automobiles à double sens (le quai des Moulins), son<br />

dimensionnement est le plus resserré possible et le nombre de voie<br />

est réduit au minimum afin de limiter la vitesse du trafic, de lui faire<br />

perdre son image de pénétrante et de lui donner un caractère urbain.<br />

Autres éléments fondateurs du développement urbain à long terme :<br />

la requalification des anciens chais abandonnés, dont les qualités<br />

spatiales ou architecturales sont potentiellement utilisables. Sur le<br />

schéma représentant la stratégie, sont répertoriés les bâtiments<br />

susceptibles d’être réhabilités par d’éventuels investisseurs privés ou<br />

publics. La municipalité a déjà envisagé ce type d’interventions, ainsi le<br />

chais “Paul Boyé” doit être prochaine transformé en supermarché,


13 | Présentation du projet final _ 13 | 1 | Projet urbain [stratégie de développement]<br />

Le<br />

un autre projet à l’ambition de reconvertir le chais “Agrocannet” en complexe sportif... Mais l’on pourrait envisager bien d’autres fonctions<br />

complémentaires : multiplexe, salle de spectacle, musée, équipements publics divers. Ces anciens bâtiments seront réservés à des fonctions et des<br />

programmes structurants, susceptibles de générer d’autres activités et d’attirer du monde, et donc de développer une nouvelle urbanité. La stratégie<br />

est donc de s’appuyer sur les éléments en place, que se soit des bâtiments existants, ou des traces qui perdurent (parcelles, voies routières et de<br />

chemin de fer)... A moyen et long terme de nouvelles constructions compléteront ou remplaceront celles qui sont déjà là, mais toujours sur la base des<br />

anciennes traces à la manière d’un palimpseste. Comme pour le technoparc il faudra trouver la juste mesure entre ancien et nouveau, entre vide et<br />

plein, entre types de fonctions.<br />

La dernière zone est celle de la friche ferroviaire au Nord du site, les voies ont été abandonnées après la perte de la vocation commerciale et<br />

industrielle du canal de la Peyrade. Comme pour les zones potentielles de développement urbain, c’est une progression dans le temps qui est<br />

envisagée. Le projet ne propose ici qu’une vision à court terme, l’objectif est dans un premier temps d’encourager le processus de “végétalisation”<br />

naturelle et de considérer le paysage comme un élément de restructuration urbaine. La ville de Sète ne possède pas d’espace vert à grande échelle<br />

dans son espace urbain (le Mont Saint Clair de par sa pente est difficile d’accès et est essentiellement découpé en parcelles privées). Cette friche, qui<br />

possède les essences végétales principales de la région, pourrait actuellement servir de lieu de promenade, où seraient conservées les anciennes<br />

traces de l’activité industrielle (notamment les faisceaux de rails). Mais sa destination primordiale est d’être à très long terme une réserve foncière<br />

une fois que les zones décrites dans le paragraphe précédent seront densifiées de manière conséquente. Par ailleurs une voie assurant la transition<br />

entre cette friche et les zones urbaines est créée, elle permet de desservir en arrière de parcelle les chais réhabilités qui de par leurs grandes<br />

dimensions s’ouvriront à la fois sur le canal et sur cette zone paysagée. Cette disposition aura ainsi pour conséquence d’encourager l’animation et<br />

l’urbanité de la zone Nord du site.<br />

Cette stratégie urbaine s’appuie donc sur des principes qui concernent plusieurs échelles différentes à la fois dans l’espace et dans le temps. Les<br />

pacemakers dont nous avons parlé auparavant sont les “éléments du possible”, leurs réalisations sont les conditions sine qua non de la viabilité de la<br />

stratégie globale, regardons à présent comment ils se matérialisent.<br />

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211<br />

13 | Présentation du projet final _13|2|Parking d’échange + gare auto-train [interface 1]<br />

13|2|Parking d’échange + gare auto-train [interface 1]<br />

Le premier pacemaker développé est le parking d’échange à l’entrée Est de la ville et du site. Il possède une fonction régulatrice du trafic routier pour<br />

l’ensemble de la cité (en période normale et en période estivale) et sert d’interface modale entre la voiture, les transports en commun et le rail.<br />

Il se veut une première une réponse au problème de pendularité dû à la voiture (+ de 3800 automobiles par jour), qui engorge le centre ville de Sète. Il<br />

sera aussi la condition de fonctionnement des futurs équipements urbains qui structureront la rive droite du canal. Dans des phases ultérieures<br />

lorsque les zones potentielles urbaines auront été densifiées, d’autres interfaces pourront venir en complément notamment à l’entrée Nord de la ville<br />

à proximité de la gare SNCF.<br />

Des commerces, et des services pour la voiture, lui sont associés afin d’assurer sa viabilité économique tant que des programmes attirant du monde<br />

n’ont pas investi les chais réhabilitables.<br />

Parti urbain<br />

De par sa volumétrie, son langage architectural, son positionnement et son alignement par rapport au canal, il appartient à la famille des bâtiments de<br />

la zone industrialo-portuaire. Sa vocation est “semi-technique” et “semi-urbaine”, puisqu’il doit gérer le flux des voitures et celui des trains transportant<br />

les automobiles , et en même temps accueillir les usagers, c’est-à-dire assurer la transition entre la voiture et l’espace urbain.<br />

Ce bâtiment doit répondre à deux exigences primordiales pour la ville : d’une part être un objet signal à l’entrée de la cité pour et assumer sa fonction<br />

de régulateur urbain, et d’autre part ne pas être trop volumineux pour ne pas briser la perspective sur le Mont Saint Clair lorsque l’on pénètre sur le<br />

site. Ces contraintes un peu antinomiques sont résolues par l’adoption d’une géométrie claire et sobre, mais puissante, elle respecte le gabarit des<br />

bâtiments de production voisins, c’est -à dire- assez haut pour être visible de loin mais pas suffisamment pour rentrer en concurrence avec la colline.


13 | Présentation du projet final _ 13 | 2 | Parking d’échange + gare auto-train [interface 1]<br />

Sa matérialité participe aussi à ce concept : de loin la résille qui enveloppe la construction est vue plutôt de biais et donc la peau se densifie est apparaît<br />

plus massive, alors que de prés elle redevient plus transparente et semble légèrement se dématérialiser, elle devient plus perméable et plus en<br />

symbiose avec le site.<br />

Le bâtiment et ses éléments connexes ont été conçu comme une séquence compréhensible par le regard d’un conducteur roulant à 90 puis à 50<br />

km/h. D’abord au loin sur la RN 300 ou sur l’échangeur, le P+R donne l’image d’une masse servant de point de passage pour entrer dans la ville. Puis<br />

une fois sur la route de Montpellier côté rive gauche du canal la passerelle, qui permet de connecter le bâtiment à la rive urbaine, apparaît et guide le<br />

regard jusqu’à la station de tramway, lieu à partir duquel on pourra se rendre aux divers équipements qui ponctuent la rive droite (chais réhabilités) ou<br />

au centre-ville pour rejoindre son travail. Il respecte le règlement du technoparc et est séparé de 30 m du bâtiment voisin pour ménager des vues sur<br />

l’ativité portuaire. Sa volumétrie est à peu près comparable aux chais qui lui font face sur l’autre berge.<br />

Parti architectural<br />

Vu les capacités financières de la ville et le contexte industriel dans lequel se trouve cette interface, le bâtiment se veut le plus simple et le plus<br />

économique possible.<br />

Ainsi pour minimiser son impact et donc sa longueur, le principe du parking ruban est adopté. Il s’agit d’intégrer les rampes de montée et de descente<br />

avec les places de parking. Ses grandes dimensions (le parking contient 1500 places) autorisent un tel principe, les rampes sont en pentes douces<br />

donc confortables, on économise ainsi de la place et par conséquent on minimise aussi le coût de la construction.<br />

Le principe de fonctionnement du parking tente d’être le plus rationnel et le plus efficace possible. D’abord après avoir longé le parking le long de la<br />

route de Montpellier et compris le fonctionnement du site, on emprunte la rampe montante. Le but et de fournir un maximum de places à l’entrée et un<br />

plan niveau 0<br />

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13 | Présentation du projet final _13|2|Parking d’échange + gare auto-train [interface 1]<br />

minimum à parcourir à la sortie. Ainsi, intercalés entre les deux rampes, se trouvent des plateaux qui sont accessibles ou non selon la disponibilité de<br />

places de parking (des panneaux informent le conducteur). De cette façon, on est pas obligé de d’effectuer l’ensemble du circuit et l’on peut à tout<br />

moment court-circuiter le parcours. Ceci est primordial pour un P+R de cette envergure. Les virages sont disposés à l’intérieur, ce qui facilite les<br />

manoeuvres. La façade intérieure du bâtiment d’accueil, dont nous allons bientôt parler, est une “façade-signe” en verre sur la quelle sont sérigraphiés<br />

les noms des services proposés au sein de ce bâtiment, ainsi tout en se déplaçant dans le parking l’automobiliste peut déjà repérer l’endroit où il<br />

voudra aller.<br />

De grandes failles transversales structurent les niveaux, elles ont plusieurs fonctions. Premièrement ventiler le parking se qui assure un confort<br />

<strong>th</strong>ermique et donne la possibilité d’employer l’acier non protégé comme matériau structurel ; apporter de la lumière naturelle en tout point du parking<br />

et le plus profondément possible ; et enfin servir de guide aux conducteurs pour se rendre à l’extérieur. En effet lorsque l’usager s’est garé, il peut<br />

emprunter les cheminements piétons situés au bout de la place de parking et le long de ces failles. Elles proposent donc un parcours agréable le long<br />

d’un espace lumineux, qui offre des vue plongeantes ou montantes sur les autres niveaux. Mais aussi un parcours sûr, puisqu’elles évitent aux piétons<br />

de circuler sur le même couloirs que les voitures, les intersections entre flux de personnes et flux de voitures sont réduites au minimum (au seul<br />

endroit où s’interceptent ces deux flux, les cheminements se transforment en dos d’âne pour ralentir les voitures). Ces failles servent également de<br />

guide la nuit, puisque c’est là que sont disposés les projecteurs, le soir elles irradient de lumière artificielle l’ensemble des niveaux. Elles conduisent<br />

jusqu’à la bande d’accueil qui sert de façade au P+R en front de canal, il s’agit d’une boîte en béton connectée aux différents niveaux de parking.<br />

L’usager se trouve dans des espaces commerciaux qui lui permettent d’avoir une vue d’ensemble sur la zone du canal de la Peyrade et lui soumettent<br />

donc l’ensemble des possibilités qui s’offrent à lui. A partir de là il est libre de se rendre à la passerelle qui le conduira à la station de tramway, soit en<br />

flânant et en faisant du shopping, soit en utilisant les circulations verticales générales situées au centre de la bande. La passerelle de liaison s’inspire<br />

des anciennes passerelles qui scandaient le canal avant les bombardement de 1944, elle essaye d’être diaphane et de ne pas perturber la<br />

plan niveau type


13 | Présentation du projet final _ 13 | 2 | Parking d’échange + gare auto-train [interface 1]<br />

la perspective en direction du Mont Saint Clair, elle donne aussi la possibilité d’appréhender le site sous des angles peu habituels. Le travail sur les<br />

failles intérieures, les espaces commerciaux et la passerelle, a pour objectif de rendre la plus attractive et la plus confortable possible, la transition<br />

entre la voiture et le tramway. Comme le dit A. PICON c’est sur ces éléments de connexions et transferts, que doit s’opérer le travail de l’architecte.<br />

Pour rendre encore plus opérationnel ce bâtiment et le rendre plus attractif, des services pour la voiture sont proposés au rez-de-chaussée. On peut<br />

ainsi laisser sa voiture à réparer au garage et la récupérer le soir en repartant, ou bien avant de sortir du P+R faire le plein d’essence à la station<br />

service.<br />

L’intermodalité de ce parking est complétée par l’association de la gare auto/train également au rez-de-chaussée. Le bâtiment procède exactement<br />

comme les bâtiments de production du technoparc, deux voies ferrées accostent de manière longitudinale au P+R. Un quai de<br />

chargement/déchargement se trouve en bout de voie. Les voitures sont garées au niveau 0 ce qui les différencie des autres automobiles. Pour<br />

regagner l’espace d’accuiel de la gare ou inversement pour rejoindre leur voiture les clients longent le même système de failles lumineuses / guides.<br />

Parti constructif<br />

Toutes les expériences réalisées ces dernières années en matière de P+R, démontrent que plus le parking sera accueillant, confortable et sûr, plus il<br />

sera utilisé. Il en va donc de la viabilité économique du projet. Ce sont ces considérations qui m’ont guidées dont les choix constructifs de cette<br />

interface. La structure métallique s’est imposée d’elle-même, car elle procure de nombreux avantages.<br />

D’abord elle autorise de grandes portées : 15 m, ce qui rend les manoeuvres plus faciles et engendre une meilleure lisibilité de l’espace intérieur. Le<br />

parking apparaît plus lumineux, on se repère plus facilement, et on se sent plus en sécurité.<br />

Ainsi la structure verticale est constituée de HEA 300, supports de poutres IPE 450 de 15 m de portée. Des prédalles en béton préfabriqué sont<br />

connectées aux poutres, elles ont une portée de 5 m et évitent d’utiliser une structure secondaire, ce qui est une économie non-négligeable, elles<br />

servent de coffrage à une dalle de béton armé de 20 cm d’épaisseur. Ce système mixte est performant grâce à l’action combinée du béton et de l’acier<br />

(on estime une économie de 20 % d’acier). L’acier assure aussi une grand rapidité de construction. D’autre part, le fait que les parois du parking sont<br />

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13 | Présentation du projet final _13|2|Parking d’échange + gare auto-train [interface 1]<br />

largement perméables à l’air permet de ne pas recouvrir l’acier d’une protection incendie. Les structures en acier sont aussi plus fines que celles en<br />

béton, ce qui rend plus élégant la construction.<br />

La matérialité de la peau joue un rôle important, autant au niveau de l’image que veut véhiculer le bâtiment, que des principes constructifs et<br />

<strong>th</strong>ermiques. Il s’agit d’une résille constituée de poutres de bois de 10 cm de hauteur statique. Cette résille qui est en fait une grille de poutres croisées<br />

est auto-porteuse, il n’y a donc pas de structure secondaire, elle vient directement se fixer sur la structure métallique. Suivant l’axe par laquelle on la<br />

regarde, la peau peut apparaître opaque ou perméable à la vue. La grande dimension du quadrillage permet d’avoir des vues claires sur le paysage<br />

environnant (espace portuaire, canal, Mont Saint-Clair...).<br />

Les articulations des poutres sont réalisées par des tiges filetées, qui servent aussi de support à des câbles fins sur lesquels pousse une végétation<br />

grimpante. La plante retenue est la vigne vierge et ceci pour plusieurs raisons. D’abord il s’agit d’une espèce caduque, elle perd donc ses feuilles en<br />

hiver laissant ainsi passer le rayonnement solaire est rend le parking un peu plus chaud, alors qu’en été son feuillage dense protège des rayons, et<br />

combinée avec la ventilation des failles elle assure un meilleur confort <strong>th</strong>ermique. Ensuite c’est la plante que l’on retrouve le plus dans le paysage<br />

alentours, notamment avec les vignes qui servent à produire le “Muscat de Frontignan” et celle le long de la plage (vins des sables de Listel), le bâtiment<br />

s’intègrera de manière plus harmonieuse dans son environnement. Cette plante à la particularité de prendre des teintes différentes selon les saisons:<br />

vert clair au printemps, vert profond en été, passant successivement du jaune au rouge pro<strong>nonc</strong>é en automne, et laissant apparaître la matérialité de<br />

la résille en bois en hiver. Enfin elle se développe assez rapidement et recouvre de très grandes surfaces.


13|3|Terminal ferries [interface 2]<br />

13 | Présentation du projet final _13|3|Terminal ferries [interface 2]<br />

Le deuxième pacemaker est également une interface d’échange, mais entre le bateau et la voiture. Il semblait intéressant de traité un aspect de<br />

l’intermodalité qui n’est abordable que dans un certain type de ville : les cités portuaires.<br />

Parti urbain<br />

Ce terminal pour ferries est situé à l’entrée Sud de la ville, c’est-à-dire l’entrée maritime. Sa position est hautement stratégique puisqu’il est à<br />

l’intersection du port, de la vieille ville, de la zone industrialo-portuaire et plus généralement de la zone à restructurer. Il doit donc jouer le rôle<br />

d’articulation et essayer de connecter le plus judicieusement possible les caractères et les fonctions de ces différents secteurs. Il a la potentialité de<br />

réconcilier le port et la ville, <strong>th</strong>ème longuement exposé dans l’é<strong>nonc</strong>é <strong>th</strong>é<strong>orique</strong>.<br />

La gare maritime est positionnée dans la zone industrialo-portuaire, elle doit donc être considérée comme un bâtiment appartenant au port, d’où sa<br />

volumétrie simple et un gabarit relativement bas. Côté port elle ressemble à un parallélipipède s’apparentant aux entrepôts du port de commerce.<br />

Cependant son extrémité Ouest se prolonge en direction de la ville pour rentrer en contact avec le canal latéral et donc indirectement avec les<br />

bâtiments de la ville. Par mimétisme et pour accomplir une bonne intégration urbaine, la gare se déforme à cet endroit pour épouser la forme du quai<br />

et s’aligner sur celui-ci. Elle reprend l’une des règles de formation implicite de la ville de Sète : l’alignement au quai, en respectant le même recul que les<br />

bâtiments mitoyens. Les façade de la gare se retournent comme pour protéger le bâtiments et les usagers qu’il accueille, sauf côté Ouest où la<br />

pergola se prolonge et s’ouvre totalement sur la ville. Le contact visuel et spatial avec la cité est renforcé, le bâtiment joue avec la configuration<br />

particulière de la ville. En effet grâce à la topographie la ville s’élève petit à petit, si bien que même en montant, notre vue pourra pénétrer à l’intérieur du<br />

bâtiment, cette pergola ouverte permet en quelque sorte d’intégrer indirectement l’espace urbain à l’espace portuaire, et vis et versa.<br />

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13 | Présentation du projet final _13|3|Terminal ferries [interface 2]<br />

Les connexions avec la vieille ville ne sont pas que visuelles, mais également physiques, puisque que ce couvert qui se prolonge jusqu’au quai, tient aussi<br />

lieu d’abri pour les arrêts des trois lignes de bus qui desservent la gare et pour la station de taxi. Ce auvent et le parvis qu’il protège, permettent aussi<br />

d’accueillir les gens se rendant à pied au terminal. Ce sont ceux qui viennent de la vieille ville ou de la station de tramway située à proximité. Ainsi le<br />

bâtiment intègre en lui-même non-seulement des espaces qui appartiennent à la ville, mais aussi des réseaux qui la structure. Ceci renforce son<br />

intégration urbaine.<br />

Côté port, c’est-à-dire du côté technique, c’est le réseau routier qui pénètre dans la gare maritime. Entre la zone industrialo-portuaire et le terminal se<br />

trouve un secteur tampon, qui assure la transition entre l’espace de production et l’espace du port. Il permet d’orienter très tôt les voitures dans les<br />

voies correspondantes à leur destination, et donc de mieux réguler le trafic évitant ainsi les encombrements. Comme nous l’évoquions<br />

précédemment, sous cet angle le bâtiment assume pleinement sa fonction d’outil technique et propose l’image d’une construction portuaire la plus<br />

radicale, la plus rationnelle et la plus économique possible.<br />

Parti architectural<br />

Cette interface régulatrice appartient aussi bien dans sa matérialisation architecturale que dans son fonctionnement à la même typologie que le P+R.<br />

Il s’agit d’un autre prototype, d’une autre déclinaison. Il était important de signifier clairement la parenté entre les deux interfaces, pour exprimer leur<br />

rôle de point d’appui et d’organisateur du fonctionnement des flux de la ville.<br />

plan niveau 0


13 | Présentation du projet final _13|3|Terminal ferries [interface 2]<br />

Ainsi comme pour le parking d’échange le terminal ferries et enrobé d’une enveloppe/résille bois, recouverte ou non selon les saisons, d’une peau<br />

protectrice en vigne vierge. Les dimensions sont relativement proches et le ry<strong>th</strong>me structurel est rigoureusement le même. Les mêmes failles<br />

positionnées aux mêmes endroits ponctuent la résille, permettant ainsi de créer des vues vers le ciel et de laisser pousser des pins parasols, qui<br />

donnent l’image d’un parking paysagé et apportent par endroit un peu plus d’ombre. Le bâtiment contenant les différents terminaux et services est<br />

aussi construit en béton comme le bâtiment d’accueil du P+R, ils ont d’ailleurs les mêmes fonctions : accueillir, orienter et offrir des services aux<br />

utilisateurs.<br />

Le fonctionnement et la transition entre voitures et terminaux sont relativement similaires. Le conducteur pénètre sous la résille, il s’engage dans une<br />

fille d’attente et parque son véhicule. Depuis son habitacle et en un coup d’oeil il peut appréhender l’ensemble des terminaux et des services qui lui sont<br />

proposés, grâce au même procédé de “façade-signal” employé pour les commerces du P+R (verre sérigraphié...). Toujours comme dans la première<br />

interface, pour rejoindre le bâtiment d’accueil, afin d’enregistrer sa voiture ou utiliser les divers services, l’usager est guidé par les failles, qui au sol<br />

sont matérialisées par des cheminements végétalisés et protégés du soleil par les pins parasols. A partir de ces chemins il peut monter sur des<br />

coursives/mezzanines, qui donnent la possibilité de s’extraire de la masse des voitures pour : rejoindre les terminaux et ainsi ne pas rentrer en conflit<br />

avec le flux des voitures, ou pour se détendre un peu (lire, dormir, se restaurer, discuter...) à l’ombre des arbres et de la résille. Ce système de<br />

cheminements transversaux et à des niveaux différents, assure une sécurité maximale puisqu’il n’y a jamais d’intersection entre le flux des piétons et<br />

celui des voitures.<br />

Lorsque l’on ne se rend pas à la gare en voiture, mais que l’on vient à pied, on trouve en liaison avec le quai du canal latéral et la ville un espace d’accueil,<br />

où est disposé un coin d’information/orientation, ainsi que toutes les compagnies maritimes et une agence de voyage. Ce lieu reste ouvert même les<br />

rares jours où la gare n’est pas en fonctionnement. Il assure une connexion “fonctionnelle” avec la ville. A partir de cet endroit un ascenseur et un<br />

escalier permettent de rejoindre les différents terminaux.<br />

Les terminaux, au nombre de trois (Maroc, Baléares et Paquebots de croisières) sont contenus dans une barre parallèle au parking d’attente. Nous<br />

plan niveau 1<br />

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13 | Présentation du projet final _13|3|Terminal ferries [interface 2]<br />

l’avons vu, le repérage de leurs positions respectives est facilité au maximum (l’orientation dans un outil d’intermodalité tel qu’une gare est primordiale<br />

en terme d’attractivité, de sécurité et de fonctionnement). Mais à l’intérieur même du bâtiment l’orientation et les vues sont aussi privilégiées. Ainsi<br />

des cadrages dans l’axe des coursives/mezzanines permettent de percevoir le ferry que l’on doit prendre. Inversement l’ensemble du parking est<br />

visible depuis tous les terminaux, afin de pouvoir repérer à tout moment où se situe sa voiture. Cette barre est structurée par trois séquences : un<br />

espace d’attente, une bande technique où l’on trouve les services ainsi que les divers filtres pour accéder aux navires (douanes, contrôles des tickets<br />

et de bagages...) et enfin l’espace de pré-embarquement : anti-chambre avant d’entrer dans les passerelles d’accès aux ferries. Un restaurant, des<br />

jeux pour enfants, une mosquée, des toilettes...participent au confort des passagers et rendent l’attente plus agréable. Dans le prolongement des<br />

coursives/mezzanines, sur la résille, sont aménagés des belvédères donnant la possibilité d’admirer le paysage environnant (port, vieille ville, Mont<br />

Saint Clair...). Ils jouent surtout le rôle de terrasses des visiteurs, pour que ces derniers puissent dire au revoir aux passagers se trouvant sur le pont<br />

des navires.<br />

Le bâtiment met privilégie l’horizontalité, car il ne peut pas s’opposer à l’impressionnante verticalité des ferries et des paquebots. Cette horizontalité<br />

permet de lier tous les navires lorsqu’ils sont amarrés aux quais, ce pouvoir unificateur ne se cantonne donc pas simplement à la connexion entre port<br />

et ville mais aussi entre divers éléments qui appartiennent au port (notamment les bateaux).<br />

La barre longitudinale des terminaux est décollée du sol pour deux raisons : afin d’être déjà au niveau du premier pont des ferries et donc régler<br />

simplement tous les problèmes d’accèssibilité, en particulier ceux des handicapés, et pour laisser passer les voitures qui embarquent dans les ferries.<br />

Elle tient lieu ainsi de filtre, c’est sous elle que sont situées les cabines de contrôle des tickets et des douanes. Cette surélévation participe aussi à<br />

l’effort global de lisibilité, puisque depuis sa voiture on peut voir les ferries et surtout le circuit que l’on devra effectuer.


Parti constructif<br />

Les choix constructifs en ce qui concerne les matériaux, la structure...<br />

sont identiques à ceux du P+R, je n’y reviens donc pas. Toutefois si<br />

dans le cas du parking d’échange c’est la structure qui est l’élément<br />

remarquable, ici c’est la résille qui joue le rôle le plus important. En effet<br />

encore plus que pour le P+R cette “enveloppe organique”, c’est-à dire<br />

vivante, permet une régulation <strong>th</strong>ermique de l’ensemble de la gare,<br />

que se soit pour les terminaux ou pour le parking. Il est vrai que c’est un<br />

lieu d’attente et pas simplement de transit, le confort est une priorité<br />

au même titre que la lisibilité des parcours. Pour le parking d’attente le<br />

principe est simple : lors des saisons chaudes les feuilles procurent de<br />

l’ombre et une certaine fraîcheur, en hiver la vigne vierge est<br />

perméable aux rayons du soleil. Pour le bâtiment contenant les<br />

terminaux et les services, des principes de bioclimatisme passif (plus<br />

intéressant que l’actif, car c’est l’architecture elle-même qui régule<br />

l’ambiance <strong>th</strong>ermique) sont développés, le Sud de la France se prêtant<br />

particulièrement bien à ce type de conception. Ainsi donc : en été le<br />

feuillage de la vigne repousse une partie du rayonnement solaire et<br />

protège la barre. D’autre part des mouvements d’air, dûs aux<br />

différences de pression, se génèrent entre l’enveloppe du bâtiment et<br />

la résille. Ces courants d’air permettent d’évacuer une partie de l’air<br />

chaud. Le vitrage isolant, aux performances élevées de la façade Sud,<br />

est fermé, l’intérieur du bâtiment est protégé du rayonnement par un<br />

store. Le soir on ouvre les vitrages pour ventiler au maximum et<br />

expulser l’air chaud. En hiver le soleil est plus bas, les feuilles sont<br />

tombées : les rayons du soleil peuvent pénétrer à l’intérieur des<br />

terminaux. Le vitrage capture une part de la chaleur générée par le<br />

rayonnement, il se produit alors un effet de serre dans l’espace de préembarquement.<br />

Des éléments aux grandes capacités de captages et<br />

de stockage emmagasinent la journée la chaleur, il s’agit des dalles de<br />

béton du toit et du sol ainsi que du mur séparateur entre l’espace<br />

d’attente et l’espace de pré-embarquement, constitué de blocs<br />

réfractaires en terre cuite. La nuit ces éléments restituent le chaleur<br />

qu’ils ont “emprisonnée”. Les matériaux employés ne sont donc pas<br />

anodins, non seulement ils participent à l’expression d’une image, mais<br />

également ils permettent la régulation <strong>th</strong>ermique du bâtiment. Le<br />

détail constructif est l’expression ultime du parti architectural, il a<br />

parfois autant de valeur qu’une prise de position urbaine.<br />

13 | Présentation du projet final _13|3|Terminal ferries [interface 2]<br />

220


13 | Présentation du projet final _13|3|Terminal ferries [interface 2]<br />

Ainsi donc, ce travail m’a permis d’aborder plusieurs problématiques<br />

contemporaines : comment une ville peut-elle se développer et se<br />

régénérer sur elle-même, comment la manipulation des divers réseaux et<br />

des divers flux peut contribuer à proposer de nouvelles solutions urbaines,<br />

comment la greffe de certains objets à un organisme malade peut de<br />

manière simple et minimaliste contribuer à le soigner, voire à le guérir...<br />

Ces réflexions, je le pense, me seront utiles pour la suite de mon parcours.<br />

Au fil des critiques le sujet s’est resserré sur les éléments essentiels et sur<br />

les <strong>th</strong>ématiques prépondérantes, j’espère que le projet en aura gagné en<br />

simplicité, en humilité et surtout en efficacité. Cela m’a beaucoup intéressé<br />

de travailler sur des échelles très variées, allant du 1/2500° au 1/20°,<br />

car je me suis aperçu que c’est en travaillant sur l’une que l’on découvre<br />

aussi des solutions pour l’autre, tout est lié.<br />

Enfin, j’espère que ce travail pourra contribuer à enrichir (modestement)<br />

les réflexions visant à améliorer le cadre urbain de cette attachante ville de<br />

Sète.<br />

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