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La présence des Métis dans les pensionnats

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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

groupe relativement homogène sur le plan culturel, alors qu’ailleurs, <strong>les</strong> pensionnaires<br />

provenaient de différents horizons culturels; certains pensionnaires ont fréquenté l’école<br />

un an ou moins alors que d’autres l’ont fréquentée pendant plus de dix ans; il ne s’agit que<br />

de quelques différences (Chrisjohn et Young, 1997:140).<br />

Les famil<strong>les</strong> et communautés métisses, même après plusieurs générations, doivent toujours composer<br />

avec <strong>les</strong> effets dévastateurs <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> indiens. Un éducateur a parlé avec beaucoup de justesse de<br />

« douleur ancestrale » pour décrire le phénomène de la douleur et de la colère que refoulent <strong>les</strong> parents<br />

et <strong>les</strong> grands-parents métis (L’Hirondelle, 2003). Pourtant, de nombreux membres <strong>des</strong> communautés<br />

métisses ne savent pas que chaque facette de la nation métisse demeure étroitement liée à cette douleur<br />

ancestrale. Nous ne connaissons pas encore toute la portée et la profondeur de cette douleur ancestrale. Il<br />

est essentiel que <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> connaissent et comprennent cet aspect de leur histoire, en particulier puisque <strong>les</strong><br />

<strong>pensionnats</strong> indiens et <strong>les</strong> politiques d’assimilation du gouvernement fédéral sont à l’origine de nombreux<br />

problèmes sociaux avec <strong>les</strong>quels la nation métisse est aux prises actuellement. <strong>La</strong> guérison complète <strong>des</strong><br />

<strong>Métis</strong> passe par la décolonisation de leur esprit. Le Dr Howard Adams, chercheur métis et ancien chef<br />

politique de l’Association <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> et <strong>des</strong> Indiens non inscrits de la Saskatchewan, explique pourquoi :<br />

[traduction] « Le colonisé se perçoit comme son oppresseur veut qu’il se perçoive » (1975:161).<br />

Il est généralement reconnu que <strong>les</strong> traitements infligés aux enfants <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> indiens ont causé<br />

de graves séquel<strong>les</strong> intergénérationnel<strong>les</strong>. Au moyen de l’apprentissage forcé, <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> indiens ont<br />

tenté systématiquement d’amener <strong>les</strong> pensionnaires autochtones à se défaire de leur langue, de leurs valeurs,<br />

de leur culture, de leurs croyances spirituel<strong>les</strong> et de leur identité. Le gouvernement visait essentiellement<br />

l’éradication pure et simple <strong>des</strong> peup<strong>les</strong> autochtones (Tobias, 1976:13-30). Les communautés métisses et<br />

autochtones subissent encore <strong>les</strong> effets de ces tentatives systématiques d’élimination <strong>des</strong> peup<strong>les</strong> autochtones<br />

de la société canadienne.<br />

Il est impossible d’aborder la politique d’éradication du gouvernement sans discuter <strong>des</strong> responsab<strong>les</strong> de<br />

cette politique. Le chercheur canadien J. R. Miller a écrit un ouvrage <strong>dans</strong> lequel il ouvre de nouveaux<br />

horizons sur la question <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> indiens. Selon lui et de nombreux observateurs :<br />

[traduction] Fondamentalement, le peuple canadien est le principal responsable du<br />

dossier <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong>. Ce sont sans doute <strong>les</strong> Églises et l’appareil fédéral qui ont posé<br />

<strong>des</strong> gestes répréhensib<strong>les</strong> ou qui ont fait preuve de négligence. Toutefois, derrière ces<br />

Églises et le gouvernement se trouvait la population qui, <strong>dans</strong> une démocratie comme la<br />

démocratie canadienne, est responsable en bout de ligne. […] Si la population canadienne<br />

n’est pas directement coupable <strong>des</strong> événements, elle en a été le complice, ce qui, <strong>dans</strong> une<br />

société démocratique, est pratiquement synonyme (Miller, 1996:434-5).<br />

Plus d’un siècle après l’ouverture du premier pensionnat indien, le gouvernement fédéral et la plupart<br />

<strong>des</strong> Églises ont finalement reconnu <strong>les</strong> effets <strong>des</strong> politiques d’assimilation mises en œuvre au moyen <strong>des</strong><br />

<strong>pensionnats</strong> indiens. En 1992, la plupart <strong>des</strong> Églises avaient présenté <strong>des</strong> excuses aux peup<strong>les</strong> autochtones<br />

du Canada. Le gouvernement fédéral a produit une Déclaration de réconciliation en 1998 (Résolution <strong>des</strong><br />

questions <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> indiens Canada, 2003). Toutefois, le gouvernement fédéral refuse toujours de<br />

mener une enquête officielle, bien que cette enquête ait été réclamée à de nombreuses reprises.<br />

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