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La présence des Métis dans les pensionnats

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Générations perdues : L’occultation de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

Nations qui élaborent <strong>des</strong> programmes de guérison pour régler <strong>les</strong> répercussions <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> peuvent<br />

puiser <strong>dans</strong> leur bagage traditionnel et culturel. Ces communautés possèdent plusieurs traditions de<br />

guérison et de nombreuses croyances traditionnel<strong>les</strong> qui peuvent contribuer à l’élaboration de programmes<br />

de guérison adaptés à leur communauté. Il est toutefois plus difficile <strong>dans</strong> la culture métisse de trouver <strong>des</strong><br />

traces écrites <strong>des</strong> ressources et <strong>des</strong> connaissances sur <strong>les</strong> traditions de guérison. Les <strong>Métis</strong> disposent de<br />

mécanismes sociaux qui répondent aux besoins collectifs et individuels de guérison, mais ces mécanismes<br />

sont en quelque sorte limités aux régions et aux communautés habitées par <strong>les</strong> <strong>Métis</strong>. Les communautés<br />

métisses se tournent vers <strong>les</strong> Aînés et <strong>les</strong> autres membres de la communauté pour répondre à leurs besoins<br />

de guérison et peuvent puiser à même une force considérable au sein même de leur communauté. Les<br />

programmes de guérison <strong>des</strong>tinés aux communautés métisses ont par conséquent avantage à être adaptés<br />

aux besoins régionaux et aux caractéristiques de la communauté. Chaque communauté est différente en<br />

ce qui concerne sa taille, son histoire et son emplacement, qui constituent <strong>des</strong> facteurs dont il faut tenir<br />

compte quand vient le temps de déterminer le meilleur processus de guérison. Dans certaines communautés<br />

métisses, <strong>les</strong> traditions et <strong>les</strong> Aînés constituent <strong>des</strong> sources de conseils sur la guérison. Les Aînés métis<br />

jouent un rôle clé <strong>dans</strong> <strong>les</strong> initiatives de guérison et possèdent la réponse à de nombreuses questions qui<br />

demeurent en suspens au sujet <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong>. Qu’ils habitent une communauté rurale ou urbaine, <strong>les</strong><br />

<strong>Métis</strong> veulent s’entraider et sont liés par ce désir d’entraide. Hier comme aujourd’hui, <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> s’adressent<br />

aux autres <strong>Métis</strong> pour avoir de l’aide. Les <strong>Métis</strong> ont toujours puisé leur force <strong>dans</strong> l’unité et la cohésion de<br />

leurs communautés et continuent de le faire (Shore et Blackwell, 1997). <strong>La</strong> suite <strong>des</strong> travaux de recherche<br />

sur <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> et la colonisation en lien avec <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> devra tenir compte du profil et du caractère<br />

distinct de ces communautés. Leur situation actuelle placée <strong>dans</strong> leur contexte historique permettra de<br />

déterminer quels types de programmes sociaux seront <strong>les</strong> plus efficaces. De même, tout programme devra<br />

tenir compte <strong>des</strong> croyances traditionnel<strong>les</strong> et actuel<strong>les</strong> de la communauté métisse.<br />

L’une <strong>des</strong> répercussions qui touche le plus de communautés est le fait que <strong>des</strong> générations d’Autochtones<br />

ont été privées de leur patrimoine culturel et traditionnel. <strong>La</strong> colonisation, <strong>dans</strong> laquelle s’inscrivaient <strong>les</strong><br />

<strong>pensionnats</strong>, a systématiquement privé <strong>les</strong> communautés autochtones de ce patrimoine. Tous <strong>les</strong> <strong>Métis</strong><br />

peuvent participer à la reconquête de leurs traditions et de leur histoire qui ont été volées aux générations<br />

précédentes. Que ce soit par la promotion d’enjeux ou d’événements métis ou par la reconquête de l’histoire,<br />

<strong>des</strong> traditions et de la culture, il est possible de réparer <strong>les</strong> dommages causés par <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong>. Tous <strong>les</strong><br />

<strong>Métis</strong> peuvent faire leur part pour réclamer ce volet de leur histoire qu’on leur a volé.<br />

Notons que nous préférons le terme volé à perdu parce que ce dernier terme pourrait laisser entendre, à<br />

tort, que <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> et <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> <strong>des</strong> Premières Nations auraient perdu par leur propre négligence quelque<br />

chose qui leur était précieux. Le terme volé semble plus juste parce que <strong>les</strong> Autochtones ont été privés<br />

de leur dignité, de leur estime de soi, de leur langue, de leur culture et de leurs enfants contre leur gré<br />

(Chrisjohn et Young, 1997). À l’époque <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong>, on a également volé aux Autochtones le respect<br />

<strong>des</strong> parents et <strong>des</strong> aînés ainsi que le respect pour l’éducation et l’Église. Les <strong>pensionnats</strong> ont également<br />

privé <strong>les</strong> Autochtones de leurs liens familiaux, du contrôle qu’ils exerçaient sur leurs propres affaires et,<br />

surtout, de leur vie. Des enfants ont perdu leurs frères et leurs sœurs ou encore <strong>des</strong> camara<strong>des</strong> de jeu. De<br />

plus, une fois l’été venu, certains parents venaient chercher leur enfant et apprenaient alors que leur enfant<br />

était décédé pendant <strong>les</strong> mois qu’il avait passés au pensionnat (Grant, 1996). Les quelques <strong>pensionnats</strong><br />

qui n’ont pas été détruits constituent un héritage matériel. Des cimetières sont remplis de petites tombes<br />

<strong>dans</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ont été inhumés <strong>des</strong> corps sans cercueil ou <strong>dans</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> plusieurs corps s’entassent<br />

(Miller, 1996). Le vol le plus grave commis par ces <strong>pensionnats</strong> est celui de la vie de ces enfants. Les<br />

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