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La présence des Métis dans les pensionnats

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Générations perdues : L’occultation de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

de décès et de problème juridique, <strong>les</strong> communautés métisses se tournaient habituellement vers l’église<br />

catholique romaine (Shore et Blackwell, 1997).<br />

<strong>La</strong> façon dont <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> étaient traités <strong>dans</strong> leur communauté trouvait en quelque sorte son pendant <strong>dans</strong><br />

la façon dont ils étaient traités <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong>. Ces éco<strong>les</strong> formaient un microcosme de la société<br />

canadienne de l’époque, qui était formée d’une classe supérieure d’Euro-canadiens qui dominait une<br />

classe inférieure d’Autochtones. Dans <strong>les</strong> courants dominants de la société canadienne et <strong>dans</strong> le système<br />

scolaire, on a fait sentir aux <strong>Métis</strong> qu’ils étaient inférieurs à chacune de leurs moitiés, pas assez Indien pour<br />

bénéficier <strong>des</strong> droits <strong>des</strong> Autochtones, mais pas suffisamment “Blanc” non plus pour être considérés comme<br />

<strong>des</strong> égaux par la société. On inculquait aux <strong>Métis</strong> la honte de ce qu’ils étaient et de leurs parents.<br />

[traduction] Je ne jouais pas avec <strong>les</strong> enfants métis, sauf à la campagne ou la fin de semaine.<br />

Je ne jouais pas avec mes parents au teint plus foncé par crainte de me faire prendre ou<br />

[inaudible]. Ils nous traitaient de <strong>Métis</strong> ou de sauvage (anonyme, 2000).<br />

[traduction] Mes enfants n’aimaient pas l’école parce qu’ils y étaient maltraités,<br />

probablement parce qu’ils étaient <strong>des</strong> Sang-Mêlé. On riait d’eux, par exemple […] Oui, <strong>les</strong><br />

autres enfants riaient d’eux, surtout de leurs vêtements. Ils n’étaient pas bien habillés, <strong>les</strong><br />

autres riaient de leurs dîners et <strong>des</strong> aliments qu’ils apportaient à l’école. Je leur donnais <strong>des</strong><br />

bons dîners, du pain et de la mortadelle, et non du bannock. Peut-être que ça <strong>les</strong> b<strong>les</strong>sait.<br />

Je ne sais pas pourquoi (Vandale:R-805A).<br />

À l’époque <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong>, de nombreux <strong>Métis</strong> vivaient <strong>dans</strong> la pauvreté <strong>dans</strong> <strong>les</strong> réserves routières et<br />

étaient méprisés en raison de leur mode de vie mo<strong>des</strong>te. Ils avaient honte de leurs conditions de vie, malgré<br />

le fait qu’ils n’avaient pratiquement pas d’autre option à l’époque. Les éco<strong>les</strong> et <strong>les</strong> Églises, en renforçant<br />

constamment la structure sociale et la hiérarchie, ont perpétué ces notions. Voici une observation d’un<br />

<strong>Métis</strong> au sujet <strong>des</strong> différences <strong>dans</strong> la façon dont <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> et <strong>les</strong> membres <strong>des</strong> Premières Nations étaient<br />

traités :<br />

[traduction] Eh bien, je crois qu’ils sont traités très différemment pour de nombreuses<br />

raisons. Je ne vois pas de différence entre <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> et <strong>les</strong> Indiens. Les Indiens inscrits sont<br />

classés comme <strong>des</strong> Indiens, même si on n’arrive pas toujours à <strong>les</strong> distinguer de certains <strong>Métis</strong>.<br />

<strong>La</strong> seule chose qui distingue <strong>les</strong> Indiens est leur carte d’Indien, qu’ils ne portent pas sur le<br />

front. Mais je crois que <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> ont été traités plus durement parce que le gouvernement<br />

s’occupe <strong>des</strong> Indiens inscrits qui ont leur carte […] tandis que <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> n’ont pas de carte,<br />

mais ont <strong>des</strong> traits indiens, ce qui fait que <strong>les</strong> blancs <strong>les</strong> regardent comme s’ils étaient <strong>des</strong><br />

Indiens (Youens:R-805A).<br />

Les enfants autochtones apprenaient à avoir honte de leur statut de <strong>Métis</strong> ou de membre <strong>des</strong> Premières<br />

Nations, à avoir honte de qui ils étaient. On <strong>les</strong> rendait honteux de leurs parents ou de l’un de leurs parents,<br />

et bien qu’ils aient pu apprendre à vivre avec ces sentiments à l’époque, peu d’entre eux reconnaissaient<br />

alors <strong>les</strong> répercussions que leur séjour à l’école allait avoir sur eux encore aujourd’hui. Par contre, d’autres<br />

anciens élèves gardent <strong>des</strong> souvenirs agréab<strong>les</strong> de leur passage au pensionnat; ils ont vécu <strong>dans</strong> ces éco<strong>les</strong><br />

une expérience principalement positive et estiment que cette expérience leur a été bénéfique :<br />

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