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La présence des Métis dans les pensionnats

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Générations perdues : L’occultation de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

Plusieurs facteurs différents ont contribué à l’augmentation de l’admission <strong>des</strong> enfants métis <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

<strong>pensionnats</strong>. L’un de ces facteurs est décrit <strong>dans</strong> le rapport produit par Nicholas Davin en 1879 sur la<br />

[traduction] « création d’éco<strong>les</strong> industriel<strong>les</strong> pour <strong>les</strong> Indiens et <strong>les</strong> Sang-Mêlé, » <strong>dans</strong> lequel il déclarait<br />

qu’en raison du rôle de médiateur qu’on leur attribuait, <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> devaient recevoir une éducation <strong>dans</strong><br />

le réseau <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> (Miller, 1996). Les administrations scolaires ont admis <strong>les</strong> enfants métis de<br />

différentes façons au cours <strong>des</strong> années, mais en général, leur admission dépendait <strong>des</strong> capacités financières<br />

<strong>des</strong> éco<strong>les</strong> ou de leur famille. Parfois, <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> n’avaient accès à aucune éducation parce qu’ils n’avaient pas<br />

accès à un financement du gouvernement. Comme l’a déclaré un Aîné métis :<br />

[traduction] Le gouvernement ne nous a jamais donné un sou […] C’est pourquoi nous<br />

ne pouvons enseigner – nous ne pouvons pas embaucher de bons enseignants […] Ce sont<br />

<strong>les</strong> sœurs qui enseignaient aux enfants ( Johnson:R-831).<br />

D’autres enfants métis n’avaient pas le choix de fréquenter ces éco<strong>les</strong> puisqu’ils ne bénéficiaient d’aucune<br />

aide gouvernementale; <strong>dans</strong> d’autres cas, l’enfant était obligé de quitter sa communauté pour fréquenter<br />

un pensionnat situé <strong>dans</strong> une région éloignée de son foyer et de sa famille. Une <strong>Métis</strong>se se souvient du<br />

départ d’enfants métis de sa communauté :<br />

[traduction] En grandissant, j’ai découvert que nous avions un agent indien qui était<br />

blanc. Je devais avoir six ans quand j’ai appris son existence, et je le détestais parce qu’il était<br />

blanc et que j’étais indienne. Il essayait sans cesse de nous dire quoi faire et nous disait qu’il<br />

enverrait <strong>les</strong> jeunes aux éco<strong>les</strong> d’Elkhorn ou de Brandon, où <strong>les</strong> enfants n’avaient pas le droit<br />

de parler leur langue. Par conséquent, très peu de gens à Hodgson parlent notre langue, le<br />

cri. Je me battais avec cet agent indien blanc lorsqu’il venait nous chercher, moi et mes frères,<br />

pour nous envoyer à l’école (Harcus, 1997:42).<br />

Les enfants métis étaient envoyés <strong>dans</strong> ces éco<strong>les</strong> pour de nombreuses raisons et n’étaient pas préparés<br />

aux expériences qu’ils allaient y vivre ni aux répercussions de ces expériences.<br />

<strong>La</strong> remarque que l’on entend le plus souvent chez <strong>les</strong> Survivants métis <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> est le sentiment<br />

qu’ils étaient étrangers. Lorsqu’on leur demande de commenter leur expérience en général, en particulier<br />

leur statut de <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> un « pensionnat indien », ils répondent le plus souvent qu’ils étaient considérés<br />

comme <strong>des</strong> étrangers (Blondeau, 2000). Dans un réseau scolaire canadien <strong>dans</strong> lequel <strong>des</strong> générations<br />

entières d’enfants étaient jugés en fonction de leurs croyances et de leur apparence, <strong>les</strong> enfants autochtones<br />

qui avaient le teint légèrement plus pâle que <strong>les</strong> autres ou qui avaient plus de facilité à s’exprimer en anglais<br />

ou en français se démarquaient <strong>des</strong> autres élèves (Miller, 1996). Ils étaient mis à part <strong>des</strong> autres élèves et<br />

du personnel de l’école, comme s’ils n’étaient pas à leur place.<br />

[traduction] J’en suis venu à détester <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> parce que si vous étiez métis, vous étiez<br />

mis à part, et je ne voulais pas être mis à part. <strong>La</strong> plupart de mes amis étaient blancs. J’ai<br />

longtemps essayé d’être blanc (anonyme, 2000).<br />

Lorsqu’on l’a interrogée sur son expérience de <strong>Métis</strong>se <strong>dans</strong> un pensionnat, une ancienne élève de l’école<br />

de Qu’Appelle, Tillie Blondeau, a répondu : [traduction] « Les <strong>Métis</strong> étaient différents, nous étions<br />

<strong>des</strong> étrangers. Je n’aimais pas cet endroit. »<br />

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