La présence des Métis dans les pensionnats
La présence des Métis dans les pensionnats
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Générations perdues : L’occultation de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />
[traduction] Cet aspect représente <strong>des</strong> difficultés. Par exemple, il y avait deux garçons<br />
à l’école, un qui avait <strong>les</strong> yeux gris, <strong>les</strong> cheveux plus pâ<strong>les</strong> et fins que ceux <strong>des</strong> Indiens et le<br />
teint très clair, alors que l’autre garçon présentait <strong>les</strong> traits d’un Indien; pourtant, ils avaient<br />
tous <strong>les</strong> deux la même mère et le même père.<br />
Le 7 février 1911<br />
(Shore et Blackwell, 1997:2)<br />
Une simple question d’hérédité qui survient fréquemment <strong>dans</strong> <strong>les</strong> famil<strong>les</strong> métisses devint rapidement<br />
un problème pour ce système de classification. Les agents indiens jugeaient <strong>les</strong> enfants à leurs attributs<br />
phénotypiques comme la couleur de la peau et <strong>des</strong> cheveux et se fondaient sur ces facteurs pour admettre<br />
ou non certains enfants <strong>dans</strong> <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>. Les décisions reposaient sur le mode de vie <strong>des</strong> parents ainsi que<br />
sur <strong>les</strong> attributs physiques <strong>des</strong> enfants. Nous ne savons pas <strong>dans</strong> quelle mesure ces jugements ou ces<br />
classements furent manipulés pour répondre aux besoins <strong>des</strong> autorités scolaires et <strong>des</strong> Affaires indiennes.<br />
Il importe toutefois de souligner l’ambigüité <strong>des</strong> politiques en matière d’admission et à quel point il était<br />
facile pour <strong>les</strong> élèves métis d’être oubliés par l’administration scolaire.<br />
Les <strong>pensionnats</strong> représentaient un microcosme de la société de l’époque. Le système <strong>des</strong> classes qui a existé<br />
au Canada jusqu’à la fermeture <strong>des</strong> éco<strong>les</strong> trouvait son pendant <strong>dans</strong> <strong>les</strong> opinions qui étaient exprimées<br />
<strong>dans</strong> ces <strong>pensionnats</strong>. Selon cette vision <strong>des</strong> choses, la société euro-canadienne était respectable, pieuse et<br />
respectable et devait se charger <strong>des</strong> sauvages tragiques et païens, qu’il fallait sauver. Entre ces deux extrêmes<br />
se trouvait une troisième classe de <strong>Métis</strong>, une classe trop nombreuse pour qu’on puisse l’ignorer mais qui<br />
était suffisamment inférieure pour être manipulée <strong>dans</strong> <strong>les</strong> intérêts de la classe dominante. L’admission<br />
<strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> s’inscrit <strong>dans</strong> le modèle de Shore de l’histoire <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> (APM, RG10,<br />
vol. 6031, dossier 150-9, partie 1). Selon ce modèle, l’âge d’or <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> prit fin à l’arrivée au pouvoir du<br />
gouvernement canadien, qui plongea <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> années oubliées et <strong>les</strong> années <strong>des</strong> réserves routières,<br />
qui constituèrent une période difficile pour ce groupe cohésif et tenace.<br />
Facteurs liés à la <strong>présence</strong> <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> éco<strong>les</strong><br />
Plusieurs facteurs ont eu une incidence sur la <strong>présence</strong> <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> à différentes époques<br />
et à différents endroits. Il est possible qu’à certains moments, la <strong>présence</strong> de ces facteurs ait pu entraîner<br />
une augmentation du nombre de <strong>Métis</strong> qui étaient admis <strong>dans</strong> ces éco<strong>les</strong> ou qui <strong>les</strong> fréquentaient. Compte<br />
tenu de la rareté <strong>des</strong> sources actuellement disponib<strong>les</strong> sur la <strong>présence</strong> <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong>, la<br />
liste de ces facteurs est appelée à changer et à évoluer. Actuellement, ces facteurs comprennent le nombre<br />
d’élèves qui fréquentaient l’école, la confession religieuse de l’école, l’emplacement de l’école, <strong>les</strong> antécédents<br />
familiaux, le rang social de la famille et la charité de l’Église.<br />
Étant donné que le financement était dicté en fonction du nombre d’inscriptions, certaines éco<strong>les</strong> acceptaient<br />
parfois <strong>des</strong> enfants métis à la place d’enfants <strong>des</strong> Premières Nations lorsque le nombre d’enfants inscrits<br />
était bas. Au départ, le ministère <strong>des</strong> Affaires indiennes n’avait pas l’intention d’admettre <strong>des</strong> enfants<br />
métis <strong>dans</strong> <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>, mais plusieurs facteurs le forcèrent à changer son fusil d’épaule (APM, RG10, vol.<br />
6032, dossier 150-14, partie 2, APM, RG10, vol. 6254, dossier 575-10, parties 3 et 4 et vol. 6031, dossier<br />
150-9, partie 1).<br />
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