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La présence des Métis dans les pensionnats

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Générations perdues : L’occultation de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

Veuillez agréer, Monsieur, l’assurance de ma très haute considération,<br />

Le directeur,<br />

J. Hugonard<br />

École industrielle<br />

de Qu’Appelle, le 11 avril 1885<br />

(APM, RG10, vol. 6031, dossier 150-9, partie 1)<br />

L’école industrielle de Qu’Appelle était située <strong>dans</strong> une communauté qui comptait une importante<br />

population métisse. <strong>La</strong> plupart <strong>des</strong> dossiers indiquent qu’à compter de son ouverture en 1884, elle fut<br />

fréquentée par une proportion d’enfants métis plus élevée que <strong>dans</strong> <strong>les</strong> autres éco<strong>les</strong> (APM, RG10, vol.<br />

6031, dossier 150-9, partie 1). Cette école catholique romaine était située à proximité d’une communauté<br />

métisse et s’occupait traditionnellement aussi bien <strong>des</strong> enfants <strong>des</strong> Premières Nations que <strong>des</strong> enfants métis<br />

(Miller, 1996). Cette situation, en plus de plusieurs autres facteurs, explique pour quelle raison cette école<br />

était fréquentée par de nombreux <strong>Métis</strong>. <strong>La</strong> Commission <strong>des</strong> Sang-Mêlés s’intéressait à l’école en raison<br />

de son emplacement. Plusieurs facteurs purent amener la Commission <strong>des</strong> Sang-Mêlés à utiliser <strong>les</strong> éco<strong>les</strong><br />

pour surveiller <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> et <strong>les</strong> membres <strong>des</strong> Premières Nations <strong>dans</strong> ces communautés. Premièrement, la<br />

Commission voulait limiter le nombre de fauteurs de troub<strong>les</strong> en <strong>les</strong> ayant à l’œil et empêcher <strong>les</strong> parents<br />

de s’installer <strong>dans</strong> le Nord de la Saskatchewan en gardant leurs enfants à l’école. De plus, cette façon de<br />

faire limitait le nombre de <strong>Métis</strong> qui étaient sur la route (Shore, 2000). Ces éco<strong>les</strong> étaient toutefois loin<br />

de satisfaire aux intérêts <strong>des</strong> <strong>Métis</strong>. Il s’agissait d’instruments du gouvernement <strong>dans</strong> <strong>les</strong>quels le bien-être<br />

<strong>des</strong> enfants et l’avenir <strong>des</strong> Autochtones passaient derrière <strong>les</strong> intérêts du gouvernement.<br />

Après la création du Manitoba en 1870 et <strong>les</strong> événements de 1885, <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> furent rapidement dépossédés<br />

de leurs terres <strong>dans</strong> l’Ouest, et bon nombre d’entre eux entrèrent <strong>dans</strong> la période <strong>des</strong> années oubliées de<br />

l’histoire <strong>des</strong> <strong>Métis</strong>. À cette époque, <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> furent privés de terres, d’argent, de droits de chasse et de<br />

trappage et de nombreux droits civiques fondamentaux comme <strong>des</strong> soins de santé et une éducation de<br />

qualité. Ils étaient coincés entre <strong>les</strong> administrations provinciale et fédérale <strong>dans</strong> de nombreux domaines et<br />

avaient perdu toute capacité d’assurer l’autodétermination et l’autonomie de leurs communautés (Sealey<br />

et Lussier, 1975). Les droits <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> étaient généralement bafoués <strong>dans</strong> l’attribution <strong>des</strong> certificats <strong>des</strong><br />

<strong>Métis</strong> et la mise en application de la Loi sur le Manitoba (Association <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> et <strong>des</strong> Indiens non inscrits<br />

de la Saskatchewan, 1979). Toutefois, le gouvernement du Canada reconnaissait l’existence de ces droits<br />

et annonçait <strong>dans</strong> un même souffle son intention de <strong>les</strong> annuler :<br />

[traduction] Le gouvernement du Dominion n’a jamais dit qu’il n’avait aucune obligation<br />

à l’endroit <strong>des</strong> Sang-Mêlé. Le gouvernement a reconnu qu’ils possèdent, <strong>dans</strong> une certaine<br />

mesure, un titre ancestral visant le territoire de notre pays, et a pris <strong>des</strong> mesures pour annuler<br />

ces droits (APM, RG10, vol. 6031, dossier 150-9, partie 1).<br />

En partant de ce principe, le ministère <strong>des</strong> Affaires indiennes élabora <strong>des</strong> lignes directrices que <strong>les</strong> éco<strong>les</strong><br />

devaient suivre au sujet de l’admission <strong>des</strong> élèves métis <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong>. Les directeurs, <strong>les</strong> sœurs et<br />

<strong>les</strong> enseignants demandaient fréquemment au Ministère la permission d’admettre <strong>des</strong> enfants métis <strong>dans</strong><br />

<strong>les</strong> éco<strong>les</strong> avec <strong>les</strong> enfants <strong>des</strong> Premières Nations. De nombreux représentants de l’Église voyaient que de<br />

nombreuses famil<strong>les</strong> métisses vivaient <strong>dans</strong> la pauvreté <strong>dans</strong> <strong>les</strong> réserves routières et présentaient plusieurs<br />

deman<strong>des</strong> au gouvernement afin qu’il admette <strong>les</strong> enfants métis <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> :<br />

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