La présence des Métis dans les pensionnats
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Générations perdues : L’occultation de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />
1979). De nombreux <strong>Métis</strong> furent oubliés par <strong>les</strong> régimes bureaucratiques fédéral, provincial et local, et<br />
peu de politiques portaient sur l’éducation <strong>des</strong> <strong>Métis</strong>. <strong>La</strong> question faisait l’objet de débats incessants entre<br />
<strong>les</strong> gouvernements et <strong>les</strong> Églises, et le gouvernement ou l’Église changeait son orientation lorsque cela lui<br />
était profitable (Miller, 1996).<br />
Depuis <strong>les</strong> premières missions et l’arrivée <strong>des</strong> premiers colons français, <strong>des</strong> liens étroits existent entre <strong>les</strong><br />
<strong>Métis</strong> et l’Église catholique (Sealey et Lussier, 1975). Même après la dispersion qui changea profondément<br />
<strong>les</strong> communautés métisses, <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> ont continué de faire appel à l’Église catholique pour qu’elle soutienne<br />
et oriente leur structure sociale. Une recherche approfondie pourrait révéler que <strong>les</strong> liens entre <strong>les</strong> <strong>Métis</strong><br />
et l’Église catholique romaine avaient plus d’influence qu’on le croyait au départ sur l’emplacement <strong>des</strong><br />
<strong>pensionnats</strong>, <strong>des</strong> éco<strong>les</strong> industriel<strong>les</strong>, <strong>des</strong> éco<strong>les</strong> de mission et <strong>des</strong> externats. Il existait <strong>des</strong> liens étroits<br />
entre <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> et <strong>les</strong> missions <strong>dans</strong> certaines régions, et par conséquent, il est possible que différentes<br />
confessions religieuses aient exercé une influence sur le choix de l’emplacement de certaines éco<strong>les</strong>. <strong>La</strong><br />
relation entre <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> et l’Église catholique romaine est un facteur clé de la <strong>présence</strong> <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong><br />
<strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong>. <strong>La</strong> nature de cette relation pourrait fournir certaines réponses sur la <strong>présence</strong> <strong>des</strong> <strong>Métis</strong><br />
<strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong>.<br />
Les <strong>pensionnats</strong> étaient une initiative gouvernementale et étaient financés par le gouvernement, mais<br />
c’est l’Église qui se chargeait de leur fonctionnement et de leur dotation en personnel. Le gouvernement a<br />
confié l’éducation de générations d’élèves autochtones à différents missionnaires et confessions religieuses<br />
du Canada. Il n’a pas fallu beaucoup de temps pour que <strong>les</strong> différentes Églises et confessions se livrent<br />
concurrence pour sauver le plus grand nombre possible d’âmes chez ces pauvres sauvages et païens (Milloy,<br />
1999).<br />
Lorsqu’on commença à envisager la possibilité d’admettre <strong>des</strong> élèves métis, on rappela aux représentants<br />
du gouvernement la politique <strong>des</strong> Affaires indiennes, qui stipulait alors :<br />
[traduction] Il importe de se souvenir que <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> et <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> industriel<strong>les</strong> n’ont<br />
pas été établis <strong>dans</strong> le but de réaliser <strong>les</strong> modalités d’un traité ou d’assurer la conformité<br />
à la disposition d’une loi, mais ont été fondés <strong>dans</strong> l’intérêt du public, afin d’éviter que ne<br />
grandisse <strong>dans</strong> <strong>les</strong> réserves une classe non éduquée et barbare.<br />
Ottawa, le 18 octobre 1899<br />
(APM, RG10, vol. 6031, dossier 150-9, partie 1).<br />
Cette politique visait aussi bien <strong>les</strong> élèves membres d’une Première Nation que <strong>les</strong> élèves métis (APM,<br />
RG10, vol. 6031, dossier 150-9, partie 1).<br />
Les autorités religieuses, qui voulaient remplir <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> afin d’accroître leur financement, et <strong>les</strong> agents<br />
indiens, qui étaient chargés du retrait obligatoire de tous <strong>les</strong> enfants de leur communauté, avaient intérêt à<br />
ce que <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> soient fréquentés par le plus grand nombre d’élèves possible. Pour obtenir davantage<br />
de financement et poursuivre leurs activités, <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> avaient besoin d’un taux élevé de fréquentation. Les<br />
Affaires indiennes, <strong>les</strong> agents indiens et <strong>les</strong> autorités religieuses manipulaient certaines <strong>des</strong> statistiques sur<br />
la fréquentation <strong>des</strong> éco<strong>les</strong> (Miller, 1996). Il existe de nombreux exemp<strong>les</strong> de manipulations effectuées par<br />
<strong>des</strong> agents indiens, qui auraient ainsi admis <strong>des</strong> enfants autochtones d’âge préscolaire, <strong>des</strong> enfants mala<strong>des</strong><br />
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