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La présence des Métis dans les pensionnats

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Générations perdues : L’occultation de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

Chapitre 1<br />

Les <strong>Métis</strong> et <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

Survol historique<br />

Les <strong>pensionnats</strong> étaient <strong>des</strong> instruments que le gouvernement canadien a conçus et gérés en fonction de<br />

ses intérêts. Ces <strong>pensionnats</strong> devaient résoudre le [traduction] « problème indien » (Dyck, 1991) par<br />

l’intégration de générations d’enfants autochtones à ce qui constituait la société canadienne idéale selon<br />

<strong>les</strong> fonctionnaires, qui estimaient connaître <strong>les</strong> meilleurs intérêts de gens dont ils ne savaient pourtant<br />

rien (Milloy, 1999). Le nouveau gouvernement espérait arriver à diminuer <strong>les</strong> coûts élevés rattachés aux<br />

accords territoriaux et aux traités convenus avec <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> autochtones en éliminant l’identité autochtone<br />

(Miller, 1996). Pour y arriver, on comptait imposer aux enfants autochtones une identité canadienne<br />

qui était idéaliste, irréaliste et, en bout de ligne, extrêmement néfaste pour <strong>les</strong> enfants. Au moment de<br />

l’ouverture de ces <strong>pensionnats</strong>, <strong>les</strong> Autochtones étaient vus comme <strong>des</strong> barbares et <strong>des</strong> sauvages (Birtle<br />

Industrial School Fonds), un fardeau économique et politique pour le nouveau Commonwealth canadien<br />

et un obstacle à la conquête de l’Ouest. Afin d’alléger ce fardeau, le régime <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> allait tenter<br />

de christianiser, de civiliser et d’assimiler <strong>des</strong> générations d’enfants autochtones (Milloy, 1999). C’est en<br />

vue de réaliser ces objectifs que <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> furent fondés pour <strong>les</strong> enfants <strong>des</strong> Premières Nations. Au<br />

moment de l’ouverture <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong>, la politique du gouvernement sur <strong>les</strong> enfants métis était différente<br />

de la politique qui visait <strong>les</strong> autres groupes autochtones.<br />

Le gouvernement commença à s’intéresser de près aux affaires <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> à la suite de l’adoption de la Loi<br />

sur le Manitoba et de la création de la nouvelle province du Manitoba en 1870 par <strong>les</strong> <strong>Métis</strong>. Les <strong>Métis</strong> de<br />

l’Ouest vécurent alors une période de dispersion (Shore et Barkwell, 1997). À cette époque, le gouvernement<br />

réglait <strong>les</strong> questions métisses en offrant <strong>des</strong> certificats aux <strong>Métis</strong> et à leurs enfants. Ces certificats furent<br />

gérés et distribués de façon douteuse; en 2001, <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> et le gouvernement fédéral ne s’étaient toujours<br />

pas entendus à ce sujet (Barkwell, Dorion et Préfontaine, 1999).<br />

Quoi qu’il en soit, la politique du gouvernement à l’endroit <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> consistait à émettre <strong>des</strong> certificats<br />

<strong>des</strong> <strong>Métis</strong>, ce qui constituait toute l’aide gouvernementale que pouvaient espérer recevoir ceux pour qui<br />

l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement signifiait la fin <strong>des</strong> bel<strong>les</strong> années. En vertu de la Loi sur le<br />

Manitoba de 1870, <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> devaient recevoir 1,4 million d’acres de terres qui seraient distribuées par<br />

certificats fonciers. Or, <strong>les</strong> spéculateurs fonciers, <strong>les</strong> avocats et <strong>les</strong> représentants du gouvernement eurent<br />

recours à <strong>des</strong> manœuvres frauduleuses pour bloquer le processus et priver <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> <strong>des</strong> certificats qui<br />

leur avaient été promis.<br />

Les enfants <strong>des</strong> Premières Nations avaient droit à une éducation en vertu <strong>des</strong> subventions et <strong>des</strong> règlements<br />

prévus aux traités (Shore et Barkwell, 1997). Pour quelle raison <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> n’ont-ils pas eu droit au même<br />

traitement? S’il était possible d’affecter <strong>des</strong> fonds afin de répondre aux revendications <strong>des</strong> Premières Nations<br />

au moyen de traités, de règlements sur <strong>les</strong> revendications territoria<strong>les</strong> et de subventions à l’admission <strong>dans</strong><br />

<strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong>, pour quelle raison le certificat <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> fut-elle la seule solution envisagée pour le bienêtre<br />

<strong>des</strong> enfants métis? Il semble que <strong>les</strong> enfants métis furent écartés du système d’éducation ordinaire pour<br />

<strong>les</strong> mêmes raisons qui contraignirent de nombreux <strong>Métis</strong> à vivre <strong>dans</strong> <strong>les</strong> réserves routières (AMNSIS,<br />

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