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La présence des Métis dans les pensionnats

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<strong>La</strong> <strong>présence</strong> <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> : Analyse de la recherche<br />

1869-1870 ne fut que temporaire. Les délégués du gouvernement provisoire métis avaient réussi à obtenir<br />

la promesse que 1 400 000 acres de terres seraient mis de côté pour l’usage de la population de sangmêlé.<br />

En 1885, la Commission <strong>des</strong> revendications <strong>des</strong> Sang-mêlés recommanda l’attribution de titres sur<br />

160 acres à chaque chef de famille et 240 acres à chaque enfant né avant l’acquisition, par le Canada, <strong>des</strong><br />

territoires de la Compagnie de la Baie d’Hudson (75-76). Les enfants nés entre 1870 et 1885 obtinrent<br />

ultérieurement le droit à ces titres. En accordant ces titres, Ottawa n’eut jamais l’intention d’utiliser cela<br />

comme une mesure de réparation en faveur <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> pauvres ou victimes, mais plutôt comme un moyen<br />

d’effacer tout autre titre qui, théoriquement, pouvait attester du droit <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> sur <strong>les</strong> terres en vertu<br />

de leur origine indienne (76). L’utilisation de titres transmissib<strong>les</strong> comme instrument juridique pour<br />

s’approprier <strong>des</strong> terres <strong>dans</strong> <strong>les</strong> régions réservées annihila presque tous <strong>les</strong> bénéfices que <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> pouvaient<br />

avoir retirés <strong>des</strong> concessions faites par Sir John A. MacDonald (75).<br />

Après le soulèvement du Nord-Ouest en 1885, <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> se retrouvèrent <strong>dans</strong> une situation critique. Ils<br />

avaient perdu la confiance de nombreux Blancs parce qu’ils avaient pris <strong>les</strong> armes et étaient méprisés par<br />

d’autres parce qu’ils s’accrochaient à un monde qui n’existait plus. En outre, comme <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> avaient rejeté<br />

toute revendication au statut d’Indien pour avoir droit aux titres, ils ne furent désormais plus acceptés<br />

par <strong>les</strong> Indiens. Les <strong>Métis</strong> n’avaient plus aucun moyen de subsistance, hormis la chasse, le commerce et le<br />

transport de marchandises; cependant, cela ne leur rapportait à peine que de quoi vivre. Les colons qui<br />

s’installaient éloignaient <strong>les</strong> animaux, et <strong>les</strong> chemins de fer remplaçaient <strong>les</strong> charrettes de Rivière-Rouge<br />

(76).<br />

De temps en temps, <strong>les</strong> agents de la Police montée écrivaient à Ottawa au sujet du grand dénuement de<br />

la population métisse. Le clergé était également inquiet au sujet <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> (76). Les <strong>Métis</strong> connurent le<br />

chômage et la famine, deux facteurs qui, à la longue, vinrent à bout de leur résistance morale.<br />

Le révérend père Albert <strong>La</strong>combe fut un <strong>des</strong> plus compatissants à la misère <strong>des</strong> <strong>Métis</strong>. Surnommé<br />

« l’homme au bon cœur », il fut un <strong>des</strong> premiers oblats à être envoyé <strong>dans</strong> le Nord-Ouest canadien.<br />

À compter de 1884, le père <strong>La</strong>combe écrivit au sujet <strong>des</strong> tristes conditions <strong>des</strong> Indiens et <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> et<br />

souhaita faire quelque chose pour <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> autochtones (77). Il prévoyait quelque chose de plus qu’une<br />

réserve pour <strong>les</strong> <strong>Métis</strong>, quelque chose qui ressemblait à une zone spéciale qui leur serait réservée. Le père<br />

<strong>La</strong>combe rédigea un document intitulé Plan philanthropique de dédommagement <strong>des</strong> Sang-mêlés du<br />

Manitoba et <strong>des</strong> Territoires du Nord-Ouest qu’il présenta au ministère <strong>des</strong> Affaires indiennes (78-79).<br />

Dans ce document, le père <strong>La</strong>combe demandait au gouvernement fédéral, en prévision de l’avenir sombre<br />

qui se <strong>des</strong>sinait pour <strong>les</strong> <strong>Métis</strong>, de constituer en réserve quatre cantons <strong>dans</strong> le secteur de Buffalo <strong>La</strong>ke,<br />

en Alberta, pour qu’ils soient divisés en lots de 40 acres et distribués aux famil<strong>les</strong> métisses pauvres. En<br />

outre, afin d’assurer que <strong>les</strong> terres ne seraient pas échangées, hypothéquées ou vendues, il était exigé de<br />

chaque bénéficiaire métis qu’il « honore et signe un contrat selon lequel le titre sur ladite terre ne serait<br />

pas vendu ou aliéné, mais demeurera pour toujours dévolu à la Couronne » (79). Le père <strong>La</strong>combe insista<br />

également auprès du gouvernement fédéral qu’il « fournisse <strong>les</strong> semences et l’équipement agricole. » <strong>La</strong><br />

majorité <strong>des</strong> <strong>Métis</strong>, dont le nombre était évalué entre 7 000 et 8 000, se trouvaient <strong>dans</strong> une situation<br />

critique, mais certains se trouvaient <strong>dans</strong> une situation encore plus désespérée et n’avaient pas de foyer<br />

du tout. C’est ce dernier groupe que le père <strong>La</strong>combe espérait installer <strong>dans</strong> la réserve proposée. Il ajouta<br />

que l’on n’autoriserait aucun alcool <strong>dans</strong> la réserve, puisque l’alcool était en grande partie responsable de<br />

la condition misérable <strong>des</strong> <strong>Métis</strong>. Selon la vision du père <strong>La</strong>combe, autant la prohibition que l’exclusion<br />

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