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La présence des Métis dans les pensionnats

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<strong>La</strong> <strong>présence</strong> <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> : Analyse de la recherche<br />

<strong>les</strong> éco<strong>les</strong> du monde entier. Bien que <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> aient compris le besoin d’instruire leurs enfants, ils étaient<br />

révoltés devant <strong>les</strong> aspects culturels que l’Église leur imposait, et la plupart d’entre eux étaient contre<br />

l’importance qu’on accordait à l’enseignement d’un programme d’étu<strong>des</strong> en français et la prédominance<br />

de la religion à l’école.<br />

Rempel souligne que <strong>les</strong> religieuses estimaient que leur travail était un succès : « Ils sont également très<br />

fidè<strong>les</strong> aux offices de la paroisse. Nous avons coutume de distribuer le rosaire à ceux qui ne savent pas lire<br />

afin qu’ils puissent comprendre la messe » (1973). Ce n’était pas là de la pédagogie bien avancée.<br />

Une deuxième école a été fondée par <strong>les</strong> Sœurs Grises à Granttown ou, comme le prêtre l’avait appelé, à<br />

Saint-Francois-Xavier. En 1850, <strong>des</strong> instituteurs s’y établirent afin de fournir aux enfants une éducation<br />

confessionnelle en français. Selon le prêtre résident, <strong>les</strong> religieuses enseignaient aux enfants : « Ils ont donc<br />

appris à parler, à lire et à chanter en français puisque la plupart d’entre eux ne savaient rien d’autre que le cri<br />

et le saulteaux » (Rempel, 1973:140). Cela n’était pas tout à fait exact car, au tournant du siècle, la plupart<br />

<strong>des</strong> résidants de la région de Saint-François-Baie Saint-Paul parlaient mechif. Même la mère supérieure<br />

<strong>des</strong> Sœurs Grises, Marie-Louise Valade, établit une distinction lorsqu’elle déclare <strong>dans</strong> une lettre : « Nos<br />

sœurs sont allées prendre possession de l’école de White Horse et ont entrepris la tâche d’enseigner<br />

aux <strong>Métis</strong> et aux Sauvages <strong>des</strong> environs » (Rempel, 1973:140). Rempel conclut : « Du point de vue <strong>des</strong><br />

missionnaires, l’Église catholique, jusqu’à un certain point, obtint du succès <strong>dans</strong> ses efforts d’éducation <strong>des</strong><br />

Autochtones. Cependant, la majorité <strong>des</strong> Autochtones, qui furent exposés à l’endoctrinement catholique<br />

et à son enseignement ne seraient probablement pas d’accord » (1973:145).<br />

Les modè<strong>les</strong> d’éducation établis par l’Église catholique et soutenus par <strong>les</strong> autorités civi<strong>les</strong>, furent<br />

entretenus chez <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> pendant <strong>les</strong> générations suivantes. L’administration de l’éducation ignorait <strong>des</strong><br />

recommandations <strong>des</strong> parents, contrairement aux pratiques communes et démocratiques qui avaient lieu<br />

<strong>dans</strong> <strong>les</strong> provinces canadiennes et <strong>dans</strong> <strong>les</strong> territoires pour <strong>les</strong> élèves non autochtones. L’indifférence totale<br />

vis-à-vis de l’opinion <strong>des</strong> parents <strong>dans</strong> le système hiérarchique de l’Église catholique a placé l’éducation<br />

sous le contrôle de la paroisse ou <strong>des</strong> prêtres missionnaires partout <strong>dans</strong> l’Ouest. Howard Adams, un<br />

dirigeant et auteur métis bien connu en Saskatchewan, estime que ce contrôle faisait partie du processus de<br />

colonisation imposé aux Autochtones par l’Église, de concert avec <strong>les</strong> gouvernements fédéral, provinciaux et<br />

territoriaux et <strong>les</strong> autorités municipa<strong>les</strong>. Par exemple, <strong>dans</strong> <strong>les</strong> années 1960, le gouvernement du Manitoba<br />

créa la Division scolaire Frontier pour <strong>les</strong> élèves métis <strong>dans</strong> le nord de la province, une école où <strong>les</strong> parents<br />

n’avaient aucune voix. Van Camp, surintendant de cette division, loua le système centralisateur <strong>dans</strong> sa<br />

thèse de doctorat sur l’histoire de la Division scolaire Frontier. L’école suivait essentiellement le modèle<br />

établi par <strong>les</strong> premiers éducateurs <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> à Rivière-Rouge en maintenant le contrôle de l’éducation,<br />

en déterminant le programme d’étu<strong>des</strong> et en contrôlant le financement et l’administration du système, y<br />

compris l’embauche <strong>des</strong> instituteurs.<br />

<strong>La</strong> non-participation <strong>des</strong> parents <strong>dans</strong> le système d’éducation laissait <strong>les</strong> enfants vulnérab<strong>les</strong> face aux<br />

sévices émotionnels et physiques ou lorsque <strong>les</strong> élèves étaient entre <strong>les</strong> mains d’instituteurs incompétents.<br />

Plusieurs traités abordent ce sujet. Comme décrit <strong>dans</strong> <strong>les</strong> sections suivantes de ce rapport, <strong>les</strong> sévices<br />

infligés aux élèves métis ne sont pas différents <strong>des</strong> sévices infligés aux élèves indiens ou inuits.<br />

L’étude de l’éducation formelle <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> au Canada illustre <strong>les</strong> répercussions qu’eut le système sur <strong>les</strong><br />

enfants et, en fin de compte, sur <strong>les</strong> sociétés qui prirent forme sur ces terres. Le contenu <strong>des</strong> programmes<br />

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