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La présence des Métis dans les pensionnats

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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

Les élèves métis – <strong>des</strong> étrangers<br />

Très peu de documents écrits témoignent de la <strong>présence</strong> <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> et de leurs expériences.<br />

Par conséquent, une grande partie de l’histoire <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> reste inconnue. Récemment, deux étu<strong>des</strong> ont porté<br />

sur ce sujet. Deux chercheurs métis se sont penchés sur le taux de fréquentation <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> différents<br />

<strong>pensionnats</strong> indiens et sur <strong>les</strong> différences entre l’expérience <strong>des</strong> élèves métis <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> et celle <strong>des</strong><br />

élèves <strong>des</strong> Premières Nations. Les deux chercheurs affirment que l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> était unique.<br />

<strong>La</strong> chercheure Tricia Login écrit ce qui suit <strong>dans</strong> Générations perdues : L’occultation de l’expérience <strong>des</strong><br />

<strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> :<br />

[traduction] Dans ces <strong>pensionnats</strong>, <strong>les</strong> enfants métis étaient soumis aux mêmes<br />

conditions et règ<strong>les</strong> que <strong>les</strong> enfants <strong>des</strong> Premières Nations et subissaient en grande partie<br />

<strong>les</strong> mêmes répercussions intergénérationnel<strong>les</strong>; toutefois, <strong>les</strong> enfants métis ont vécu une<br />

expérience unique de cel<strong>les</strong> <strong>des</strong> enfants <strong>des</strong> Premières Nations puisque <strong>les</strong> élèves <strong>des</strong><br />

Premières Nations et le personnel non autochtone considéraient tous <strong>les</strong> élèves métis<br />

comme <strong>des</strong> étrangers (2001:4).<br />

Logan estime que ce statut d’« étrangers » est attribuable à la politique du gouvernement à l’endroit<br />

<strong>des</strong> <strong>Métis</strong>. <strong>La</strong>rry Chartrand (2002) affirme également que le statut particulier <strong>des</strong> élèves métis <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

<strong>pensionnats</strong> était le fruit de la politique fédérale. Il souligne également que « si <strong>les</strong> sévices entraient <strong>dans</strong><br />

<strong>les</strong> mœurs de l’école, <strong>les</strong> enfants métis n’y échappaient pas » (Chartrand, 2002:12).<br />

Le financement <strong>des</strong> élèves métis était un problème constant. Ce financement était un problème lorsque<br />

<strong>des</strong> élèves métis étaient admis <strong>dans</strong> <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> <strong>des</strong>tinés aux enfants <strong>des</strong> Premières Nations et est<br />

demeuré un problème lorsque <strong>des</strong> éco<strong>les</strong> ont été construites pour <strong>les</strong> enfants métis, par exemple l’école de<br />

l’Île-à-la-Crosse, en Saskatchewan, ou celle de St. Paul <strong>des</strong> <strong>Métis</strong>.<br />

Le financement inférieur <strong>des</strong>tiné aux élèves métis a contribué à en faire <strong>des</strong> élèves à part et, conjointement<br />

avec d’autres facteurs, a confirmé leur statut d’« étrangers » <strong>dans</strong> <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>. Ce sentiment d’exclusion habite<br />

toujours de nombreux <strong>Métis</strong> qui ont fréquenté <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong>. Cette situation a nui à l’établissement<br />

d’une identité métisse forte et vigoureuse.<br />

De nombreux élèves métis ont témoigné <strong>des</strong> effets dévastateurs de cette exclusion sociale. Logan cite<br />

plusieurs Survivants métis <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> qui font état <strong>des</strong> répercussions douloureuses de cette exclusion<br />

constante. Une ancienne pensionnaire, Tillie Blondeau, a déclaré : [traduction] « <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> étaient<br />

différents, nous étions <strong>des</strong> étrangers. Je n’aimais pas cet endroit » (cité <strong>dans</strong> Logan, 2001:28).<br />

Tricia Logan a expliqué comment le milieu <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> était un reflet de la société canadienne : « Dans<br />

<strong>les</strong> courants dominants de la société canadienne et <strong>dans</strong> le système scolaire, on a fait sentir aux <strong>Métis</strong> qu’ils<br />

étaient inférieurs à chacune de leurs moitiés, pas assez Indien pour bénéficier <strong>des</strong> droits <strong>des</strong> Autochtones,<br />

mais pas suffisamment “Blanc” non plus pour être considérés comme <strong>des</strong> égaux par la société » (2001:30).<br />

Dans un régime euro-canadien organisé en fonction de la classe et du rang hiérarchique <strong>dans</strong> lequel la<br />

race était un facteur dominant, <strong>les</strong> pensionnaires métis étaient considérés comme <strong>des</strong> étrangers : « <strong>les</strong><br />

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