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La présence des Métis dans les pensionnats

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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

Marie Fortier, auteure et Survivante <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong>, a fréquenté un pensionnat en Ontario et décrit<br />

cette école comme un [traduction] « repaire d’agresseurs où <strong>les</strong> enfants subissaient <strong>des</strong> agressions<br />

physiques, menta<strong>les</strong>, émotionnel<strong>les</strong>, verba<strong>les</strong>, sexuel<strong>les</strong> et spirituel<strong>les</strong> » (2002:67). Elle décrit de façon<br />

explicite <strong>les</strong> affronts et <strong>les</strong> agressions ignob<strong>les</strong> qu’elle et d’autres élèves subissaient au pensionnat. Bien<br />

que le présent rapport de recherche ne porte pas précisément sur <strong>les</strong> nombreuses agressions subies par<br />

<strong>les</strong> enfants <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong>, il ne fait aucun doute que de nombreux incidents sont survenus <strong>dans</strong><br />

plusieurs <strong>pensionnats</strong> du Canada. En fait, la Commission royale sur <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> autochtones a relevé<br />

que « [l]es dossiers de l’administration centrale, <strong>des</strong> bureaux régionaux, <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> et de l’Église<br />

abondent en <strong>des</strong>criptions d’incidents choquants qui se sont produits dès le début » (1996a:367).<br />

Les répercussions de l’expérience <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> sont si dévastatrices que le terme « syndrome du<br />

pensionnat » a été créé pour <strong>les</strong> désigner. Au cours d’une entrevue accordée à un quotidien, Alice Carroll,<br />

du Prince Albert Tribal Council, a décrit ce syndrome :<br />

[traduction] Un silence intense et une peur profonde de ses sentiments. Il y a<br />

deux gran<strong>des</strong> raisons pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> <strong>les</strong> anciens pensionnaires tentent d’étouffer leurs<br />

sentiments. Premièrement, ils ont vécu <strong>des</strong> expériences si douloureuses que la seule façon<br />

de composer avec ces souvenirs consiste à <strong>les</strong> refouler.<br />

<strong>La</strong> deuxième raison est la suppression de la culture […] Les élèves ont appris à se taire, à<br />

ne pas utiliser leur langue ni exprimer leur culture et leur identité parce que lorsqu’ils le<br />

faisaient, ils étaient punis.<br />

En bout de ligne, <strong>les</strong> personnes qui ont besoin d’exprimer leur douleur, leurs sentiments<br />

et leurs expériences n’arrivent pas à le faire. Bon nombre d’entre el<strong>les</strong> se réfugient alors<br />

<strong>dans</strong> la drogue et l’alcool (cité <strong>dans</strong> Grant, 1996:247-248).<br />

Agnes Grant (1996) consacre tout un chapitre de son livre aux multip<strong>les</strong> problèmes que vivent <strong>les</strong><br />

personnes qui ont fréquenté un pensionnat. <strong>La</strong> gravité de ces problèmes dépend notamment de ce qui<br />

s’est passé <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> et de la durée de ces situations. Parmi <strong>les</strong> problèmes abordés par Grant,<br />

mentionnons l’incapacité d’exprimer ses sentiments, le sentiment d’infériorité, l’apathie et le manque<br />

d’intérêt pour le travail, la confusion sur le plan <strong>des</strong> valeurs, le choc culturel et l’hostilité à la religion.<br />

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