La présence des Métis dans les pensionnats
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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />
témoignages de traitements inhumains d’enfants mala<strong>des</strong> <strong>dans</strong> toutes <strong>les</strong> régions du pays.<br />
Les exemp<strong>les</strong> abondent :<br />
Winnipeg Free Press, le 10 novembre 1990<br />
Pam Sick<strong>les</strong> n’oubliera jamais ce qui est arrivé à une amie qui était malade :<br />
Elle était malade et a vomi <strong>dans</strong> son assiette et a été forcée de manger ce qu’elle avait vomi.<br />
Je me souviens encore de la sœur qui pressait la cuillère contre ses lèvres; elle appuyait si<br />
fort que <strong>les</strong> lèvres de mon amie saignaient. Des années ont passé, mais je m’en souviens<br />
comme si c’était hier (pensionnat de St. Mary, Kenora [Ontario]).<br />
Winnipeg Free Press, le 6 août 1991<br />
Norman Whitford se souvient d’un frêle garçon de huit ans qui a été forcé de rester assis<br />
pendant <strong>des</strong> jours sur un seau <strong>dans</strong> un placard pour avoir eu la diarrhée :<br />
C’était extrêmement cruel parce qu’ils l’ont puni pour ce qui m’apparaît maintenant comme<br />
un problème médical et parce que <strong>les</strong> autres enfants devaient le regarder et le ridiculiser<br />
(Fort Resolution) [Territoires du Nord-Ouest].<br />
Winnipeg Free Press, le 10 novembre 1990<br />
[traduction] Phil Fontaine déclare qu’un de ses frères hésite à parler de ce qui lui est<br />
arrivé lorsqu’il s’est cassé la jambe en jouant au soccer et qu’il a commencé à pleurer :<br />
Parce qu’il pleurait, il a reçu <strong>des</strong> coups de pied et a dû marcher sur sa jambe cassée; il est<br />
resté à l’école pendant je ne sais combien de jours avant qu’ils décident de faire quelque<br />
chose (1996:131-132).<br />
Un aspect particulièrement répugnant de la réalité <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> qui a laissé <strong>des</strong> cicatrices profon<strong>des</strong> chez<br />
de nombreux enfants est une pratique que la Commission royale sur <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> autochtones a qualifiée<br />
d’« exploitation sexuelle <strong>des</strong> enfants » (1996a:377). Que peut-on dire au sujet d’enfants à qui l’on vole<br />
brutalement l’innocence et l’enfance?<br />
Partout au Canada, de nombreux anciens élèves ont le courage de se lever pour parler <strong>des</strong> horreurs<br />
in<strong>des</strong>criptib<strong>les</strong> qu’ils ont subies pendant leur enfance. De nombreux récits font état de déviants sexuels<br />
qui s’attaquaient aux enfants dont ils avaient la responsabilité. Un juge de la Colombie-Britannique, <strong>dans</strong><br />
la déclaration de culpabilité d’un de ces déviants, le qualifia de [traduction] « terroriste sexuel », avant<br />
d’ajouter : [traduction] « Du point de vue <strong>des</strong> victimes, <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> indiens n’étaient rien d’autre<br />
qu’un réseau de pédophilie institutionnalisée » (Fournier et Crey, 1997:72).<br />
<strong>La</strong>rry Chartrand (2002) souligne <strong>dans</strong> son étude que certains enfants devenaient à leur tour <strong>des</strong> agresseurs.<br />
Il fait référence à une étude non publiée menée par Hansen et Lee en 1999, qui porte sur <strong>les</strong> enfants métis<br />
de la Saskatchewan et qui expose en détail <strong>les</strong> sévices physiques et culturels qu’ils subissaient. L’étude fait<br />
également état d’agressions physiques et sexuel<strong>les</strong> impliquant <strong>les</strong> élèves, <strong>les</strong> prêtres et <strong>les</strong> superviseurs.<br />
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