La présence des Métis dans les pensionnats
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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />
[traduction] Certaines sal<strong>les</strong> de quelques éco<strong>les</strong> sont munies de bouches qui permettent<br />
l’évacuation de l’air vicié, mais l’apport d’air frais est inadéquat; <strong>dans</strong> ces conditions, il n’est<br />
pas étonnant que <strong>les</strong> enfants indiens, qui présentent une tendance héréditaire à la phtisie<br />
[tuberculose], présentent <strong>des</strong> symptômes alarmants de cette maladie après avoir passé une<br />
courte période <strong>dans</strong> certains de nos <strong>pensionnats</strong> puisqu’ils sont exposés à <strong>des</strong> courants<br />
d’air <strong>dans</strong> <strong>les</strong> sal<strong>les</strong> de classe et qu’ils dorment <strong>dans</strong> <strong>des</strong> dortoirs surpeuplés, surchauffés<br />
et mal aérés (cité <strong>dans</strong> Grant, 1996:117-118).<br />
L’influenza et la tuberculose sont <strong>les</strong> maladies qui ont fait le plus de ravages et causé le plus de décès <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />
<strong>pensionnats</strong>, en plus de décimer le pays, en particulier <strong>les</strong> réserves indiennes. Le taux de décès attribuab<strong>les</strong><br />
à la tuberculose était élevé pour tous <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> autochtones, notamment parce qu’ils résistent moins bien<br />
que <strong>les</strong> non Autochtones à cette maladie. En 1910, Duncan Scott mit en place quelques mesures afin de<br />
corriger <strong>les</strong> conditions qui avaient été dénoncées par Bryce et d’autres observateurs. Toutefois, comme le<br />
souligne Titley : « <strong>La</strong> fermeture <strong>des</strong> pires éco<strong>les</strong> industriel<strong>les</strong> et la nouvelle réglementation mise en place<br />
par Scott en 1910 n’ont pas entièrement éliminé <strong>les</strong> risques que couraient <strong>les</strong> pensionnaires. <strong>La</strong> fréquence<br />
<strong>des</strong> problèmes de santé demeure inacceptable à certains endroits » (Titley, 1986a:87).<br />
L’une <strong>des</strong> causes directes <strong>des</strong> maladies et <strong>des</strong> décès chez <strong>les</strong> élèves est le financement gouvernemental<br />
largement inadéquat <strong>des</strong> questions de santé, et ce, même après 1945. Voici un extrait d’un rapport que<br />
Miller a trouvé :<br />
[traduction] Jesse Williams semble nécessiter un important traitement à l’hôpital. Je<br />
crois que, compte tenu de son état de santé, il serait judicieux de la libérer étant donné<br />
qu’elle commence à coûter cher (cité <strong>dans</strong> Miller, 1996:302).<br />
En 1918, année où l’épidémie de grippe espagnole frappa le Canada, Duncan Scott, bizarrement, abolit<br />
le poste d’inspecteur médical [traduction] « par souci d’économie » (cité <strong>dans</strong> Titley, 1986a:87). Les<br />
éco<strong>les</strong> <strong>des</strong> Prairies en Alberta furent parmi <strong>les</strong> plus durement touchées par <strong>les</strong> épidémies de grippe et de<br />
tuberculose. Miller a écrit ce qui suit au sujet de la grippe à l’école de Red Deer :<br />
[traduction] Il n’est pas étonnant que l’épidémie de grippe espagnole qui frappa le<br />
Canada ainsi que la plus grande partie du monde occidental à la fin de la Première Guerre<br />
mondiale ait été dévastatrice, en particulier <strong>dans</strong> <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> <strong>des</strong> Prairies. Pour mesurer à<br />
quel point <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> étaient mal préparés à la pandémie, voyons <strong>les</strong> commentaires du<br />
directeur de l’école méthodiste de Red Deer, qui a qualifié <strong>les</strong> [traduction]« conditions<br />
en place <strong>dans</strong> cette école de pratiquement criminel<strong>les</strong> et disgracieuses ». Comme presque<br />
tous <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> et <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> industriel<strong>les</strong>, Red Deer n’avait ni quartier d’isolement ni<br />
matériel d’hôpital. Les morts, <strong>les</strong> mourants, <strong>les</strong> mala<strong>des</strong> et <strong>les</strong> conva<strong>les</strong>cents cohabitaient<br />
(1996:302-303).<br />
Grant a indiqué que <strong>les</strong> enfants mala<strong>des</strong> étaient souvent traités de façon inhumaine :<br />
[traduction] Le personnel blâmait si sévèrement <strong>les</strong> enfants mala<strong>des</strong> que <strong>les</strong> enfants<br />
cachaient tout signe de la maladie le plus longtemps possible. Les journalistes qui<br />
ont interrogé <strong>des</strong> anciens élèves en 1991 au sujet <strong>des</strong> sévices sexuels ont recueilli <strong>des</strong><br />
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