La présence des Métis dans les pensionnats
La présence des Métis dans les pensionnats
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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />
Grant a découvert que lorsque <strong>des</strong> élèves mouraient au pensionnat, ce qui était fréquent, le décès devenait<br />
souvent un sujet tabou :<br />
[traduction] Le personnel et <strong>les</strong> élèves ne parlaient pas <strong>des</strong> décès <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong>.<br />
Lorsqu’un enfant mourrait au pensionnat, <strong>dans</strong> la plupart <strong>des</strong> cas, l’enfant disparaissait<br />
simplement, et <strong>les</strong> autres enfants n’avaient pas le droit de parler du décès ni de poser <strong>des</strong><br />
questions. À d’autres occasions, l’enfant décédé était inhumé <strong>dans</strong> le silence, puis on faisait<br />
une prière et on l’oubliait. Parfois, <strong>les</strong> parents n’étaient informés que quelques mois plus<br />
tard (1996:133).<br />
E. Brian Titley, au sujet <strong>des</strong> éco<strong>les</strong> industriel<strong>les</strong>, a confirmé que [traduction]« <strong>des</strong> élèves atteints d’une<br />
maladie contagieuse étaient souvent inscrits simplement pour permettre à l’école de toucher la subvention<br />
versée pour chaque élève. Dans <strong>les</strong> établissements, la mauvaise aération, l’alimentation inadéquate et le<br />
manque de soins médicaux créaient <strong>des</strong> conditions favorab<strong>les</strong> aux épidémies » (1986b:145).<br />
Il ne fait aucun doute que la santé physique <strong>des</strong> élèves était en danger <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong>. Les causes <strong>des</strong><br />
problèmes de santé étaient nombreuses : financement insuffisant qui ne permettait pas de résoudre <strong>les</strong><br />
problèmes de santé, aération et chauffage déficients, surpopulation, drainage inadéquat, piètre qualité <strong>des</strong><br />
immeub<strong>les</strong>, absence d’installations et de fournitures médica<strong>les</strong> et formation inadéquate du personnel. Dans<br />
son ouvrage, Grant mentionne le rapport de 1907 du Dr Bryce, médecin embauché comme inspecteur<br />
médical pour <strong>les</strong> Affaires indiennes, qui fut chargé d’enquêter sur la santé <strong>des</strong> enfants autochtones qui<br />
fréquentaient <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> <strong>des</strong> provinces <strong>des</strong> Prairies.<br />
[traduction] Bryce releva un grand nombre de cas d’enfants atteints d’une maladie<br />
infectieuse qui avaient été admis au pensionnat, ce qui, combiné à la piètre qualité <strong>des</strong><br />
immeub<strong>les</strong>, entraînait la propagation rapide de la maladie. Dans le cas <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong><br />
ouverts depuis dix ans ou plus, Bryce constata que 7 p. 100 <strong>des</strong> élèves actuels ou anciens<br />
étaient mala<strong>des</strong> ou en mauvaise santé et que 24 p. 100 étaient décédés. Dans un cas, <strong>les</strong><br />
deux tiers <strong>des</strong> élèves qui avaient fréquenté le pensionnat sont décédés soit au pensionnat,<br />
soit <strong>dans</strong> <strong>les</strong> mois qui ont suivi leur sortie. Bryce fut particulièrement consterné par<br />
l’aération déficiente <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong>. Dans la plupart <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong>, <strong>les</strong> fenêtres <strong>des</strong><br />
dortoirs étaient scellées sept mois par année afin de réduire <strong>les</strong> coûts de chauffage. Étant<br />
donné que <strong>les</strong> élèves infectés dormaient <strong>dans</strong> la même salle que <strong>les</strong> autres, l’air devenait<br />
de plus en plus nocif […] Bryce remarqua également que <strong>les</strong> directeurs et <strong>les</strong> enseignants<br />
minimisaient <strong>les</strong> risques et étaient réticents à lui donner <strong>des</strong> renseignements.<br />
Le rapport créa tout un émoi. Les autorités religieuses et <strong>les</strong> directeurs se défendirent,<br />
mais <strong>les</strong> agents indiens confirmèrent pour la plupart <strong>les</strong> conclusions de Bryce (Grant,<br />
1996:118-119).<br />
Auparavant, en 1897, l’inspecteur Benson, chef de la direction <strong>des</strong> éco<strong>les</strong> du ministère, écrivit au secrétaire<br />
du ministère <strong>des</strong> Affaires indiennes, J.D. McLean, et lui transmit par la suite un autre rapport sur l’état<br />
déplorable <strong>des</strong> immeub<strong>les</strong> dotés de systèmes d’aération extrêmement déficients que <strong>des</strong> fonds et <strong>des</strong><br />
mesures correctives auraient dû améliorer, ce qui ne fut pas fait. Benson a écrit :<br />
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