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La présence des Métis dans les pensionnats

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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

Un autre témoignage de séparation :<br />

[traduction] À la fin de l’été, un gros camion s’est arrêté. Il y avait un groupe d’écolières<br />

debout à l’arrière du camion. On m’a fait monter <strong>dans</strong> le camion. J’imagine que j’avais<br />

peur, mais je ne le sais plus. On m’a mis <strong>dans</strong> le camion, je ne savais pas ce qui se passait,<br />

je ne savais pas où étaient ma mère et mon père, et tout semblait irréel (cité <strong>dans</strong> Jack,<br />

2001:60).<br />

De nombreux témoignages font état de la fréquence et de la gravité <strong>des</strong> châtiments, et non <strong>des</strong> mesures<br />

disciplinaires, qui étaient infligés <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong>. Le châtiment supposait habituellement une forme<br />

de douleur qui était infligée le plus souvent au moyen d’une ceinture. Toutefois, ces châtiments étaient<br />

souvent infligés devant tout le monde, ce qui <strong>les</strong> rendait encore plus cruels puisque l’élève puni subissait<br />

en plus la douleur psychologique d’une humiliation publique. Bien que cela puisse paraître scandaleux,<br />

la documentation déborde de récits qui ressemblent au témoignage ci-<strong>des</strong>sus. Les châtiments étaient<br />

souvent totalement démesurés, par exemple lorsqu’un enfant était fouetté pour avoir mouillé son lit. Et<br />

nous pourrions en dire encore plus long sur l’atmosphère <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong>, qui minait la santé mentale et<br />

le bien-être spirituel <strong>des</strong> élèves. Les nombreux documents sur <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> indiens débordent de récits<br />

de châtiments corporels qui frôlaient souvent <strong>les</strong> voies de fait. Un membre du comité consultatif a déclaré<br />

que si un élève était témoin d’une agression <strong>dans</strong> l’école, il n’osait pas parler par crainte <strong>des</strong> représail<strong>les</strong>. <strong>La</strong><br />

peur et la terreur faisaient partie du quotidien de certains <strong>pensionnats</strong>.<br />

Grant soutient que <strong>les</strong> décès d’élèves <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> n’étaient pas tous attribuab<strong>les</strong> à <strong>des</strong> causes<br />

naturel<strong>les</strong>. Certains élèves ont été carrément battus à mort :<br />

[traduction] Nous croyons que <strong>les</strong> décès n’étaient pas tous attribuab<strong>les</strong> à la maladie ou<br />

à <strong>des</strong> accidents. Dans toutes <strong>les</strong> régions du pays, on rapporte <strong>des</strong> cas d’élèves qui ont été<br />

hospitalisés après avoir été battus. Nous ne connaissons pas l’importance de la brutalité,<br />

mais plusieurs sources se rappellent d’avoir subi ou vu <strong>des</strong> châtiments corporels exagérés.<br />

Les élèves ne survivaient pas tous à ces châtiments (1996:134).<br />

De nombreux facteurs avaient <strong>des</strong> répercussions sur la vie de tous <strong>les</strong> jours <strong>des</strong> pensionnaires : la solitude,<br />

l’absence de contacts avec <strong>les</strong> parents et la famille, la frustration attribuable à l’apprentissage de nouvel<strong>les</strong><br />

langues, la piètre qualité de l’enseignement, la faim, l’institutionnalisation, le travail excessif, <strong>les</strong> routines et<br />

<strong>les</strong> règ<strong>les</strong> excessivement strictes, la brutalité, l’absence de personnes de confiance, <strong>les</strong> châtiments corporels<br />

sévères, <strong>les</strong> agressions physiques ou sexuel<strong>les</strong> (cel<strong>les</strong> qu’ils subissaient ou dont ils avaient connaissance)<br />

– nous pourrions poursuivre encore longtemps.<br />

Certains élèves n’en pouvaient plus. Ils ne pouvaient plus tolérer la dépression et la douleur et choisissaient<br />

l’ultime porte de sortie : le suicide. Imaginons la douleur qu’il faut ressentir pour commettre ce geste<br />

irréparable :<br />

[traduction] Nous ne savons pas combien de suici<strong>des</strong> ont été commis; […] à File<br />

Hills, un garçon s’est pendu. Dans un autre dossier, <strong>les</strong> enquêtes de la GRC ont permis<br />

de découvrir que huit garçons de Williams <strong>La</strong>ke avaient conclu un pacte de suicide en<br />

1920. Ils ont mangé <strong>des</strong> racines toxiques (Grant, 1996:137).<br />

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