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La présence des Métis dans les pensionnats

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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

<strong>La</strong> nourriture <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

On peut, sans crainte de se tromper, faire trois affirmations en ce qui concerne la nourriture <strong>dans</strong> <strong>les</strong><br />

<strong>pensionnats</strong> indiens. Premièrement, <strong>les</strong> enfants métis n’étaient pas traités différemment <strong>des</strong> élèves <strong>des</strong><br />

Premières Nations; en général, tous <strong>les</strong> élèves d’un pensionnat suivaient le même régime. Deuxièmement,<br />

malgré leurs différences, tous <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> avaient un point en commun : l’insuffisance constante de<br />

nourriture. <strong>La</strong> plupart du temps, la nourriture <strong>des</strong>tinée aux pensionnaires était déficiente sur <strong>les</strong> plans de<br />

la quantité, de la qualité et de la variété. Toutefois, le personnel était habituellement mieux nourri que <strong>les</strong><br />

élèves. Troisièmement, on peut aussi dire que <strong>les</strong> enfants doivent être bien nourris pour pouvoir apprendre.<br />

Or, la faim était omniprésente.<br />

L’auteur George Manuel, premier président de l’Assemblée <strong>des</strong> Premières Nations, a fréquenté un<br />

pensionnat et se souvient :<br />

Il ajoute :<br />

[traduction] <strong>La</strong> faim est la première et la dernière chose dont je me souviens du<br />

pensionnat. J’ai été affamé de mon arrivée jusqu’à ce qu’on me transporte à l’hôpital deux<br />

ans et demi plus tard. Et je n’étais pas le seul. <strong>La</strong> faim était gravée <strong>dans</strong> <strong>les</strong> yeux de chaque<br />

élève indien (1974:65).<br />

[traduction] Les seuls moments où je n’ai pas été tenaillé par la faim pendant ces deux<br />

années furent lors <strong>des</strong> visites de mes grands-parents […]. Ils m’apportaient de la viande de<br />

cerf, du pain bannock et d’autres vrais aliments consistants. Personne ne pensait à manger<br />

<strong>des</strong> friandises après avoir passé autant de temps sans voir de viande. Pendant <strong>des</strong> semaines<br />

avant leurs visites, je ne pensais qu’à la nourriture qu’ils allaient apporter. <strong>La</strong> perspective<br />

de la nourriture prenait plus de place <strong>dans</strong> mon esprit que la perspective de voir mes<br />

grands-parents. Ce n’était pas mon grand-père qui allait venir me voir, mais de la viande,<br />

<strong>des</strong> fruits séchés et <strong>des</strong> racines. Une telle faim peut vous rendre fou (1974:66).<br />

John Tootoosis, dirigeant cri renommé, a fréquenté le pensionnat de Delmas, en Saskatchewan, à compter<br />

de 1912. Il se souvient :<br />

[traduction] Certains enfants refusaient parfois de manger […] il y avait de grosses<br />

marmites de fer sur le feu <strong>dans</strong> <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ils faisaient bouillir <strong>les</strong> vêtements avant de faire<br />

la <strong>les</strong>sive […]. Ce printemps-là, la viande était probablement en train de dégeler et sur le<br />

point de se gâter. Ils ont fait bouillir la viande <strong>dans</strong> ces marmites et ont tenté de nous la<br />

faire manger. Il était très difficile de manger ce qu’on nous donnait (cité <strong>dans</strong> Goodwill<br />

et Sluman, 1984:100).<br />

Agnes Grant, chercheure métisse, a écrit que la situation changeait lorsque <strong>les</strong> inspecteurs se<br />

présentaient:<br />

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