La présence des Métis dans les pensionnats
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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />
du « racisme scientifique » et en partie du fait que le monde était dominé par <strong>des</strong> pays<br />
principalement caucasiens. Les gestionnaires <strong>des</strong> missions et <strong>des</strong> éco<strong>les</strong> tenaient pour un<br />
« fait scientifique » l’infériorité culturelle, morale et économique <strong>des</strong> Autochtones qu’ils<br />
<strong>des</strong>servaient (1996:414).<br />
Jusqu’au début <strong>des</strong> années 1950, <strong>les</strong> élèves métis et indiens qui fréquentaient <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> ne consacraient<br />
pas plus de la moitié de la journée à l’étude de matières scolaires et consacraient le reste de la journée aux<br />
travaux manuels et au catéchisme (Persson, 1986). Les <strong>pensionnats</strong> offraient en principe une instruction<br />
jusqu’à la neuvième année, mais en réalité, très peu d’élèves atteignaient ce niveau. Miller a effectué une<br />
analyse complète de ce « système de demi-journées » et de la façon dont on se servait de ce système pour<br />
profiter <strong>des</strong> enfants métis et indiens. Il a conclu que le véritable objectif de ce système était de profiter<br />
d’une main d’œuvre gratuite, et non d’apprendre un métier aux enfants. Il a écrit :<br />
[traduction] Parmi <strong>les</strong> formes pernicieuses de cette servitude involontaire figuraient<br />
<strong>les</strong> programmes d’apprentissage et le « système de sorties » qui étaient en place <strong>dans</strong> de<br />
nombreuses éco<strong>les</strong>, en particulier <strong>des</strong> années 1880 aux années 1940. Ce système par lequel<br />
on faisait travailler <strong>des</strong> garçons pendant l’été sur <strong>des</strong> fermes qui appartenaient à <strong>des</strong> non<br />
Autochtones et on mettait <strong>des</strong> jeunes fil<strong>les</strong> au service d’une famille de la ville ressemblait<br />
davantage à un système visant à fournir de la main d’œuvre bon marché et semi-qualifiée<br />
à <strong>des</strong> foyers euro-canadiens qu’à un système de formation supérieure (1996:253).<br />
Il est stupéfiant de constater à quel point <strong>les</strong> autorités scolaires, <strong>dans</strong> bien <strong>des</strong> cas, n’avaient presque pas<br />
conscience <strong>des</strong> répercussions de ce travail sur le rendement scolaire <strong>des</strong> enfants. Miller observe :<br />
[traduction] Un oblat de Lestock, en Saskatchewan, ne remarqua pas qu’il ne relevait<br />
pas une simple coïncidence lorsqu’il écrivit à l’automne 1923 que la moisson avait exigé<br />
<strong>des</strong> élèves qu’ils redoublent d’ardeur au travail et que l’inspecteur d’école n’avait pas été<br />
très satisfait du rendement scolaire <strong>des</strong> élèves (1996:259).<br />
Il semble que certains enfants métis et indiens non inscrits travaillaient particulièrement bien et étaient<br />
donc valorisés par leur établissement, qui était par conséquent réticent à <strong>les</strong> laisser partir. On ne connaît<br />
pas l’ampleur de ce phénomène. Miller a noté :<br />
[traduction] Il ne fait aucun doute que certains groupes d’élèves devaient s’acquitter<br />
d’une charge de travail anormalement lourde. Par exemple, en 1909, <strong>les</strong> autorités<br />
méthodistes tentèrent de conserver un certain nombre d’élèves métis et indiens non inscrits<br />
dont Ottawa demandait la libération de l’école de Red Deer. Les méthodistes soutenaient<br />
que « l’établissement compte sur de nombreux enfants de sang mêlé pour effectuer <strong>les</strong><br />
travaux de routine » (1996:288).<br />
En plus d’avoir une valeur pédagogique très limitée, ces tâches débordaient fréquemment et empiétaient sur<br />
la demi-journée qui devait être consacrée aux cours. Lorsque <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> devinrent davantage <strong>des</strong> maisons<br />
de correction que <strong>des</strong> établissements d’enseignement, il était inévitable que le rendement scolaire <strong>des</strong><br />
élèves en souffre.<br />
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