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La présence des Métis dans les pensionnats

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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

Plusieurs membres du comité consultatif du projet se rappellent qu’ils devaient attendre à certains moments<br />

de la journée pour pouvoir aller aux toilettes <strong>dans</strong> <strong>les</strong> différents <strong>pensionnats</strong> qu’ils ont fréquentés. Ils se<br />

souviennent également avoir dû attendre que le papier hygiénique soit distribué.<br />

De nombreux élèves résistaient au processus incessant d’acculturation qui faisait partie du système scolaire,<br />

alors que d’autres cédaient à cette force presque irrésistible :<br />

[traduction] Je crois qu’ils tentaient de faire de nous <strong>des</strong> personnes que nous n’étions pas.<br />

On nous enseignait tout ce qui appartenait à la culture blanche, mais rien qui appartenait à<br />

notre culture. Ils éliminaient carrément notre culture, que ce soit notre langue ou <strong>les</strong> valeurs<br />

culturel<strong>les</strong> que nous avions acquises pendant l’été. Tout cela était éliminé silencieusement<br />

(cité <strong>dans</strong> Persson, 1981:277).<br />

Persson a découvert que la résistance pouvait prendre plusieurs formes : [traduction] « Certains<br />

s’évadaient, d’autres espéraient retourner <strong>dans</strong> la réserve et rejeter tout ce qu’on avait tenté de leur inculquer<br />

au pensionnat » (1981:272). Certains parents résistaient parce que, pendant que leurs enfants étaient au<br />

pensionnat, ils ne pouvaient pas entrer en contact avec eux. Le lien entre le parent et l’enfant était grandement<br />

affaibli et pouvait aussi malheureusement être rompu à jamais. Un ancien élève a déclaré :<br />

[traduction] Je crois que <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> ont créé beaucoup de tension entre <strong>les</strong> parents<br />

et <strong>les</strong> enfants, jusqu’à ce que la relation soit rompue. L’éducation était en fait une colonisation<br />

<strong>des</strong> peup<strong>les</strong> autochtones (cité <strong>dans</strong> Persson, 1981:274).<br />

Certains parents furent mis au courant d’abus dont étaient victimes <strong>les</strong> élèves et portèrent plainte aux<br />

Affaires indiennes. <strong>La</strong> plupart <strong>des</strong> plaintes étaient écartées, particulièrement <strong>dans</strong> <strong>les</strong> premières années<br />

<strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> indiens, sauf à l’occasion :<br />

[traduction] Un agent chargé de la discipline avait frappé un garçon au visage et avait<br />

mis le visage d’un autre garçon <strong>dans</strong> ses excréments parce qu’il s’était échappé. Le Ministère<br />

enquêta et conclut que la plainte avait été exagérée. Étant donné que cet agent continua de<br />

commettre <strong>des</strong> gestes violents à l’endroit <strong>des</strong> enfants, <strong>les</strong> parents refusèrent d’envoyer leurs<br />

enfants au pensionnat tant que l’agent en question allait y travailler. Il fut congédié lorsque<br />

<strong>les</strong> parents refusèrent d’envoyer leurs enfants au pensionnat (Persson, 1981:273).<br />

Persson a constaté qu’il était fréquent que <strong>des</strong> enfants s’enfuient du pensionnat. Elle a confirmé que <strong>des</strong><br />

élèves s’enfuyaient en raison <strong>des</strong> sévices physiques qui leur étaient infligés, mais [traduction] « l’enfant<br />

s’enfuyait souvent en raison <strong>des</strong> châtiments, et on lui infligeait d’autres châtiments à son retour » (1981:274-<br />

275). Trois garçons tentèrent même d’incendier le pensionnat. Une fillette de 12 ans tenta de faire de<br />

même.<br />

Toutefois, <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> indiens ont peut-être été fermés parce qu’ils ne permettaient pas, malgré tous <strong>les</strong><br />

efforts déployés, d’atteindre l’objectif d’assimilation du gouvernement fédéral. Comme Persson l’a écrit :<br />

[traduction] <strong>La</strong> forme ultime de résistance se produisait peut-être lorsque <strong>des</strong> élèves<br />

faisaient l’expérience de tout ce que le pensionnat avait à offrir, l’approuvaient même et<br />

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