La présence des Métis dans les pensionnats
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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />
une autre lettre au sujet de l’admissibilité <strong>des</strong> enfants métis <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong>. Voici un extrait de la<br />
lettre qu’il adressa au secrétaire <strong>des</strong> Affaires indiennes :<br />
[traduction] Comme vous le dites <strong>dans</strong> votre lettre, « il incombe aux gouvernements<br />
provinciaux d’assurer l’éducation <strong>des</strong> Sang-Mêlé »; j’en conviens, mais nous savons qu’il<br />
n’existe aucune institution capable de le faire et que nos <strong>pensionnats</strong> indiens sont <strong>les</strong> seuls<br />
établissements qui peuvent apporter une éducation adéquate aux malheureux enfants dont<br />
je vous ai fait part <strong>dans</strong> ma lettre du 30 septembre dernier et à d’autres occasions (APA,<br />
RG 10, vol. 6031, dossier 150-9, partie 1).<br />
McKenna poursuit et présente <strong>des</strong> arguments en faveur <strong>des</strong> [traduction] « enfants illégitimes <strong>des</strong><br />
Indiennes » qui, <strong>dans</strong> de nombreux cas, étaient métis :<br />
[traduction] Qu’est-ce qui <strong>les</strong> empêchera d’être ostracisés et de devenir <strong>des</strong> menaces<br />
pour la société si on ne <strong>les</strong> admet pas <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> indiens, qui n’ont pas été<br />
fondés <strong>dans</strong> le seul but de remplir <strong>les</strong> conditions <strong>des</strong> traités conclus avec <strong>les</strong> Indiens, mais<br />
<strong>dans</strong> l’intérêt du Commonwealth? <strong>La</strong> Loi sur <strong>les</strong> Indiens, en vertu de laquelle le Ministère<br />
existe, présuppose que ces enfants font partie d’une bande indienne [<strong>les</strong> caractères gras<br />
sont de nous] (APA, RG 10, vol. 6031, dossier 150-9, partie 1).<br />
Le recours à une éducation dite [traduction] « de civilisation » pour désamorcer ou apaiser <strong>des</strong><br />
[traduction] « menaces pour la société » est au cœur de l’histoire <strong>des</strong> <strong>pensionnats</strong> métis et indiens.<br />
Peu de temps après la rédaction de cette lettre, l’école industrielle de St. Joseph et l’inspecteur McKenna<br />
furent blâmés pour avoir inscrit 66 élèves métis à titre d’élèves subventionnés. Dans une très longue lettre<br />
datée du 2 mai 1912, Frank Pedley, surintendant général adjoint <strong>des</strong> Affaires indiennes, s’élève contre<br />
l’admission d’élèves métis <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> et, en particulier, contre l’admission <strong>des</strong> 66 élèves métis à<br />
l’école industrielle de St. Joseph :<br />
[traduction] Les établissements d’enseignement fondés et gérés par le ministère <strong>des</strong><br />
Affaires indiennes sont <strong>des</strong>tinés aux Indiens. Si nous devons y admettre <strong>des</strong> gens qui, sur<br />
le plan juridique, sont considérés comme <strong>des</strong> Blancs et qui ne sont par ailleurs pas visés<br />
par <strong>les</strong> activités du ministère <strong>des</strong> Affaires indiennes, et si nous permettons à ces personnes<br />
d’utiliser ces éco<strong>les</strong> alors que leur éducation relève d’une autorité tout à fait distincte, nous<br />
nous trouvons devant un vaste et grave problème. L’admission en bloc de ces 66 enfants<br />
de sang mêlé <strong>dans</strong> un seul pensionnat indien nous donne une idée de l’importance du<br />
problème que nous aurions si cette pratique se répandait <strong>dans</strong> <strong>les</strong> 19 éco<strong>les</strong> industriel<strong>les</strong><br />
et <strong>les</strong> 54 <strong>pensionnats</strong> (APA, RG 10, vol. 6031, dossier 150-9, partie 1).<br />
Pedley ajoute par la suite que la [traduction] « capacité autorisée » de l’école industrielle de St. Joseph<br />
était de 225 élèves, mais que [traduction] « <strong>les</strong> documents renvoyés par l’école » indiquent que l’école<br />
était fréquentée par 240 élèves, dont 16 [traduction] « élèves non subventionnés, » et que l’inspection<br />
de l’école avait permis de constater qu’elle était en fait fréquentée par [traduction] « 290 élèves, dont<br />
66 élèves non subventionnés. Cet écart exige une explication de la part <strong>des</strong> autorités scolaires » (APA, RG<br />
10, vol. 6031, dossier 150-9, partie 1). Il ne fait aucun doute que la fréquentation de l’école était largement<br />
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