La présence des Métis dans les pensionnats
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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />
Les politiques <strong>des</strong> Affaires indiennes sur l’admission <strong>des</strong> élèves métis changeaient continuellement. Une<br />
note de service que Duncan Scott, qui était alors comptable pour <strong>les</strong> Affaires indiennes, rédigea en 1906<br />
au sujet de l’admission <strong>des</strong> « Sang-Mêlé » <strong>dans</strong> <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> indiennes est éloquente :<br />
[traduction] « Les enfants de sang mêlé […], même s’ils ne sont pas rentiers, devraient<br />
pouvoir être admis <strong>dans</strong> <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>. Il importe de se souvenir à cet égard que <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />
et <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> industriel<strong>les</strong> n’ont pas été établis <strong>dans</strong> le but de réaliser <strong>les</strong> modalités d’un traité<br />
ou d’assurer la conformité aux dispositions d’une loi, mais ont été fondés <strong>dans</strong> l’intérêt du<br />
public, afin d’éviter que ne grandisse <strong>dans</strong> <strong>les</strong> réserves une classe non éduquée et barbare<br />
[…] il faut tenir compte du fait que <strong>dans</strong> certaines circonstances, en toute justice, <strong>les</strong> enfants<br />
de sang mêlé devraient être admis <strong>dans</strong> ces éco<strong>les</strong> (Archives nationa<strong>les</strong> du Canada, RG<br />
10, volume 6031, dossier 150 9, partie 1).<br />
L’admissibilité <strong>des</strong> enfants métis <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> indiens fut une source de débats et de confusion<br />
pendant de nombreuses années. En janvier 1911, J. D. McLean, sous ministre adjoint et secrétaire <strong>des</strong><br />
Affaires indiennes, répondit de façon définitive à la demande d’un directeur au sujet de l’admission <strong>des</strong><br />
<strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> éco<strong>les</strong> industriel<strong>les</strong>. <strong>La</strong> lettre indiquait clairement que <strong>les</strong> élèves métis ne devaient pas être<br />
admis, sauf pour combler une place qui ne pouvait être prise par un enfant indien inscrit.<br />
Quelques années plus tard, le 16 octobre 1913, le ministère <strong>des</strong> Affaires indiennes rédigea une autre note<br />
de service <strong>dans</strong> laquelle il changea de nouveau la politique du Ministère. <strong>La</strong> note de service confirmait<br />
l’admissibilité <strong>des</strong> enfants de « sang mêlé » <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong>, mais rappelait que la politique ne devait<br />
pas ouvrir la porte aux abus. <strong>La</strong> note de service ne fait aucune mention du paiement <strong>des</strong> coûts liés à ces<br />
élèves :<br />
[traduction] Avant le 26 janvier 1911, <strong>les</strong> enfants de sang mêlé étaient admis <strong>dans</strong> ces<br />
éco<strong>les</strong> selon certaines conditions. Même si l’on ne jugeait pas approprié que <strong>les</strong> enfants de<br />
sang mêlé du Manitoba et <strong>des</strong> Territoires [qui comprenaient alors l’Alberta] soient admis<br />
aux <strong>pensionnats</strong> indiens et soient pris en charge par le Ministère [...] il a été établi que<br />
tous <strong>les</strong> enfants, même ceux de sang mêlé, légitimes ou non, qui vivent <strong>dans</strong> une réserve<br />
indienne et dont <strong>les</strong> parents d’un côté ou de l’autre vivent comme <strong>des</strong> Indiens <strong>dans</strong> une<br />
réserve devraient pouvoir être admis <strong>dans</strong> <strong>les</strong> éco<strong>les</strong>, même s’ils ne sont pas rentiers.<br />
Nous avons décidé de revenir à cette règle. Toutefois, il importe d’éviter <strong>les</strong> abus et de voir<br />
à ce que chaque demande d’admission soit accompagnée d’une preuve satisfaisante que le<br />
demandeur est un Sang-Mêlé visé par <strong>les</strong> règ<strong>les</strong>, et non une personne qui a été adoptée<br />
ou autrement associée aux Indiens <strong>dans</strong> l’unique but d’être admise <strong>dans</strong> nos éco<strong>les</strong> [c’est<br />
nous qui soulignons] (APA, RG 10, vol. 6031, dossier 150 9, partie 1).<br />
On peut conclure que <strong>des</strong> enfants métis furent admis <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> de la Saskatchewan en lisant<br />
une lettre datée du 29 octobre 1921 rédigée par le commissaire <strong>des</strong> Indiens de la Saskatchewan à l’intention<br />
de Duncan Scott, surintendant général adjoint <strong>des</strong> affaires indiennes. Il ne croyait manifestement pas que<br />
le gouvernement fédéral avait la moindre responsabilité en ce qui concerne l’éducation <strong>des</strong> enfants métis.<br />
Le ton raciste est manifeste :<br />
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