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La présence des Métis dans les pensionnats

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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

30 ans, était en 1893 comptable aux Affaires indiennes. En 1909, il était surintendant de l’enseignement<br />

aux Affaires indiennes, puis fut nommé surintendant général adjoint <strong>des</strong> Affaires indiennes en 1913<br />

(Milloy, 1999). Scott a résumé ainsi la position du Ministère au sujet de ce changement :<br />

[traduction] On peut déterminer que l’année 1830 marqua la fin du premier régime<br />

<strong>des</strong> Affaires indiennes. Avant cette date, l’administration était purement militaire, et<br />

le rôle du gouvernement se limitait à maintenir la loyauté <strong>des</strong> nations indiennes à la<br />

Couronne et avait pour unique objet de contenir leur hostilité et de conserver leur appui<br />

en tant qu’alliés (cité <strong>dans</strong> Shortt et Doughty, 1914:695).<br />

Le changement de ministère marqua clairement le changement de vision du gouvernement, qui cessa<br />

de voir <strong>les</strong> Premières Nations comme <strong>des</strong> alliées pour commencer à <strong>les</strong> voir comme <strong>des</strong> obstac<strong>les</strong> à la<br />

création d’établissements (Miller, 1989). De plus, le gouvernement voulait que <strong>les</strong> membres <strong>des</strong> Premières<br />

Nations soient éduqués, mais seulement jusqu’à un certain point. En 1905, Clifford Sifton, ministre de<br />

l’Intérieur (ministère responsable <strong>des</strong> Affaires indiennes), déclara carrément :<br />

[traduction] Seule la certitude d’obtenir <strong>des</strong> résultats concrets pourrait justifier <strong>les</strong><br />

dépenses importantes que doit assumer le pays pour maintenir ces éco<strong>les</strong>; le fait d’éduquer<br />

<strong>des</strong> enfants pour <strong>les</strong> élever au <strong>des</strong>sus de leur condition et de <strong>les</strong> amener à dédaigner ce qui<br />

sera inévitablement leur environnement, en plus d’être une perte de temps, serait pour<br />

ces enfants plus dommageable que bénéfique (Perley, 1993:120).<br />

Le rapport de la Commission Bagot, publié en 1844, recommandait la mise en place d’éco<strong>les</strong> d’apprentissage<br />

manuel. Le révérend Ryerson, surintendant de l’enseignement pour le Haut Canada, était favorable au<br />

rapport de la Commission. Il poussa plus loin <strong>les</strong> thèmes de l’apprentissage, de la religion et de l’industrie,<br />

mais proposa plutôt la mise en place d’éco<strong>les</strong> industriel<strong>les</strong>. Ryerson n’était pas convaincu de la pertinence<br />

d’enseigner <strong>des</strong> métiers et croyait que <strong>les</strong> postes [traduction] « d’agriculteurs et de manœuvres agrico<strong>les</strong><br />

» convenaient mieux aux Indiens (Milloy, 1999:16). Les dirigeants autochtones réagirent favorablement à<br />

l’établissement <strong>des</strong> éco<strong>les</strong> d’apprentissage manuel, qui ont même bénéficié au départ de l’appui de certains<br />

conseils de bande.<br />

Ces premières tentatives d’éco<strong>les</strong> d’apprentissage manuel dirigées par l’Église et financées par le<br />

gouvernement fédéral et <strong>les</strong> conseils de bande furent considérées comme <strong>des</strong> échecs par l’Église et<br />

l’État. John Milloy, qui a rédigé un ouvrage bien documenté sur <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong> indiens, a expliqué :<br />

[traduction] « En réintégrant leur communauté, prétendument resocialisés et débarrassés de leur<br />

héritage autochtone, ils sont devenus ce que l’on pourrait appeler <strong>des</strong> récidivistes culturels. Ils ne sont<br />

pas devenus actifs et ne sont pas devenus <strong>des</strong> chefs de file du développement de leur communauté »<br />

(1999:17-18). <strong>La</strong> transition <strong>des</strong> externats d’apprentissage manuel aux <strong>pensionnats</strong> indiens marqua un<br />

changement amorcé par <strong>les</strong> Églises et <strong>les</strong> gouvernements qui, [traduction] « lentement mais sûrement,<br />

passaient de la protection à la contrainte et de la coopération à la coercition » (Miller, 1989:113).<br />

À la suite de ces tentatives considérées comme <strong>des</strong> échecs, le ministère <strong>des</strong> Affaires indiennes fit marche<br />

arrière pour renouer avec le concept consistant à motiver <strong>les</strong> Autochtones par la distribution de terres<br />

individuel<strong>les</strong>, plutôt que par la propriété de terres communautaires. À cette fin, l’Acte pour encourager la<br />

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