La présence des Métis dans les pensionnats
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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />
blancs profitèrent de la <strong>présence</strong> de l’armée pour s’installer et revendiquèrent la propriété de terres métisses<br />
pendant que <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> attendaient leurs concessions de terre. Cette situation politique délicate, combinée<br />
au déclin de la population de buff<strong>les</strong>, provoqua un important exode vers l’Ouest (Giraud, 1956). Le<br />
gouvernement retarda la distribution <strong>des</strong> concessions de terre pendant plusieurs années et, en fait, distribua<br />
<strong>des</strong> concessions de terre jusqu’aux années 1890. De plus, le gouvernement fédéral adopta 11 modifications<br />
de 1873 à 1884 pour réduire le nombre de personnes admissib<strong>les</strong> aux concessions de terre. En fait, la plus<br />
grande partie <strong>des</strong> terres finirent <strong>dans</strong> <strong>les</strong> mains de spéculateurs, situation que le gouvernement connaissait<br />
et favorisait (Sprague, 1980). Purich a découvert qu’en 1885, [traduction] « moins de 7 pourcent de<br />
la population [de la colonie de la Rivière-Rouge] était d’origine métisse » (1988:64).<br />
Riel, qui s’était enfui aux États-Unis, rentra en 1884 à la demande <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> et <strong>des</strong> colons blancs afin,<br />
une fois de plus, de défendre leurs revendications auprès du gouvernement (Boisvert et Turnbull, 1992).<br />
Le gouvernement fit la sourde oreille, et <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> prirent de nouveau <strong>les</strong> armes après avoir entendu dire<br />
que le gouvernement allait envoyer <strong>des</strong> soldats. Riel espérait que le gouvernement négocie avec lui comme<br />
il l’avait fait en 1870, mais ses appuis <strong>dans</strong> la région s’effritaient. Une résistance s’organisa, mais puisque<br />
<strong>les</strong> soldats pouvaient être transportés très rapidement grâce au réseau ferroviaire du Canadien Pacifique,<br />
cette résistance fut matée en quelques mois. Riel fut par la suite accusé de trahison et exécuté (Stanley,<br />
1963).<br />
Les années qui ont suivi la résistance de 1885 furent diffici<strong>les</strong> pour la nation métisse, qui fut dispersée<br />
<strong>dans</strong> l’Ouest. Toutefois, malgré ce contexte extrêmement défavorable, la nation métisse puisa <strong>dans</strong> sa<br />
force interne et persévéra. <strong>La</strong> St. Albert <strong>Métis</strong> Association fut créée en 1897 et poursuivit ses activités<br />
jusqu’en 1901. Cet organisme se préoccupait bien sûr principalement <strong>des</strong> revendications territoria<strong>les</strong> <strong>des</strong><br />
<strong>Métis</strong>. L’organisme envoya à Ottawa plusieurs pétitions sur <strong>les</strong> certificats <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> (Sawchuck, 1978) et<br />
s’occupa de pauvreté. Un rapport de la St. Albert <strong>Métis</strong> Association publié en 1888 met en lumière quatre<br />
causes de la pauvreté :<br />
[traduction] <strong>La</strong> <strong>des</strong>truction par le gel <strong>des</strong> récoltes de l’année précédente; la diminution<br />
<strong>des</strong> populations d’animaux à fourrure et la faib<strong>les</strong>se du prix <strong>des</strong> fourrures; la récolte de<br />
poisson presque nulle et le prix élevé de la nourriture <strong>dans</strong> la région, qui forcèrent quelques<br />
famil<strong>les</strong> à abattre leur bétail et à vendre leurs chevaux et leurs outils d’agriculture pour ne<br />
pas mourir de faim (Sawchuck, Sawchuck et Ferguson, 1981:162).<br />
Afin de faire reculer la pauvreté, l’Association proposa au gouvernement de mettre en place cinq chantiers<br />
de travaux publics afin de faire travailler <strong>les</strong> hommes métis. Deux ans plus tard, le gouvernement consentit<br />
à financer au moins l’un <strong>des</strong> cinq projets, mais c’était [traduction] « trop peu trop tard » (Sawchuck,<br />
Sawchuck et Ferguson, 1981:163).<br />
Au cours <strong>des</strong> années 1920, un certain nombre de communautés métisses devinrent actives sur la scène<br />
politique. En 1929, un petit groupe de la région de Fishing <strong>La</strong>ke mené à l’origine par Char<strong>les</strong> Delorme<br />
et Dieudonne Collins commença à organiser <strong>des</strong> réunions et à adresser au gouvernement <strong>des</strong> pétitions<br />
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