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La présence des Métis dans les pensionnats

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Douleur ancestrale : Souvenirs de l’expérience <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>pensionnats</strong><br />

M. Sayer fut déclaré coupable, mais on ne lui imposa aucune sentence. Il fut libéré, et <strong>les</strong> accusations<br />

portées contre <strong>les</strong> trois autres <strong>Métis</strong> accusés furent abandonnées. Les <strong>Métis</strong> virent <strong>dans</strong> cette capitulation<br />

un signe de la fin du monopole de la CBH et du début du libre échange (Friesen, 1984).<br />

En 1869, le Dominion du Canada versa 300 000 livres sterling pour acheter le territoire de la CBH. Antoine<br />

Lussier, historien et auteur métis bien connu, a noté que le Canada souhaitait acquérir la Terre de Rupert<br />

parce qu’il craignait que ce territoire soit annexé aux États-Unis et parce qu’il souhaitait y puiser <strong>des</strong><br />

matières premières (Lussier, 1973). Toutefois, avant l’acquisition du territoire par le Canada, [traduction]<br />

« <strong>les</strong> négociations, qui se déroulaient depuis 1857, étaient menées par trois ordres de gouvernement : le<br />

gouvernement britannique, celui de la Baie d’Hudson ainsi que le gouvernement canadien. Jamais <strong>les</strong><br />

populations du Nord Ouest ne furent consultées » (Lussier, 1973:47). Harrison (1985) déclare qu’à cette<br />

époque, environ 10 000 personnes habitaient <strong>dans</strong> la colonie de la Rivière-Rouge (la seule partie de la<br />

Terre de Rupert qui était peuplée) et que de ce nombre, il n’y avait que 1 600 colons blancs. Dans <strong>les</strong> faits,<br />

pourtant, aucun <strong>des</strong> trois gouvernements ne tint compte <strong>des</strong> droits juridiques <strong>des</strong> <strong>Métis</strong>. Le gouvernement<br />

fédéral refuse toujours de reconnaître <strong>les</strong> droits juridiques de la nation métisse.<br />

<strong>La</strong> force politique <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> se manifesta de nouveau lorsque <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> décidèrent d’établir un gouvernement<br />

provisoire <strong>dans</strong> la colonie de la Rivière-Rouge afin de faire reconnaître leurs droits. En 1869, le<br />

gouvernement canadien envoya <strong>des</strong> arpenteurs <strong>dans</strong> la colonie de la Rivière-Rouge en vue du transfert<br />

de la Terre de Rupert de la CBH au Canada. Les arpenteurs mesurèrent <strong>les</strong> terres en utilisant le système<br />

anglais de lots de forme carrée sans tenir compte de la division traditionnelle <strong>des</strong> terres <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> en ban<strong>des</strong><br />

perpendiculaires aux cours d’eau. Puisqu’ils craignaient de perdre de leurs terres, <strong>les</strong> <strong>Métis</strong> formèrent un<br />

comité national pour bloquer la prise de contrôle du Canada sur la colonie de la Rivière-Rouge jusqu’à ce<br />

que <strong>les</strong> droits <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> soient reconnus.<br />

Le 2 novembre 1869, <strong>des</strong> <strong>Métis</strong> armés empêchèrent <strong>des</strong> représentants du gouvernement canadien d’entrer<br />

<strong>dans</strong> le territoire de la Baie d’Hudson. <strong>La</strong> CBH avait cédé le territoire, mais le Canada n’arrivait pas à en<br />

prendre possession légalement. Peu après, Louis Riel, secrétaire du comité national, dirigea l’établissement<br />

d’un gouvernement provisoire afin de négocier l’entrée de la colonie de la Rivière-Rouge <strong>dans</strong> la fédération<br />

canadienne.<br />

Malgré <strong>les</strong> complications attribuab<strong>les</strong> à la violence, notamment la condamnation en cour martiale d’un<br />

Orangiste belliqueux dénommé Thomas Scott, le gouvernement canadien négocia avec le gouvernement<br />

provisoire de la colonie de la Rivière-Rouge afin de créer la petite province du Manitoba (à peine 13 500<br />

mil<strong>les</strong> carrés) (Barkwell, Dorion et Préfontaine, 2001). Aux termes de la Loi de 1870 sur le Manitoba, <strong>les</strong><br />

<strong>Métis</strong> obtenaient la garantie de recevoir <strong>les</strong> titres de propriété <strong>des</strong> terres qu’ils occupaient, en plus de 1,4<br />

million d’acres de terres pour leurs enfants (Friesen, 1984).<br />

Toutefois, <strong>les</strong> choses se passèrent autrement pour Louis Riel. Les Orangistes de l’Ontario réclamaient son<br />

exécution en raison du jugement en cour martiale de Thomas Scott, mais le premier ministre MacDonald<br />

choisit plutôt de le forcer à l’exil (Harrison, 1985).<br />

Le gouvernement envoya ensuite une expédition militaire <strong>dans</strong> la colonie de la Rivière-Rouge afin d’effrayer<br />

<strong>les</strong> <strong>Métis</strong>. À leur arrivée, <strong>les</strong> soldats éliminèrent deux jurés qui avaient condamné Thomas Scott en cour<br />

martiale, et le racisme et la violence contre la nation métisse se répandirent (Purich, 1988). Des colons<br />

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