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LE P. GIRARD ET LA CADIÈRE. 1730 5Ô3
seul!... Vos anges ne me suffisent pas. » Puis une
d'elles, fille fort gaie, ayant, à la provençale, pendu
à son cou un petit tambourin, la Cadière fit comme
les aulres, sauta, dansa, se mit un tapis en écharpe,
fit la bohémienne, s'étourdit par cent folies.
Elle était fort agitée. En mai, elle obtint de sa
mère de faire un voyage à la Sainte-Baume, à l'é-
glise de la Madeleine, la grande sainte des filles
pénitentes. Girard ne la laissa aller que sous
l'escorte de deux surveillantes fidèles, la Guiol et
la Reboul. Mais en route, quoique par moments
elle eût encore des extases, elle se montra lasse
d'être l'instrument passif du violent Esprit (in-
fernal ou divin) qui la troublait. Le terme an-
nuel de Yobsessiun n'était pas éloigné. N'avait-
elle pas gagné sa liberté? Une fois sortie de la
sombre et fascinante Toulon, replacée dans le
grand air, dans la nature, sous le soleil, la cap-
tive reprit son âme, résista à l'âme étrangère,
osa être elle-même, vouloir. Les deux espionnes de
Girard en furent fort mal édifiées. Au retour de ce
court voyage (du 17 au 22 mai), elles l'avertirent
du changement. 11 s'en convainquit par lui-même.
Elle résista à l'extase, ne voulant plus, ce semblait,
obéir qu'à la raison.
11 avait cru la tenir, et par la fascination, et par
l'autorité sacrée, enfin par la possession et l'habi-
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