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356 LE P. GIRARD ET LA CADIÈRE. 1750.
rien à craindre, j'ai arrangé son affaire. » Elle fut
tout attendrie. Girard sentit son avantage. Un
tiomme si puissant, ami du roi, ami de Dieu, et
qui venait de se montrer si bon! quoi de plus fort
sur un jeune cœur? Il s'aventura, et lui dit (tou-
tefois dans sa langue équivoque) : « Remettez-vous
à moi ; abandonnez-vous tout entière. » Elle ne
rougit point, et, avec sa pureté d'ange, elle dit :
« Oui, » n'entendant rien, sinon l'avoir pour di-
recteur unique.
Quelles étaient ses idées sur elle? En ferait-il une
maîtresse ou un instrument de charlatanisme? Gi-
rard flotta sans doute, mais je crois qu'il penchait
vers la dernière idée. Il avait à choisir, pouvait
trouver des plaisirs sans périls. Mais M"' Cadière
était sous une mère pieuse. Elle vivait, avec sa
famille, un frère marié et les deux qui étaient d'é-
glise, dans une maison très-étroite, dont la bouti-
que de l'ainé était la seule entrée. Elle n'allait guère
qu'à l'éghse. Quelle que fût sa simplicité, elle sen-
tait d'instinct les choses impures, les maisons dan-
j,fereuses. Les pénitentes des jésuites se réunissaient
volontiers au haut d'une maison, faisaient des man-
geries, des folies, criaient en provençal : « Vivent
les jésiiitons ! » Une voisine que ce bruit dérangeait,
vint, les vit couchées sur le ventre (Sb), chantant
et mangeant des beignets (le tout, dit-on, payé par